Tout ailurophile (ami des chats) a le poil qui se hérisse en songeant au sort réservé par une bonne partie des temps médiévaux à son animal favori. De fait, à partir du XIIe siècle, une meute de qualificatifs dépréciatifs lâchés par l’Église catholique (glouton, paresseux, vaniteux, coléreux, luxurieux, voleur, cruel, avare, fourbe, ingrat et, pire que tout, diabolique) s’est mise à courser le malheureux félin et lui a pourri l’existence pendant des lustres. Les Grecs et les Romains, déjà, ne lui avaient guère fait patte douce. Les premiers lui préféraient le bichon maltais en guise d’animal de compagnie et privilégiaient la belette semi-apprivoisée pour chasser les rongeurs auteurs de déprédations en tous genres et vecteurs de la peste. Les seconds lui reprochaient entre autres son appétit pour les oiseaux exotiques (perroquets, mainates indiens) qui peuplaient leurs volières, et en faisaient l’attribut des prostituées.
CHASSEURS DE SOURIS ET DE MOTS
Les choses, pourtant, n’avaient pas trop mal commencé dans la chrétienté du haut Moyen Âge. La Bible ignorant le chat, les premiers auteurs chrétiens, notamment les Pères de l’Église, en avaient fait de même. Le théologien espagnol Isidore de Séville (env. 560-636), dans ses (un ouvrage en vingt volumes traitant de toutes les branches du savoir), avait rapproché le mot (chat en bas latin) de (capture), mais n’avait manifesté aucune prévention contre l’animal. Lequel brillait aussi par son absence dans les bestiaires comme le , le premier livre chrétien du genre composé vraisemblablement au II siècle et appelé à connaître une popularité comparable à celle de la Bible au moins jusqu’au XIII siècle. « pointe Laurence Bobis