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10 histoires difficiles à croire: À la frontière du corps et de l’esprit
10 histoires difficiles à croire: À la frontière du corps et de l’esprit
10 histoires difficiles à croire: À la frontière du corps et de l’esprit
Livre électronique156 pages2 heures

10 histoires difficiles à croire: À la frontière du corps et de l’esprit

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À propos de ce livre électronique

Une histoire se façonne de mille manières, selon la voix qui en tisse les fils. Mais que se passe-t-il lorsque ces voix s’entrelacent et brouillent les contours de la réalité ? "10 Histoires difficiles à croire" vous ouvre les portes d’un monde où des récits parfois troublants prennent forme. À travers des personnages énigmatiques, le corps et l’esprit se mêlent, et les perspectives se multiplient, créant un jeu d’ombres et de lumières. Explorez cet univers insolite où la frontière entre le réel et l’illusion se dissout, laissant s’effondrer les certitudes les plus ancrées.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dès son enfance, Grégoire Giraud-Chevalier a été fasciné par les histoires, mythes et légendes. Ces récits ont éveillé en lui le désir d’écrire, afin de créer des univers inédits et d’enrichir l’imaginaire collectif par des idées nouvelles.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie28 nov. 2024
ISBN9791042240486
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    10 histoires difficiles à croire - Grégoire Giraud-Chevalier

    Transfert inachevé

    En s’approchant du centre de transfert, Baptiste sentit monter en lui une forme de peur nouvelle, une inquiétude intense et forte. Il avait tout essayé pour éviter de se retrouver là, dans cette situation. Il avait cherché par tous les moyens à mettre sa femme et ses enfants à l’abri de manière honnête. Mais la misère semblait indissociable de sa personne, elle lui collait à la peau, elle l’obligeait à faire ce choix difficile. Il devait continuer à les nourrir, et comment le faire dans un monde du travail en crise, dans lequel il n’avait pas sa place ? Sans véritable alternative, il s’était donc résigné à prêter son corps à l’un de ces riches milliardaires. Ce serait son sacrifice à lui, sa façon de témoigner son amour pour les siens. Le prêt de son corps sur vingt ans rapportait un demi-million à sa femme Ariane, dès la signature, et un autre à la fin de la période dite de transfert. C’était sa seule chance, son ultime sacrifice pour eux.

    Guidé par son amour, il s’était donc mis en marche en ce matin d’hiver. Une fois arrivé devant le centre de transfert aux marges de la ville, il avait été frappé par le nombre de personnes qui, comme lui, se trouvaient dans la queue avec l’espoir d’être sélectionnées. La misère et l’espoir drainaient cette foule vers la résignation, vers la seule échappatoire possible : le transfert d’esprit. Ce centre biologique devant lui ressemblait à un ancien bâtiment de l’époque soviétique. Il s’élevait en plein milieu de la banlieue nord de la ville, dans un environnement lugubre et sans la moindre forme de vie aux alentours.

    Baptiste resta dans ce décor sinistre pendant deux heures avant de pouvoir pénétrer dans l’enceinte du bâtiment. Après une batterie de tests pour évaluer sa compatibilité et cartographier ses fonctions cérébrales, il arriva finalement dans une salle toute blanche équipée d’un écran digital. L’écran s’alluma et le visage d’un homme à l’agonie dans son lit d’hôpital apparut face à Baptiste. L’homme en question rassembla ses quelques forces restantes pour observer dans le détail le corps de Baptiste avant de hocher la tête en signe d’approbation. Le visage s’effaça et la pièce fut plongée dans le noir. Après un court instant, une voix résonna dans la pièce :

    En entendant les mots prononcés dans les haut-parleurs de la pièce, Baptise ne sut pas s’il devait se réjouir ou pleurer en entendant cette nouvelle qui marquait la fin de sa liberté pour une période annoncée de vingt ans. Il avait été sélectionné parmi les milliers de personnes qui, comme lui, espéraient une autre vie. Il quitta la salle, emportant avec lui le contrat de cession qui lui était proposé.

