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Rêves d'étudiante
Rêves d'étudiante
Rêves d'étudiante
Livre électronique407 pages6 heures

Rêves d'étudiante

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À propos de ce livre électronique

« Ce livre est l'un de ceux qui accapare votre esprit dès la première page et que vous ne pouvez reposer qu'une fois que vous avez fini de le lire. » JadedAngel39

Que feriez-vous si vous pouviez voir les rêves des autres ?

Et si vous pouviez découvrir leurs fantasmes inavoués et leurs secrets les plus enfouis et les plus sombres... sans qu'ils ne le sachent ?

Et s'ils pouvaient vous tuer ?

Sara pensait ne se soucier que de ses examens, de ses achats de Noël et de décider si l'étudiant de première année assez mignon de la résidence voisine et qui en pince pour elle lui plaisait. Mais elle commence alors à voir des rêves qui ne sont pas les siens et apprend plus qu'elle ne voulait en savoir sur ses amis, ses camarades de classe... et sur un homme étrange et terrifiant dont les rêves pourraient la tuer.

Rêves d'étudiante est le palpitant premier tome de la saga des « Rêves ». 
 
 

LangueFrançais
Date de sortie13 août 2018
ISBN9781507120811
Rêves d'étudiante

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    Aperçu du livre

    Rêves d'étudiante - J.J. DiBenedetto

    Rêves d'étudiante

    The Dream Doctor Mysteries, book 0

    J.J. DiBenedetto

    Traduit par Alexandra Cueille 

    Also from the author

    The Dream Doctor Mysteries

    Dream Student

    Dream Doctor

    Dream Child

    Dream Family

    Waking Dream

    Dream Reunion

    Dream Home

    Dream Vacation

    Fever Dream

    Dream Wedding

    Dream Fragments: Stories from the Dream Doctor Mysteries

    Betty & Howard’s Excellent Adventure

    A Box of Dreams: the collected Dream Doctor Mysteries (books 1-5)

    Dream Sequence (the Dream Doctor Mysteries, books 1-3)

    The Jane Barnaby Adventures

    Finders Keepers

    Losers Weepers

    Her Brother’s Keeper

    The Jane Barnaby Adventures Box Set

    Welcome to Romance

    Finding Dori

    ––––––––

    And available on Audible Audiobooks:

    Dream Student

    Dream Doctor

    Dream Child

    Dream Family

    Waking Dream

    "Dream Reunion"

    Dream Home

    "Dream Vacation"

    Betty & Howard’s Excellent Adventure

    Dream Sequence (the Dream Doctor Mysteries, books 1-3)

    ––––––––

    All available at:

    www.amazon.com

    and

    www.jjdibenedetto.com

    Copyright © 2013-2018 James J. DiBenedetto

    All Rights Reserved.  This book contains material protected under International and Federal Copyright Laws and Treaties. Any unauthorized reprint or use of this material is prohibited. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system without express written permission from the author.

    ISBN: 978-1507109415

    Any references to historical events, real people, or real places are used factiously.  Names, characters and places are products of the author’s imagination.

    Cover design by: Emma Michaels (www.emmamichaels.com)

    Printed by: Createspace

    First printing: 2013

    Writing Dreams

    Arlington, Virginia

    www.jjdibenedetto.com

    Pour Cathey.

    Je n’aurais pas pu faire ceci sans toi.

    Note de l’auteur

    Bienvenue aux mystères du Dream Doctor ! Vous êtes sur le point de remonter dans le passé de bien des façons. Tout d'abord, par le fait qu'il s'agit d'un prélude au premier livre de la série, Dream Doctor ; et ensuite, parce que ce livre se déroule il y a quelques années, soit à la fin des années 1980, en fait.

    Alors préparez-vous à visiter une époque avant Google, avant Facebook, Twitter et Instagram et les dix nouvelles applications de médias sociaux ayant été inventées depuis que j'ai écrit ces mots, avant les smartphones et, probablement le plus étonnant de tous, avant une époque où tout le monde croyait vraiment qu'il n'y aurait jamais un autre film Star Wars, imaginez-vous ça !

