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Les Terres désolées : Un monde de silence
Les Terres désolées : Un monde de silence
Les Terres désolées : Un monde de silence
Livre électronique536 pages9 heures

Les Terres désolées : Un monde de silence

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À propos de ce livre électronique

Et si la mort vous oubliait ?

Dans un avenir qui pourrait être le nôtre, Lizzie, une adolescente suicidaire, tente tant bien que mal de gérer sa vie. C’est alors que la catastrophe arrive. Dans un monde apocalyptique presque totalement dépeuplé, les raisons de vivre commencent à manquer à Lizzie, jusqu’à ce qu’au détour d’une mésaventure, elle tombe sur un numéro de téléphone qui va changer la donne.

Un coup de fil la mènera dans un périple à travers les États-Unis au‑devant de grands dangers pour rencontrer un étranger qu’elle croyait mort.

Même si la nourriture, l’essence et l’espace sont en abondance, un nouvel ordre mondial s’est installé. Ce sont maintenant la peur, la colère et l’avidité de pouvoir qui règnent.

LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2018
ISBN9781547505517
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    Aperçu du livre

    Les Terres désolées - Robert L Slater

    « Les Terres désolées : Un monde de silence » écrit par Robert L. Slater

    Traduit de l’anglais (États-Unis) par Kimberley Philippon

    ROBERT L. SLATER

    Robert L. Slater est un écrivain et professeur originaire de Bellingham, dans l’État de Washington. Ses histoires et poèmes sont d’abord parus dans de nombreuses petites publications. Son premier roman, Un monde de silence, a reçu le premier prix aux Cygnus Awards dans la catégorie « dystopie pour jeunes adultes ». La série Les Terres désolées comporte déjà deux autres titres.

    L’auteur est titulaire d’un diplôme ès Art dramatique, Éducation, Espagnol et Histoire et d’une maîtrise en Technologie éducative. Outre des romans, il écrit des pièces, des poèmes et des chansons. Il chante, joue de la guitare, joue et met en scène des pièces de théâtre, il aime cuisiner et lire. Il est également fier d’être père et grand-père.

    Sa devise dans la vie est la suivante : « La spécialisation, c’est bon pour les insectes. » (Robert A. Heinlein)

    Retrouvez toute l’actualité de Robert L. Slater sur son site personnel :

    www.robslater.com

    À tous mes élèves d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

    Merci de m’avoir tant appris et d’avoir partagé vos vies avec moi.

    Ce livre n’est qu’une infime manière de vous rendre tout ce que vous m’avez donné.

    Une génération s’en va,

    Une autre vient,

    Et la terre subsiste toujours.

    Ecclésiaste 1:4

    The End of the World as We Know It

    Chapitre un

    Chapitre deux

    Chapitre trois

    Chapitre quatre

    Chapitre cinq

    Chapitre six

    Chapitre sept

    Chapitre huit

    Chapitre neuf

    Chapitre dix

    Chapitre onze

    Chapitre douze

    Chapitre treize

    Chapitre quatorze

    Chapitre quinze

    You Can Sleep While I Drive

    Chapitre seize

    Chapitre dix-sept

    Chapitre dix-huit

    Chapitre dix-neuf

    Chapitre vingt

    Chapitre vingt et un

    Chapitre vingt-deux

    Chapitre vingt-trois

    Chapitre vingt-quatre

    Chapitre vingt-cinq

    Chapitre vingt-six

    ––––––––

    The Promised Land

    Chapitre vingt-sept

    Chapitre vingt-huit

    Chapitre vingt-neuf

    Chapitre trente

    Chapitre trente et un

    Chapitre trente-deux

    Chapitre trente-trois

    Chapitre trente-quatre

    Chapitre trente-cinq

    ––––––––

    The End of the World as We Know It

    R.E.M

    Chapitre un

    –  J’espère que vous mourrez tous !

    Ce n’étaient pas les dernières paroles que Lizzie avait lancées à sa famille, mais ç’aurait pu être le cas. Elle ne parvenait pas à se remémorer les mots qu’elle avait prononcés lorsque sa mère avait emmené Jayce et Ducon à l’hôpital, seulement, ça n’avait plus la moindre importance. Ils étaient partis. Tout ce dont elle se souvenait maintenant, c’étaient leurs engueulades et les propos odieux qu’ils s’échangeaient.

    À travers les persiennes couvertes de poussière du salon, Lizzie jeta un coup d’œil dehors. Les rues étaient vides. Au début, des voitures de patrouille passaient plusieurs fois par jour et diffusaient via des haut-parleurs le message suivant : « Restez à l’intérieur ! Veuillez éviter tout contact physique ! » 

    Maintenant, tout n’était que silence. Lizzie ne se rappelait même plus quand était passée la dernière patrouille.

