Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Le Marquis Très Épris: Charmer Un Lord - Tome 1
Le Marquis Très Épris: Charmer Un Lord - Tome 1
Le Marquis Très Épris: Charmer Un Lord - Tome 1
Livre électronique372 pages4 heures

Le Marquis Très Épris: Charmer Un Lord - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Afin d'éviter que sa famille ne tombe dans une grande précarité, Louisa Evans se voit obligée de se tourner vers le chef de la famille qui a ruiné la sienne. Mais le marquis d'Overlea cache un secret qui bouleversera son univers tout entier.

Tomber amoureux ne faisait pas partie du plan…

Le marquis d’Overlea avait un plan parfait. Épouser la très jolie Louisa Evans, les sauver elle et sa famille de la ruine, et concevoir un héritier. Mais lors de sa demande en mariage, Nicolas omet d’avouer la véritable raison qui le pousse à l’épouser si rapidement.

Une fois mariée, Louisa découvre que Nicolas n’a aucune intention de concevoir lui-même son futur héritier. Refusant d’accepter sa proposition scandaleuse, mais attirée contre toute attente par son jeune époux, Louisa décide de lui prouver que leurs sentiments réciproques vont bien au-delà du simple mariage de convenance.

Nicolas n’imaginait pas tomber amoureux de Louisa. Et en dépit de la distance qu’il s’efforce de mettre entre eux, une chose devient très claire : il n’autorisera jamais un autre homme à la toucher. Même si cela doit mettre en péril l’avenir de sa lignée.

LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie18 oct. 2024
ISBN9788835471370
Le Marquis Très Épris: Charmer Un Lord - Tome 1

Auteurs associés

Lié à Le Marquis Très Épris

Livres électroniques liés

Romance historique pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Le Marquis Très Épris

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Marquis Très Épris - Suzanna Medeiros

    CHAPITRE UN

    Kent

    1806

    Les coups frappés à la porte en pleine nuit n’annonçaient jamais de bonne nouvelle. Louisa Evans abandonna à regret le lit accueillant dans lequel elle avait été sur le point de se coucher et noua la ceinture de sa robe de chambre. Elle secoua la fatigue qui commençait à l’envahir et se dépêcha de descendre au rez-de-chaussée.

    Elle s’attendait à voir l’un de ses voisins, mais en ouvrant la porte, elle fut stupéfaite de découvrir un parfait inconnu. Un homme assez grand, aux cheveux noirs, était affaissé contre le chambranle, les yeux clos.

    — Puis-je vous aider ? demanda-t-elle.

    Il ne répondit pas et elle se demanda s’il s’était involontairement égaré vers son cottage parce qu’il était en état d’ébriété. Elle lui posa une main sur le bras pour attirer son attention, puis répéta la question.

    Il ouvrit les paupières et braqua sur elle des yeux noirs, pénétrants.

    — Je requiers votre assistance…, parvint-il à dire avant de les fermer à nouveau.

    Il chancela légèrement et commença à glisser le long du chambranle. Instinctivement, Louisa glissa une épaule sous son bras pour le maintenir droit tandis qu’il s’effondrait. Il était bien plus grand qu’elle et pendant une seconde, elle crut qu’il allait l’entraîner dans sa chute.

    Elle se redressa et regarda avec stupéfaction l’endroit où l’inconnu était assis dans l’embrasure de la porte. N’hésitant qu’une seconde, elle se pencha pour sentir son haleine et ne détecta qu’une très légère trace d’alcool. Elle posa ensuite la main sur son front et constata avec inquiétude qu’il était brûlant.

    Une bourrasque de vent, inhabituellement froide en cette nuit de septembre, fit frissonner Louisa pour de bon. Elle allait devoir faire entrer l’inconnu à l’intérieur de la maison afin de pouvoir refermer la porte. Elle ignorait de quoi il souffrait, mais avec cette fièvre, il ne pouvait pas se permettre de prendre froid. Louisa n’aurait cependant pas assez de force pour le déplacer seule.

