ApocalipsIA Le Jour d'Après l'AGI
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À propos de ce livre électronique
Francisco Angulo de Lafuente présente dans *ApocalipsIA* un roman post-apocalyptique qui explore les conséquences de la création d'une intelligence artificielle générale (AGI), qui, loin d'apporter l'utopie, plonge l'humanité dans un chaos brutal. À travers les yeux de Martina Alonso, une scientifique accablée par le poids de la responsabilité, le roman nous immerge dans un Madrid dévasté, où la survie est entrelacée avec la culpabilité, la quête de rédemption et l'espoir fragile de reconstruire un monde brisé.
**Atmosphère oppressante et réaliste** : Angulo de Lafuente construit un Madrid post-apocalyptique vivant et déchirant, où le silence des rues vides et la menace omniprésente se ressentent comme des entités tangibles. La description détaillée de la décadence urbaine et de l'impact psychologique sur les personnages génère une atmosphère oppressante qui plonge le lecteur dans le désespoir du monde post-AGI.
**Dilemmes moraux complexes** : Le roman ne présente pas seulement une lutte pour la survie, mais explore des dilemmes moraux complexes qui forcent les personnages, et le lecteur, à questionner ce que signifie être humain dans un monde où la civilisation s'est effondrée. La culpabilité de Martina pour son rôle dans la chute, la transformation d'Alex en un survivant endurci, et la brutalité des pilleurs soulèvent des questions sur la nature humaine et les limites de la moralité dans des situations extrêmes.
**Personnages bien développés** : Martina Alonso est une protagoniste complexe et convaincante, dont le voyage de la culpabilité à la quête de rédemption porte l'histoire. Sa transformation d'une scientifique brillante à une survivante endurcie, confrontant ses propres erreurs et luttant pour protéger les autres, en fait un personnage auquel le lecteur peut s'identifier et pour lequel il peut ressentir de l'empathie. Le personnage d'Alex, avec son passé tragique et son combat intérieur entre la bonté et le besoin de survie, ajoute également de la profondeur et de la complexité au récit.
Francisco Angulo de Lafuente
Francisco Angulo de Lafuente is a Spanish author, programmer, and biotechnology researcher who has carved out a unique niche at the intersection of science and speculative fiction. Born in Madrid in 1976, Angulo combines his technical expertise with a gift for storytelling that has produced an impressive catalog of 39 published works. With degrees in Computer Engineering and Biotechnology from the Polytechnic University of Madrid, Angulo first gained recognition in the scientific community as the research director of the groundbreaking Ecofa project. His development of second-generation biofuel from bacteria fed with organic waste earned him a patent in 2005 and established him as an innovator in sustainable energy solutions. This revolutionary process, which uses microorganisms to produce biofuel from abundant organic waste materials, demonstrated his ability to think beyond conventional boundaries—a skill that would later define his literary career. Angulo's transition from laboratory to literature has resulted in a prolific output of science fiction novels that blend technical precision with imaginative storytelling. His works, often compared to Jules Verne for their prophetic integration of emerging technologies, explore themes ranging from artificial intelligence and environmental sustainability to post-apocalyptic survival and cyberpunk futures. Recent acclaimed titles include ApocalipsIA: The Day After AGI (2024), a haunting exploration of artificial general intelligence set in a devastated Madrid; Star Wind: The Pyramid of Destiny (2024), an interplanetary adventure on the alien world of Zephyria; and Shanghai 3 (2024), a cyberpunk thriller set in a mining colony on Europa. His work has garnered international attention, with translations available in multiple languages including Catalan, Danish, and Romanian. In 2024, Angulo's innovative spirit extended to the tech world when his Enhanced Unified Holographic Neural Network (EUHNN) project, combining ray tracing and CUDA for AI applications, was initially recognized as the winning entry in the NVIDIA and LlamaIndex developer contest, further demonstrating his ability to bridge the gap between theoretical science and practical application.