    Le lendemain, les cris avaient longtemps résonné dans la maison, des reproches et des incompréhensions avaient animé la longue querelle entre Baptiste et Ariane. Malgré les supplications et les larmes de sa femme, ce dernier n’avait rien voulu entendre. Il s’était résigné depuis longtemps à jeter son corps en sacrifice pour eux et rien ne pourrait l’en empêcher, pas même le désespoir qui se lisait sur le visage d’Ariane, incapable de le soutenir dans cette démarche pathétique.

    C’est donc plein d’amertume et de remords que Baptiste avait fini par prendre la route du centre d’opérations dont l’adresse lui avait été communiquée dans la nuit. Baptiste se voyait comme un homme d’honneur. Il se posait par son geste de sacrifice en sauveur pour sa femme et ses deux filles, et même s’il devait y laisser son corps et ses plus belles années, il n’avait aucun doute sur sa décision. Il s’en voulait simplement de s’être disputé avec Ariane et de l’avoir quitté aussi violemment. En marchant sous la pluie, il avait ainsi versé quelques larmes en pensant au désespoir affectif dans lequel il l’avait mise. Il espérait qu’avec le temps elle finirait par comprendre et lui pardonner ce départ.

    Une fois arrivé au centre, il avait effectué des tests complémentaires avant de signer son contrat de cession qui l’engageait pour une durée de vingt ans à la suite du transfert. Tout avait été très vite et Baptiste, sans se rebeller, avait signé d’une main ferme le document. Il s’était persuadé de faire la bonne chose, de se sacrifier justement pour les siens. Comment aurait-il pu accepter de la voir mourir de faim à petit feu, alors qu’il pouvait les sauver ?

    Quelques heures plus tard, en s’allongeant sur la table d’opération, il eut une dernière pensée pour ses deux filles et sa femme Ariane. Il les aimait plus que sa propre vie. Il ferma les yeux en sachant qu’il ne les ouvrirait plus pendant les vingt prochaines années et qu’à son retour, ses filles seraient adultes et sa femme aurait vieilli de vingt ans. Son cœur commença à ralentir, et rapidement, le silence s’installa dans sa tête. Il abandonna progressivement son corps au milieu de la salle d’opération, un corps hôte qui allait pouvoir recevoir les souvenirs et la conscience d’un riche milliardaire au bord de la mort.

    Lionel

    Lorsqu’il ouvrit les yeux, Lionel fut pris d’un sentiment de panique. Il ne sentait plus le poids de ses jambes ni les douleurs dans le bas de son dos. Il ne comprenait pas où il se trouvait. Était-il vivant ou mort ? Il paniquait. Sa conscience ne comprenait pas où elle s’était réveillée. Elle était apeurée, terrifiée par ce corps au milieu duquel elle se trouvait. Lionel poussa de violents cris et s’agita pour essayer de se défaire des sangles qui le maintenaient attaché au lit de la salle d’opération. Ce n’est qu’après un long moment d’explications et une dose d’anesthésiant qu’il reprit peu à peu ses esprits et commença à se détendre dans ce nouveau corps.

    Passé le moment de peur et d’incompréhension, Lionel se mit rapidement à apprécier la sensation de légèreté de ce corps, cette sensation qu’il n’avait plus ressentie depuis si longtemps. Il se sentit soudain libéré du poids de la vieillesse et eut la sensation de pouvoir tout recommencer, d’avoir à nouveau de belles années devant lui avec ce corps parfaitement fonctionnel. Vingt ans de plus, c’était le temps qu’il venait d’arracher à la mort en s’appropriant ce corps, il eut un sourire en y pensant. Il faisait partie des privilégiés qui avaient pu se payer un transfert de leurs souvenirs et de leur esprit.

    Après une batterie de tests et le versement d’un demi-million d’euros, il put repartir avec ce corps flambant neuf dont il pourrait user à sa guise pendant les vingt prochaines années. En réalisant ce qui venait de se produire, Lionel eut un grand moment de joie intérieure. Il repensa à toutes ses réticences lorsque le programme lui avait été présenté, à son manque d’ouverture sur le sujet des transferts encadrés. Car finalement, c’était un contrat comme un autre, une location bien rémunérée qui lui permettrait de continuer à vivre, de profiter d’une nouvelle jeunesse, tout en aidant une personne dans le besoin.