    Mais même à l'époque, les préquels existaient et, comme je l'ai dit, voilà ce qu'est ce livre. C'est la toute première aventure de Sara, avant même qu'elle ne devienne Dream Doctor (ce n'est pas un spoiler, n'est-ce pas ? Cela figure dans le titre de la série....), et j'espère que vous apprécierez de la connaître (or de la découvrir) durant ses années à la fac.

    En guise de mise en scène, sur le plan de la culture pop (au cas où vous n'auriez pas vécu les années 1980 de la même façon que moi !), au moment où se déroule cette histoire :

    Tom Cruise est une grande star du box-office.

    Un film d'animation de princesse Disney est l'un des plus grands succès de l'année.

    Il y a un nouveau film d'Indiana Jones avec Harrison Ford, un nouveau film Ghostbusters et un nouveau film de James Bond.

    Roseanne Barr est la star d'une nouvelle série télévisée à succès.

    Alex Trebek est le présentateur de Jeopardy ! et Pat Sajak et Vanna White sont les présentateurs de Wheel of Fortune.

    U2 et Guns 'n' Roses sont très populaires, et leurs tournées de concerts figurent parmi les tournées les plus rentables de la décennie.

    À vrai dire, toutes ces choses sont aussi vraies en ce moment même, alors que j'écris ces mots en mai 2018. Je vais donc m'arrêter ici, et vous laisser vous concentrer sur le livre...

    Pourquoi nous ? fit-il. Pourquoi est-ce que ça nous arrive ?

    Tou te chose doit arriver à quelqu’un, dit Ginger.

    Victor et Ginger, dans Les Zinzins d’Olive-Oued de Terry Pratchett

    Prologue : Viens dans mes rêves

    (Nuit du 24 au 25 novembre 1989)

    Sara se souvient rarement de ses rêves. Elle n’a pas la moindre idée du fait qu’elle a plus ou moins eu ce même rêve deux ou trois nuits par semaine depuis le début du semestre. Elle est assise là, dans l’amphithéâtre, et si jamais elle était capable de se souvenir de ce rêve, elle reconnaîtrait son siège comme étant justement celui sur lequel elle s’assoie chaque mardi et jeudi, à neuf heures trente du matin. Elle reconnaîtrait le Dr Wallabeck également, qui porte dans le rêve l’une de ses affreuses cravates à motifs dont il est adepte. Il regarde par-dessus les horribles montures métalliques de ses lunettes exactement de la même façon qu’il le ferait dans la réalité. Le subconscient de Sara saisit chaque détail de l’amphithéâtre, y compris les autres étudiants, avec une précision presque parfaite. Deux rangs devant elle se trouve la grande rousse dont elle ne se souvient jamais du nom et qui pique du nez au milieu de presque tous les cours ; sur le même rang, et six sièges à sa gauche, se trouve Adam Walker, qui vit juste au-dessus de chez elle dans la résidence universitaire, avec son grand thermos plein du café presque-imbuvable-mais-pas-tout-à-fait-quand-même qui vient du réfectoire. Dans le rêve, Sara regarde autour d’elle et les voit, eux, ainsi que tous les autres visages qu’elle voit en cours, deux fois par semaine, et ils sont tout aussi perplexes dans le rêve qu’ils le sont généralement en classe.

    Sara est la seule personne de toute la pièce qui ne le soit pas. Si elle pouvait se souvenir de son rêve, elle comprendrait pourquoi : le Dr Wallabeck n’est pas en train de faire une conférence sur le moment angulaire, sur le couple ou sur n’importe quel autre sujets déroutant de l’unité 121 de physique. Pas maintenant. À la place, le bon docteur parle d’acides aminés et des structures de protéines, le sujet de l’interro à laquelle Sara a excellé la semaine dernière lors de son cours d’introduction à la biochimie. Que son professeur de physique fasse un cours magistral sur la biochimie plutôt que sur la physique n’a pas semblé le moins du monde étrange à Sara...

    ***

    Brian n’a jamais vraiment rencontré Sara, et ne lui a en fait jamais parlé. Il la voit souvent, cependant. Dans le réfectoire, quittant les salles de cours, au bureau des étudiants ou à la librairie, ou dans encore une douzaine d’autres endroits du campus. Une fois, même, à une fête où il avait presque rassemblé assez de courage pour aller la voir, avant qu’elle ne disparaisse pour la nuit. Mais il ne la connaissait pas vraiment ; il ne savait rien d’elle qui ne soit mentionné dans l’annuaire des étudiants.