    Les horloges indiquaient que la moitié de l’après-midi était passée. Pourtant, le ciel était si gris qu’il semblait que la nuit tombait déjà sur le Nord-Ouest Pacifique. Lizzie s’extirpa de sa chaise longue et se rendit à pas lourds dans la chambre de sa mère. Elle se blottit sous la couette et se demanda ce qu’elle allait manger le soir. Sa mère avait rempli le congélateur de pizzas juste avant de partir, mais elle commençait à se lasser de manger le même repas tous les jours depuis une semaine.

    Les trous dans le plâtre à côté de la table de nuit et les câbles à découvert lui rappelaient que le téléphone fixe ne fonctionnait plus. Le jour où sa mère s’était rendue au St. Joseph Hospital, elle avait appelé Lizzie pour la prévenir que Jayce se trouvait dans la chambre 314. Le lendemain, la ligne était coupée. Alors, à force de fixer ce téléphone, Lizzie avait fini par arracher tous les fils du mur par pure frustration. Lorsque les autorités avaient annoncé la pandémie quatre semaines auparavant, les réseaux de télécommunications avaient été surchargés. Les téléphones hors d’usage et l’internet disponible par intermittence seulement, Lizzie se retrouvait seule et déconnectée du monde. Elle voulait sortir. Putain de quarantaine !

    Soudain, la chanson Highway to Hell de AC/DC retentit, ce qui tira Lizzie de ses pensées. Depuis quand son téléphone mobile s’était-il remis à fonctionner ? Elle jeta la couette et suivit le son jusqu’au canapé du salon. Une photo de sa mère que Lizzie adorait, mais que sa mère détestait apparut à l’écran.

    –  Maman ?

    Lizzie se laissa tomber dans le canapé tandis qu’elle portait le téléphone à son oreille.

    –  Ma chérie... J’ai essayé de t’appeler sur les deux lignes, prononça sa mère, au bord de l’hystérie.

    Lizzie retint son souffle.

    –  C’est Doug. Il est mort, lui annonça sa mère en reniflant.

    Lizzie expira et se détendit. Ce n’était pas Jayce. C’était juste Ducon, le compagnon de sa mère.

    –  Je suis désolée, maman.

    Pour le bien de sa mère, Lizzie espérait avoir l’air sincère.

    –  Et toi ? Est-ce que tu vas bien ? Comment va Jayce ?

    –  Jason est très courageux.

    Sa mère détestait les surnoms que Lizzie donnait à son petit frère.

    –  Je suis dans la même chambre que lui.

    La voix de sa mère s’adoucit avant de poursuivre :

    –  Ils n’avaient plus assez de lits. Et toi ? Tu as assez à manger ? Tu restes bien à l’intérieur, hein ?

    –  Oui, maman.

    Lizzie serra les dents. Non, elle ne pleurerait pas.

    –  Comment vas-tu ? s’enquit Lizzie.

    Une quinte de toux se fit entendre à l’autre bout de la ligne.

    –  Tu veux dire, mis à part cette toux ? C’est sûrement à cause de la cigarette, fumer pendant tant d’années, ça a des conséquences... Lizzie, brûle le matelas et les draps. Tu brûles tout dans le brasero de Doug dans le jardin et puis tu rentres tout de suite à l’intérieur ! Compris ?

    –  D’accord, je le ferai. Je te le promets. Est-ce que Jason est réveillé ?

    Jayce n’avait que 11 ans. Était-il aussi terrifié que Lizzie ?

    –  Non, il dort. Il ronfle. Tu l’entends ?

    –  Oui.

    Lizzie laissa s’échapper un léger rire. Jayce parvenait à dormir dans n’importe quelles conditions. La jeune fille prit une profonde inspiration.

    –  Maman. Je suis désolée pour tout ce que je t’ai dit. Je me comportais vraiment comme une garce.

    –  Lizzie chérie. Ce n’est rien. J’ai eu ton âge moi aussi.

    Lizzie s’étonna ; c’était bien la première fois que sa mère lui pardonnait un de ses torts.

    –  Maman ?

    –  Repose-toi. On t’appelle demain, ça va ? Fais de beaux rêves, ma Lizzie.

    –  Maman, attends ! Je...

    Sa mère avait déjà raccroché.

    –  ... Je t’aime, maman, murmura-t-elle.

    Jayce va bien et Ducon est mort. Son beau-père avait toujours dit qu’il la jetterait dehors dès qu’elle aurait 18 ans. Pourtant, je suis encore là. Lui, il est mort et je n’aurai pas 18 ans avant 2 mois au moins. Est-ce que Lizzie devait se sentir coupable de se réjouir de cette situation ?

    Sa mère semblait vraiment très malade. Et s’ils ne rentraient jamais à la maison ? Après tout, la vieille mégère à chats qui leur servait de voisine n’était jamais revenue, elle.

