Tu ne resteras pas en vie: La souffrance

Par Nina Coustenoble

Un seul destin, la mort.

Jessica est retenue prisonnière par Klen et subit les pires actes de torture que l'on puisse imaginer. Pour la rejoindre et la sauver, Antel devra en payer le prix. Désespéré, il se lance dans une quête périlleuse avec ses amis. Pendant ce temps, la Lune de Sang approche. Et s'annonce comme la nuit la plus terrible de l'année.

La souffrance ne fait que commencer.

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 26 sept. 2017
• ISBN: 9782322142651

Nina Coustenoble

C'est depuis 2015 qu'elle enchaine ses romans. Le succès de Nina Coustenoble réside dans ses univers entre présent et passé, réalité et fiction. Elle emporte le lecteur dans ses mondes immersifs.

Aperçu du livre

Épilogue

Prologue

Rien ne compte plus désormais. Il n’y a plus que la solitude et la douleur. Ses poignets la font atrocement souffrir. Elle est attachée au mur de pierre par une chaîne métallique. Elle porte toujours ses vêtements sales et tâchés de sang, suite à sa dernière mésaventure avec son frère. Une semaine qu’elle vit ici et déjà son corps commence à lâcher.

Jessica a été rasée et fouettée violemment. Hier encore, on l’avait martyrisée trois fois dans la journée. Heureusement que Klen se réveille tard et qu’il a d’autres choses en tête le matin. Il n’arrive donc jamais avant midi, ce qui lui laisse un peu de répit. La jeune fille passe difficilement sa main sur son crâne chauve. Ses cicatrices à la tête la brûlent plus fortement que sur le reste du corps. Parfois, elle a l’impression d’être folle ; et il est vrai que son cerveau ne fonctionne plus correctement. Mais elle sait que son frère viendra la sauver. D’ici là, ne sera-t-elle pas morte ? Elle entend soudain une clé dans la serrure. Oh non, son bourreau revient ! Et il aime bien passer sa colère sur elle. Elle n’est qu’une distraction pour lui. La prisonnière a un sursaut de panique. Il semble énorme aujourd’hui et Jessica se sent bien faible en comparaison. Il possède un fouet beaucoup plus imposant que celui de Mr Cheman, le professeur de sortilèges. Où va-t-il trouver de la place avec toutes les cicatrices qu’elle a déjà ? Des blessures sur d’autres plaies, ça s’annonce très mal. Elle est une Éternelle, elle peut résister beaucoup mieux que d’autres, mais elle est déjà à bout de force.

Premier coup sur sa cuisse, elle ne peut même plus se mettre debout. Klen lui porte plusieurs coups tous les jours. Il n'oublie jamais d'aller la voir. Son cou, sa cheville, son front sont également touchés. En tant que créature nocturne, ses blessures peuvent se refermer d’ici deux jours mais avec chaque nouvelle séance de torture, elle a mal en permanence. Klen frappe à nouveau, il a presque touché son œil cette fois. Et soudain, il y a un flash. La vue de Jessica se brouille et elle aperçoit une lumière verte. Elle entend sa propre voix de petite fille crier « non ».

Puis, c’est le trou noir, et Jessica sent le dernier coup de fouet. Son bourreau s’en va avec un air satisfait. Il semble plus détendu. Elle a compté tous les coups : dix-huit. Mais le flash occupe toutes ses pensées.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce qui c’est passé ? Elle ressent encore plus de peur qu’il y a quelques minutes. La torture la fait vraiment halluciner. Quand viendra-t-on la chercher ?

Chapitre 1

Une mère Ténèbre

Antel se réveille en sursaut. Il a fait un cauchemar atroce où sa sœur criait, torturée à mort. Voilà une semaine qu’elle a été enlevée et il ne peut toujours pas tenir sa promesse. Pourquoi ? Parce que tout simplement, on l’en empêche. Le taxi de Jembi a été détruit. Ils ont essayé de prendre l’avion, mais une bande de Ténèbres, des psychopathes les avaient attaqués à l’aéroport. Antel perd peu à peu espoir à mesure que les jours passent. Jessica ne l’attendra pas éternellement. Il en avait oublié son affreux père qui a essayé de le tuer. Peut-être parce qu’il n’aimait pas la nature de ses enfants, mais quand même ! On l’appelle. C’est Maeva qui lui apporte tous les matins son bol de soupe. C’est la fille la plus belle et la plus intelligente qu’il ait jamais rencontrée.

À chaque fois que leurs regards se croisent, il se sent tout bizarre. Le souci, c’est qu’elle sort avec Marc, un gars parfait, selon lui. Elle est amoureuse de lui et il comprend tout à fait pourquoi. Il est beau et attentionné, le type d’hommes qui plaît bien aux femmes.

– Devine quoi ? On a la connexion internet.

– En même temps Jembi a tellement travaillé dessus. C’est un fou d’informatique.

