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Ce Curieux Pays De Galles
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Livre électronique269 pages4 heures

Ce Curieux Pays De Galles

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À propos de ce livre électronique

Découvrez les légendes, les contes et l’histoire étranges du pays de Galles.

Les Gallois ont-ils navigué à travers l’Atlantique au XIIe siècle ?

Le roi Arthur était-il Gallois ?

On y trouve des histoires de fantômes — réels ou factices — et la légende du roi Arthur. Les animaux, les coutumes, les monstres et la musique gallois sont également évoqués. L’un des villages les plus étranges au monde se voit consacrer un chapitre, tout comme les sorcières, les mineurs et les druides.

Ce livre est écrit dans un style personnel et léger, avec des références géographiques pour aider à identifier les lieux. Bien que les histoires soient destinées à divertir autant qu’à éduquer, les faits historiques sont exacts.

J’espère que vous en ressortirez avec une vision différente du pays de Galles — et le sourire aux lèvres.

LangueFrançais
ÉditeurNext Chapter
Date de sortie14 juin 2020
ISBN9781071544129
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    Aperçu du livre

    Ce Curieux Pays De Galles - Jack Strange

    Remerciements

    Je souhaite remercier le personnel de la Bibliothèque nationale du pays de Galles, toutes les personnes qui m’ont indiqué le chemin vers ces endroits écartés dans les différentes régions du pays, un colley qui m’a tenu compagnie sur le pont du Diable, et Mme Aelwen Prichard, qui est arrivée de nulle part pour me jouer de la musique, partager ses anecdotes, son savoir et son histoire, et qui s’est volatilisée sans même laisser d’adresse. Je veux aussi remercier mon épouse, cette femme insensée qui m’a accompagné dans mes pérégrinations, qui n’a jamais (trop) pesté lorsque nous nous sommes retrouvés trempés ou couverts de boue, patinant autour de lacs étranges, peinant le long de rivières débordantes, et furetant dans des châteaux ou autres lieux antiques.

    Introduction

    Je m’appelle Jack Strange. Et j’ai écrit, il y a quelques années, Les contes étranges de la mer que certains semblent avoir tant appréciés qu’ils m’ont demandé pourquoi je n’en écrivais pas d’autres. J’ai donc écrit Les contes étranges d’Écosse, et C’est un curieux endroit, l’Angleterre. A. J. Griffith-Jones, auteur d’excellents livres, m’a suggéré de poursuivre la série avec un livre sur le pays de Galles. Cela n’a pas été trop difficile, puisque je connais ce pays et que je l’aime. Vous trouverez donc dans ce livre quelques curiosités galloises.

    Il est possible, même si c’est peu probable, qu’il y ait encore quelque part dans le monde quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du pays de Galles. À l’intention de cette âme solitaire et perdue, et pour tous ceux qui souhaitent en savoir un peu plus, je commencerai ce petit livre par une brève introduction très personnelle sur le pays de Galles, tel que vu par Jack Strange. Ceux qui connaissent déjà ce pays peuvent passer les quelques paragraphes qui suivent.

    Le pays de Galles est un très curieux pays. Il s’attaque aux cordes sensibles comme aucun autre endroit, à l’exception peut-être de la Terre sainte. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est peut-être la superposition de légendes, de paysages et d’histoire mêlée à une atmosphère indéfinissable qui imprègne autant l’air et la pluie que l’âme.

    Le pays de Galles nous ramène toujours à lui, avec sa langue unique, ses beaux paysages verdoyants, son histoire ancienne et mouvementée, et la musique du vent à travers ses vallées et ses collines. On dirait qu’il y a toujours de la musique au pays de Galles. Elle se retrouve dans le discours des gens, dans les noms de villes et villages impossibles à prononcer, dans les refrains enthousiastes des matchs de rugby, et même dans les vagues déferlantes de l’austère côte ouest.

    De toutes les nations de l’union politique et monarchique qui composent le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, le pays de Galles est la plus britannique, tout en restant obstinément unique et différente. C’est la plus britannique, car elle est la patrie du peuple connu sous le nom de Bretons, les descendants des populations autochtones de ces îles. Poussés vers l’ouest par l’invasion des tribus germaniques angles et saxonnes, attaqués par les féroces Irlandais et les Vikings païens, les Bretons ont fermement résisté. L’histoire galloise regorge d’histoires de ces héros et guerriers qui se sont battus contre des difficultés immenses et insurmontables et qui ont souvent gagné.

