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Coup d'Envoi: Les Ombres Grimpantes – Un futur proche
Coup d'Envoi: Les Ombres Grimpantes – Un futur proche
Coup d'Envoi: Les Ombres Grimpantes – Un futur proche
Livre électronique262 pages4 heures

Coup d'Envoi: Les Ombres Grimpantes – Un futur proche

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À propos de ce livre électronique

Les premières missions dans les rues sombres de Berlin et d'Édimbourg.
Les protecteurs des rues Flocon, Sligo, Renard, La Guêpe, Orca et Bulldog s'associent et se retrouvent vite à mener un combat pour leur propre survie.
Sortiront-ils en entier de tout ça ?
Une histoire époustouflante débute.


Toile de fond de la série :

Nous tournons nos regards vers les années 2038-2060.
Ce sont des années sombres, des années de chaos, des années de chamboulements.
De grandes multinationales se sont appropriées le pouvoir et ont repris en grande partie les rôles des anciens gouvernements. Les cartels et autres bandes dominent les rues. Le monde est au bord du gouffre.
Entre ombre et lumière, entre le bien et le mal, les protecteurs des rues se battent pour la survie et bientôt pour l'avenir de la planète toute entière.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie15 juil. 2019
ISBN9781547598557
Coup d'Envoi: Les Ombres Grimpantes – Un futur proche

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    Aperçu du livre

    Coup d'Envoi - Philipp Schmidt

    Coup d’Envoi

    Les Ombres Grimpantes

    Un futur proche

    Livre 1

    de

    Philipp Schmidt

    Mentions légales

    Copyright © 2015 Philipp Schmidt

    Tous droits réservés.

    ISBN : 1508918880

    ISBN-13 : 978-1508918882

    Copyright © 2015 Couverture de Simon Fleck

    Copyright © de la série Les Ombres Grimpantes –

    Un futur proche Philipp Schmidt

    Coup d’Envoi, livre 1 de © Philipp Schmidt

    Traduction : Cécile Bénédic

    Déclaration de l’auteur

    ––––––––

    Tous les personnages, dialogues et situations de cette série sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou leur façon d’agir, avec des entreprises, organisations, etc. est fortuite. Il est important pour l’auteur d’expliquer que les possibles ressemblances de nom entre des groupes évoqués et des multinationales existantes sont absolument arbitraires et doivent le rester, car les crimes et les crimes planifiés, comme décrits dans chaque volume, sont absolument impensables à notre époque basée sur le développement durable, l’équité et les droits humains.

    En scène !

    04/10/2038

    Je ne sais pas qui tu es, moi, je m’appelle Flocon. Ce n’est bien sûr pas le nom que m’a donné la femme qui m’a expulsée de son utérus avant de m’abandonner pour toujours. C’est le Doc qui m’a appelée ainsi. Mais bon, merde, je parlerai de lui plus tard.

    Je suis à la bibliothèque municipale du quartier de Mitte à Berlin, enfin, ce qu’il en reste. D’après ce que j’ai entendu, lors de la dernière grande guerre des multinationales, elle a été bombardée, attaque planifiée ou accident. Mais bon, plus personne ne s’intéresse aux livres, à part moi et les rats. Cela fait longtemps que le bruissement et le grignotage des petits rongeurs ne m’inquiètent plus. Parfois, comme un cadeau entre pairs, je laisse tomber quelques miettes de mon repas sur le sol. Je viens ici tous les jours. Je me glisse entre les gravats, j’entre tant bien que mal dans l’étroit conduit d’aération et grimpe les marches qui ont survécu. Un vrai parcours du combattant, je te le dis, mais maintenant, je suis habituée et je suis en forme. Et comme récompense pour tous mes efforts, ce ne sont pas seulement les livres moisis dans lesquels je me plonge avec plaisir qui m’attendent. La raison pour laquelle je viens chaque jour à la bibliothèque, c’est surtout l’ordinateur, qui, par miracle, fonctionne encore et, par un miracle encore plus énorme, est encore relié au reste du monde par l’ancien réseau. C’est mon secret. Même le Doc n’en sait rien.

    Je viens donc ici tous les jours. Mais seulement de neuf heures à seize heures trente. Nous sommes en automne et le soleil se couche à dix-huit heures. Et une fois la nuit tombée, une jeune fille comme moi ne se balade plus dans les rues. Pas à cause des gangs. Au crépuscule, les Revenants sortent de leurs tanières, et encore pire, des créatures que l’on nomme Siffleurs et qui peuvent apparaître à tout moment. Rien que de penser à tout ce qui se balade dans l’obscurité, j’en ai des frissons. Tous les êtres qui, après la grande contamination, sont sortis de nos cauchemars pour errer dans la réalité et qui veulent plus que notre vie.