Antel avait raconté toute l’histoire à ses amis :

Tanaka l’araignée géante, le chiot qu’ils avaient dû tuer, le cœur, la pierre, Ebora, Foulmio le traître, la discussion qu’ils avaient surprise entre les gardes, et enfin, le duel. Beaucoup trop de révélations en tout. Maeva l’arrache à ses tristes pensées.

– On va chercher sur internet les archives de l’école. Si ta mère a étudié à la Personnalitis Academy alors on saura si elle a vraiment été Ténèbre.

Il en a vraiment marre d’entendre parler de ses parents. Il a de plus en plus l’impression que c’étaient des gens malhonnêtes. Il sait juste, grâce à une lettre de sa mère, qu’elle l’aimait. Il suit tout de même la jeune sorcière, la seule des adolescents à avoir atteint la majorité et à avoir fait son choix. Le mois de septembre approche et la rentrée va bientôt commencer. Tous sont réunis dans le salon, devant un ordinateur assez vieux, le nez dans les archives. Jembi l’accueille en souriant.

– Ah, salut Antel, comme tu peux le constater, on regarde les élèves qui sont partis en deuxième année parce qu’ils ont choisi les Ténèbres. L’ennui c’est qu’on ne sait pas quand est née ta mère et si elle a fait un jour partie de cette école. Je parcours les années 1990.

Oscar, son meilleur ami, le laisse passer pour qu’il puisse voir. Ebora avait dit le nom de la femme qui les avait mis au monde Jessica et lui. Isabelle Etole.

– J’ai trouvé ! s’écrie Jembi, une Isabelle Etole en 1995.

Ils regardent. En effet, l’ordinateur indique qu’elle était devenue Ténèbre en 1995, mais il y a cependant un problème. Il y est écrit qu’elle a vécu de 1977 à 1998, les jumeaux sont nés en 1999. Antel clique sur la date de la mort sans réfléchir, une phrase apparaît:

Aucune preuve tangible.

Il continue de fouiller et remarque un paragraphe d’article très intéressant.

« Isabelle Etole est-elle morte ?

Seul Mr Ssss, professeur de l’école où elle étudiait, avoue l’avoir vue il y a quelque temps. Selon lui, il pense qu’il s’agit plutôt d’un enlèvement. »

– Qu’est-ce que Mr Ssss vient faire là-dedans ? Mr Ssss est le directeur-adjoint du lycée. Antel l’aime bien.

– En tout cas, c’est impossible que ce soit ta mère, raisonne Maeva. Tu n’étais pas né au moment où elle a disparu.

– Je ne comprends rien, avoue Oscar, mais si ça se trouve, personne ne sait qu’elle est toujours en vie et qu’elle a des enfants.

Antel se rappelle soudain quelque chose. Quand ils sont arrivés à la Personnalitis Academy, Mr Ssss avait regardé bizarrement Jessica. Il est pratiquement sûr qu’elle lui rappelait quelqu’un. Il finit par dire :

– Finalement on n’en saura rien. On va boire quelque chose ?

Déçus, ses amis hochent la tête. L’adolescent est touché par leur envie de l’aider à retrouver son passé. Seulement, il préfère se concentrer sur le présent, l’enfermement de Jess. Ils sortent du repaire en direction d’un bar. Ils ont besoin de se changer les idées.

Aurore cure ses dents noircies avec ses ongles. Elle s’ennuie à mourir comme d’habitude. Quand soudain, elle entend la voix de sa mère dans sa tête. « Ma petite Aurore, j’espère que tu as bien travaillé pendant mon absence. Je ne peux cependant toujours pas prendre en charge ton éducation pour l’instant. J’ai des choses à faire ici. On se retrouve à la Lune de Sang. Tu déménages. »

Elle est perplexe. Quoi veut dire « déménage » ? Trente minutes plus tard, des gardes arrivent et la font sortir de sa chambre. C’est une première pour la petite, elle regarde partout autour d’elle, ses pieds nus marchant sur un sol inconnu. Elle peut voir dehors autrement que par la lucarne de la cave. Les serviteurs de sa mère la jettent brutalement dans une minuscule chambre noire. Pourquoi fait-elle peur aux gardes ? Où va-t-elle ? Jamais elle n’avait quitté sa maison. Elle est en même temps effrayée et excitée de cette nouvelle aventure. Elle s’installe, et soudain, sans qu’elle s’y attende, la chambre se met à bouger.

Toujours aucune trace d’eux. La directrice est désespérée. En un mois, elle a perdu sept élèves. D’après Aude, la responsable du pensionnat d’été, il s’agirait d’une fugue. Mais c’est totalement absurde.