    Les monts Cambriens forment l’épine dorsale géographique du pays de Galles : une chaîne accidentée qui s’étend du nord au sud, créant un paysage spectaculaire propice aux histoires de fées et de monstres, de sorcières et de fantômes. Le sud du pays de Galles englobe Tintern la hantée, les villes animées de Swansea et de Cardiff, le sport passionné et les mines infestées de fantômes. Le Pembrokeshire possède une côte à couper le souffle, évoquant les sirènes et la dernière invasion de la Grande-Bretagne. Au nord et tournée vers l’ouest, se trouve la douce baie de Cardigan, avec sa terre engloutie. Et puis, lorsque le visiteur pense avoir vu le plus beau, il se retrouve devant Caernarfon et l’île druidique d’Anglesey, face au massif incroyablement beau de Snowdonia. Suivez alors la côte vers l’est jusqu’en Angleterre, et vous avez fait le tour du pays de Galles. Mais visiter et faire des excursions sont loin d’être la même chose que comprendre. Pour connaître un lieu, il est nécessaire de parler aux habitants et d’écouter ce qu’ils disent. Il faut se plonger dans le passé, non seulement en lisant les histoires officielles qui présentent des faits soigneusement établis, mais aussi en entrant dans l’esprit de ses habitants originels et en découvrant ce qu’ils pensaient et ce qu’ils croyaient, leurs traditions et leur folklore, leurs craintes et leurs légendes qui laissent entrevoir l’âme cachée du pays. Tant que les croyances de ses habitants n’ont pas été dévoilées, le visiteur, qu’il y reste quelques jours ou plus longtemps, sera toujours un étranger.

    Difficile d’ignorer légendes, folklore et mythes au pays de Galles. Parfois, ils relèvent de la pure fantaisie. D’autres fois, ils sont probablement inspirés par un événement du lointain passé, resté dans la mémoire populaire, altéré et déformé par cent générations de conteurs. Parfois, l’histoire est si ancienne qu’il n’y a même plus de mots, seulement d’austères rochers regardant le ciel déchiqueté. C’est le cas de Mynydd Prescelly, la carrière d’où proviennent les pierres de Stonehenge, et cela, en soi, est curieux. Comment les habitants des plaines de ce qui forme aujourd’hui l’Angleterre ont-ils appris l’existence de ce lieu ? Quelles connaissances et quelle main-d’œuvre ont-ils mises en œuvre pour tailler ces immenses blocs de pierre ? Et combien d’efforts ont dû être fournis pour les transporter aussi loin ?

    Le pays de Galles peut cacher ses talents et protéger ses enfants mieux que toute autre nation que je connais. Il se présente comme une nation de poètes et de mineurs de charbon, qui donne de l’importance à la jonquille et au poireau, et dont le symbole est un dragon. Tout cela est sans doute vrai, mais le pays de Galles est bien plus que cela. C’est une terre d’une beauté suprême qui a peut-être produit plus de personnages célèbres que tout autre pays de taille similaire. Pourtant, le monde ne prend pas souvent la mesure de l’héritage gallois de ses fils et de ses filles. Lawrence d’Arabie, le boucanier Henry Morgan, le comédien Tommy Cooper, l’écrivain Roald Dahl, le roi Henri V d’Angleterre, le mathématicien du XVIe siècle Robert Recorde, Geoffrey de Monmouth qui écrivit sur le roi Arthur et Aneurin Bevan qui créa le NHS, la Sécurité sociale britannique. Ce ne sont que quelques-uns des personnages plus ou moins célèbres qui ont fait du pays de Galles leur foyer. D’autres personnes appréciées ont aussi du sang gallois. Saviez-vous que Daniel Boone est d’origine galloise ? Sa mère, Sarah Morgan, était une quakeresse galloise.

    Un Gallois a-t-il été le premier à découvrir l’Amérique, des siècles avant Christophe Colomb ? C’est possible, étant donné l’histoire maritime des Gallois. Le roi Arthur était-il Gallois ? Le pays de Galles regorge de légendes arthuriennes, et Arthur aurait combattu des monstres et des géants dans le nord du pays, comme si combattre l’invasion saxonne n’avait pas suffi. Y a-t-il un trésor de pirates enterré dans une île au large des côtes galloises ? Qui était le chevalier fantôme de Tintern ? Où se trouve le Lourdes gallois ? Autant d’énigmes pour ce très curieux pays.