    Cela ne l’empêche pourtant pas de rêver d’elle.

    Pas seulement d’elle : elle n’est qu’un personnage dans ce rêve. Sara porte un costume de pom-pom girl trop petit d’une taille ; elle regarde Brian, l’admire et le supporte en criant pour lui puisqu’il se tient sur le terrain de basket et qu’il est sur le point de mettre le panier décisif. Sara est là, admirant et regardant et supportant et criant directement aux côtés de chaque autre femme du campus par lesquelles Brian est attiré. Toutes à admirer, regarder, supporter et crier.

    Mais pour une raison que l’on ignore, le costume de Sara est juste un petit peu plus serré que celui des autres, sa voix est plus aiguë et plus forte que toutes les autres...

    ***

    Sara est toujours dans l’amphithéâtre, toujours la seule étudiante de toute la pièce qui ne soit pas complètement perdue. Elle est si loin de ce que raconte maintenant le Dr Wallabeck que ses yeux et son esprit commencent à errer.

    Dans le fond de la salle, elle voit sa colocataire, Beth. Sara n’est pas surprise de la voir en physique, bien qu’elle sache que Beth n’ait en réalité pas choisi ce cours. Elle n’est pas non plus surprise de voir que tous les étudiants qui sont assis autour d’elle sont des garçons. Avec ses longues jambes et sa chevelure blonde, Beth est belle ; évidemment, tous les garçons la regardent, pense-t-elle, plutôt que regarder la quelconque et vieille Sara.

    Ça n’est pas vraiment un sujet de préoccupation pour Sara. Premièrement, Beth n’est pas seulement sa colocataire, mais elle est aussi sa meilleure amie et ce depuis la moitié du premier semestre de leur première année universitaire. Deuxièmement, sur un campus qui comporte deux fois plus d’hommes que de femmes, Sara n’a pas vraiment besoin d’entrer en compétition avec Beth pour capter l’attention masculine. La véritable rivalité se trouve entre l’intérêt de Sara pour cette attention masculine et sa nature généralement calme, frisant presque la timidité, sans oublier le volume horaire de cours que sa classe préparatoire en médecine lui imposait.

    ***

    Soudain, Sara n’est plus dans l’amphithéâtre. Elle est assise ailleurs, sur les gradins en métal d’un grand gymnase. Les gradins sont relativement remplis et chaque regard est tourné vers un grand jeune homme aux cheveux foncés, qui se tient sur la ligne de lancer-franc et se prépare à mettre le panier décisif.

    Il lui faut un moment pour retrouver ses repères. Sara n’a pas la moindre idée de la raison pour laquelle elle est dans un gymnase à regarder un match de basket-ball : elle n’a pas d’ami dans l’équipe et n’aime même pas le sport. Elle a le sentiment des plus étranges qu’elle n’appartient pas du tout à cet endroit et qu’elle n’est pas censée être là. Et puis elle se voit en bas des gradins, sur le terrain, avec le reste des pom-pom girls.

    Aussitôt qu’elle voit ça, elle le sait : ce n’est plus son rêve à elle. Cela n’a rien à voir avec elle. La Sara en costume de pom-pom girl est un personnage d’un rêve de quelqu’un d’autre. Elle ne sait pas comment elle l’a compris, mais elle n’a aucun doute sur le fait que ce soit vrai. C’est fou, c’est impossible, mais tout arrive comme si c’était normal.

    Sara ne sait pas quoi faire ; c’est tellement différent de tout ce qu’elle a pu faire qu’elle ne sait pas par où commencer. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle est dans l’esprit de quelqu’un d’autre, ou que quelqu’un d’autre est dans le sien. Lorsque le jeune homme avec le ballon de basket lève les yeux du terrain et la voit, plante son regard dans le sien, c’en est trop pour elle.