Pourquoi fugueraient-ils ? Mr Ssss aussi est très inquiet. La police les cherche mais sans résultat. Ces adolescents ! Ils ne savent pas que Le Mal recherche les Éternelles et qu’elle peut, par conséquent, tous les tuer ! Elle est responsable de ces enfants mais si Ebora tue les jumeaux, ce sera la fin de tout. Et maintenant, ils ne possèdent plus aucune protection.

Elle peut les attaquer à n’importe quel moment. Mr Cheman entre en astiquant le cadre d’une photo qu’il accroche sur le mur. Il dit :

– Je ne suis pas pressé de retrouver mes élèves tellement médiocres.

– Vous exagérez un peu non ?

– Madame Vauchevant, jamais personne ne sera aussi douée que la plus douée des surdoués.

– Il recommence avec son culte, se moque Mr Ssss.

– Un culte ? Mais je n’idolâtre personne.

– Eh ben tant mieux, dit la directrice, car Ebora est Ténèbre et on vous accuserait tout de suite de trahison.

– Mais c’est Foulmio le traître. Depuis qu’il s’est enfui tout le monde le sait.

– C’est vrai, remarque le directeur-adjoint, mais vous avez des photos de la reine des Ténèbres partout sur votre bureau. Qu’est-ce que vous venez d’astiquer d’après vous ?

En effet, la photo représente une jeune fille de dix-sept ans avec un immense trophée. Son premier trophée de lycéenne. Et elle aurait pu en avoir bien d’autres si elle avait choisi Lumière. L’adolescente est belle et sourit avec un air de victoire. Mr Cheman avait été son professeur préféré, mais il n’est pas assez mauvais pour devenir un tueur. Chacun suit son propre destin.

Heureusement qu’il a ses petits gadgets, sinon il serait mort au moins dix fois. Les Ténèbres ne sont pas un lieu sûr. L’ancien prisonnier marche avec peine. Il a l’impression que son sac pèse dix tonnes.

Il est épuisé et couvert de blessures. Il y a des monstres partout dont certains sont vraiment très dangereux. Cet endroit vaut bien sa réputation. Il comprend pourquoi tant de gens sont morts en essayant de s’enfuir. Il n’arrive pas à croire que lui-même arrive à aller aussi loin. Le destin doit veiller sur lui, pour qu’il accomplisse sa mission. Retrouver les Éternelles. En général, le sort des autres ne le préoccupe pas tant que ça, il est plus un loup solitaire. Mais là, il se doit d’agir. Il ne peut pas laisser la reine continuer. Parfois, il croit que sa fin est proche. Plusieurs heures après son évasion et après avoir longé le fleuve d’eau noire, il trouve la mer. Il sort alors un petit rectangle orange de sa poche et en appuyant dessus, celui-ci grandit pour se transformer en canot pneumatique. Il monte à bord. Quand il ne rame pas avec toute la force qu’il peut encore donner, il dort d’un sommeil agité. Il ne cesse de penser à ce qu’il a entendu au château. Quelle histoire triste. Après de nombreux jours à dériver sur l’océan, il arrive au Japon. Il est à présent dans le monde de la Lumière. Son visage toujours caché sous sa capuche, il met pied à terre, enfin. Sa joie ne dure pas longtemps car à peine sorti de la plage, il voit une affiche…de lui.

C’est pas vrai, pense-t-il.

Décidément, voilà que cela complique les choses. Il ne sait pas lire le japonais, mais il arrive très bien à deviner ce que le texte veut dire. Apparemment sa réputation est arrivée jusqu’ici. Qui viendra le soigner et l’aider si on le reconnaît ? L’espion doit, une fois de plus, veiller sur lui-même et tenir encore quelque temps. Il le faut.

Chapitre 2

Retenu au Japon

– Non, non, non !!!

La commode se brise en mille morceaux. Les débris se mélangent avec les éclats de verre d’un miroir brisé. La reine est dans une rage folle. La pièce se trouve sens dessus-dessous et des flots de magie verte et noire sortent des mains d’Ebora, complètement hystérique.

– Comment a-t-il osé la prendre ! Elle est à moi ! Rien qu’à moi ! C’est ma chose !

Ayant perdu la trace des jumeaux, elle avait fait appel à l’Oracle. Elle avait pu assister au duel. Maintenant, Antel se trouve avec ses amis et Jessica est retenue par Klen. Celui-là, s’il était devant elle, elle le tuerait d’un regard.

– Je suis la seule à avoir le droit de les torturer ! Ils m’appartiennent !

Un bureau et une grande horloge s’effondrent. S’ils étaient venus avec elle, rien de tout cela ne serait arrivé. S’ils s’étaient laissés tuer. Elle avait détruit la pierre inespérée. À quoi lui aurait-elle servi ? Elle aurait bientôt la puissance éternelle. Et la cruelle reine est travailleuse. Jamais elle ne laisserait quelque chose agir sur son destin. Et pas seulement parce qu’elle est sûre de son coup.

– Albert !

La silhouette frêle de Mr Foulmio apparaît