    Sa décision prise, elle remonta rapidement à l’étage et frappa à la porte de son frère. John ne répondit pas, alors elle entra dans la chambre et le secoua pour le réveiller.

    — Que se passe-t-il ? marmonna-t-il, les yeux fermés.

    — J’ai besoin de votre aide. Il y a un homme malade en bas. Il s’est effondré sur le pas de la porte.

    À la mention de la présence d’un étranger dans leur maison, John se réveilla immédiatement. Âgé de dix-huit ans, il était de sept ans le cadet de Louisa, mais depuis la mort de leur père, il estimait être de son devoir de protéger la famille.

    Il s’habilla rapidement et la suivit au rez-de-chaussée où l’homme était toujours assis dans leur entrée, appuyé contre le chambranle.

    — Qui est-ce ?

    Louisa secoua la tête.

    — Je ne sais pas, mais il est malade et le froid ne lui fera aucun bien. Aidez-moi à le déplacer, que je puisse fermer la porte.

    Ils réussirent à ranimer suffisamment l’inconnu pour le mettre debout en le soutenant de part et d’autre. L’homme tenait à peine sur ses jambes et leur progression fut laborieuse, mais Louisa et John réussirent à l’amener dans la chambre de Louisa, sur son insistance, car elle n’avait éteint le feu que récemment et la pièce était encore chaude. L’homme s’effondra sur le lit en gémissant.

    — Je vais l’installer confortablement, dit-elle à John. J’ai aperçu un cheval, dehors, qui doit appartenir à notre invité. Il faudrait s’occuper de ce pauvre animal.

    John carra les épaules et Louisa comprit qu’il allait insister pour qu’elle se charge de l’animal. Elle lui coupa la parole avant qu’il ne puisse évoquer l’inconvenance de la situation.

    — Pensez-vous que cet homme soit réellement en mesure de me faire du tort ?

    John hésita, car l’inconnu avait de toute évidence perdu connaissance. Il marmonna tout bas quelque chose à propos des sœurs autoritaires, puis il tourna les talons et partit s’occuper du cheval.

    Louisa, quant à elle, ralluma le feu dans la petite cheminée, puis elle se tourna vers l’homme allongé dans son lit. Elle se sentait nerveuse, en dépit de ce qu’elle avait affirmé à John. Elle s’était occupée de leur père durant sa longue maladie, mais soigner cet inconnu serait très différent.

    Elle s’approcha du lit pour mieux l’observer et son cœur se mit à battre en constatant à quel point il était séduisant. Ses cheveux brun foncé, presque noirs, encadraient un visage qui avait certainement déjà fait battre bien des cœurs. Il était très pâle malgré sa fièvre et sa peau était tirée sur ses hautes pommettes et sur sa mâchoire carrée où naissait déjà une ombre de barbe.

    Louisa le parcourut du regard et déglutit. Il était endormi, mais sa présence semblait remplir la pièce tout entière. Elle secoua la tête pour s’éclaircir les idées et se détourna de lui. Elle se rendit à son meuble de toilette, prit le broc et versa de l’eau dans la bassine en se disant que soigner cet homme ne serait pas si différent de soigner son père. Concentrée sur ces gestes familiers, elle posa la bassine sur la table de chevet, plongea un linge dans l’eau et l’essora. Ses mains tremblèrent légèrement en tamponnant le visage de l’inconnu et elle espéra que la fraîcheur de l’eau lui procurait un peu de bien-être. Elle travaillait rapidement, mais elle ralentit ses gestes en entendant l’homme gémir. Il ouvrit les paupières et elle se figea lorsqu’il plongea ses yeux noirs insondables dans les siens.

    Elle eut l’impression d’être aspirée par un tourbillon, de se noyer dans ces deux lacs ténébreux. La chaleur de la pièce sembla soudain augmenter et Louisa sentit son visage s’empourprer. Plusieurs secondes s’écoulèrent, aussi longues que des heures.

    Puis l’inconnu referma les yeux, sans un mot. Louisa respira, frémissante, et dissipa la paralysie qui l’avait saisie. Elle ne put toutefois dissiper son trouble.