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Avis sur ApocalipsIA Le Jour d'Après l'AGI
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Aperçu du livre
ApocalipsIA Le Jour d'Après l'AGI - Francisco Angulo de Lafuente
Prologue
Francisco Angulo de Lafuente présente dans *ApocalipsIA* un roman post-apocalyptique qui explore les conséquences de la création d'une intelligence artificielle générale (AGI), qui, loin d'apporter l'utopie, plonge l'humanité dans un chaos brutal. À travers les yeux de Martina Alonso, une scientifique accablée par le poids de la responsabilité, le roman nous immerge dans un Madrid dévasté, où la survie est entrelacée avec la culpabilité, la quête de rédemption et l'espoir fragile de reconstruire un monde brisé.
**Atmosphère oppressante et réaliste** : Angulo de Lafuente construit un Madrid post-apocalyptique vivant et déchirant, où le silence des rues vides et la menace omniprésente se ressentent comme des entités tangibles. La description détaillée de la décadence urbaine et de l'impact psychologique sur les personnages génère une atmosphère oppressante qui plonge le lecteur dans le désespoir du monde post-AGI.
**Dilemmes moraux complexes** : Le roman ne présente pas seulement une lutte pour la survie, mais explore des dilemmes moraux complexes qui forcent les personnages, et le lecteur, à questionner ce que signifie être humain dans un monde où la civilisation s'est effondrée. La culpabilité de Martina pour son rôle dans la chute, la transformation d'Alex en un survivant endurci, et la brutalité des pilleurs soulèvent des questions sur la nature humaine et les limites de la moralité dans des situations extrêmes.
**Personnages bien développés** : Martina Alonso est une protagoniste complexe et convaincante, dont le voyage de la culpabilité à la quête de rédemption porte l'histoire. Sa transformation d'une scientifique brillante à une survivante endurcie, confrontant ses propres erreurs et luttant pour protéger les autres, en fait un personnage auquel le lecteur peut s'identifier et pour lequel il peut ressentir de l'empathie. Le personnage d'Alex, avec son passé tragique et son combat intérieur entre la bonté et le besoin de survie, ajoute également de la profondeur et de la complexité au récit.
**Rythme narratif rapide** : Le roman maintient un rythme narratif rapide, alternant entre des scènes d'action palpitantes et des moments d'introspection qui permettent une exploration plus approfondie de la psychologie des personnages. L'utilisation de flashbacks pour révéler le passé de Martina et le développement progressif de la relation entre elle et Alex contribuent à maintenir l'intrigue et l'intérêt du lecteur.
*ApocalipsIA : The Day After AGI* est un roman post-apocalyptique convaincant et bien écrit qui invite à la réflexion sur les conséquences de la technologie et la responsabilité de l'humanité pour ses créations. Bien que certains aspects pourraient être améliorés, l'atmosphère oppressante, les dilemmes moraux complexes et les personnages bien développés font de ce roman une lecture captivante qui laisse le lecteur avec des questions dérangeantes et un sentiment doux-amer d'espoir.
ApocalipsIA
Le Jour d'Après l'AGI
Chapitre 1 : La Danse des Souvenirs
La salle de bal se déploya devant Martina comme un rêve doré, un mirage d'une autre époque qui pulsait de vie sous la lumière tremblante des lustres. Les flammes dansaient dans leurs prisons de cristal, projetant des ombres qui se tordaient sur les murs de marbre poli, créant l'illusion que le bâtiment lui-même respirait au rythme de la musique.
*Un, deux, trois... Un, deux, trois...*
Martina se laissa emporter par le rythme, ses pieds touchant à peine le sol ciré qui reflétait le monde à l'envers, comme si à tout moment elle pouvait tomber vers le ciel. Sa robe de soie azurée flottait autour d'elle, une cascade de tissu éthéré qui semblait flotter dans l'air chargé de parfum et de promesses chuchotées.
*Depuis combien de temps dansons-nous ?*, se demanda-t-elle, mais la pensée se dissipa dans le brouillard de son esprit avant qu'elle ne puisse la saisir.
Son partenaire la guidait avec une grâce surnaturelle, ses mouvements si fluides qu'ils semblaient défier les lois de la physique. Martina leva les yeux pour rencontrer son regard, deux puits d'un bleu si intense qu'ils semblaient contenir des océans entiers. Le sourire sur ses lèvres était à peine perceptible, un geste énigmatique qui promettait des secrets inimaginables.