    Elle parcourut les photos de son téléphone. Elle en avait gardé une de son ex-petit copain, Chad, devant les toboggans, un souvenir de leur journée à la piscine. Ils étaient restés amis après leur rupture au début de l’été. À la rentrée de septembre, il avait été le premier dont elle avait appris la mort. Ensuite, les haut-parleurs du lycée et le fil Facebook de Lizzie s’étaient mis à énumérer les noms des victimes, un par un, jusqu’à ce que les cours aient été annulés et que le monde ait commencé à se déliter.

    Elle passa devant l’armoire à alcool et attrapa le whisky préféré de son beau-père, une bouteille en verre de la marque Canadian Club Reserve qu’il remplissait de whisky bon marché issu de bouteilles en plastique. Lizzie tira le bouchon en liège.

    –  À ta santé, Ducon.

    Elle porta le goulot à ses lèvres et inclina la bouteille. Le whisky lui brûla le gosier ; comme il ne restait pas grand-chose, elle en reprit une gorgée pour la vider.

    Puisque les téléphones mobiles fonctionnaient à nouveau, peut-être la situation s’améliorait-elle ? Lizzie passa en revue sa liste de contacts et cliqua sur un nom au hasard. Jennifer. Elle entendit la tonalité et tomba sur une boîte vocale : « Vous savez qui je suis. Vous savez qui vous êtes. Vous savez ce qu’il vous reste à faire. »

    –  Jen. C’est Lizzie. Rappelle-moi.

    Un autre nom au hasard, un autre message sur une boîte vocale. Ils ne répondraient probablement jamais, mais le son de voix humaines résonnait comme une douce musique à l’oreille de Lizzie.

    Le lendemain matin, le thème « cris d’oiseaux » du réveil de Jayce réveilla brutalement Lizzie. Sa tête cognait et sa bouche était si sèche que sa langue avait la consistance du papier de verre.

    Elle se leva péniblement du canapé, avec des envies de meurtre envers son frère et sa fichue alarme à réveiller les morts.

    –  Jason Ronald ! Tu m’éteins tout de suite ce truc !

    La dure réalité lui revint brutalement en mémoire : son frère était à l’hôpital avec sa mère.

    –  Merde, c’est vrai.

    Elle trébucha, ses pieds s’empêtrant dans ses vêtements tout entortillés à force de les porter pour dormir. Lizzie attrapa le réveil sur la table de nuit, en arracha le câble et le laissa tomber au sol.

    Ensuite, elle partit retrouver son canapé. La vue de la bouteille de whisky au pied du divan lui donna des palpitations. Cette bouteille était la meilleure amie de son beau-père. Mais il était mort maintenant. Il ne la frapperait plus, ni elle ni personne d’autre, par la faute de cette chose.

    Sa mère avait toujours eu mauvais goût en matière d’hommes. Elle avait jeté dehors le père de Lizzie lorsque cette dernière n’avait que 3 ans, accusant la drogue et l’armée d’être responsables de leur vie de merde. Tout ce qu’il restait de lui dans cette maison, c’était la collection de CD et de DVD que sa mère avait gardée. Lorsqu’elle s’était estimée assez âgée, Lizzie avait revendiqué ses droits sur cette collection et sa mère ne s’y était pas opposée.

    Lizzie inclina la bouteille de whisky au-dessus de sa tête pour en faire tomber la lie et eut un haut-le-cœur lorsque le liquide toucha sa langue sèche. Son estomac la menaçait de se vider de son contenu, alors elle se rendit dans la salle de bain, fit couler un filet d’eau froide dans ses mains et s’en aspergea le visage. Son mal de tête était toujours présent et elle savait par expérience que ça ne pouvait qu’aller de mal en pis. Elle saisit une boîte d’ibuprofènes dans l’armoire à pharmacie et avala quelques comprimés.

    Ensuite, elle revint dans le salon et se laissa lourdement tomber dans le canapé. Le voyant lumineux de son téléphone clignotait, l’écran affichait : « appel manqué ».

    –  Merde.

    Elle cliqua sur le bouton qui permettait de rappeler le dernier numéro et porta le téléphone à son oreille.

    –  Maman ?

    –  Lizzie ?

    La voix de sa mère était fatiguée et à peine audible.

    –  Oui, maman. Je suis désolée, j’ai manqué ton appel, je dormais.

    Lizzie se rendit compte que son excuse avait l’air bidon.

    –  Lizzie, répéta-t-elle avant que sa voix ne se brise.

    Lizzie l’entendit pleurer. Son estomac se noua et sa gorge se serra ; elle avait l’impression qu’elle allait vomir.

    –  C’est Jayce ?

    Pour toute réponse, les sanglots de sa mère gagnèrent en intensité.

    –  Oh non. Maman, non. Bon, j’arrive.

    –  NON ! cria sa mère d’une voix forte.

    Elle avait cessé de pleurer.

    –  Surtout pas, ne viens pas ! reprit-elle. Tu n’es pas malade. Moi oui. Doug n’est plus là. Jason non plus. Mon dieu... Je suis en train de mourir, Lizzie. S’il te plaît. Promets-moi que tu resteras en sécurité.