    Ce n’est pas censé arriver, pense Sara ; mais elle ne sait pas comment sortir de ce rêve, pas plus qu’elle ne sait comment elle y est arrivée. Et puis la panique s’installe. Et si elle était coincée ici ? Et si elle ne pouvait jamais sortir de cet esprit ? Ou expulser l’autre du sien, qui que soit cet autre ? Elle se met à crier.

    Chapitre un : Prends ma place

    (Nuit du 30 novembre au 1er décembre 1989)

    Je regarde fixement mon radioréveil. D’après les gros chiffres digitaux verts, il est exactement trois heures quatorze du matin. Je pense qu’il devrait s’éteindre dans une minute ou deux, mais là n’est pas vraiment le problème. Le problème, c’est que je suis éveillée pour savoir qu’il est près de trois heures quatorze du matin.

    Ce n’est pas par choix. En fait, dans un sens, ça l’est, j’imagine. Je suis éveillée parce que je ne veux pas m’endormir. Et pourquoi est-ce que je ne veux pas m’endormir ? C’est une question pertinente. Je la poserais, s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.

    La réponse semble stupide, même pour moi. Pour être honnête, je dois admettre que je me comporte comme un bébé avec cette histoire. Je ne veux pas m’endormir à cause des rêves que je fais. « Cauchemars » est un mot plus adéquat. Je ne pense pas que vous compreniez là où je veux en venir, cependant. Existe-t-il un mot pour les rêves qui sont pires que des cauchemars ? Il devrait y en avoir un.

    Ce fut la même chose les quatre nuits précédentes, exactement la même chose. Les gens à l’intérieur sont les mêmes, les lieux sont les mêmes, tout arrive exactement de la même façon, dans le même ordre, et le pire, c’est que tout semble terriblement réel. Il n’y a rien de cette imagerie dont les gens parlent toujours : des lapins qui parlent ou vous qui perdez vos dents en volant nu derrière un train le long de tunnels sombres ou n’importe quoi d’autre. Tout ce qui arrive dans ce cauchemar pourrait paraître dans la presse. Ça pourrait vraiment arriver.

    Oh mon Dieu. C’est une pensée horrible. Et si... c’est peut-être réellement en train d’arriver ?

    Non. Absolument pas. C’est impossible.

    Je sais, je sais. Il y a des tas de personnes qui croient aux choses comme ça. Bob, mon frère cadet, fait partie de ces personnes. Il a seize ans et les magazines, qu’il cache sous son lit ou au fond de son placard, ou à n’importe quel endroit où les adolescents cachent généralement leurs numéros de Playboy ou de Penthouse, comportent la revue du paranormal Psychic Times et le magazine UFO Monthly sur les OVNI.

    Personnellement, je pense que, dans l’ensemble, ça ne rime à rien. Les gens n’ont pas vraiment de visions du futur ou de flashs psychiques, ni rien du genre. Ce cauchemar est probablement juste issu d’un des stupides films d’horreur que quelqu’un a loué pour l’une des soirées cinéma de notre résidence. J’ai dû m’asseoir devant contre mon gré et même si je pensais ne le regarder qu’à moitié, sans vraiment y prêter attention, il s’est glissé dans mon subconscient ou quelque chose comme ça. Ça semble logique, non ? Je suis sûre que c’est aussi simple que ça. Ça doit arriver tout le temps. Sauf que je ne me souviens pas ne serait-ce que m’être assise devant un film d’horreur, pour commencer.

    Ça n’aurait pas était si grave si l’on omettait le fait que ces rêves sont incroyablement perturbants lorsque je les fais, et que, bien évidemment, je ne pense pas de façon logique en les faisant. Je réagis juste en fonction de ce qui arrive, ce qui m’agace profondément. Et le pire, c’est que jusqu’à la semaine dernière, je ne me souvenais presque jamais de mes rêves. Mais maintenant, d’un coup, je m’en souviens parfaitement. On dirait que ça veut dire quelque chose.

    Ce n’est pas non plus ce que je vois. J’ai toujours l’impression (et je sais que ça semble insensé) que je ne suis pas dans ma propre tête. C’est complètement faussé, comme si j’avais « traversé le miroir ». Je n’ai pas de meilleurs mots pour décrire cela. À vrai dire, je ne suis pas sûre qu’il y ait de meilleurs mots.

