Claude Monet: Vol 2
Par Nathalia Brodskaïa et Nina Kalitina
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À propos de ce livre électronique
fascinent encore aujourd’hui les amateurs d’art à travers le monde.
Dans cet ouvrage composé de deux volumes illustrés, Nathalia Brodskaïa et Nina Kalitina nousv invitent à un voyage à travers le temps pour découvrir ou redécouvrir l’histoire d’un mouvement et d’un peintre aux destins à jamais liés : Claude Monet et l’impressionnisme. Spécialistes de l’art des XIXe et XXe siècles, les deux auteurs mettent en lumière la naissance de la modernité en peinture, véritable révolution qui a rendu possible l’épanouissement du paysage artistique du XXe siècle.
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Aperçu du livre
Claude Monet - Nathalia Brodskaïa
illustrations
La Barque, 1887. Huile sur toile, 146 x 133 cm.
Musée Marmottan Monet, Paris.
Sa Vie : apogée et crises
Claude Monet, de même que plusieurs de ses contemporains et de ses prédécesseurs, venait souvent travailler sur la côte normande. C’est ici que furent réalisées nombre de marines de Delacroix et de Courbet. Entre 1883 et 1886, Monet séjourna souvent à Étretat, où il peignit plusieurs paysages. Monet répète souvent le motif du rocher à l’horizon qui s’avance dans la mer. On voit très bien ce rocher dans Falaises d’Étretat (1886, Musée Pouchkine, Moscou), peint depuis le sommet de la falaise d’Amont, non loin de la maison Payen. Étretat, ville côtière de Normandie, fut à l’origine de plusieurs paysages de marines de l’artiste.
À cette époque, Monet n’était pas le seul peintre à voyager dans le nord de la France à la recherche d’inspiration. Courbet et Delacroix avaient déjà réalisés des paysages d’Étretat, dont Monet avait acheté une aquarelle de Delacroix.
Parmi les artistes de cette période, Courbet, Pissaro, Manet, et Renoir voyageaient également sur la côte normande. De plus, Monet rencontrait régulièrement l’écrivain Maupassant originaire d’Étretat, et dont les nouvelles prenaient souvent vie à Étretat. Le lien entre l’art et la littérature, et l’influence à double sens entre les deux disciplines, était particulièrement explicite au XIXe siècle.
Pour les œuvres plus tardives réalisées dans le nord de la France, Monet captura des vues spectaculaires de la mer et de la vie côtière dans toute sa simplicité. Parmi les nombreuses falaises abruptes de la côte, Monet se concentra sur trois arches naturelles : la Porte d’aval, Manneporte et la Porte d’Amont ainsi que l’aiguille d’Étretat le « rocher dressé » de sept mètres de haut.
En raison de son grand intérêt géologique, la Manneporte est considérée comme la formation rocheuse la plus souvent peinte par les nombreux artistes de la côte normande. Monet lui-même en fit son sujet d’étude six fois, toiles que l’on peut considérer comme un pas important vers ses célèbres séries. La Manneporte près d’Étretat (vol. 1, p. 237) et La Manneporte (Étretat) (vol. 1, p. 238) font partie. Lorsqu’il s’installa près d’Étretat avec sa future femme Camille Doncieux et leur fils Jean en 1868, il resta ainsi proche de sa ville natale, Le Havre, lieu pour lequel Monet garda toujours un profond attachement.
Ces peintures dépeignent parfaitement la formation des vagues de couleur bleu-vert, presque violet. Il parvint à capturer le climat particulier de la Normandie, alternant entre soleil et nuages et fit le portrait de la vie des pêcheurs locaux et de leurs bateaux amarrés sur les plages de galets, comme on peut le constater dans les Trois Bateaux de pêche (vol. 1, p. 199).
Bois d’olivier au jardin Moreno, 1884.
Huile sur toile, 65,4 x 81,2 cm. Collection privée.