    Un dernier sanglot s’échappa.

    –  Promets-le-moi.

    –  D’accord, maman.

    Des larmes coulaient le long de ses joues. Puis, Lizzie distingua une voix dans le fond.

    –  L’infirmière est là pour me soigner. Je te rappelle, ça va ?

    –  Oui, maman. D’accord.

    La communication fut coupée.

    Pourquoi ne lui avait-elle pas dit « je t’aime » ? Cela ressemblait-il trop à un au revoir ? Ou était-ce une manière de cacher ses sentiments exactement comme sa mère l’avait toujours fait ? Lizzie se saisit de l’objet le plus proche d’elle, une assiette, et le jeta contre le mur. L’assiette vola, tomba au sol et se brisa, laissant au passage un coup dans le plâtre. Lizzie hurla, mais ce cri ne la soulagea pas.

    Son téléphone éteint, elle se dirigea vers la chambre parentale, s’écroula dans le lit et étreignit l’oreiller de sa mère. Il portait son odeur : un parfum doucement épicé avec une pointe de tabac en note de fond. Une semaine était passée, pourtant, le parfum de sa mère imprégnait encore ses affaires.

    Les pensées de Lizzie se tournèrent vers Jayce. Elle songea à son premier jour d’école, en l’honneur duquel Lizzie avait tenté de teindre ses courts cheveux blonds en rouge avec du ketchup ; il avait laissé des tâches de sauce partout où il était passé. Elle se souvint également de sa fâcheuse habitude à toujours avoir raison et du fait qu’il ne se faisait jamais punir pour ses bêtises. Ducon aimait rappeler à Lizzie que Jayce n’était que son demi-frère. Sa peine n’en était pas moins entière pour autant ; les liens du sang sont ce qu’ils sont. Des sanglots secouèrent son corps tout entier. Elle demeura étendue un long moment jusqu’à ce que ses pleurs s’éteignent.

    Sa tête la lançait à nouveau. Elle se glissa hors de la chaleur de l’édredon et chaussa des pantoufles. Dans la salle de bain, elle ouvrit l’armoire à pharmacie et attrapa les cachets de sa mère. Elle ignora les bouteilles qui portaient son propre nom, des produits censés l’aider à « mieux s’adapter » au monde « normal ». Ils n’avaient plus grand intérêt dans ce monde-ci.

    La codéine de sa mère l’aiderait à se débarrasser rapidement de sa migraine. Elle ouvrit la boîte, laissa tomber un comprimé dans la paume de sa main et la reposa sur l’étagère.

    Le visage pâle qui lui faisait face dans le miroir lui rappelait sa mère. Elle ne l’avait jamais remarqué avant, mais maintenant qu’elle avait les yeux rouges, tristes et cernés, elle lui ressemblait. Du moins, si l’on faisait abstraction de ses piercings et de ses cheveux. Le crâne presque rasé de Lizzie laissait maintenant place à une coupe à la garçonne. Ses petites pointes bouclées roses viraient au blond décoloré et laissaient entrevoir une couleur plus foncée au niveau des racines. J’ai vraiment besoin de sommeil. L’alarme de son frère l’avait réveillée beaucoup trop tôt.

    Peut-être qu’elle dormirait mieux dans son propre lit. Elle passa devant la pancarte qui indiquait « Vers l’asile » posée dans les escaliers qui menaient à sa chambre. Cette maison était plus grande que la plupart des mobile homes et des maisons préfabriquées dans lesquels elle avait passé son enfance. Elle restait néanmoins petite pour une famille de quatre personnes. Un des propriétaires précédents avait transformé le grenier en une pièce assez spacieuse pour qu’une personne pas trop grande puisse s’y tenir debout. C’était donc la chambre assignée à Lizzie.

    ––––––––

    Un rayon de soleil de mi-journée, calme et sinistre à la fois, passa par la fenêtre et tira Lizzie de son sommeil sans rêves. Aucun bruit – ni alarmes, ni cris, ni télévision – ne traversait les murs fins de sa chambre.

    Lizzie s’empara de son téléphone. Il y avait du réseau. Pourtant, sa mère n’avait pas appelé. Jayce n’était plus là. Il était mort. À cette pensée, son cœur se serra et ses yeux s’emplirent de larmes.

    –  Jayce.

    Lizzie voulut appeler sa mère, mais elle avait peur de recevoir une mauvaise nouvelle. Fais confiance à l’infirmière, Lizzie. Maman a dit qu’elle appellerait.

    –  Oui, mais si elle oublie ? Fais chier.

    Au moins, son crâne ne la faisait plus souffrir. Elle avait l’impression de redevenir elle-même et se sentait d’autant plus seule. Il n’y avait plus personne. Pas même son chat, Gordito. Il avait disparu l’été dernier ; il s’était probablement enfui pour aller mourir loin de la maison.

