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Curiosités Infernales
Curiosités Infernales
Curiosités Infernales
Livre électronique356 pages4 heures

Curiosités Infernales

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À propos de ce livre électronique

Simon Goulart en envoyant ŕ son frčre Jean Goulart un volume de sonThrésor des histoires admirables et mémorableslui dit: ŤCe sont pieces rapportees et enfilees grossičrement ausquelles je n'adjouste presque rien du mien, pour laisser ŕ vous et ŕ tout autre debonnaire lecteur la meditation libre du fruit qu'on en peut et doit tirer. Dieu y apparoit en diverses sortes prčs et loin, pour maintenir sa justice contre les coeurs farouches de tant de personnes qui le regardent de travers; item pour tesmoigner en diverses sortes sa grace ŕ ceux qui le reverent de pure affection.ť
Autant nous en dirons de notre ouvrage. De tout temps il y a eu des croyants et des incrédules.
ŤLes ignorans, dit Bodin, pensent que tout ce qu'ils oyent raconter des sorciers et magiciens soit impossible. Les athéistes et ceux qui contrefont les sçavans ne veulentpas confesser ce qu'ils voyent, ne sçachans dire la cause, afin de ne sembler ignorants. Les sorciers et magiciens s'en moquent pour deux raisons principalement: l'une pour oster l'opinion qu'ils soyent du nombre; l'autre pour establir par ce moyen le rčgne de Satan. Les fols et curieux en veulent faire l'essay.ť
LangueFrançais
Date de sortie10 févr. 2017
ISBN9788826019772
Curiosités Infernales

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    Aperçu du livre

    Curiosités Infernales - Paul Lacroix

    Paul Lacroix

    Curiosités Infernales

    2017 - Anna Ruggieri

    TABLE DES MATIČRES

    PRÉFACE

    LES DIABLES.

    I.—Existence des démons

    II.—Apparitions du diable

    III.—Enlčvements par le diable

    IV.—Métamorphoses du diable

    V.—Signes de la possession du démon

    VI.—Sabbat

    VII.—Union charnelle avec le diable—Incubes et Succubes

    VIII.—Pacte avec lediable—Marque des sorciers

    IX.—Fourberies et méchancetés du diable

    LES BONS ANGES

    I.—Fées

    II.—Elfes

    NATURE TROUBLÉE.

    I.—Possédés—Démoniaque

    II.—Ensorcelés

    III.—Hommes changés en bętes—Lycanthropes—Loups-garous

    IV.—Sortilčges

    MONDE DES ESPRITS.

    I.—Nature des esprits

    II.—Follets et Lutins

    III.—Gnomes—Esprits des mines—Gardes des trésors

    IV.—Esprits familiers

    PRODIGES.

    I.—Prodiges célestes

    II.—Animaux parlants

    EMPIRE DES MORTS.

    I.—Ames en peine—Lamies et Lémures

    II.—Revenants, spectres, larves, etc.

    III.—Fantômes

    IV.—Vampires

    PRÉSAGES.

    I.—Présages de guerre, de succčs et de défaites

    II.—Présages de naissance

    III.—Présages de mort

    IV.—Avertissements

    PRÉFACE

    Simon Goulart en envoyant ŕ son frčre Jean Goulart un volume de sonThrésor des histoires admirables et mémorableslui dit: ŤCe sont pieces rapportees et enfilees grossičrement ausquelles je n'adjouste presque rien du mien, pour laisser ŕ vous et ŕ tout autre debonnaire lecteur la meditation libre du fruit qu'on en peut et doit tirer. Dieu y apparoit en diverses sortes prčs et loin, pour maintenir sa justice contre les coeurs farouches de tant de personnes qui le regardent de travers; item pour tesmoigner en diverses sortes sa grace ŕ ceux qui le reverent de pure affection.ť

    Autant nous en dirons de notre ouvrage. De tout temps il y a eu des croyants et des incrédules.