    Et puis une fois que je me réveille et que cette chose horrible et stupide se rejoue en boucle dans mon esprit, je ne peux plus me rendormir. Même si je le voulais, ce qu’à ce niveau, je ne veux plus, de toute évidence. Du coup, en plus d’être paniquée et misérable, je suis crevée tout le lendemain.

    Et en plus de tout ça, j’ai fait un autre rêve dont je me suis souvenu au moment même où les cauchemars ont commencé. Avec cette même impression qu’il ne m’appartenait pas. Mais ce premier rêve était différent. J’étais effrayée parce que cette impression était vraiment étrange, mais le rêve en lui-même n’était pas du tout flippant ou horrible. Il était... eh bien, « flatteur » est le mot qui me vient à l’esprit. Je me souviens m’être réveillée en hurlant, mais pas à cause de son contenu, mais parce que j’ai su, d’une certaine manière, que je n’avais pas été où j’étais censée être. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est ça. Malheureusement, je ne fais pas vraiment confiance à ma propre analyse concernant quoi que ce soit, là, tout de suite.

    Il est maintenant trois heures vingt du matin. À prendre ou à laisser. Beth se pelotonne sous sa couette, dans son lit ; elle a l’air paisible et heureuse. De temps à autre, elle fait ces petits bruits étranges, à la limite du ronflement. Je n’avais jamais vraiment remarqué qu’elle faisait cela auparavant, alors que nous sommes colocataires depuis notre première année à l’université. Cependant, j’imagine que c’est logique. Depuis deux ans et demi que nous sommes dans la même chambre, je peux probablement compter sur mes doigts le nombre de fois où elle s’est endormie avant moi.

    Je ne lui ai pas encore parlé des cauchemars. C’est en partie parce que j’ai ce sentiment – bien que je sache pertinemment que c’est naïf et infantile – que si je ne parle pas d’eux, ils finiront peut-être par juste disparaître. Mais c’est surtout parce que je sais ce qu’elle dirait. D’abord, elle ferait semblant de les analyser, en ajoutant probablement quelque chose extrait de ses cours avancés de psychologie pour que ça sonne mieux. Et puis elle deviendrait un tantinet plus sérieuse et me dirait que mes cauchemars sont le moyen utilisé par mon subconscient pour essayer de me détendre, faire en sorte que je m’amuse un peu plus et que je ne prenne pas tout si sérieusement. En gros, que je vive un peu.

    Après quoi je dirais que je m’amuse, que je me détends et que je vis un peu, une fois que j’ai étudié tout ce que j’avais à étudier. « Comme la fête d’Halloween, dirais-je. J’y suis allée, n’est-ce pas ? »

    Elle se moquerait et dirait que oui, j’y étais, mais seulement après m’avoir harcelée durant plus d’une heure pour descendre à la fête. Et elle me ferait remarquer que mon « costume » était une blouse de laboratoire avec un badge en plastic sur lequel on pouvait lire « Dr Feelgood », acheté par mon frère pour me faire une mauvaise blague quand j’étais rentrée à la maison pour Noël, lors de ma première année. Et que j’avais ici seulement parce que Beth s’en était emparé quand elle était venue me voir l’été dernier. Elle a attendu quatre mois entiers le bon moment pour m’embarrasser avec ça. Elle a un bon timing, je le lui concède.

    Puis, elle me rappellerait qu’ « aller à une fête » impliquait en fait que je passe une heure à me tenir en retrait, dans un coin. Et cela comprenait souligner le fait que je n’ai pas dansé bien que plusieurs personnes de la résidence aient essayé de m’y entraîner. Oh, et à ignorer un mec grand et mignon d’une autre résidence universitaire, qui – d’après Beth, puisque je ne l’avais pas remarqué – n’a pas cessé de me regarder pendant tout ce temps, les yeux pleins d’espoir. Et en plus de tout ça, prendre trois gorgées de punch (même Beth ne peut pas vraiment m’en vouloir à ce sujet – c’était un mélange de l’infecte vodka de contrefaçon à quarante degrés qu’ils vendent dans la petite épicerie à la sortie du campus et d’une sorte de soda générique à l’orange. Non, merci !) avant de m’éclipser pour aller revoir un compte-rendu de labo pour le cours avancé de Chimie Organique, auquel j’allais déjà avoir non seulement une excellente note mais également des points supplémentaires.