    Tout comme celles des autres nations européennes, les frontières du pays de Galles ont été modifiées au fil du temps. Il fut un temps où l’ensemble de ce qui est désormais le pays de Galles et l’Angleterre, ainsi que le sud de l’Écosse, parlait la langue qu’on appelle aujourd’hui le gallois, bien que l’idée d’une nation unique n’ait pas été envisagée à l’époque. Pour simplifier une situation complexe qui englobait la religion et l’insécurité nationale anglaise, le roi Henri VIII fixa en 1536, dans son Union Act, la frontière entre un pays de Galles et une Angleterre désormais unis. Des parcelles qui avaient autrefois appartenu au pays de Galles furent alors rattachées à des comtés anglais, d’où la pléthore de noms gallois dans le sud-ouest du Herefordshire. Les noms de villages tels que Llancillo, Llandinabo et Llanrothal, désormais situés en Angleterre, évoquent bien le patrimoine gallois. On peut sortir un Gallois du pays de Galles, mais jamais le pays de Galles du paysage. Et cela pose la question suivante : pourquoi les gens d’ailleurs utilisent-ils Wales et Welshmen pour désigner le pays de Galles et les Gallois ?

    Le vrai nom du pays de Galles est Cymru, qui est le nom que les Gallois, les Cymry, lui donnent. Le terme Welsh vient du mot germanique anglo-saxon wealh, qui signifie « étranger ». En d’autres termes, lorsque les tribus germaniques ont envahi le pays aux Ve et VIe siècles, elles ont désigné toute personne non germanique comme un étranger, traitant ainsi les Cymry d’étrangers dans leur propre pays. Difficile de faire plus curieux que ça.

    Le pays de Galles est aussi une terre de châteaux, souvent construits par les envahisseurs pour tenter de contrôler un peuple plutôt difficile à soumettre. Les occupants, vague après vague, depuis les Romains jusqu’aux princes Plantagenêt, en passant par les Saxons et les Normands, devaient effectivement redouter la force des Gallois pour se retrancher derrière des fortifications aussi formidables. Remarquez qu’avec des guerriers comme Owen Glendower et Llewellyn le Grand pour défendre le pays de Galles, les occupants eurent la sagesse de se protéger derrière des murs de pierre solides.

    Le gallois n’est pas non plus une langue facile à lire. Il est ancien, il est celtique et il a survécu à des siècles de persécution. Je fais suivre une courte note pour aider à la prononciation. L’alphabet gallois ne compte que vingt lettres contre vingt-six en anglais, les consonnes j, k, q, v, x et z étant inconnues. En lot de consolation, la lettre « f » est prononcée comme un « v » et le double f — « ff » — se prononce comme un « f ». Le double « d » — « dd » — vaut un « th » et « ll » sonne comme « hl » — il vous faudra entendre le son pour pouvoir le prononcer correctement ! Les noms de lieux sont souvent topographiques : llyn est un lac et bryn une colline.

    Voici quelques exemples courants qui se retrouvent dans la géographie galloise :

    Aber — estuaire

    Afon — rivière

    Bach — petit

    Bont — pont

    Bwlch — passe

    Caer — fort

    Capel — chapelle

    Cwm — vallée

    Fawr — grand

    Gwyn — blanc

    Llan — église

    Llyn — lac

    Maen — roc, rocher

    Mynydd — montagne

    Tre — ville.

    J’ai fait de mon mieux pour orthographier les noms gallois de manière correcte, mais il est tout à fait possible qu’il y ait encore quelques erreurs. Je ne peux que m’excuser d’ores et déjà et espérer une certaine indulgence.

    Avec ses maisons aux murs d’ardoise pour les protéger des intempéries, sa bière appelée Brains, son histoire minière qui remonte à environ 2000 av. J.-C. et qui comporte une pléthore de fantômes, de bienfaisantes petites créatures qui frappent, des châteaux hantés et autres monstres lacustres, des coutumes inhabituelles et des symboles historiques, le pays de Galles est en effet un pays comme aucun autre, c’est un pays insolite. C’est le pays de Galles. Cymru am byth ! Le pays de Galles pour toujours !

    Chapitre Premier

    LES EMBLÈMES DU PAYS DE GALLES :

    DRAGONS, JONQUILLES ET POIREAUX

    Chaque nation possède ses propres symboles. Les États-Unis d’Amérique ont leur aigle chauve et leur bison, le Canada sa feuille d’érable et son castor, la Russie son ours. Le pays de Galles, étant ancien et gallois, en a trois : le dragon, la jonquille et le poireau. Je pourrais inclure les trois plumes du prince de Galles, mais c’est un symbole plus royal que national. Certains pourraient ne pas être d’accord, et ils auraient peut-être raison.

    De tous les symboles gallois, le dragon est sans doute le plus connu. En effet, le pays de Galles est la patrie du dragon ou du draig en gallois. Il est vrai que de nombreuses autres nations mentionnent des dragons dans diverses cérémonies et histoires, et on dit que saint Georges a tué un dragon errant au Moyen-Orient. Mais le pays de Galles est si fier du sien qu’il le représente sur son drapeau.