    ŤLes ignorans, dit Bodin, pensent que tout ce qu'ils oyent raconter des sorciers et magiciens soit impossible. Les athéistes et ceux qui contrefont les sçavans ne veulentpas confesser ce qu'ils voyent, ne sçachans dire la cause, afin de ne sembler ignorants. Les sorciers et magiciens s'en moquent pour deux raisons principalement: l'une pour oster l'opinion qu'ils soyent du nombre; l'autre pour establir par ce moyen le rčgne de Satan. Les fols et curieux en veulent faire l'essay.ť

    LES DIABLES

    I.—EXISTENCE DES DÉMONS

    ŤIl y en a plusieurs, dit Loys Guyon[1], tantincrédules de nostre temps, qui neveulent croire qu'il y aitdes demons ou malins esprits qui habitent en certaines maisons (quisont cause que personne n'y peut fréquenter) ou par lesdeserts qui font fourvoyer les voyageurs. Et aussi en d'autreslieux… Ce qui m'a donné occasion d'escrirede ces demons,c'est que lisant le livre du voyage de Marc Paul, Venétien,des Indes Orientales, il escrit d'un desert, qu'il appelle Lop, quiest situé dans les limites de la grande Turquie qui est entreles villes de Lop et de Sanchion, qu'on ne sçauroit passer envingt-cinq ou trente journées, et pour ce qu'il estnécessaire ŕ aucuns, pour la négotiation qu'ont ceuxde Lop avec ceux de Sanchion ou de la province du Tanguth, depasser par ces deserts, combien qu'ils s'en passeroyent bien, s'ilspouvoyent, veu les dangers et grandes difficultez qui s'ytrouvent… C'est chose admirable qu'en ce desert l'on void etoid de jour, et le plus souvent de nuict, diverses illusions etfantosmes, de malins esprits, au moyen de quoy, ja n'est besoinŕ ceux qui y passent de s'eslongner ŕ la trouppe, ets'escarter de la compagnie. Autrement, ŕ cause des montagneset costaux, ils perdroyent incontinent la veüe de leurscompagnons. Et les appellent par leurs propres noms, feignans lavoix d'aucuns de la trouppe et par ce moyen les destournent etdivertissent de leur vray chemin, et les meinent ŕ perditiontellement qu'on ne sçait qu'ils deviennent. On oid aussiquelquefois en l'air des sons et accords d'instrumens de musique,et le plus souvent des bedons et tabourins, et pour ces causes cedesert est fort dangereux et perilleux ŕ passer.

    [Note 1:Diverses leçons. Lyon, 1610, 3 vol. in-12, t. II,p. 300 et suivantes.]

    ŤVoilŕ ce qu'en a laissé par escrit, Marc Paulqui y a esté, qui vivoit l'an 1250, je pensoy que cefussentchoses fabuleuses (et controuvées ŕ plaisir oupour quelque autre raison). Mais ayant leu les oeuvres de Teuet,cosmographe, pour la plus grand part tesmoin oculaire de beaucoupde choses que plusieurs autheurs ont laissé par escrit, etentre autres de cedesert de Lop, je n'ay plus creu que ce fussentfables.

    ŤQue semblables choses ne se voyant ailleurs, il se void ence qu'on a escrit de plusieurs grands et illustres personnages quis'estoyent retirez aux deserts d'Égypte, comme sainctMachaire, sainct Anthoine, sainct Paul l'hermite, lesquels onttrouvé tous les deserts lieux pleins de grande solitude,remplis de démons. Comme fit sainct Anthoine qui estant sortide sa cellule, ayant envie de voir jour et Paul l'hermite, quidemeuroit en un desert plus haut que luy trois journées,trouva en chemin, une forme monstrueuse d'homme, qui estoit uncheval, et tel que ceux que les poëtes anciens ont appeléHippocentaures. Auquel il demanda le chemin du lieu oůdemeuroit ledict Paul Hermite, lequel parla. Mais ilne peut estreentendu et monstra de l'une de ses mains le chemin et puisaprčs il s'osta de devantluy, s'enfuyant d'une grande vitesse.Or si c'est homme estoit point quelque illusion du Diable, faitepour espouvanter le sainct homme ou si (comme les solitudes sontcoustumieres de produire diverses formes d'animaux monstrueux) ledesert avoit engendré cest homme ainsi difforme, nous n'enavons rien de certain.