    Par habitude, ses mains cherchèrent ses cigarettes ; il ne lui en restait plus qu’une. Elle fouilla dans ses affaires, tentant de mettre la main sur un manteau pour aller fumer dehors. Sa mère et Ducon avaient essayé de la faire arrêter ; leurs tentatives s’étaient avérées pour le moins infructueuses étant donné qu’ils fumaient tous les deux. Ils avaient cependant insisté pour qu’elle fume dans le jardin, près du brasero de fortune de son beau-père, et avaient exigé qu’elle paye ses cigarettes avec son argent de poche. Mais cette fois, elle fit exception. Elle alluma sa dernière cigarette et la fuma dans son lit.

    Le tabac lui fit quelque peu retrouver son calme. Cependant, ses nerfs mis à rude épreuve avaient besoin d’une activité. Lizzie pensa d’abord à faire un grand nettoyage, mais l’ampleur de la tâche la submergea. Il y avait une quantité astronomique de lessive, d’emballages de bonbons et de vieux CD disséminés un peu partout dans la maison. Au sommet d’une pile de journaux étaient entassées des feuilles de papier où elle avait gribouillé des paroles de chansons, des ébauches de tatouages, des formes abstraites au stylo, des lettres calligraphiées ou encore des croquis de nus assez sommaires. Quelques-unes de ces formes d’art avaient fait leur chemin jusque sur les murs. Lizzie comptait en recouvrir tout l’odieux papier peint à imprimé cachemire vert et bleu ; pour l’instant, elle n’avait fait que la moitié du travail.

    Lizzie cala sa cigarette entre ses lèvres et sortit un petit journal en velours bordeaux que Jayce lui avait offert pour son anniversaire. Elle tint un stylo au-dessus de la page blanche, ne sachant quoi écrire, comment faire honneur à son petit frère. Son esprit ressassait tous ses souvenirs.

    Le stylo n’avait pas bougé ; seules des larmes avaient recouvert le papier, alors Lizzie referma le carnet. La cigarette qu’elle avait oublié de fumer s’était déjà consumée. Elle écrasa le mégot sur un des CD de Ducon qu’elle utilisait comme cendrier et se demanda si, en réalité, elle n’était pas plutôt une fumeuse passive.

    Elle entendait presque Jayce lui offrir son aide pour réorganiser sa chambre. En temps normal, elle lui aurait jeté L’Enfer de Dante à la figure. Puisque Lizzie n’arrivait pas à écrire pour lui, elle pouvait au moins essayer de ranger un peu. Elle mit le journal et le stylo dans sa poche et commença à ramasser les vêtements qui traînaient au sol pour en faire des tas, empilant ensemble les affaires assorties. Tout dans sa chambre réveillait ses souvenirs. Elle ramassa une chaussure multicolore qu’elle avait teinte au marqueur permanent et la jeta dans le placard. C’est assez pour aujourd’hui.

    Lizzie descendit à pas rapides les escaliers. Elle arracha du mur la pancarte « Vers l’asile » et la roula en boule, tout en souhaitant pouvoir retourner dans le passé aussi aisément que le passé lui revenait à l’esprit.

    Chapitre deux

    Lizzie passa la tête par l’embrasure de la porte de Jayce. Ses vêtements étaient parfaitement rangés et ses livres classés par ordre alphabétique. Comme elle, Jayce avait eu une enfance de merde et avait grandi sans père. Pourtant, ils n’auraient pas pu être plus différents : pour s’évader, il passait son temps à lire des romans fantastiques et à jouer à l’enfant parfait. Le réveil qu’elle avait jeté au sol faisait tache dans ce décor ordonné. Alors, Lizzie se baissa pour le ramasser et le déposa sur la table de nuit à côté de sa montre calculatrice. Elle n’avait eu de cesse de le taquiner à ce sujet tant elle trouvait que ce gadget faisait geek, mais Jayce l’adorait et pensait qu’elle lui donnait un air cool. Elle esquissa un sourire triste, se passa la montre autour du poignet et sortit de la chambre à la recherche de café.

    Elle avait toujours trouvé du café quand elle en avait besoin ; il était parfois froid, mais prêt. Cette fois-ci, la cafetière était vide. Elle avait déjà vu sa mère le préparer des centaines de fois. Ça ne doit pas être bien compliqué. Elle souleva le couvercle et grimaça : un vieux filtre empli de marc de café moisissait dans la machine. Elle le jeta à la poubelle. Un filtre, du café et de l’eau... c’était aussi simple que ça. Trois grosses cuillères de café moulu semblaient suffire.

    Après avoir mis en marche la cuisinière, Lizzie s’installa devant son ordinateur. Après tout, si les téléphones mobiles fonctionnaient à nouveau, peut-être qu’internet aussi. La vieille machine, que sa mère avait récupérée lors d’une brocante, mit une éternité à s’allumer.