    Du cœur de la bibliothèque au canal, il me faut une bonne heure, il ne me reste donc plus beaucoup de temps. Alors, venons-en au vif du sujet, comme aime dire le Doc.

    J’ai grandi dans une petite ville et, avec le recul, je me demande comment j’ai réussi à survivre aux années de mon enfance. Si j’ai connu mes parents, je ne m’en rappelle pas, mais je me souviens bien des Nimble Socks, qui m’ont accueillie et nourrie. À l’époque, nous gardions la tête hors de l’eau grâce aux vols à la tire et aux petites arnaques. Bêtement, nous investissions presque tout notre butin dans l’Ultraviolet. Il ne serait pas exagéré de dire que cette drogue me servait de père et de mère. Quand j’étais dans mon trip, je me sentais légère et en sécurité, une enfant avec des attaches sûres, jusqu’à ce que les effets s’estompent et que le chaos de tristesse et d’inanité, que j’étais sans elle, revienne.

    Il y a quatre ans, je suis venue dans la capitale avec une délégation des Nimble Socks, nous voulions négocier avec un intermédiaire de la multinationale NEW-KOTW. Éclaircir les choses. C’est ce qui s’est passé, mais unilatéralement.

    Nous n’étions pas les seuls à venir au point de rendez-vous. Des représentants d’au moins vingt autres groupes attendaient sur le grand parking abandonné. Puis, trois fourgons sont arrivés, ils se sont arrêtés à l’entrée du parking et des individus cagoulés en sont sortis d’un bond, armés de fusils d’assaut. À la place des négociations promises, la multinationale a laissé parler les balles, sans sommation. Au milieu de la pétarade des armes et des cris des victimes, je me suis laissé tomber au sol. Je ne sais pas combien de temps le choc a duré, combien de temps je suis restée allongée là, sans oser bouger le petit doigt. Mais quand j’ai entendu les cris des Siffleurs, j’ai soudain ouvert les yeux. Le visage livide et surpris de Jenny me fixait. Jenny, qui avait été comme ma grande sœur. Paniquée, je me suis relevée d’un bond et me suis mise à courir. J’ai couru et couru, jusqu’à ce que le monde tourne tellement autour de moi, que j’ai dû m’arrêter. Je me suis laissé glisser le long d’un mur et j’ai fourré dans ma bouche sèche tout ce qu’il me restait d’UV. Il aurait été plus raisonnable de me laisser exécuter avec les autres, ai-je encore pensé, avant que mon sang n’absorbe la surdose de drogue et me tire vers un brouillard noir.

    Quand je suis revenue à moi, un large visage variolé se penchait au-dessus de moi. La bouche ouverte souriait et dégageait une puanteur de soja fermenté. J’avais des nausées, mais mon corps ne montrait aucune réaction. Les yeux verts manquant de sommeil ont reconnu ma peur, car la bouche de travers s’est mise à parler.

    – Ne t’inquiète pas, ma petite, a-t-il dit d’un ton apaisant. L’effet du sédatif s’estompera bientôt et tu pourras à nouveau bouger. Je suis médecin de rue, mon nom est Richard Dreifuß. Mais tout le monde m’appelle Doc.

    Il avait ajouté cette dernière phrase sur un ton qui se voulait rassurant, tout en caressant mon bras d’un geste réconfortant.

    Alors que je ne pouvais pas bouger, encore allongée là, il est resté à mes côtés. Il était accroupi près de moi et me racontait des histoires. Je ne pourrais dire lesquelles il avait vraiment vécues et lesquelles il avait inventées, mais ses récits m’ont calmée un peu. Il parlait et parlait, et, dans mon désarroi, je me raccrochais à sa voix. Alors qu’il semblait n’avoir plus rien à raconter, il a siroté la boisson dans sa tasse, puis a repris la parole.

    – Ton ancienne vie est finie. Je ne sais pas ce qui t’a amenée ici et tu me dois aucune explication. Si tu veux, tu peux rester ici.

    Depuis une heure, je pouvais cligner des yeux pour signifier mon accord. J’ai donc cligné des yeux, puis il a continué.

    – Bien. Je t’ai trouvée à deux rues d’ici, par hasard. Il venait de commencer à neiger. Un mélange étrange, une junkie en train de mourir et la blanche et brillante innocence sur tes cheveux foncés. Nous t’appellerons Flocon, qu’en dis-tu ? Tu peux travailler pour moi et commencer une nouvelle vie.