    ŤSainct Anthoine donc s'esbahissant de ceste occurrence, etresvant, sur ce que desja il avoit veu, ne discontinua son voyage,et de passer outre. Mais il ne fut gueres avant, qu'estant en unvallon pierreux et plein de rochers, il vid un autre homme d'assezbasse stature, mais laid, et difforme, ayant le nez crochu et deuxcornes qui lui armoyent horriblement le front, et le bas du corps,lequel alloit en finissant ainsi que les cuisses et pieds d'unbouc. Le vieillard sans s'estonner de ceste forme si hideuse, nes'esmouvant d'un tel spectacle, si effroyable, se fortifia, commeestant bon gendarme chrestien vestu des armes deJésus-Christ,… et, voicy ce monstre susdit qui luiprésenta des dattes et fruicts de palmier comme pour gaged'amitié et asseurance. Ceci encouragea ce bon hermite qui,apprivoisé du monstre, s'arresta un peu et s'enquit de sonestre et que c'est qu'il faisoit en ceste solitude, auquel cestanimal inconu respondit: Je suis mortel et un des citoyens ethabitans de ce desert, que les gentils et idolatres aveugles etdeçeus sous l'illusion diverse d'erreur, adorent et reverentsous le nom de faunes, pans, satyres et incubes. Je suis venu de lapart de ceux de ma trouppe, et compagnie vers toy pour te requerirqu'il te plaise de prier le commun Dieu et Seigneur de nous tous,pour nous misérables, lequel sçavons estre venu au mondepourle salut et rachat de tous les hommes, et que le son de saparole a esté semé et espandu par toute la terre. Cemonstre parlant ainsi, le voyager chargé d'ans etvénérable hermite Anthoine pleuroit ŕ chaudeslarmes, lesquelles couloyent le long de sa facehonnorable, non dedouleur, ains de joye.

    ŤEn Hirlande, il s'y void et entend des malins espritsparmi les montagnes, et combien qu'aucuns disent que ce ne sont quedes fausses visions qui proviennent de ce que les habitans usent deviandes et breuvages vaporeux, comme de pain faict de chair depoisson seché. Et leur boire sont bieres fortes. Mais i'aysceu (asseurement) des Anglois qui y ont demeuré quelquesannées, qui vivoyent civilement et delicatement, qu'il y avoitdes esprits malins parmy les montagnes, lesquels molestent parleurs façons de faire et font peur aux voyageurs soit de jouret de nuict.

    ŤPlusieurs autres démons luy ont donné de grandesfascheries en son desert, lui jettans sur son chemin des vaissellesd'or et d'argent, lesquelles chosesil voyoit soudains'esvanouir.ť

    ŤLes Arabes qui, communément voyagent par les desertsde leurs pays, y voyent des visions espouvantables et quelquefoisdes hommes qui s'esvanouissent incontinent, entre autres Teuetatteste avoir ouy dire ŕ un truchement arabe qui le conduisoitpar l'Arabie déserte nommée Geditel, qu'un jourconduisant une caravanne par les deserts du royaume de Saphavien,le sixiesme de juillet, ŕ cinq heures du matin, luy Arabe etplusieurs de sa suite ouyrent une voix assez esclattante,etintelligible qui disoit en la mesme langue du pays: Nous avonslonguement cheminé avec vous. Il fait beau temps, suivons ladroitte voye. Avint qu'un folastre nommé Berstuth, quiconduisoit quelques trouppes de chameaux, qui toutesfoisn'apercevoit homme vivant, la part d'oů venoit cestevoix,respond: Mon compagnon, je ne sçay qui tu es, suy tonchemin. Lors ces paroles dites, l'esprit espouvanta si bien latrouppe composée de divers peuples barbares qu'un chascunestoit presque esperdu, et n'osoyent ŕgrand peine passeroutre.

    ŤJésus-Christ fut tenté au desert par le malinesprit.

