Récits de Belkine
Par Pierre Skorov
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À propos de ce livre électronique
New French translation of Alexander Pushkin's masterpiece "Tales of Belkin". According to Vladimir Nabokov these were "the first short stories written in Russian of a permanent aesthetic value". Masterfully translated, the paragon of clear and captivating prose, each of these stories can be read as a complete miniature drama, but also as part of a complex and ironic whole with multiple meanings.
Pierre Skorov
Born in Moscow, raised in Paris, educated at Trinity College, Cambridge. Lecturer, translator, conference interpreter and writer. Currently based in Paris, France.
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Avis sur Récits de Belkine
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Aperçu du livre
Récits de Belkine - Pierre Skorov
Alexandre Pouchkine
Récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine
Traduit du russe par
Pierre Skorov
www.skorov.com
* * *
Poète de génie, Alexandre Pouchkine prétendait pourtant que la poésie est une bagatelle, et attachait une importance première à la prose. Les Récits de Belkine furent écrits – en même temps que les Petites Tragédies, la fin d'Eugène Onéguine et de nombreux poèmes – lors d'une période créatrice extraordinairement fertile, durant l'automne de 1830, l'automne de Boldino
. Ces nouvelles constituent selon Vladimir Nabokov les premières nouvelles en langue russe d'une valeur esthétique permanente
. Étalon d'une prose limpide, mélodieuse et captivante, elles sont aussi d'une extrême densité poétique. Chacune peut-être lue au premier degré, comme un drame miniature achevé; chacune s'inscrit aussi dans un ensemble ironique aux significations multiples, un jeu avec les conventions, les genres et les clichés littéraires. L'alliance paradoxale d'une rigueur classique et d'une polysémie presque post-moderne rend cette oeuvre impérissable. La nouvelle traduction rend accessible au lecteur français l'harmonie formelle de cette prose autant que la diversité des échos et des références qui s'y enchevêtrent.
Pierre Skorov est docteur ès lettres de l'université de Cambridge, où il a soutenu une thèse sur l'éthique et la poétique de l'ironie dans le roman russe. Il enseigne la traduction littéraire à l'Institut Lomonosov de Genève (filiale de la faculté de traduction et d'interprétation de l'Université d'État de Moscou). Ses autres traductions publiées comprennent notamment: Le Faux Coupon de Lev Tolstoï; Les Chamelons Célestes d'Elena Gouro (anthologie poétique) aux éditions Verdier; Entretiens avec Mikhaïl Bakhtine de Viktor Douvakine aux éditions l'Âge d'Homme.
* * *
Povesti pokoinogo Ivana Petrovicha Belkina
by Alexander Pushkin
translated into French by Pierre Skorov
Smashwords Edition
Copyright 2012 Pierre Skorov
Smashwords Edition, License Notes
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Table des matières
Avertissement de l’Éditeur
Le coup de feu
La tempête de neige
Le marchand de cercueils
Le maître de poste
La demoiselle-paysanne
Récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine
Mme Prostakova: Eh, mon bon ami, dites-vous bien
qu’il est amateur d’histoires
depuis qu’il est tout petit.
Skotinine: Mitrophane tient de moi.
Fonvizine, Le Nigaud
Avertissement de l’Éditeur — par Alexandre Pouchkine
Ayant entrepris de mener à bien la publication des Récits d’I. P. Belkine, que nous proposons aujourd’hui à l’attention du public, nous eussions aimé accompagner ces dernières ne fût-ce que d’une brève biographie du défunt auteur, afin de satisfaire au moins en partie à la légitime curiosité des amateurs de nos belles-lettres. Pour ce faire, nous nous sommes adressés à Maria Alexeïévna Trafilina, la parente la plus proche et l’héritière d’Ivan Pétrovitch Belkine; mais il lui fut malheureusement impossible de nous informer en rien au sujet du défunt, puisque ce dernier lui était parfaitement inconnu. Elle nous conseilla à cette fin de solliciter un certain homme de mérite, ancien ami d’Ivan Pétrovitch. Nous suivîmes ce conseil et reçûmes à notre requête la réponse souhaitée, ci-dessous reproduite. Nous la citons sans aucune modification ni commentaire, comme un précieux témoignage de nobles opinions et d’une amitié émouvante, et d’autre part, comme une information biographique fort satisfaisante.