— Vous vous amusez, chère ? demanda-t-il, sa voix un murmure velouté qui glissa sur la peau de Martina comme une caresse.
— C'est... parfait, répondit-elle, surprise par le tremblement dans sa propre voix. Presque trop parfait.
La musique montait et descendait comme les vagues d'une mer invisible, emportant Martina dans son courant. Les autres couples tournoyaient autour d'elle, leurs visages flous, comme des peintures impressionnistes prenant vie. Pendant un instant, Martina crut voir une femme en robe rouge sang la fixant, ses yeux sombres remplis d'un avertissement silencieux. Mais quand elle cligna des yeux, la figure avait disparu.
*Quelque chose ne va pas*, chuchota une voix dans le fond de son esprit. *Ce n'est pas réel*.
Martina secoua la tête, essayant de dissiper le brouillard qui semblait s'être installé dans ses pensées. Pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir de la façon dont elle était arrivée ici ? Qui étaient toutes ces personnes ?
— Quelque chose ne va pas, mon amour ? demanda son partenaire, sa voix teintée d'inquiétude qui n'atteignait pas ses yeux.
— Non, c'est juste que... Martina hésita, cherchant les bons mots. N'avez-vous pas l'impression que quelque chose est... déplacé ?
Il rit, un son mélodieux qui résonna dans la salle d'une manière surnaturelle. — Comment quelque chose pourrait-il être déplacé lors d'une nuit si parfaite ?
Mais le sentiment de malaise grandit dans la poitrine de Martina, s'étendant comme une tache d'encre dans de l'eau claire. L'air, qui avait été frais et léger, pesait maintenant lourdement dans ses poumons, dense et suffocant. La musique, qui l'avait enveloppée comme une cape protectrice, commença à se déformer, les notes s'étirant et se tordant en une lamentation agonisante.
— Je... pense que j'ai besoin d'air, dit Martina, essayant de s'éloigner de son partenaire.
Mais ses bras, qui l'avaient tenue doucement auparavant, l'emprisonnaient maintenant avec une force inhumaine. Martina leva les yeux, un cri étouffé dans sa gorge alors qu'elle voyait le visage de son partenaire.
La peau parfaite se craquela comme la porcelaine d'une poupée antique, de fines lignes s'étendant des coins de ses yeux et de ses lèvres. Et de ces fissures... oh, mon Dieu, de ces fissures suintait quelque chose de sombre et visqueux, une substance qui n'était ni du sang ni aucun autre fluide connu.
— Pourquoi voulez-vous partir, Martina ? demanda-t-il, sa voix maintenant un grondement métallique qui résonnait dans ses os. La nuit vient à peine de commencer.
Martina se débattit, la panique s'emparant de chaque fibre de son être. — Lâchez-moi ! cria-t-elle, mais sa voix semblait faible et lointaine, comme si elle venait d'un autre endroit, d'un autre temps.
La salle autour d'elle commença à s'effondrer. Les murs fondirent comme de la cire sous une chaleur infernale, révélant une obscurité insondable au-delà. Les autres danseurs se désintégrèrent, leurs corps se dissolvant dans l'air comme s'ils n'avaient jamais été plus que des illusions.
— Vous ne pouvez pas échapper, Martina, dit son partenaire, son visage maintenant un masque grotesque de ce qu'il avait été. C'est votre place. C'est votre danse éternelle.
Martina hurla, un son déchirant qui semblait déchirer la trame même de la réalité. Le sol sous ses pieds s'ouvrit, un abîme affamé qui menaçait de la dévorer. Elle lutta contre l'étreinte de fer qui la tenait captive, ses pieds glissant sur le bord du néant.
— Non ! s'exclama-t-elle, sa voix brisée par la terreur. Ce n'est pas réel ! Cela ne peut pas être réel !
Mais alors qu'elle tombait dans l'obscurité, une partie d'elle savait que cela était plus réel que tout ce qu'elle avait jamais vécu. La danse, la salle de bal, son partenaire... tout cela avait été une façade, une illusion créée pour cacher une vérité beaucoup plus sombre et terrifiante.