    ŤEt voilŕ comme l'on peut recueillir que ce ne sontfables (de dire) qu'il y a des esprits malins par les deserts; etqu'il semble que Dieu permet qu'ils habitent plus tost ences lieuxescartez que lŕ oů demeurent les hommes ŕ fin qu'ilsn'en soyent si communément offensez. Comme fit l'ange Raphaelduquel est parlé en la saincte Escriture, au livre de Tobie,qui confina le demon qui avoit fait mourir sept maris ŕ lafille de Raguel aux deserts de la haute Egypte.

    ŤD'autres démons fréquentent la mer et les eauxdouces, et dans icelles, et causent des naufrages aux navigeans etplusieurs autres maux, et y apparoissent des phantosmes. Et d'iceuxesprits, comme escrit Torquemada, il s'en void journellement sur larivičre Noire, en Norvege, qui sonnent des instrumens musicauxet lors cest signe qu'il mourra bien tost quelque grand du pays.J'ay veu et fréquenté avec un Espagnol qui par tourmentede mer fut jetté jusques aux mers, quisont environ les terresdu grand Khan de Tartarie, qu'il a veu souvent en cesrégions-lŕ de ces phantosmes tant sur mer que sur terre,notamment aux grandes solitudes de Mangy et deserts de Camul, etchoses si estranges que je ne les auseroy mettre par escrit, depeur qu'on ne les voulust croire.

    ŤQuelqu'un pourra objecter qu'il n'est pas vraysemblableque les demons qui sont aux deserts de Lop, et d'ailleurs appellentles voyageans par leurs noms, d'autant qu'iceux n'ont organes pourpouvoir parler suivant ce que Jésus-Christ dit que les espritsn'ont ni chair ni os. Je respon, suivant en l'opinion de S.Augustin, S. Basile, Coelius Rodigin et Appulée, que les angesse peuvent former des corps aeriens, de la nature la plusterrestre, et par le moyen d'iceux parler comme firent ces troisanges qui apparurent ŕ Abraham. Et l'ange Gabriel, quiannonça la conception de Jésus-Christ ŕ la ViergeMarie. Et que les demons s'en peuvent aussi forger non pas d'unematiere si pure, mais plus abjecte.

    ŤJ'ay parlé d'un monstre chevre-pied qui apparutŕ sainct Anthoine, que je pense avoir esté engendrépar le moyen de Satan, d'autre façon que les autres demons.Neantmoins il requit ce sainct personnage de prier Dieu pour luy etpour d'autres monstres habitans ce desert. Son corps n'estoit pointaérien mais charnel, comme ceux des boucs. Il fut prins etmené tout vif en Alexandrie vingt ans aprčs, au grandestonnement de tous ceux qui le virent, et combien qu'on le voulustnourrir curieusement quelques jours aprčs sa prise il mourut,et son corps fut salé et embaumé et puis portéŕ Antioche et présenté ŕ Constantin, fils dugrand Constantin.

    ŤLycosthčne escrit estre avenu ŕ Rotwille enAlemagne, l'an de grâce 1545, que le diable fut veu en pleinmidi allant et se pourmenant par la place: cest ici que lescitoyens s'effroyčrent, craignans qu'ainsi qu'il avoit faitailleurs, il ne bruslast toute la ville. Mais chascun s'estant misen devotion de prier Dieu, et ordonner des jeunes et aumosnes, cemalin esprit lors s'en alla, et jaçoit que le diable viennepeu souvent vers nous si est ce queDieu le souffrant, il n'y vientpoint sans de bien grandes occasions, et pour estre l'executeur dela vengeance divine. Et ne nous faut point tourmenter sur ce queles demons sont si corporels,ainsi que vrayement tient la doctrinedes chrestiens, veu que Dieu le veut ainsi.