    Pendant que le disque dur se mettait en marche, Lizzie alluma la radio et chercha la fréquence de sa station favorite qui ne diffusait que des classiques du rock. La radio, elle, n’avait jamais cessé de fonctionner. Plusieurs jours durant, toutes les fréquences avaient diffusé des alertes :

    –  L’état d’urgence est déclaré. Ceci n’est pas un test.

    De temps à autre, l’annonce était entrecoupée par une ou deux chansons. Après un certain temps, les stations de radio s’étaient mises à passer en continu des listes préenregistrées, interrompues toutes les heures par le message d’alerte. Lizzie avait écouté la radio assez longtemps pour remarquer que les chansons se répétaient, toujours dans le même ordre.

    –  Vous entendez ce tonnerre ? Mieux vaut fuir, mieux vaut vous mettre à l’abri..., cria l’animateur, le ton sinistre.

    Cette partie de l’enregistrement était animée par un DJ qui avait un sens de l’humour étrange et une certaine obsession pour la fin du monde.

    –  ...sur un sentier envahi de zombies...

    Lizzie butait toujours sur le sens de cette phrase. Elle éteignit la radio et brancha son lecteur CD pour écouter un des disques de son père.

    L’ordinateur ne s’était toujours pas allumé. Lizzie se mit en équilibre instable sur sa chaise, tentant de se calmer. Elle entendit le sifflement de la cafetière, lui indiquant que le café était prêt, et s’en servit une tasse. Il n’était pas aussi noir qu’il aurait dû l’être. Elle y plongea un sucre et se rassit devant l’ordinateur alors que la fenêtre du navigateur apparut. Oui ! Internet fonctionnait à nouveau. Elle avait reçu un message de Jess ; Lizzie s’empressa de l’ouvrir.

    Jess, la meilleure amie de Lizzie quand elle était dans l’enseignement primaire, avait déménagé au Texas en huitième année[1], car son père voulait l’éloigner des « mauvaises influences ». Ce dernier n’avait jamais apprécié Lizzie. L’Ouest du Texas aurait tout aussi bien pu se trouver sur une autre planète, il y serait allé.

    Le père de Lizzie avait de la famille quelque part au Texas, les Guerrero et les Salazar. Elle ne se rappelait pas les avoir rencontrés un jour bien que sa mère lui avait assuré que ses grands-parents étaient venus lui rendre visite quand elle n’avait que 2 ans. Le message de Jess s’afficha enfin : « T’es en sécurité ? » Lizzie écrivit en guise de réponse : « Chez moi. Cmt tu vas ? »

    C’était une question certes un peu banale, mais que pouvait-elle demander de plus ? Elle parcourut toutes les nouvelles de son fil Facebook comme si elle espérait y trouver une réponse à ses questions, mais il n’y avait que des publicités, rien qui n’ait été écrit par des personnes réelles.

    Mais où est tout le monde ? Lizzie publia un message sur son mur : « Recensement. Survivants : manifestez-vous. »

    Ensuite, elle inspecta son réfrigérateur et y trouva de la glace au chocolat et aux noix. Elle la mangea à même le pot pendant qu’elle lisait les derniers articles parus sur Google News. Tous traitaient du même sujet de manière plus ou moins similaire. « Pandémie : c’est la fin du monde ! » Aucun de ces articles n’était récent. Le dernier en date, posté deux jours auparavant, avait été publié par la CBC, un site d’information canadien. Elle le lut en diagonale : « ne trouve pas la source de la maladie », « longue période d’incubation », « mort rapide », « estimation du taux de mortalité : entre 95 et 98 % »...

    Lizzie lâcha presque son pot de glace à la lecture de ce pourcentage. Elle avala une plus grande bouchée que prévu et plissa les yeux de douleur : la glace lui gelait le cerveau.

    Finalement, je fais bien partie d’une minorité. Elle changea de fenêtre pour voir si Jess avait répondu. Comme ce n’était pas le cas, elle revint à l’article. Au bas de la page, elle vit les mêmes avertissements qu’elle avait entendus si souvent : « Restez à l’intérieur. Évitez les contacts physiques. » Ce plan promettait d’être une réussite.

    Lizzie distingua sa sonnerie de téléphone, à peine audible à cause de la musique dans la pièce. L'appareil était en charge dans la chambre de sa mère. Elle s’élança, faisant tomber sa chaise au passage. Lizzie courut, plongea dans le lit de sa mère, saisit son téléphone et décrocha.

    –  Maman ?

    –  Lizzie, répondit une voix qu’elle ne connaissait pas.

    Le cœur de Lizzie s’arrêta.

    –  Ta mère est juste à côté de moi. Elle est très faible.

    –  Est-ce que je peux lui parler ?

    –  Oui, bien sûr, répondit l’infirmière en toussant, elle-même semblant très malade. Je te la passe.

    –  Maman, je t’aime, laissa échapper Lizzie.

    –  Je t’aime aussi, ma chérie. Je vais bien.

    Sa mère insistait sur chaque syllabe et sa voix diminuait en intensité ; elle semblait complètement défoncée.