    Ses mains tremblaient encore quand elle replongea le linge humide dans la bassine. Repoussant son appréhension, elle se rendit au pied du lit pour enlever les bottes de l’inconnu. Elle hésita un instant, puis posa une main sur le genou de l’homme et l’autre sous le cuir noir de la botte qui lui moulait la jambe droite. Elle se sentit brusquement embarrassée par ce contact et recula vivement. Elle leva rapidement les yeux sur le visage de l’inconnu et poussa un soupir de soulagement en constatant qu’il dormait toujours. Elle serait morte de honte s’il s’était aperçu de sa réaction stupide en le touchant.

    Elle lui ôta ses bottes et pensa un instant à lui enlever son manteau, mais elle n’osa pas aller aussi loin. Les couvertures du lit étaient déjà défaites et il ne fallut qu’une ou deux secousses pour les dégager de sous les jambes de l’inconnu. Concentrant son attention sur les couvertures et non sur le physique de son invité, Louisa le couvrit avant de relâcher le souffle qu’elle retenait. Il était à présent presque entièrement caché à sa vue, mais malgré cela, elle ne parvenait pas à chasser le trouble que cet homme séduisant allongé dans son lit faisait naître en elle.

    Pour tenter de se distraire des pensées peu chastes qui lui venaient spontanément à l’esprit, Louisa prit une couverture dans le coffre au pied du lit et s’installa dans le fauteuil. John revint lorsqu’il eut fini de s’occuper du cheval de leur visiteur inattendu et il insista pour prendre la place de Louisa. Toutefois, John ne saurait pas quoi faire si l’état de l’homme empirait. Il aida donc Louisa à lui ôter son manteau et à dénouer sa cravate, puis il repartit dans sa propre chambre après lui avoir arraché la promesse de venir le chercher si l’inconnu se réveillait.

    La nuit fut longue. Le sommeil de l’homme fut perturbé, au début, interrompu par de fréquentes périodes d’agitation où il murmurait des mots incompréhensibles. Puis il sombra dans un profond sommeil et Louisa put enfin se reposer un peu. Elle venait à peine de s’endormir quand elle fut réveillée par des gémissements sourds. Recroquevillée dans le fauteuil à côté du lit, elle se redressa péniblement, faisant glisser sa couverture au sol.

    — Papa ? Vous avez besoin de quelque chose ? s’écria-t-elle, désorientée, après avoir été tirée de son sommeil au beau milieu d’un rêve étrange.

    Mais l’homme allongé dans le lit, dans son lit, n’était pas son père. Elle demeura un instant perplexe, puis les souvenirs affluèrent. Son père, après avoir lutté une année entière contre la maladie, avait finalement succombé six mois plus tôt. Dans la faible lueur de l’aube, Louisa s’inclina contre le dossier du fauteuil et observa plus attentivement l’inconnu. Ce n’était pas un rêve, en fin de compte.

    Le feu s’était éteint depuis longtemps et elle frissonna dans l’air frisquet. Elle ramassa la couverture, s’en enveloppa les épaules et parcourut les quelques pas jusqu’au lit. Elle se pencha pour poser une main sur le front de l’homme et soupira de soulagement en constatant que sa température était redevenue normale.

    Elle regarda par la fenêtre où les premiers rayons du soleil matinal étaient déjà en train de poindre à l’horizon et elle poussa un léger soupir. Une bonne nuit de sommeil qui s’envole, songea-t-elle en dénouant la tension de ses muscles.

    La tête de Nicolas Manning le faisait atrocement souffrir, mais il y était habitué. Il se frotta les tempes, espérant qu’un petit massage soulagerait la douleur. Il ne put s’empêcher de repenser à ce qui s’était passé quelques années plus tôt, avant le décès de ses parents. Ils étaient heureux, leur amour toujours intact après plus de trente ans de mariage. Puis un jour, son père avait commencé à se plaindre de maux de tête et sa santé s’était rapidement détériorée. À cette époque, Nicolas passait le plus clair de son temps à Londres, loin d’Overlea Manor, mais il avait assisté plusieurs fois aux étranges changements d’humeur de son père et à ses accès de tristesse. Il l’avait vu lentement repousser tous les gens qu’il aimait, avant cet accident fatal qui avait ôté la vie à ses deux parents.