Antibes vue de la Salis, 1888. Huile sur toile,
73,3 x 92 cm. Toledo Museum of Art, Toledo.
Monet prenait souvent plusieurs toiles avec lui sur la plage, et au cours de la journée, alternés entre les toiles en fonction de leurs avancées, afin de capturer au mieux l’évolution de la lumière. Monet rapportait ensuite ses toiles dans ses toiles, où il faisait diverses dernières retouches. En tout, Monet réalisa plus d’une cinquantaine de toiles à Étretat.
En décembre 1883, il partit avec Renoir sur la Riviera. En 1884, après les villes de Bordighera et de Menton, il retourna à Étretat. L’été suivant, il y passa de nouveau quelques mois.
En 1886, il se rendit en Hollande et en Bretagne. De janvier à avril 1888, il résida à Antibes. Puis il se rendit à Londres et revint à Étretat. Dans ses voyages, il cherchait une nouvelle source d’inspiration, de nouveaux motifs. Mais Monet resta toujours fidèle au principe fondamental de sa création : observer attentivement la nature, la sentir et la fixer au moment précis où l’on peint.
Arrivé à Bordighera, et après avoir vu la nature exotique méridionale, il écrivit à Alice : « Ça marche donc assez bien, quoique ce soit bien difficile à faire : ces palmiers me font damner ; et puis les motifs sont extrêmement difficiles à prendre, à mettre dans la toile : c’est tellement touffu partout ; c’est délicieux à voir. »
La fascination de Monet pour les paysages du bassin méditerranéen atteint son apogée durant les années 1880. Durant cette période, après avoir peint une série de toiles à un endroit particulier, il migrait vers une autre ville, afin d’y trouver une nouvelle source d’inspiration.
Après la Côte d’Azur, Monet se rendit de nouveau dans le sud en 1884, afin d’explorer la Riviera italienne. La beauté de cette région est à l’origine de l’œuvre Le Château de Dolceacqua (1884, musée Marmottan Monet, Paris). Cette peinture montre le bourg médiéval de Ligurie dominé par les ruines du château des Doria, et le torrent Nervia enjambé par un pont en dos d’âne datant du XIVe siècle.
Dolceacqua fut le siège de la famille Doria et le lieu de résidence de l’amiral Andrea Doria. La famille Doria maintint la domination de la République de Gênes jusqu’au XVIe ou XVIIe siècle. Dolceacqua, le vieux pont sur la Nervia (vol. 1, p. 222) et Le Château de Dolceacqua réalisés en quelques heures, appartiennent à une série notable de peintures, dans laquelle Monet a représenté le joyau de la province italienne. Dans ces deux toiles, l’artiste a représenté le pont arqué au centre de la toile, flanqué des deux côtés par les deux bras de la Nervia.
Au cap d’Antibes par vent de mistral, 1888.
Huile sur toile, 66 x 81,3 cm. Museum of Fine Arts, Boston.
Antibes vue du plateau Notre-Dame, 1888. Huile sur toile, 65,7 x 81,3 cm.
Collection Julia Cheney Edwards, Museum of Fine Arts, Boston.
Les Alpes vues du cap d’Antibes, 1888.
Huile sur toile, 65 x 81 cm. Collection privée.
Antibes, effets d’après-midi, 1888. Huile sur toile, 66 x 82,5 cm.
Don de Samuel Dacre Bush, Museum of Fine Arts, Boston.
Pour Le Château de Dolceacqua, la perspective est si basse, que Monet a pu peindre le tableau directement depuis la rivière. Sur le bord tout à fait à droite de la toile, on distingue le mur extérieur d’une maison et sur le côté opposé du pont, une tour dépasse au-dessus du bâtiment.
Ces peintures sont différentes non seulement par les motifs et la perspective, mais aussi légèrement pas la gamme chromatique utilisée : des couleurs sombres pour le premier, alors que des tons vert et marron clair prédominent dans le second.