    –  L’infirmière est sympa. Elle fait du bon boulot.

    –  Tant mieux, maman.

    Il y eut un silence à l’autre bout de la ligne ; puis, sa mère lui demanda une faveur :

    –  Chante-moi quelque chose, Lizzie. Une chanson que j’avais l’habitude de te chanter.

    –  D’accord.

    Pour une fois, Lizzie n’avait pas le cœur à refuser, bien que les morceaux que Lizzie aimait chanter aujourd’hui n’étaient pas ceux que sa mère avait envie d’entendre. Elle commença par chanter la chanson préférée de sa mère, The Rose. Lorsqu’elle eut fini, elle marqua une pause.

    –  Maman, tu m’entends ?

    –  Ta voix. Ravissante. Encore.

    Lizzie se coucha sur le lit de sa mère et chanta entre deux sanglots. Lorsqu’elle fut à court de chansons du répertoire de sa mère, elle fredonna des berceuses.

    –  Une chanson douce que me chantait mon enfant. En suçant son pouce, elle l’écoutait en s’endormant.

    Lizzie arrangea les paroles à sa guise, comme elle avait entendu son père le faire, et répéta la chanson encore et encore, y compris quand sa voix s’enroua et s’évanouit presque pour ne laisser entendre qu’un léger murmure.

    –  Lizzie, appela l’infirmière à l’autre bout du fil.

    Lizzie cessa de chanter et déglutit pour s’humecter la gorge.

    –  Ta mère... elle nous a quittés.

    Lizzie le savait déjà, elle l’avait compris depuis un long moment.

    –  Est-ce que vous pouvez encore mettre le téléphone contre son oreille ? J’aimerais lui chanter une autre chanson.

    –  C’est magnifique ce que tu viens de faire, lui assura l’infirmière en poussant un soupir épuisé. Je ne pense pas revoir ma fille un jour.

    Lizzie ne savait pas quoi répondre, alors elle entama une berceuse. Des sanglots étouffés lui indiquèrent que l’infirmière écoutait. Des heures plus tard, elle se rendit compte que la batterie de son téléphone était plate.

    Elle se sentait lessivée, comme lorsqu’elle avait dû séjourner dans l’aile psychologique de l’hôpital après s’être tailladé les poignets lors de sa première année de lycée. Elle se leva du lit et voulut se changer les idées. Elle avait du pain sur la planche : sa mère lui avait demandé de tout brûler pour tuer les germes.

    Lizzie se saisit d’un tas d’affaires appartenant à Ducon. Y a sûrement plein de germes là-dedans. Elle ouvrit la porte du jardin d’un grand coup de pied et emporta le tout ; dehors, le temps était maussade. Elle retint sa respiration pour éviter d’avoir à sentir l’odeur infecte de l’oreiller taché de transpiration et d’alcool. Elle fourra le tout dans le brasero de son beau-père. Ducon se foutait de la loi et il était trop radin pour payer le ramassage de leurs déchets plus d’une fois par mois ; alors, ignorant la loi, il s’était construit un brasero à partir d’un vieux baril en fer. Maintenant, Lizzie allait se faire une joie de profiter de cet objet pour brûler les possessions de feu son beau-père.

    Des aboiements et des hurlements résonnèrent au loin. Des chiens se lamentaient dans un ensemble cacophonique. Elle frissonna, rabattit les pendants de son pull sur elle et versa du liquide d’allumage dans le brasero. Elle ajouta ensuite un tas de vieux courriers. À l’aide de son briquet, elle mit feu à une publicité qu’elle avait préalablement roulée et la plaça au-dessus du brasero. Elle garda le papier dans sa main jusqu’à ce que la chaleur lui brûle le bout des doigts. Elle se dégagea rapidement pour que le feu ne lui roussisse pas un sourcil au passage.

    Les flammes s’élevèrent, alimentées par le liquide d’allumage ; le feu consumait les derniers biens terrestres de Ducon. Tout, sauf son whisky, que Lizzie gardait pour se réchauffer le gosier et oublier le monde autour d’elle. Elle lança encore quelques bouts de bois et pensa à se faire griller quelques marshmallows. Cette idée raviva en elle le souvenir d’un flamboyant feu de camp sur la plage : sa mère souriait et son frère faisait fondre des petites guimauves. C’était une mauvaise idée. La saveur des sucreries serait probablement gâchée par le goût des affaires de Ducon.

    Lizzie se réveilla dans une maison plongée dans le noir. Elle eut un moment de panique. Sa main tâtonna à la recherche de la lampe de chevet. Elle l’alluma enfin. L’horloge affichait à peine 7 heures. Des nuages noirs emplissaient le ciel. Et Lizzie était éveillée. Bizarre.