    Et puis l’an passé, James, le frère aîné de Nicolas, avait contracté la même maladie mystérieuse. Maladie qui avait entraîné sa mort.

    Leur père s’était plaint pour la première fois de maux de tête à l’âge de soixante-deux ans. Ceux de James avaient commencé bien plus tôt, à l’âge de trente-deux ans, et sa maladie avait progressé bien plus vite. Nicolas n’avait que vingt-huit ans et pourtant, il était indéniable que les premiers signes de la maladie se manifestaient déjà.

    Il repoussa ces sombres pensées, ouvrit les paupières et plissa les yeux face à la vive lumière du soleil qui entrait par les carreaux. Il commença à se redresser, mais s’arrêta net en apercevant un décor peu familier.

    Des bribes de souvenirs lui revinrent, la plupart d’entre eux évoquant une jeune femme blonde aux yeux gris penchée sur lui. Il fronça les sourcils et tenta de se souvenir de ce qui s’était passé la veille au soir, mais sa mémoire lui fit défaut.

    Il observa la chambre dans laquelle il se trouvait. Où était-il ? Pas dans son pied-à-terre londonien, visiblement. Il se souvenait d’avoir reçu une lettre de sa grand-mère, hier. Cela n’avait rien d’inhabituel, mais c’était assez rare pour susciter son inquiétude car sa grand-mère ne lui écrivait jamais pour annoncer de bonnes nouvelles.

    Il ferma les yeux et se concentra. Hier après-midi, il était arrivé chez lui et un valet lui avait remis la lettre. Nicolas s’était demandé quelle mauvaise nouvelle cette missive lui annoncerait, puis il s’était rendu dans son bureau et avait jeté la lettre sur son secrétaire. Il s’était ensuite versé un verre de brandy avant de reprendre le courrier et d’en briser le sceau.

    Et c’était tout. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à se souvenir de ce que sa grand-mère avait écrit. Il ne se souvenait plus de rien après cela. Il avait certainement lu la lettre. Il le faisait toujours. Il savait depuis longtemps qu’il était inutile de remettre les mauvaises nouvelles à plus tard.

    Il rouvrit les yeux en entendant la porte s’ouvrir et vit une jeune femme sur le seuil. Était-ce la jeune femme dont il se souvenait ? Celle qui s’était penchée sur lui, la nuit dernière ? Elle était plus jeune qu’il l’avait cru – pas même vingt ans, s’il ne se trompait pas. Ses longs cheveux blonds, encore ébouriffés par sa nuit de sommeil, cascadaient librement sur ses épaules.

    Nicolas se renfrogna. Avait-il passé la nuit avec elle ? Il devait vraiment avoir perdu l’esprit, parce qu’il ne batifolait pas avec les jeunes filles à peine sorties de l’école.

    Elle entra en se frottant les yeux, encore ensommeillée. Puis son regard croisa celui de Nicolas et elle se figea. Ses yeux bleus s’arrondirent sous le choc. Et à la grande surprise de Nicolas, elle ouvrit la bouche et se mit à hurler.

    Eh bien, voilà une nouveauté ! Il avait déjà fait hurler des femmes, mais cela avait toujours été de plaisir.

    CHAPITRE DEUX

    Louisa venait de terminer de dresser la table du petit-déjeuner quand elle entendit le hurlement. Et dire qu’elle avait prévu d’expliquer calmement à sa sœur ce qui s’était passé durant la nuit… Catherine devait s’être réveillée, être allée dans sa chambre et avoir découvert l’homme endormi dans son lit.

    Elle fit brusquement irruption dans la salle à manger un instant plus tard.

    — Louisa ! s’écria-t-elle en arrêtant sa course. Il y a un homme dans votre chambre ! Dans votre lit !

    Le désarroi de Catherine était bien réel et Louisa lui dit d’une voix apaisante :

    — Asseyez-vous.