Monsieur ***!
Votre bien aimable lettre datée du 15 de ce mois, le 23 du même mois j’ai eu l’avantage de recevoir, dans laquelle vous me faites part de votre désir d’être complètement renseigné au sujet de la date de naissance et de mort, du service, des affaires familiales, ainsi que des occupations et du caractère du défunt Ivan Pétrovitch Belkine, mon feu sincère ami et voisin. C’est avec une grande joie que je satisfais à votre désir et vous communique, monsieur, tout ce que de ses conversations, ainsi que de mes propres observations me rappeler je puis. Ivan Pétrovitch Belkine naquit à une noble et honnête famille en l’an 1798 dans le village de Gorioukhino. Feu son père, le commandant Piotr Ivanovitch Belkine, avait pris pour femme la demoiselle Pélaguéia Gavrilovna, de la lignée des Trafiline. Il n’était pas un homme de grande fortune, mais de besoins modérés, et fort habile pour la chose domestique. Leur fils reçut sa première éducation du sacristain du village. C’est à cet honorable homme qu’il devait, semble-t-il, son inclination à la lecture et aux occupations relatives aux belles-lettres russes. En l’an 1815, il prit du service dans un régiment de chasseurs (dont je ne puis me rappeler le numéro) dans lequel il demeura jusques en l’an 1823. La mort de ses parents, survenue presque en même temps, le contraignit à démissionner et à revenir dans le village de Gorioukhino, son patrimoine.
Ayant pris en main l’administration de ses terres, Ivan Pétrovitch, du fait de son inexpérience et de sa nature miséricordieuse, eut tôt fait de compromettre ses affaires et de gâter l’ordre strict établi par feu son père. Ayant congédié le staroste, qui était consciencieux et adroit et dont les paysans (comme à leur habitude) se plaignaient, il remit la gérance de sa terre à sa vieille ménagère, qui avait gagné sa confiance par son art de conter des histoires. Ladite vieille, qui était sotte, ne sut jamais distinguer un assignat de vingt-cinq roubles d’un assignat de cinquante; les serfs, dont elle était à tous la marraine, ne la craignaient point; le staroste qu’ils élurent, lui-même un fripon, leur manifestait une telle indulgence qu’Ivan Pétrovitch se vit obligé d’abolir la corvée et d’établir une taille fort modérée; mais là encore, profitant de sa faiblesse, les paysans le convainquirent de leur accorder une exemption considérable pour la première année, et les années suivantes payèrent plus des deux tiers de leur redevance en noix, airelles, etc. Même alors, il restait des arrérages.
En qualité d’ami de feu le père d’Ivan Pétrovitch, j’estimai de mon devoir d’offrir également mes conseils à son fils et de me mettre à sa disposition pour rétablir l’ordre précédent, par lui négligé. Pour ce faire, lors d’une visite à lui rendue, j’exigeai les livres de comptes, fis comparaître ce fripon de staroste et, en la présence d’Ivan Pétrovitch, m’attelai à l’étude desdits livres. Le jeune propriétaire me prêta d’abord toute l’attention et toute l’application possible. Mais comme il apparaissait, d’après les comptes, que durant les deux dernières années le nombre de serfs avait augmenté, alors que la quantité de volaille et de bétail avait ostensiblement décru, Ivan Pétrovitch se satisfit de cette première information et ne m’écouta plus. Et au moment même où, par mes investigations et mon sévère interrogatoire, j’avais réussi à confondre tout à fait ce fripon de staroste et à le réduire au silence complet, j’entendis