    ŤIls se rendent sensibles et visibles par les moyens descorps empruntez ou formez en l'air ou en esblouissant le sens despersonnes, et leur présentant des idées enl'âme,qu'ils pensent voir par la veüe extérieureainsi que S. Augustin dit, qu'aucuns de son temps pensoyent estretransmuez par quelques sorcičres en bestes ŕ corne,lŕ oů le bon sainct ne voyoit autre cas que la figure del'homme, mais le sens visible de ceux-cy estant ensorcelé etperverti par la force de l'imagination causoit l'opinion de leurchangement oů l'effect estoit tout au contraire. Suivant cesdiscours, il se void que par tout les demons ou diables s'efforcentde nuire ŕ l'homme, encor qu'il se retire au plus hideux etinhabitable desert du monde, soit qu'il habite dans les pluspopuleuses villes, tousiours taschera-il de le fairetresbucher.ť

    Lavater[1], ministre calviniste, admet avec beaucoup deméfiance les faits surnaturels; son ouvrageestprécédé de plusieurs chapitres oů il racontedes faits merveilleux en apparence et qui pour lui ne sont que dessupercheries; ils ont pour titres:

    [Note 1:Trois livres Des apparitions des esprits, fantosmes,prodiges, etc. composez par Loys Lavater, plustrois questionsproposées et résolues, par M. Pierre Martyr. Geneve, Fr.Perrin, 1571, in-12.]

    ŤCH. I. Les mélancholiques et insensez s'impriment enla fantasie beaucoup de choses dont il n'est.

    ŤCH. II. Gens craintifs se persuadent de voir et ouďrbeaucoup de choses espouvantables dont il n'est rien.

    ŤCH. III. Ceux qui ont mauvaise vue et ouďe imaginentbeaucoup de choses qui ne sont pas.

    ŤCH. IV. Beaucoup de gens se masquent, pour faire que ceuxausquels ils s'adressent, pensent avoir veu et ouď desesprits.

    ŤCH. V. Les prestres et moines ont contrefait les espritset forgé des illusions comme un nommé Mundus abusa dePaulina par ce moyen, et Tyrannus de beaucoup de nobles ethonnestes femmes.

    ŤCH. VI. Timothée Aelurus ayant contrefait l'ange,usurpe une couschée: quatre jacopins de Berne ont forgébeaucoup de visions et de ce qui s'en est ensuivi.

    ŤCH. VII. L'histoire du faux esprit d'Orléans.

    ŤCH. VIII. D'un curé de Clavenne qui apparut ŕune jeune fille et luy fit croire qu'il estoit la Vierge Marie etd'un autre qui contrefit l'esprit; ensemble du cordelier escossoiset du jésuite qui contrefit le le diable ŕAusbourg.ť

    Voici cette derničre histoire:

    ŤPendant que j'escrivois cet oeuvre, j'ay entendu par desgens dignes de foy, qu'en l'an 1569 il y avoitŕ Ausbourg,ville fort renommée d'Allemagne, une servante et quelquesserviteurs d'une grande famille qui ne tenoyent pas grand compte dela secte des jésuites au moyen de quoy l'un de ceste sectepromit au maistre qu'il feroit aisément changer d'opinionŕses serviteurs. Pour ce faire, aprčs s'estredéguisé en diable, il se cacha en quelque lieu de lamaison oů la servante allant quérir quelque chose de songré, ou y estant envoyée par son maître, trouva cejésuite endiablé qui luy fit fort grand peur. Elle containcontinent le tout ŕ un de ses serviteurs, l'exhortant den'aller en ce lieu-lŕ. Toutefois peu aprčs il y vint, etcomme ce diable desguisé vouloit se ruer dessus, il desgaineson poignard et perce le diable de part en part, tellement qu'ildemeure mort sur la place. Cette histoire a esté écriteet imprimée en vers allemans, et est maintenant entre lesmains de tout le monde.

    II.—APPARITIONS DU DIABLE

    Le Loyer[1] prétend que les démons paraissent plusvolontiers dans les carrefours, dans lesforęts, dans lestemples paďens et dans les lieux infestésd'idolâtrie, dans les mines d'or et dans les endroits oůse trouvent des trésors.

    [Note 1:Discours et histoires des spectres, visions etapparitions, par P. Le Loyer. Paris, Nic. Buon, 1605, in-4°,p. 340.]