    En sortant du centre biologique, il ne put retenir ses larmes en observant toute la beauté du monde au travers d’un regard neuf, jeune et plein de vie. Il se sentait bien dans ce corps, il aimait cette sensation de force et de vigueur. Le poids des années s’était envolé, lui laissant la possibilité de profiter à nouveau de ce vaste monde qu’il avait tant aimé dans sa vie. Devant le centre, une voiture l’attendait avec, à l’intérieur, son assistant. En lui ouvrant la porte, il admira la réussite de l’opération, il avait beaucoup entendu parler de ces transferts, mais c’était tout autre chose de voir le résultat final. Il salua son patron défunt en admirant son nouveau visage. Lionel monta dans la voiture et prit le chemin de la ville, il voulait croquer la vie à pleines dents sans plus attendre. Il avait le sentiment d’être un homme nouveau, prêt à conquérir le monde. Dès l’après-midi, il prit le temps de flâner dans les rues de la ville, de profiter de sa richesse en dépensant des sommes considérables. Il savoura chaque minute et chaque chose comme une redécouverte. Il pouvait enfin s’appuyer sur son immense fortune pour profiter d’un repos bien mérité. Ce fut en tout cas le point de départ de cette nouvelle étape de sa vie dans ce corps plein de potentialités.

    Baptiste

    Un flash, une envie, et tout redevint clair. Lorsque l’esprit de Baptiste émergea de son sommeil, il eut un sursaut, un mouvement de panique. Il flottait dans un espace, dans une sorte de lieu indéfini. Son esprit s’agita vite en constatant qu’il ne déclenchait pas la moindre réaction dans son corps, il n’avait plus de lien direct, plus d’emprise sur lui. La peur l’envahissait, il se sentait incapable de parler, de bouger ou d’exprimer toute sa frayeur. C’était une sensation atroce, cruelle et inhumaine que de penser sans déclencher de mouvement. Baptiste ne percevait pas son corps, il ne sentait aucun battement de son cœur, aucune sensation. Après une longue minute, il put apercevoir des couleurs, de la lumière. Il venait d’ouvrir les yeux, ou du moins de se connecter avec eux, il chercha à les fermer sans y parvenir. Il se voyait simplement marcher dans la rue sans rien contrôler. Il voulait crier, changer la direction de son regard, changer sa perception ou utiliser ses sens. Mais après plusieurs tentatives sans succès, il fut pris d’une sensation atroce, il commença à se dire qu’il était complètement bloqué dans son propre corps, incapable de s’en défaire. À l’intérieur, il bouillonnait, il voulait, criait, gémissait, hurlait, mais à l’extérieur, son corps ne réagissait pas, il était loin de lui, contrôlé par un autre. Baptiste, après quelques observations, comprit que Lionel était le chef d’orchestre de ce corps dans lequel lui se trouvait impuissant. Plusieurs personnes l’avaient salué sur son passage, confortant Baptiste dans son analyse et dans sa torpeur, après de très longues minutes, il dut se résoudre à l’impensable, il était prisonnier de son propre corps.

    L’effroi continua pendant de longues heures sans que Baptiste ne puisse se résigner à son terrible sort. Mais au cœur de cette horreur, il trouva peu à peu des lueurs d’espoir, il chercha à se rassurer quant à son sort. Même si tous ses points d’ancrage venaient de disparaître, il pouvait continuer à penser et à réfléchir, n’était-ce pas le plus important ? C’était étrange, car pour la première fois de son existence, il était extérieur au monde, comme un simple observateur de la situation dans laquelle il évoluait. C’était une impression terrifiante et fascinante, un mélange entre deux personnes dans un seul et même corps, une cohabitation subie, sans que son alter ego n’en soit conscient. C’est d’ailleurs ce qui le tourmentait le plus, car il n’avait aucun moyen de faire savoir à son utilisateur qu’il était coincé là, réveillé dans son corps occupé et utilisé par un autre.

    Lentement, Baptiste redevint maître de lui-même et décida d’accepter la situation. Il avait toujours su rester pragmatique et confiant

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