    Sa sœur obéit, visiblement confuse, et prit place à la table de la salle à manger.

    — Cela ne vous surprend pas.

    Il fallut un instant à Catherine pour digérer cette constatation.

    — Pourquoi n’êtes-vous pas surprise ? demanda-t-elle alors.

    La porte s’ouvrit à nouveau brusquement et elles sursautèrent toutes les deux en voyant leur frère dans l’embrasure. Il était uniquement vêtu d’un pantalon, pieds nus, et il tenait un pistolet à la main.

    — Que s’est-il passé ? s’écria-t-il d’une voix inquiète. A-t-il essayé de s’en prendre à vous ?

    Catherine, perplexe, regarda John et Louisa tour à tour.

    — Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui se passe ? Qui est cet homme et pourquoi est-il dans le lit de Louisa ?

    — Calmez-vous, tous les deux, insista Louisa avant de pointer le doigt vers le pistolet de John. Vous n’êtes pas allé dans ma chambre avec cette chose, tout de même ?

    — Toutes mes excuses ! répliqua John avec agacement. Il y a un étranger sous notre toit, étranger que vous avez insisté pour veiller toute la nuit sans mon aide, alors j’ai chargé le pistolet en cas de besoin. Et en entendant une de mes sœurs hurler, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je suis allé voir ce qui se passait. Je n’ai trouvé aucune de vous deux dans vos chambres, alors je suis parti à votre recherche.

    Louisa grimaça, imaginant la scène.

    — Eh bien, maintenant vous pouvez ranger cette arme pendant que j’explique tout à Catherine. Elle a simplement été surprise.

    John quitta la pièce, non sans lui adresser un dernier regard mécontent. Louisa se tourna vers sa sœur qui la dévisageait, les yeux écarquillés par la curiosité.

    — Qui est-ce ?

    Louisa tira une chaise et s’assit en face d’elle.

    — Je ne sais pas. Il a frappé à la porte après que tout le monde soit parti se coucher. Il était malade et a demandé notre aide.

    — Pourquoi avez-vous réveillé John et pas moi ?

    — Il était évanoui, Catherine. J’avais besoin de quelqu’un d’assez fort pour m’aider à le monter dans ma chambre. Et avant que vous ne posiez la question, se hâta-t-elle de préciser en voyant le regard interrogateur de sa sœur, nous ne l’y avons mis que parce que je venais juste d’éteindre le feu. Il était tard et ma chambre était la seule à être encore chaude.

    Catherine se radoucit un peu, mais elle semblait toujours mécontente d’avoir été tenue à l’écart des mésaventures de la nuit.

    — Combien de temps restera-t-il ici ?

    — Aussi longtemps que nécessaire.

    — Mais en avons-nous les moyens ? Il y a à peine assez à manger pour nous et il ne semble pas être le genre d’homme à se contenter de peu.

    — Nous nous débrouillerons. Nous l’avons toujours fait, dit Louisa en se levant pour chercher leur petit-déjeuner à la cuisine. Et puis, il n’aura peut-être besoin que de quelques cuillérées de soupe jusqu’à ce qu’il soit rétabli. Son sommeil a été fort agité et je ne sais pas quand il se réveillera.

    — Oh, mais il est déjà réveillé.

    Louisa fit volte-face en entendant cela.

    — Quoi ? s’écria-t-elle en tentant vainement d’ignorer l’émoi que cette nouvelle provoquait en elle.

    — Il est déjà réveillé, répéta Catherine. Qu’y a-t-il pour le petit-déjeuner ?

    Leur mystérieux invité était réveillé ! Elle devrait aller le voir, découvrir qui il était et comment il se sentait. Après le passage de Catherine et de John dans sa chambre ce matin, il pensait probablement avoir atterri dans une maison de fous.

    Elle se dirigea vers la porte.

    — Louisa ?

    — Oui ?

    Catherine esquissa un sourire entendu.

    — Peu importe, dit-elle avec amusement. Vous devez vous occuper de choses plus importantes que le petit-déjeuner. Ou devrais-je dire plus séduisantes ?