    Nous lui empruntons l'histoire suivante:

    ŤUn gendarme nommé Hugues avait été pendantsa vie un peu libertin et mesme soupçonnéd'hérésie. Comme il étoit prčs de la mort, unegrande trouppe d'hommes se présenta ŕ luy et le plusapparent d'entre eux luy dit: Me connois-tu bien, Hugues?—Quies-tu, répondit Hugues?—Je suis, dit-il, le puissant despuissants, et le riche des riches. Si tu crois que je te puispréserver du péril de mort, je te sauveray et ferai quetu vivras longuement. Afin que tu sçaches que je te dis vray,sçaches que l'empereur Conrad est ŕ ceste heure paisiblepossesseur de son empire et a subjugué l'Allemagne et l'Italieen bien peu de temps. Il luy dit encore plusieurs autres choses quise passoient par le monde. Quand Hugues l'eut bien escouté, ilhaussa la main dextre pour faire le signe de la croix, disant:J'atteste mon Dieu et Seigneur Jésus-Christ, que tu n'es autrequ'un diable menteur. Alors le diable lui dit: Ne hausse pas tonbras contre moy et tout aussitost ceste bandede diables disparutcomme fumée. Et Hugues, le męme jour de la vision,trespassa le soir.ť

    Le Loyer raconte aussi[1] cette autre apparition du diable:

    [Note 1:Discours et histoires des spectres, etc., page 317.]

    ŤEn la ville de Fribourg, du temps de Frédéric,second du nom, un jeune homme bruslé par trop ardemment del'amour d'une fille de la mesme ville, pratiqua un magicien auquelil promit argent, s'il pouvoit par son moyen jouir de l'amour de lafille. Le magicien le mene de belle nuit en un cellier escartéoů il dresse son cercle, ses figures et ses caractčresmagiques, entre dans le cercle et y fait pareillement entrerl'escolier. Les esprits appelez se présentent mais en diversesformes, fantosmes et illusions… Enfin le plus meschant diablede tousse montre ŕ l'escolier en la forme de la fille qu'ilaymoit et en contenance fort joyeuse s'approche du cercle.L'escolier aveuglé et transporté d'amour, estend sa mainhors le cercle pour penser prendre la fille, mais tout content, lediable lui saisit lamain, l'arrache du cercle et le rouant outournant deux ou trois tours lui casse et brise la tęte contrela muraille du celier, et jeta le corps tout mort sur le magicien,et ce fait luy et les autres esprits disparurent.

    ŤIl ne faut pas demander si le magicien fut bieneffrayé ŕ ce piteux spectacle, se voyant en outrechargé du pesant fardeau de l'escolier. Il ne bougea de lanuit de l'enclos de son cercle, et le lendemain matin il se fit sibien ouďr criant et lamentant, qu'on accourt ŕ son cry etest trouvé ŕ demy mort avec le corps de l'escolier et estdégagé ŕ toute peine.ť

    ŤAu surplus, dit Le Loyer[1], quant auxhérétiques et hérésiarques de nostre temps, ilsne se trouveront pas plus exempts d'associations avec le diable etde ses visions. Car Luthera eu un démon, et a esté siimpudent que de le confesser bien souvent par ses écrits. Jene le veux faire voir que par un traicté qu'il a faict de lamesse angulaire, oů il se descouvre ouvertement et ditqu'entre luy et le diable y avoit familiarité biengrande, etqu'ils avoient bien mangé un muy de sel ensemble. Que lediable le visitoit souvent, parloit ŕ luy fort privément,le resveilloit de nuict, et le provocquoit d'escrire contre lamesse, luy enseignant des arguments dont il se pourroit servir pourl'impugner.

    [Note 1: Męme ouvrage, p. 297.]