    Touchée, j’ai rapidement cligné des yeux une seconde fois et ceux-ci se sont remplis de larmes. C’est donc ainsi que j’ai rencontré le Doc. Je ne sais pas s’il m’aurait fait cette généreuse proposition, s’il avait été conscient de la difficulté des semaines à venir liée au sevrage.

    À fendre l’âme.

    Hé Floconnette ! Tu parles encore avec les grands inconnus ? Oublie, y’a personne là, juste toi et moi Baby.

    Je l’avais complètement oublié, lui. Celui qui intervient dans le chat, c’est un Russe, Pjotr, qui a apparemment passé quelques années en Allemagne et qui est un ABRUTI FINI. C’est ma faute, j’écris sur le forum d’un site de rencontres, dont le serveur a survécu aux grandes guerres. Peut-être trouves-tu mon post, parce que tu es, comme moi (et malheureusement aussi Pjotr), un survivant et a accès au vieux réseau. Mais je dois avouer que mon espoir est en fait que tu tombes sur mon récit ailleurs. Le Doc dit qu’il y a des zones de haute sécurité, dans lesquelles même les unités spéciales des multinationales n’osent pas aller. Et à en croire les rumeurs, l’espace-temps y est détraqué. Comme je ne fais pas partie des super riches et que je n’habite pas non plus dans un village de multinationale, je n’ai pas accès au nouveau réseau du Dynamic-Sys, ou Daisy, je communique donc par ce moyen-là. Il serait possible que les vieux câbles de fibre optique débouchent dans une de ces zones et que mon signal te parvienne, d’une façon ou d’une autre. J’imagine que tu vis dans une époque avant que tout parte en sucette, une période à laquelle les Siffleurs et les Revenants ne dominent pas les nuits. Et qui sait, peut-être peux-tu faire quelque chose pour que l’avenir du monde prenne un tournant moins catastrophique.

    Allez, Baby, t’es tout ce que j’ai. Sans combinaison anti-rayonnement, on peut même pas sortir dans Moscou pour admirer le putain de ciel vert. Et se balader sur les profils de morts, c’est pas forcément bon pour ma santé mentale...

    C’EST UN PEU TARD POUR PENSER À ÇA, IDIOT !

    OK, il est bientôt la demi, je dois filer. Je t’en prie, si tu es là, écris-moi. Je reviens demain.

    ––––––––

    02/11/2038

    Désolée de n’avoir pas donné de nouvelles pendant aussi longtemps. Quand j’ai commencé à écrire, je n’avais aucune idée du tournant que ma vie allait prendre. Maintenant, j’ai une histoire vraiment folle à raconter.

    Tout a commencé après mon dernier message. Je me suis extirpée des ruines de la bibliothèque et j’ai couru dans les rues abandonnées. Notre quartier n’est certes pas aussi hermétiquement fermé que ceux des multinationales, mais nous avons également des contrôles. Les gardes de la barricade Sud m’ont reconnue, ils ont ouvert la grille et m’ont fait signe d’entrer. Les publicités lumineuses clignotantes, grâce auxquelles on repousse les ombres la nuit, s’allumaient alors que j’arrivais au pas de course devant ma maison. Des vingt étages de l’immeuble, il n’en reste plus que dix, les étages supérieurs se sont effondrés. Sur la façade, des fissures partant du sol grimpent toujours plus haut, dues aux fréquents tremblements de terre.

    L’ascenseur du hall d’entrée était à moitié ouvert, sans surprise, cela fait longtemps qu’il ne fonctionne plus. Comme d’habitude, je suis passée devant pour prendre les escaliers de secours. Essoufflée, je suis arrivée au sixième étage et, passant devant les fenêtres clouées, j’ai avancé jusqu’à la porte à côté de laquelle le panneau en tôle de mon père adoptif était accroché au mur. R.D. Médecine générale et quantique. J’ai toqué et j’ai voulu entrer, mais la porte était verrouillée. J’ai sorti ma clé et je l’ai tournée dans la serrure jusqu’à entendre un léger clic. Un brouhaha de voix émanait de l’intérieur qui s’est arrêté net quand j’ai fermé la porte derrière moi. Des patients ? C’était inhabituel, en général, ils venaient seuls. Je suis entrée dans la salle d’attente, qui nous servait aussi de salon hors des heures de consultation. Clairement pas des patients. En plus du Doc, quatre autres personnes étaient assises dans la pièce. Une belle femme portant un manteau en latex moulant boutonné, un homme avec une barbe de trois jours et un cache noir sur l’œil gauche, les jambes croisées, portant des bottes de combat montant jusqu’aux genoux. Plus loin, un géant semblant sous-exposé et un maigrichon, dont la main droite a disparu rapidement sous une veste en peau synthétique quand je suis arrivée sur le seuil.