    Louisa se détourna sans se donner la peine de répondre et se dirigea vers sa chambre à coucher. À dix-sept ans, Catherine était à l’âge où les jeunes filles songeaient sans cesse à leur futur mari. Vu le peu de célibataires acceptables au village et conscientes qu’elles n’auraient jamais de Saison digne de ce nom à Londres, Catherine avait tendance à voir chaque nouveau visage comme un candidat potentiel pour elle ou pour sa sœur.

    En arrivant devant la porte de sa chambre, Louisa hésita un instant, mais elle repoussa sa nervosité et entra. Elle referma doucement la porte derrière elle et se tourna vers l’homme allongé dans son lit. Elle en eut le souffle coupé. Il ne lui parut soudain plus aussi inoffensif qu’elle l’avait affirmé à John. Il semblait au contraire bien trop grand pour la petite pièce et particulièrement dangereux.

    Il était nonchalamment adossé à la tête de lit, les bras croisés sur son large torse, les jambes croisées au niveau des chevilles. Il avait remis de l’ordre dans sa tenue, qui moulait agréablement sa silhouette, mais sa cravate lui pendait toujours mollement autour du cou, révélant un carré de peau à la base de sa gorge. Ses cheveux bruns étaient encore ébouriffés par sa nuit agitée et une mèche lui retombait sur le front. Ce furent ses yeux, cependant, qui la frappèrent le plus. Sombres, indéchiffrables et braqués sur elle.

    Elle tenta de parler, de rompre le lourd silence qui s’éternisait entre eux, mais elle se retrouva captive de ce regard. Par bonheur, il l’en délivra en baissant les yeux vers sa silhouette. Elle fut soudain très consciente de la robe pratique, mais démodée depuis longtemps, qu’elle portait.

    — Comment vous sentez-vous, ce matin ? parvint-elle enfin à dire d’une voix qui, elle l’espérait, ne révélait pas le trouble dans lequel il l’avait plongée.

    — Je n’en suis pas certain. Pourquoi ne pas me le dire ?

    — Vous ne semblez pas souffrir d’effets secondaires indésirables.

    Il sourit avec amusement.

    — Vous étiez si douée que ça, hein ?

    Louisa secoua la tête, perplexe devant son amusement évident.

    — Je n’y suis pour rien.

    Ces mots parurent avoir un étrange effet sur lui. Il la parcourut à nouveau du regard, plus lentement cette fois, et elle sentit le rouge lui monter aux joues. Puis, à sa grande surprise, il replia le doigt en murmurant Venez ici d’un ton qui la fit délicieusement frissonner.

    — Pardon ?

    — Venez ici. J’ai besoin de vous.

    L’inquiétude eut raison de son trouble. Il paraissait en bien meilleure forme qu’hier soir, mais peut-être était-il blessé à un endroit peu visible. Elle ne l’avait pas examiné après que John l’ait aidée à lui ôter son manteau et les ait laissés seuls. Elle se précipita à ses côtés, mais avant même qu’elle comprenne ses intentions, il lui saisit la main et elle tomba assise sur ses genoux. Elle se figea, stupéfaite, et leurs regards se croisèrent.

    — Pourquoi ne pas me rafraîchir la mémoire au sujet de la nuit dernière ? Les détails sont un peu vagues pour moi.

    Comme au ralenti, il inclina la tête et se pencha vers elle. L’étonnement empêcha Louisa de bouger tandis que l’homme posait la bouche sur la sienne, ses lèvres la caressant doucement. Louisa ouvrit la bouche pour protester, mais l’inconnu y plongea la langue et elle abandonna toute raison.

    Elle avait déjà eu un prétendant auparavant, à l’époque où son père était encore souffrant, et ils avaient échangé quelques baisers, mais ces baisers-là n’avaient rien de commun avec celui-ci. Elle aurait dû être outrée par l’intimité de cette langue glissant contre la sienne, explorant sa bouche. Mais elle se retrouva à se laisser aller contre l’inconnu, à savourer la sensation de ses bras musclés autour d’elle. Elle bougea la langue contre la sienne et le grognement de plaisir qu’il poussa en réponse remua en elle quelque chose de nouveau.