Monet décrivit le bourg situé près de Vintimille comme « un joyau de légèreté ». Il fut captivé par la beauté abrupte de l’arrière-pays italien, le pouvoir lumineux du soleil et par sa nature sauvage. L’originalité fascinante de ce village illustrée dans les tableaux de Monet, est restée intacte encore aujourd’hui. Le spectateur peut ainsi reconnaitre l’atmosphère particulière dépeinte par l’artiste, et est transporté par sa créativité et son habilité à retranscrire la lumière et les motifs intrinsèques au lieu.
Durant son séjour en Italie, Monet ne travailla cependant pas uniquement dans ce bourg, mais aussi dans les environs, dont il captura les paysages marins, les vues du ciel et des Alpes. De plus, il peignit des vues de Vintimille et de la vallée de Nervia dont la beauté de l’atmosphère est révélée dans les toiles de l’artiste. La végétation foisonnante, la lumière exceptionnelle à l’origine des couleurs vibrantes et la mer Méditerranée, fournissent un environnement dans lequel Monet a pu puiser d’innombrables sources d’inspiration.
L’œuvre La Vallée de la Nervia (vol. 1, p. 223) montre un paysage aride, surplombé par les sommets imposants des Alpes. La Nervia est esquissée dans le coin inférieur gauche, et se fond dans les tons bleus qui l’entourent.
Le peintre réalisa ses toiles dans un style typiquement impressionniste, mais sous l’influence de ses propres observations artistiques à l’aide d’une palette de couleurs éclatantes qui, d’une certaine manière, font écho à la Riviera italienne.
Maison de jardinier à Antibes, 1888.
Huile sur toile, 66,3 x 93 cm. Cleveland Museum of Art, Cleveland.
Montagnes de l’Estérel, 1888. Huile sur toile,
65 x 92 cm. The Samuel Courtauld Trust, Londres.
À la fin de cette période italienne, Monet retourna sur les lieux de ces premières productions, et visita de nouvelles villes telles que Londres ou Rouen, où il réalisa deux de ses plus célèbres séries.
Néanmoins, il se rendit de nouveau en Italie durant la première décennie du XXe siècle, dans le but de visiter Venise, dont résulte une autre série de toiles remarquables.
Sur les recommandations du galeriste Durand-Ruel, Monet se rendit à Antibes, durant l’hiver 1888, où il passa trois mois, période pendant laquelle il réalisa une quarantaine de tableaux. La ville allait par la suite être visitée par d’autres artistes, tels que Picasso et Chagall.
Fascinés par les effets de lumière, la végétation des paysages méditerranéens et par la côte impressionnante, les visiteurs peignaient de véritables chefs-d’œuvre. Aujourd’hui, le trajet parsemé des points de vu variés où ces grands artistes se sont arrêtés, offre un aperçu des paysages capturés de différentes façons.
Au cap d’Antibes par vent de Mistral montre la ville d’Antibes, avec la mer méditerranée d’un bleu profond, un bleu plus clair pour le ciel, des arbres disséminés dans le paysage, le tout bordé par les Alpes majestueuses. Dans les œuvres de Monet, la beauté de la nature n’est pas seulement rendue ; elle est intensifiée.
À Antibes, Monet réalisa des œuvres portant sur des sujets variés qu’il peignait sans discontinuer à différents moments de la journée, capturant ainsi une multitude de couleurs sous les effets de la lumière.
Parmi les sujets étudiés se trouve le Fort Carré, entouré de la mer et des Alpes, ou des arbres somptueux longeant la côte comme on peut le voir dans Plage de Juan-les-Pins (1888). Les jeux d’ombres et de lumières sont également un élément important dans sa recherche artistique. Il travaillait principalement à des moments de la journée où la lumière est tout aussi intense que différente : aux lever et coucher du soleil et à midi.
Monet souhaitait ainsi apporter de