    – Pas d’inquiétude, a dit rapidement le Doc, c’est Flocon. Je me porte caution pour elle.

    Il s’est ensuite retourné vers moi.

    – Salut, on parlait de toi justement. Voici La Guêpe, Alpha alias Renard, Lupus et Fox.

    – Nous sommes des amis, a dit l’homme avec le cache-œil.

    Sa voix était amicale, mais il s’y cachait une pointe de quelque chose que je ne pouvais pas placer du premier coup. Peut-être une tristesse dissimulée.

    J’ai hoché la tête et me suis assise sur la dernière place libre.

    – Bien, a dit le Doc en se levant, je vais vous laisser.

    Il est sorti de la pièce, mais je l’entendais faire mon travail, c’est-à-dire principalement nettoyer et ranger son matériel.

    L’homme nommé Alpha alias Renard a croisé les mains sur les genoux et m’a regardée d’un air pénétrant.

    – Nous avons parlé avec ton protecteur. Il est d’accord pour que tu te joignes à nous. Si tu le souhaites.

    D’un coup, j’ai compris ; ces quatre personnes étaient des chasseurs d’ombres, également appelés danseurs de l’asphalte ou protecteurs des rues. C’était ainsi qu’on appelait les téméraires aventuriers de notre époque. Ils étaient souvent engagés par des multinationales pour des missions pour lesquelles les grands groupes ne voulaient pas se salir les mains. Pour les multinationales, la société à deux classes était optimale. Dans nos ghettos, nous n’étions rien de plus que des chats errants, auxquels on lançait des friandises pour une plus grosse part du gâteau. Et les chasseurs d’ombres apportaient cette part.

    – Doucement, est intervenue la femme. Petite, qu’est-ce que je porte sous mon manteau ?

    Un test. Depuis mon sevrage, ma perception avait changé. Quand je louchais d’une certaine façon, en me concentrant, je voyais des choses que les autres ne voyaient pas. Jusqu’à cet instant, je n’avais presque jamais utilisé ce talent. Il m’inquiétait et j’avais peur de rester coincée. Le Doc insistait encore pour m’ausculter une fois par mois. La dernière fois, j’ai évoqué ma technique unique pour loucher. Cela l’avait intéressé et nous en avions parlé, après qu’il a insisté.

    Concentrée, j’ai regardé la femme de cette façon-là. Sous le latex, j’ai reconnu un couteau denté dans une ceinture, deux pistolets-mitrailleurs dans des étuis sur l’épaule et une amulette accrochée à un cordon de cuir passé autour de son cou fin. J’ai énuméré mes découvertes. La poule est restée bouche-bée.

    – Une voyante. Au moins, elle a du talent, a dit La Guêpe en souriant d’un air satisfait.

    Quand Renard m’a énoncé la somme mirobolante de la part qu’il me donnerait, j’ai accepté, sans y réfléchir à deux fois, de m’associer à la petite troupe. Ensuite, d’une voix calme, il m’a expliqué le plan et le rôle que j’y jouerais.

    Le lendemain, j’ai attendu au point de rencontre prévu, un petit bouge pour les noctambules. Je sirotais mon coca d’un air méditatif quand la porte s’est ouverte et les chasseurs d’ombres sont entrés. Contrairement à moi (je comptais rester discrète, considérant nos intentions), les quatre nouveaux arrivants attiraient tous les regards. Renard, en particulier, semblait connaître tout le monde et tout le monde semblait le regarder. Il a serré les mains de presque tous ceux qui se trouvaient au comptoir et, plaisantant, s’est frayé un chemin vers moi dans le coin à l’arrière, où j’étais adossée au mur dénudé. Les grosses enceintes crachaient des beats électroniques assourdissants.

    – Qu’est-ce que t’as dit ?! On comprend rien avec ce boucan !

    – Je te disais « détends-toi », a répondu Renard en criant. Mets-toi à l’aise. On se met au boulot après la fermeture.