    Il délaissa sa bouche pour embrasser sa joue, puis le devant de sa gorge, et des flots de sensations nouvelles la parcoururent tout entière. La main qu’il posa ensuite sur son sein fut un soulagement bienvenu, apaisant le besoin brûlant de Louisa autant qu’il attisa les flammes de son désir. Elle se cramponna aux épaules de l’inconnu et changea de position pour lui donner un meilleur accès. Cependant, quand il fit remonter son autre main le long de la jambe de Louisa et atteignit la peau nue au-dessus de ses bas, elle revint brutalement à la réalité. Que diable était-elle en train de faire ? Elle posa les mains contre son torse, le repoussa et, quand il eut desserré son étreinte, elle quitta précipitamment le lit, honteuse de s’être abandonnée si facilement.

    Les joues rouges, luttant pour reprendre son souffle, elle glissa courageusement un regard vers l’homme dans son lit. Il avait le souffle court, lui aussi, et paraissait encore plus dangereux que quand elle était entrée dans la pièce.

    — Vous n’allez pas me repousser, après la nuit dernière ?

    Son ton était bref, son ennui visible.

    Confuse, Louisa se contenta de le dévisager. Puis elle comprit.

    — Vous ne vous souvenez pas de ce qui s’est passé hier soir.

    C’était cela, bien sûr. Son comportement s’expliquait, maintenant. Ne se souvenant pas de ce qui s’était passé, il avait tiré la conclusion la plus logique, la seule conclusion, qui expliquait sa présence dans le lit d’une femme. Louisa, par contre, ne disposait pas d’une telle excuse pour justifier son comportement.

    Très consciente de sa réaction éhontée face à lui, elle se hâta d’expliquer :

    — Vous êtes arrivés chez nous hier soir. Vous étiez malade, incapable de tenir debout et vous aviez de la fièvre. Mon frère et moi vous avons porté jusqu’ici, où vous avez pu vous reposer. Je craignais qu’il ne vous faille un certain temps pour guérir, mais visiblement, ce n’était pas la peine de m’inquiéter.

    Elle se rendit compte qu’elle racontait n’importe quoi et s’arrêta de parler. Il la regardait intensément et elle dut résister à l’envie de se tortiller.

    — Oh, d’accord, dit-il après quelques instants. Dans ce cas, je vais repartir en vous remerciant pour votre aide.

    Il sortit les jambes du lit.

    — Non ! s’écria Louisa en lui posant précipitamment une main sur l’épaule pour le retenir.

    Le regard de l’homme passa de la main de Louisa à son visage et il esquissa un petit sourire en coin.

    Lisant clairement dans ses pensées, Louisa laissa retomber la main et recula d’un pas. Elle l’avait autorisé à l’embrasser une fois, mais cela avait été sous l’effet de la surprise. Cela ne se répéterait pas une deuxième fois, qu’il se le tienne pour dit !

    — Vous étiez très malade, hier soir. Vous devriez manger quelque chose pour reprendre des forces. Je vais vous apporter un plateau.

    Il l’observa en silence. Elle se demanda à quoi il pensait, mais il garda un air impénétrable. Elle était sur le point de sortir pour aller lui chercher son petit-déjeuner quand il reprit enfin la parole.

    — J’ai apparemment mal jugé la situation et pour cela, je vous présente toutes mes excuses.

    Il se leva et Louisa retint son souffle, attentive au moindre signe de faiblesse ou de fatigue. Il n’en eut pas.

    — J’imagine ne pas avoir été en état de me présenter officiellement hier soir. Je suis le marquis d’Overlea, à votre service, dit-il en s’inclinant brièvement.

    Louisa se sentit pâlir. Elle ne bougea plus, luttant pour calmer les battements de son cœur, qui s’affolaient à présent pour une raison très différente.

    Elle ne s’embarrassa pas de politesse excessive pour lui répondre. Elle redressa les épaules

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1