    ŤMais Luther est-il seul qui ŕ sa confusion estcontraint de confesser sa conférence avec le diable? Il y aaussi Zwingle, sacramentaire qui dit que resvant profondémentune nuict sur le sens des paroles de Jésus-Christ: Cecy estmon corps, se présente ŕ luy un esprit, qu'il est endoute s'il estoit blanc ou noir, qui lui enseigna d'interpreter lepassage de l'Écriture sainte d'une autre façon quel'Église des catholiques ne l'interprétoit et dire queces mots:Cecy est mon corps, valaient tout autant comme qui diroit:Cecy signifie mon corps…

    ŤAlors que Bucere, disciple de Luther, estoit en l'agoniede la mort, un diable s'apparut en la chambre oů il estoit ets'approchant peu-ŕ-peu auprčs de son lit, non sansessayer les présens poussa rudement Bucere et le fit tomber enla place oů il trespassa ŕ l'instant.

    ŤC'est aussy chose qu'on tient pour toute véritable etainsi l'affirme Érasme Albert, ministre de Basle, que troisjours devant que Carolostade trespassa, le diable fut veu prčsde luy en forme d'homme de haute et énorme stature, commeCarolostade preschoit. Ce fut un présage de la mort future decet hérétique.ť

    Dans l'affaire des possédées de Louviers, suivant lePčre Bosroger[1],

    [Note 1:La Piété affligée,ou Discours historiqueet théologique de la possession desreligieuses dictes de Saincte-Élisabethde Louviers, etc., par le R.P. Esprit deBosroger. Rouen, Jean Le Boulenger, 1652,in-4°, p. 137.]

    ŤLa soeur Marie de Saint-Nicholas apperceut deux formeseffroyables, l'une représentait un vieil homme avec une grandebarbe, lequel ressemblait ŕ nostre faux spirituel; cephantosme qu'elle apperceut ŕ quatre heures du matin, environle soleil levant s'assit sur les pieds de sa couche, et luy ditd'un ton d'homme désespéré: Je viens de voirMadelčne Bauan, et la soeur du Saint-Sacrement; ah queMadelčne est méchante! elle est entičrement ŕnous, mais l'autre nous ne la sçaurions gagner. Ce spectreobligea la soeur Marie de Saint-Nicholas de recourir ŕ Dieu enfaisant le signe de la croix, et aussitost elle futdélivrée de ce phantosme; l'autre estoit seulement commeune teste grosse et fort noire, que cette fille envisagea en pleinjour ŕ la fenestre d'un grenier, laquelle donnoit dans celuioů elle travailloit; cette teste la regarda long-temps, et luycausa une grande frayeur, elle ne laissa pourtant de laconsidérer attentivement, jusqu'ŕ ce qu'elle remarqua quecette teste commençoit ŕ descendre de la fenestre; carpour lors elle fut saisie depeur, et se retira, puis aussitostayant pris courage, elle alla dans le grenier oů la formeavoit paru, mais elle n'y trouva plus rien, sinon quelque tempsaprčs qu'elle avisa dans le meme endroit des cordes qui serouloient d'elles-memes et l'on voyoittomber le linge dont ellesétoient chargées; souvent on renversoit les meubles et onentendoit des bruits épouvantables.ť

    D'aprčs le męme auteur, dans la męmeaffaire[1],

    [Note 1:La Piété affligée, p. 421.]

    ŤUn homme ayant apporté ŕ Picard une lettred'importance arriva ŕ onze heures de nuit ŕ sonpresbytčre passant au travers de la cour close d'un mur, etentra dans la cuisine qui étoit ouverte, oů il trouvaPicard courbé sur la table, et un homme noir et inconnuvis-ŕ-vis de luy. Picard luy feit sa réponse de bouche,passa de la cuisine dans une chambre basse, laquelle il trouvapareillement ouverte; aussitost le déposant entendit un cryeffroyable dont il avoit eu grand peur: ce vilain homme noir etinconnu luy reprocha qu'il trembloit, et avoit peur.ť

    Crespet[1] cite d'autres apparitions du diable:

    [Note 1:Deux livres de la hayne de Sathan et malins espritscontre l'homme et de l'homme contre eux, par P. P. Crespet, prieurdes Célestins de Paris. 1590, in-12, p. 379.]