    Elle se leva péniblement et alluma les lumières de toutes les pièces qu’elle traversa. Ce n’était probablement qu’une question de temps avant qu’elles cessent de fonctionner. Elle trouva sa glace complètement fondue sur le bureau où elle l’avait abandonnée la veille. Elle y ajouta une rasade de la liqueur préférée de sa mère, du Grand Marnier. Puis, elle brancha son téléphone au chargeur et rejoignit ensuite sa chaise de bureau devant l’ordinateur. Un message de Jess apparut à l’écran : « Recensement. Jess. Texas. »

    –  On dirait un nom de star du porno, marmonna Lizzie, souriant malgré elle.

    Elle constata qu’elle avait reçu un autre message : « Lizzie ? T’es là ? J’ai peur. J’suis toute seule. » La main de Lizzie agrippait sa boisson tandis qu’elle tapait de l’autre une réponse : « Maman est morte. Jayce est mort. Mon téléphone aussi sinon j’aurais appelé. Qu’est-ce que j’fais maintenant ? » Elle esquissa une grimace devant cette remarque vraiment nulle tout en lapant sa boisson froide et se dit que celle-ci aurait plu à sa mère.

    Lizzie n’obtint pas de réponse avant un long moment et, finalement, elle lut : « OMG. Ma famille aussi. Vraiment désolée. » Lizzie leva son verre pour finir sa boisson, mais il n’en restait déjà plus une goutte, avant d’écrire : « Désolée aussi. T’es toute seule ? »

    Elle aurait aimé que son vieil ordinateur fonctionne assez bien pour lui permettre de passer un appel vidéo ; seulement, la dernière fois que Jayce avait essayé, il avait fallu s’y reprendre à trois fois pour faire redémarrer la machine. Jess lui envoya : « Oui. Si seulement t’étais ici, Liz. », ce à quoi Lizzie répondit : « J’aimerais aussi. »

    Lizzie remarqua que son téléphone avait assez de batterie pour s’allumer, elle prévint alors Jess qu’elle comptait l’appeler.

    Elle laissa le téléphone branché pendant qu’elle composait le numéro.

    –  Jess ?

    –  Lizzie ! C’est tellement agréable d’entendre ta voix.

    Lizzie reposa son verre, comme si son bras libre allait lui permettre d’enlacer Jess à travers la ligne.

    –  Ouais trop. Qu’est-ce que tu vas faire ?

    –  J’sais pas. Faudrait que je les enterre, répondit Jess après un long silence.

    –  Quoi ? Ils sont encore dans la maison ?

    –  Dans leurs lits, ouais. J’savais pas quoi faire. Ils étaient de plus en plus malades. Et moi pas. Et puis, un par un, ils...

    La voix de Jess s’éteignit.

    –  J’veux pas rester toute seule, murmura Lizzie dans le combiné.

    –  Fais pas de connerie, hein ! N’y pense même pas !

    –  Hé ! Pourtant, c’est moi. Lizzie la furie. C’est ce que je suis censée faire, non ? Des conneries.

    –  LIZ ! S’il te plaît. Non.

    Lizzie déglutit. Elle avait la gorge sèche. Peut-être que je suis en train de tomber malade finalement.

    –  J’peux pas te le promettre.

    –  Lizzie, t’es ma meilleure amie depuis toujours. T’es pas du genre à te défiler. Fais un tour dehors quand il y aura assez de lumière. Essaye de voir s’il y a quelqu’un dans les parages. Et après, appelle-moi. Tu m’entends ? Si tu te tues, je me tue aussi.

    C’était une conversation qu’elles avaient déjà eu.

    –  D’accord. Je te promets. Je ferai pas de connerie, répondit Lizzie en toussant. Du moins, pas avant de te le dire. Même si je vois plus beaucoup de raisons de rester en vie.

    –  Et les bonbons gratuits ? Y a plus trop de vendeurs dans les supermarchés en ce moment, si ?

    Elles rirent toutes les deux ; un silence s’ensuivit.

    –  Je suis exténuée, prononça Jess dans un bâillement. Rappelle-moi demain, Lizzie. Je t’aime.

    –  Merci, Jess.

    Lizzie fouilla à nouveau l’armoire à pharmacie et choisit parmi les médicaments de sa mère. Elle fit tomber dans sa paume deux somnifères, rinça les petites capsules et les avala avec un grand verre d’eau. Ensuite, elle mit de la musique qu’elle choisit parmi la collection de morceaux tristes de sa mère. Elle s’allongea sur le canapé et s’enroula dans une des couvertures de sa mère. Elle voulait garder son odeur auprès d’elle le plus longtemps possible, même si cela impliquait d’attraper cette maladie et de mourir. Bien qu’elle lui en eut fait la promesse, Lizzie ne brûlerait jamais ses affaires.

    ––––––––

    Le petit-déjeuner consista en un bol de céréales à la pomme et un fond de bouteille de lait. Lizzie porta machinalement de grosses cuillérées à sa bouche. Elle but ensuite le fond de lait, qui avait pris la teinte rose des céréales.

    –  Faut

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