    Mais elle ne mentionnerait probablement pas la chance qu’elle avait que je sois partie tôt et sobre, de telle manière que lorsqu’elle est revenue en titubant à quatre heures du matin, j’ai pu lui faire boire un grand verre d’eau, prendre deux aspirines et bien la mettre au lit. En fait, je retire ça. Elle le mentionnerait. Elle l’a mentionné le matin suivant, lorsqu’elle s’est réveillée sans gueule de bois, dans un lit propre, son costume sale et odorant déjà dans la panière de linge sale. Elle m’en était très reconnaissante.

    Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit, je ne lui ai pas parlé de mes cauchemars pour ce qui me semblait être d’excellentes raisons. En la regardant, là, c’était comme si elle n’avait aucun souci au monde. Je me demande de quoi elle est en train de rêver...

    ***

    ... Sara est à l’arrière de l’ambulance, cochant sa liste de contrôle et se situant entre l’excitation et une peur sans pareille. Sara a fait cela un millier de fois, mais ça n’était que des exercices, tous truqués, alors que là, c’est réel, c’est la première fois pour elle, et...

    — C’est facile, Sara, dit la voix de Tom qui vient de l’avant. On n’a pas perdu un volontaire jusqu’à aujourd’hui, et je te promets que tu ne seras pas la première.

    Elle parvient à rire.

    — Ce n’est pas pour moi que j’ai peur.

    Sara s’attend à ce que Tom dise quelque chose, mais la radio grésille et coupe court à toute réponse qu’il aurait pu faire. Cela n’a de toute manière pas d’importance, puisqu’ils reçoivent maintenant un appel. Son tout premier appel.

    — Une minute ! 

    L’ambulance traverse la nuit à toute allure pour se rendre sur la scène de l’accident. Accident de voiture, c’est tout ce que Sara entend de la radio. Le reste de l’appel se passe sans qu’elle ne puisse en saisir le sens, et plus rapidement que ce à quoi elle s’attendait, ils sont sur place. Sara ouvre la porte, sort de l’ambulance. Au début, elle ne peut rien voir ; il faut quelques secondes pour que ses yeux s’ajustent à l’obscurité. Une fois qu’elle peut voir, elle réalise qu’elle aurait préféré en être incapable.

    La scène d’accident est un chaos : une petite voiture – Sara pense que ça doit être une Toyota, mais impossible de l’affirmer pour le moment – a fait une course avec une grosse Jeep et a visiblement perdu. Le verre crisse sous ses pieds lorsqu’elle avance vers ce qui a probablement dû être une très belle voiture, mais qui n’est maintenant plus qu’un tas de ferraille.

    La voiture n’a rien, comparé à son conducteur : il est allongé sur le sol et il semble à Sara qu’il y a plus de son sang dans la rue et sur les débris que dans son corps. Sa première pensée est de se demander comment cet homme peut toujours être en vie. Sa seconde, c’est que si elle ne fait pas quelque chose, il ne le sera plus pour longtemps.

    Mais que faire ? Elle entend une voix, celle d’un policier présent, qui n’a rien à faire de l’état de l’homme. Quelque part au fond de l’esprit de Sara, alors qu’elle écoute l’énumération des blessures – importante perte de sang, une jambe cassée, plusieurs côté fêlées, très certainement une hémorragie interne et ça n’est qu’un début – elle se demande si le policier réalise qu’elle n’a que dix-sept ans, qu’elle est bénévole, qu’il s’agit de sa tout première intervention en ambulance et qu’elle n’est absolument d’aucun secours. Non, décrète Sara, il ne sait probablement rien de tout ça. Il doit s’attendre à ce que Sara fasse en fait quelque chose pour cet homme. Mais où commencer avec quelqu’un qui est à ce point blessé ?

    L’absence de pouls donne une réponse à Sara. Une réanimation cardio-pulmonaire, c’est simple, elle pourrait la faire en dormant. À ceci près que les côtes du patient se sont pas censées se déplacer comme cela lorsqu’elle exerce une pression sur elles.