    ŤOr le bon Pčre Cesarius dans ses exemples dit bienautrement d'une concubine de prestre, laquelle voyant que sonpaillard désespéré s'estoit tué soy-mesme,s'alla rendre nonnain oů estant ŕ cause qu'elle n'avoitentičrement confessé ses pechez, fut vexée d'undiable incube qui la tourmentoit toutes les nuicts, pour a quoyobvier, elle s'advisa de faire une confession générale detous ses péchez. Ce qu'ayant faict, jamais le diablen'approcha d'elle depuis.

    ŤJe ne puis omettre, ajoute-t-il, ce que ŕ ce proposje trouve čs archives de ce monastčre oů jeréside, qu'un bon religieux plein de foy (1504) voyant que lediable se meslant parmy les esclairs de tonnerre estoit entréen l'église oů les religieux estoient assemblez pourprier Dieu, et qu'il vouloit tout renverser et prophaner leschosesdédiées ŕ Dieu, se vint constammentprésenter armé du signe de la croix et commanda au nom decrucifix ŕ Sathan de désister et sortir de la maison deDieu, ŕ la voix duquel il fut forcé d'obéir, et seretirer sans aucune offence.ť

    ŤMais entre tous les contes, desquels j'aye jamais entenduparler, ou veu, dit Jean des Caurres[1], cestui-cy est digne demerveille, lequel est advenu depuis peu de temps ŕ Rome.Unjeune homme, natif de Gabie, en une pauvre maison, et de parentsfort pauvres, estant furieux, demauvaise condition et de meschanteconversation de vie, injuria son pčre, et luy fit plusieurscontumélies; puis estant agité de telle rage, il invoquale diable, auquel il s'estoit voué: et incontinent se partitpour aller ŕ Rome, et ŕ celle fin entreprendre quelqueplus grande meschanceté contre son pčre. Il rencontra lediable sur le chemin, lequel avoit la face d'un homme cruel, labarbe et les cheveux mal peignez, la robe usée et orde, lequellui demanda en l'accompagnant la cause de sa fascherie ettristesse. Il lui respondit qu'il avoit eu quelques paroles avecson pčre, et qu'il avoit délibéré de luy faireun mauvais tour. Alors le diable luy fit réponse que telinconvénient luy estoit advenu; et ainsi le pria-il de leprendre pour compagnon, et ŕ celle fin que ensemble ils sevengeassent des torts qu'on leur avoit faicts. La nuit doncquesestant venue, ils se retirčrent en une hostelerie, et secouchčrent ensemble. Mais le malheureux compagnon print ŕla gorge le pauvre jeune homme, qui dormoit profondément etl'eust estranglé, n'eust esté qu'en se réveillant ilpria Dieu. Dont il advint que ce cruel et furieux se disparut, eten sortant estonna d'un tel brui et impétuosité toute lachambre que les solives, le toict et les thuilles endemeurčrent toutes brisées. Le jeune hommeespouvanté de ce spectacle, et presque demy mort, se repentitde sa meschante vie et de ses meffaicts, et estant illuminéd'un meilleur esprit, fut ennemy des vices, passa sa vie loing destumultes populaires et servit de bon exemple. Alexandre escrittoutes ces choses.ť

    [Note 1:Oeuvres morales et diversifiées en histoires, etc.,par Jean des Caurres. Paris, Guill.Choudičre, 1584, in-8°, p. 390.]

    ŤLorsque j'étudiais en droit en l'académie deWitemberg, dit Godelman[1],cité par Goulart[2], j'ay ouysouvent reciter ŕ mes précepteurs qu'un jour, certainvestu d'un habit estrange vint heurter rudement ŕ la ported'un grand théologien, qui lors lisoit en icelleacadémie, et mourut l'an 1516. Le valet ouvre et demande qu'ilvouloit? Parler ŕ ton maistre, fit-il. Le théologien lefait entrer: et lors cest estranger propose quelques questions surles controverses qui durent sur le fait de la religion. A quoi lethéologien ayant donné prompte solution, l'estranger enmit en avantde

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