    Bien évidemment, on trouve de nombreuses légendes sur les dragons gallois. Par exemple, on raconte l’histoire de Vortigern, un roi celtique quasi mythique de la fin du IVe et du début du Ve siècle apr. J.-C. Selon l’une de ces légendes, Vortigern essayait d’échapper à la brutale invasion saxonne et décida de construire un château sur la jolie petite colline de Dinas Emrys, dans ce qui est aujourd’hui le Gwynedd, au nord-ouest du pays de Galles. Cependant, les premiers travaux de construction entrepris par Vortigern échouèrent, et il fut avisé que des forces surnaturelles l’empêchaient de réussir. Le remède à une telle interférence, lui dit un sage, serait de sacrifier un jeune homme. Vortigern chercha donc une offrande appropriée et trouva un jeune homme dénommé Merlin, qui dit au roi qu’il était un peu idiot d’essayer de construire un château sur un lac souterrain qui abritait deux dragons endormis.

    En ces jours lointains au pays de Galles, il semblait naturel de croiser un dragon ou deux, à l’occasion. Alors les ouvriers de Vortigern se mirent à creuser jusqu’à ce qu’ils trouvent les fameuses créatures. L’un des dragons était rouge et l’autre blanc, et dès que les humains arrivèrent, ils se mirent à se battre entre eux. Le dragon rouge représentait les Bretons, ou les Gallois, tandis que le dragon blanc était celui des envahisseurs saxons ou anglais. Finalement, le dragon rouge remporta la victoire, et celle-ci fut interprétée comme une prophétie sur le règne à venir du roi Arthur. Il faut se rappeler que le père de celui-ci n’était autre qu’Uther Pendragon et la légende raconte qu’Arthur combattit sous la bannière d’un dragon. Dans cet amalgame confus de légendes, de mythes et de fabulations, il y a peut-être un brin ou deux de vérité. Certains disent que c’est depuis l’époque de Vortigern que le dragon rouge représente le pays de Galles.

    Naturellement, il n’y a pas qu’une seule légende pour expliquer le nom du château de Vortigern. Une version de l’histoire prétend que Dinas Emrys honore le mystique Myrddin Emrys, plus connu sous le nom de Merlin. D’autres disent que Dinas Emrys signifie le « fort d’Emrys », autre nom donné à Ambrosius Aurelianus, qui occupa le fort après Vortigern. Légendes et mythes ne sont jamais sans équivoque et se tissent souvent à partir de vérités, de fantasmes et de possibilités, dans un maillage celtique qui semble de toute façon déterminé à désorienter le lecteur.

    Sans aucun doute, il y eut un fort à Dinas Emrys. Mais plutôt qu’à Vortigern, sa construction fut attribuée à Llewelyn l’Ultime (vers 1223-1282), dernier prince de Galles originel. Cependant, les ruines actuelles se trouvent sur un site plus ancien qui remonte peut-être à deux mille ans. Et lorsque les archéologues ont examiné le fort dans les années 1950, ils ont bien trouvé une nappe d’eau ou un lac, même si les dragons avaient disparu depuis bien longtemps. Entre le lac et la légende, lequel des deux engendra l’autre ? Un occupant du fort, oublié depuis longtemps, garda-t-il, à un moment donné, une bête exotique dans ce lac ?

    Naturellement, il y a aussi une légende qui raconte comment les dragons se sont retrouvés dans ce lac pour commencer. Le Mabinogion, ce livre fantastique qui contient tant de folklore gallois, en est la source. Il affirme que lorsque Lludd était roi, à une époque si lointaine qu’elle précède même l’arrivée des légions romaines, chaque veille de mai, la campagne tremblait sous un terrible rugissement. Le cri était si effrayant qu’il pétrifiait tous ceux qui l’entendaient, provoquait des fausses couches et tuait les animaux sur place. Llefelys, roi de Gaule, prévint Lludd que c’était le cri des dragons qui se battent. Il soutenait que le dragon britannique rugissait parce qu’un dragon envahisseur était en train de le terrasser.

    Pour compliquer les choses un peu plus, à l’époque, les dragons se transformaient régulièrement en porcs. Lludd attendit donc qu’ils se métamorphosent et piégea les deux dragons dans un chaudron rempli d’hydromel. Une autre version de l’histoire affirme que les dragons burent simplement l’hydromel et s’endormirent, sans mentionner une quelconque transformation en porc. Quoi qu’il en soit, une fois qu’il eut attrapé les deux créatures, Lludd les enterra à Dinas Emrys. L’endroit où ils étaient détenus est toujours indiqué par un disque de pierre qui serait même antérieur au fort originel.