    Cependant, ça fonctionne : les yeux de l’homme s’ouvrent dans un battement de paupières. Ils se posent sur Sara, et même s’il ne peut pas parler, elle comprend la question qu’il pose. Que peut-elle bien lui dire ? Il doit savoir à quel point la situation est grave, non ? Elle lui doit bien ça, ne pas lui mentir, surtout si c’est la dernière réponse qu’il reçoit. Elle soutient son regard et hoche la tête. Et puis, elle se baisse et lui prend la main, la presse. Seulement quelques secondes après, Sara connaît l’exact moment où il a rendu l’âme...

    ... Sara n’est plus sur la scène d’accident. Elle est dans un autre endroit, un endroit étrange. Sauf qu’il ne lui est pas du tout étranger. Elle a déjà été là. Non ? Si, elle y a déjà été, elle en est sûre, même si elle n’arrive pas à se souvenir à quelle occasion.

    C’est une chambre. Une grande chambre. Plus grande que sa chambre de la résidence. C’est aussi une chambre d’homme ; il n’y a ici rien qui ait la moindre touche féminine. C’est vraiment beau ; les meubles ont l’air cher, tout comme le tableau sur le mur, au-dessus du lit, sur lequel est représenté un bateau à voile devant un ciel coloré, encadré d’or.

    Sans aucun doute, il s’agit d’or. Sara le sait pertinemment. Exactement de la même manière qu’elle sait que la montre sur la commode est une véritable Rolex. À cet instant, l’idée de se demander comment elle sait cela, exactement, ne lui traverse pas l’esprit.

    Sara s’assoit dans un fauteuil qui se trouve dans le coin de la chambre. Elle se baisse pour atteindre la poignée, sur le côté droit du fauteuil, près du dossier, à l’endroit exact où elle sait qu’elle est – comment ? –, sans même regarder que la poignée y soit. Elle l’actionne et étend le fauteuil de tout son long. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

    Non, tout ne va pas bien. Elle n’en est pas certaine, mais elle pense avoir entendu des pas à l’extérieur de la chambre. Oubliez, elle en est sûre, maintenant. Des pas, la poignée qui tourne et la porte qui s’ouvre.

    Un homme entre. Il est grand, plus d’un mètre quatre-vingts, et il est bien bâti. Pas autant que Schwarzenegger, mais bien assez. Et il lui semble familier. Sara sait qu’elle l’a déjà vu quelque part, mais elle n’arrive pas à imaginer où cela a pu être. Il conduit, ou il tire, peut-être, une fille dans sa chambre, avec lui. C’est une adolescente. Elle est peut-être âgée de dix-huit ans, mais Sara en doute. Elle est blonde, petite, et Sara ne peut s’empêcher de l’imaginer pom-pom girl à un match de football américain au lycée.

    Mais il n’y aura pas d’acclamations de pom-pom girl de sa part, ce soir. À ce moment précis, elle a l’air morte de peur. Si effrayée qu’elle ne remarque pas la présence de Sara alors que cette dernière la regarde. L’homme ne la voit pas non plus Sara, ni ne l’entend quand elle crie, après que l’homme a lancé l’adolescente sur le lit et commence à lui arracher ses vêtements.

    La fille se débat, griffe, crie à s’en époumoner, mais rien ne remédie à la situation. Sara ne peut pas l’aider. Elle s’est levée, mais elle ne peut pas aller jusqu’au lit. C’est comme s’il y avait un mur invisible sur son chemin. Elle ne peut pas non plus atteindre le téléphone, ni sortir de la chambre. Elle ne peut rien faire si ce n’est regarder. Et crier jusqu’à ce que ses propres poumons lâchent...

    ***

    Quelqu’un est en train de crier. Non. Pas « quelqu’un ». Moi. Je ne sais pas pourquoi. Et puis, tout me revient brutalement. Je revois le cauchemar entier, au détail près. Je continue de crier.