    Je ne sais pas comment on se détend, et comme je n’ai pas d’amis, je ne sais pas non plus comment on discute de manière détendue. Par chance, la forte musique m’a servi d’excuse pour décliner la proposition de La Guêpe d’aller « discuter entre filles ». Si notre coup n’avait pas été contre une multinationale avec laquelle j’avais encore des comptes à régler, je ne suis pas sûre de savoir si j’aurais maintenu mon accord donné à la hâte. Quoi que, sûrement que si. Deux mille yuan occidentaux ! Avec ça, je pourrais m’offrir mon propre appartement et un de ces nouveaux Speedracers, avec lesquels on peut semer même les voitures des shérifs adjoints. Mais était-ce ce que je voulais vraiment ? Le Doc m’avait dit de bien faire attention à moi et qu’il était fier que je devienne adulte. Très bien. Mais dans quel monde pourri, un père (c’était ce qu’il était pour moi), était-il content quand sa fille partait en vadrouille avec des types de toute évidence douteux ? Dans mon monde. J’ai fini mon coca et posé la canette sur le bar.

    – Tu me montres comment on se sert de ce machin ? ai-je demandé à La Guêpe en indiquant la bosse à peine visible sous son manteau.

    Elle a regardé rapidement autour d’elle pour voir si quelqu’un avait remarqué mon geste avant de répondre.

    – Ce n’était pas vraiment ce à quoi je pensais pour une discussion entre filles, mais... pourquoi pas. Y’a pas de princes charmants ici, hein ?

    J’ai répondu maladroitement à son clin d’œil et me suis abstenue de poser une question concernant notre chef, qui était en train de draguer deux greluches pomponnées.

    La Guêpe a fini sa boisson bleue brillante et m’a demandé de la suivre dehors. Dans une ruelle sombre, j’ai reçu mon premier cours sur les armes à feu. En plus du maniement, le conseil le plus important était : « Quand tu tires, appuie sur la détente. Si tu hésites, c’est loupé. »

    Quand nous sommes retournées à l’intérieur, La Guêpe et moi nous étions rapprochées. Elle avait une épaisse carapace et un noyau tout aussi dur. Ça me plaisait.

    À trois heures, les lumières se sont allumées. Il ne restait plus que quelques junkies qui ont continué à danser quand la musique s’est arrêtée, deux comas éthyliques, ainsi qu’un mec et une nana qui ne s’étaient pas encore mis d’accord sur le reste de la nuit. Renard a payé notre ardoise, a allumé une clope et a déclaré :

    – C’est parti.

    Fox était au volant du Combi VW XS. J’avais appris que lui et Lupus étaient frères. La tension était à couper au couteau dans la grande voiture familiale quand nous nous sommes arrêtés à un point de contrôle. Renard est sorti du véhicule. Je l’ai observé parler avec les deux gardes et leur remettre discrètement une liasse.

    – Pas de problème, a-t-il dit en remontant à bord, on a quatre heures avant la relève.

    Nous avons roulé sur la cahoteuse Via Lipsia vers l’Ouest, le long des hautes clôtures marquant la frontière extérieure de Saturn Satovari. Quand nous avons tourné à gauche sur une large avenue, nous avons quitté le monde que je connaissais. J’avais bien sûr entendu d’étranges histoires sur l’ancien tunnel de Tiergarten et les réunions occultes dans le parc Hasenheide abandonné, mais de l’ancienne capitale, je n’avais vu de mes propres yeux que mon quartier et une ou deux rues attenantes. Trop dangereux. Si mon orientation ne me trompait pas, nous devions être à Nova Colonia, quand nous nous sommes arrêtés à un carrefour vide.

    Des sacs marins se trouvaient dans le coffre, Renard nous en a donné un à chacun. Dans le mien j’ai trouvé un uniforme de travail bleu foncé, un gilet pare-balles deux tailles trop grand, des jumelles, un talkie-walkie et un pistolet. 

    – Juste par sécurité, a commenté Renard en enfilant son bleu.

    Vingt minutes plus tard, nous étions en place. Lupus et Renard jouaient leur rôle de sondeurs. Ils se tenaient au milieu de la rue devant une plaque d’égout ouverte dans laquelle ils faisaient descendre un câble de mesure. La Guêpe attendait tapie dans l’ombre d’un toit presque effondré à quelques pas d’eux. Fox et moi observions la scène depuis la crête d’un petit dépotoir, moi avec mes jumelles, lui avec le viseur de son fusil de précision.

    La lune coincée entre des bancs de nuage baignait la scène d’une lueur laiteuse et blafarde. Des lampadaires assez éloignés les uns des autres éclairaient également la longue avenue. Une brise soufflait dans les maisons abandonnées, faisant voler les feuilles et jouant avec un sac plastique. Soudain, une camionnette jaune est apparue dans notre champ de vision.

    – C’est parti, a retenti la voix de Renard dans le talkie. Flocon ? Tu vois quelque chose d’inhabituel ?

    Mon cœur battait la chamade. Je me suis efforcée de me concentrer sur le véhicule en approche.

    – Un conducteur et

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