    Une légende en amène toujours une autre, puis une autre. Nous rencontrerons de nombreux trésors lors de ce périple gallois, et l’un d’entre eux appartenait à Merlin ou Myrddin. Il cacha son trésor dans une grotte près de Dinas Emrys et prédit que lorsqu’un individu aux cheveux clairs et aux yeux bleus s’approchera, il entendra une cloche qui le conduira dans la grotte. Bien évidemment, la grotte s’ouvrira par magie, mais personne ne sait exactement ce qui se passera ensuite. On peut imaginer que le blondinet criera de joie en découvrant autant d’or, l’équivalent médiéval de la loterie nationale. Tout près de Dinas Emrys se trouve également Cell y Dewiniaid, un nom qui désigne apparemment le « bosquet des magiciens ». La tradition locale prétend que les magiciens qui se réunissaient ici étaient des prêtres de Vortigern, et qu’ils furent enterrés dans le champ voisin. Il est possible — et c’est qu’une simple spéculation — que tous ces événements magiques aient été liés aux activités des druides anciens qui s’affairaient dans la région et se propagèrent dans tout le pays de Galles. Bien que les chênes et les druides soient étroitement liés, la mémoire populaire n’a conservé que quelques souvenirs flous et imprécis de cette ancienne religion.

    Mais on s’écarte un peu des dragons gallois. Si l’on met de côté les dragons rouge et blanc de Vortigern, la symbolique du dragon est ancienne et pourrait même être antérieure à la légende. Lorsque les Romains envahirent les deux tiers sud de la Grande-Bretagne, ils recrutèrent des soldats pour leur armée, et ces hommes semblent avoir combattu sous la bannière d’un dragon. Certains pensent que Magnus Maximus, un général romain d’origine espagnole, affecté au pays de Galles au moment de la dislocation de l’Empire romain, avait pour emblème le dragon rouge. D’autres disent que lorsque les Romains se retirèrent, certains rois britanniques reprirent l’effigie sur leur drapeau, d’où la connexion arthurienne. En tout cas, c’est ce que disent les légendes — ainsi que l’Historia Brittonum, écrite vers 828 apr. J.-C.

    Dans un registre historique plus réel, nous trouvons Henri Tudor, qui devint roi sous le nom d’Henri VII. Ce royal Henri naquit au château de Pembroke au pays de Galles et fut l’un des protagonistes de la guerre des Deux-Roses. En 1485, lors de la bataille de Bosworth, alors qu’il marchait contre les troupes de Richard III, de nombreux Gallois le soutinrent et firent flotter le dragon rouge à leur tête. Une fois la bataille gagnée et la couronne assurée, Henri fit bénir le drapeau au dragon gallois dans la cathédrale Saint-Paul de Londres. Cela dit, avec une ingratitude toute royale, lorsque l’union des Couronnes de 1603 vit le jour, seules les croix d’Écosse et d’Angleterre furent incorporées au premier drapeau de l’Union. Le dragon rouge du pays de Galles fut mis à l’écart.

    Pour compliquer les choses un peu plus, il existe un dragon rival à celui de la bannière du pays de Galles. En gallois, le dragon rouge se nomme Y Ddraig Goch, tandis que celui qui se trouvait sur l’étendard d’Owain Glyndwr est appelé Y Ddraig Aur, le dragon d’or. Le prince gallois Owain Glyndwr (vers 1349 — vers 1416) s’efforça de rassembler le pays de Galles pour en expulser les Anglais. Après une série de victoires, il connut finalement la défaite. Les détails de sa mort sont incertains, mais il reste un personnage important dans l’esprit des Gallois. Owain Glyndwr brandit son drapeau au dragon doré lors de la bataille de Tuthill en 1401, et certains pensent que c’était aussi un dragon doré sur fond blanc qui ornait le premier drapeau d’Uther Pendragon et d’Arthur, plutôt qu’un dragon rouge. Le drapeau gallois actuel porte le dragon rouge de Cadwaladr ap Cadwallon, posé sur le fond vert et blanc d’Henri VII et des Tudors. Au cas où vous ne le sauriez pas, Cadwaladr ap Cadwallon fut roi de Gwynedd depuis les années 650 jusqu’en 682, et il combattit avec un succès stupéfiant les Angles qui empiétaient sur son territoire.

    Comme évoqué plus haut, le pays de Galles possède une foule de légendes sur les dragons. Dans mes pérégrinations à travers le pays, tant

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