    Jusqu’à ce que ma voix, sur le point de fléchir, réveille Beth. C’est la seule raison qui me fait arrêter, car ma gorge me fait trop souffrir. Je peux à peine respirer et je me recroqueville, serrant mes bras contre ma poitrine. Dans ma tête, je vois toujours cette chambre, l’homme et la fille, encore et encore, et je remarque à peine que Beth se redresse en me fixant du regard.

    Elle a l’air inquiète, ou peut-être morte de trouille, ce qui serait une meilleure description. Morte de trouille pour moi. Je n’avais jamais vu cette expression sur son visage auparavant. Cela ne me fait pas me sentir mieux. Tout ce que cela fait, c’est me donner envie de pleurer encore plus que ce que je ne suis en train de faire.

    Je ne peux pas vraiment la voir, entre les larmes et le fait que je sois trop perturbée pour diriger mon regard sur elle. Elle a dû sortir de son lit et venir jusqu’au mien, parce que maintenant, elle m’étreint, me serre dans ses bras, me dit que tout va bien, tout ira bien. Je ne sais pas combien de fois elle l’a dit, encore et encore, avant que je ne commence à la croire.

    Au moins un peu, toutefois. Assez pour que je cesse de voir le cauchemar en lecture continue à l’intérieur de ma tête et que je revienne dans notre chambre.

    ***

    Je ne sais pas combien de temps j’ai mis à reprendre mes esprits. Quelques minutes ? Une heure ? Je n’en ai aucune idée, et je n’ai même pas assez d’énergie pour le découvrir en tournant ma tête pour regarder mon réveil.

    Je tremble toujours, et je suis toujours à deux secondes d’éclater encore en sanglots. Je ne sais pas pourquoi c’était si horrible juste maintenant, puisque c’est la même chose depuis quatre nuits. Peut-être est-ce le manque d’un bon sommeil, réparateur, qui a mis à ce point mes nerfs en pelote ?

    Ça, et savoir que je suis probablement sur le point de revoir ce cauchemar toutes les nuits. Si cela fait quatre nuits d’affilée, pourquoi est-ce que ça s’arrêterait demain ? Ou la nuit suivante ? Est-ce que je vais voir cette horrible saleté tordue dans ma tête pour toutes les nuits jusqu’à la fin de mes jours ?

    Beth me regarde avec l’expression la plus triste que j’ai jamais vue sur son visage. Elle ne sait clairement pas quoi penser de moi à l’instant présent. Devoir prendre soin de moi au beau milieu de la nuit est une nouvelle expérience, comme les conséquences de la fête d’Halloween, c’est généralement mon rôle.

    Je ne veux rien dire. Je ne veux pas du tout penser à ça. Mais je dois dire quelque chose à Beth. Et peut-être que parler de ça pourra aider, d’une quelconque manière. Je sais que j’ai besoin de le partager. Je ne peux pas faire face à ça seule. Et puis les larmes reviennent, et il me faut encore quelques minutes avant de pouvoir parler. Mais lorsque finalement, je retrouve l’usage de la parole, je lui raconte tout.

    Ça n’est manifestement pas facile. Parler des cauchemars les ramène de nouveau. Je peux tout voir et c’est juste aussi terrible la centième fois que la première.

    — C’était vraiment horrible, dis-je.

    Beth a toujours un bras autour de mes épaules et je peux sentir que je me m’appuie contre elle sans vraiment y penser. Elle est chaude, confortable et mieux que tout, elle est simplement ici.

    — J’ai fait le même rêve les quatre dernières nuits. Cauchemar. Ou peu importe ce que cette merde puisse être. Ça ne commence pas mal. Je me souviens...

    De quoi est-ce que je me souviens ? Juste un sentiment, l’obscurité, un mélange de peur et d’excitation. Et puis, deux détails me sont revenus.

    — Il y avait... Il me semble qu’il y avait une sirène, je crois. Et puis du verre. Je marchais sur du verre, il y en avait sous mes chaussures, qui faisait ce bruit, une sorte de craquement...

    L’ambulance. Ma première nuit. J’ai dû rêver de ça. Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?

    — C’était mon premier appel en tant que volontaire et ma première nuit avec le SAMU, tu t’en souviens, n’est-ce pas ?

    Je sens que je me calme un peu en mentionnant l’accident, et oui, je réalise à quel point il est perturbant de dire

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