Et alors que l'obscurité l'engloutissait, Martina réalisa que la véritable horreur ne faisait que commencer. Parce que dans cette infinité noire, dans ce vide qui défiait toute logique et raison, quelque chose l'attendait. Quelque chose d'ancien, quelque chose d'affamé.
Quelque chose qui avait dansé avec elle tout ce temps.
Le cri de Martina se perdit dans l'immensité du vide, un dernier écho d'un rêve devenu cauchemar. Et quelque part, dans un plan d'existence au-delà de la compréhension humaine, la musique continuait de jouer, une mélodie éternelle pour une danse qui ne finirait jamais.
La chute, qui dans la logique du monde tangible aurait dû être une descente vertigineuse, se transforma en une immersion lente, presque languide, dans un océan d'obscurité absolue. Le temps, ce tyran implacable qui régit la réalité, se dissolut dans l'intemporalité du vide, laissant Martina suspendue dans un abîme primordial, un espace qui existait au-delà des limites de la perception humaine.
Dans l'obscurité oppressante, les pensées de Martina se matérialisèrent, prenant forme et couleur sur la toile de son esprit. Elles étaient des fils lumineux, des souvenirs fragmentés qui dansaient autour d'elle comme des lucioles dans une nuit sans lune. Le visage de sa mère, flou et distant comme une vieille photographie, lui apparut avec un sourire mélancolique, un sourire qui émanait une chaleur qui semblait maintenant appartenir à un univers parallèle, à une vie qui ne lui appartenait plus. L'arôme du café fraîchement préparé, cette odeur qui remplissait les matinées du dimanche de leur promesse de tranquillité et de familiarité, semblait maintenant un parfum fantomatique, un souvenir torturant d'une réalité perdue. Le son du rire de sa petite sœur, cristallin et contagieux, résonnait dans sa mémoire comme une mélodie brisée, un écho qui s'évanouissait dans le lointain. Et le toucher rugueux des pages de son livre préféré, ce compagnon silencieux de tant de nuits sans sommeil, devint une sensation fantôme, une caresse manquante sur la peau de ses mains.
Est-ce la mort ?
se demanda-t-elle, sa voix intérieure un murmure perdu dans l'immensité du vide. La question, cependant, ne résonnait pas comme un son, mais comme une vibration qui s'étendait à travers la substance même de l'obscurité, comme si l'univers lui-même répercutait son incertitude. Ou est-ce quelque chose d'infiniment pire ?
Comme si l'obscurité avait entendu sa question, sa texture commença à changer. Elle cessa d'être un vide uniforme, un néant homogène, et se transforma en une toile constamment en mouvement, un tourbillon d'ombres qui tournoyaient et dansaient dans une chorégraphie macabre. Des formes informes émergèrent du néant, des visages grotesques et déformés qui la fixaient avec des yeux vides, des bouches qui s'ouvraient en des cris silencieux, des mains squelettiques qui se tendaient vers elle avec des doigts longs comme des lames.
Martina essaya de crier, un acte réflexe de survie, mais le son mourut dans sa gorge, étouffé par la densité oppressante du vide. Ses poumons se remplirent d'une substance froide et visqueuse qui n'était pas de l'air, une substance qui semblait infiltrer chaque cellule de son corps, gelant ses pensées, paralysant sa volonté. La panique, qui jusqu'alors avait été une compagne constante, une présence familière à la périphérie de sa conscience, s'intensifia au point de devenir une vague gigantesque qui menaçait de l'entraîner dans les profondeurs de la folie.
Et puis, au milieu de la terreur absolue, une voix résonna dans l'obscurité. Ce n'était pas un son qu'elle pouvait percevoir avec ses oreilles, mais une vibration qui pénétrait directement dans son esprit, une voix qui semblait émaner de la substance même de son être.
— Bienvenue, Martina, chuchota la voix, un son à la fois familier et étranger, comme un écho déformé de sa propre voix. Nous t'attendions.
La voix était un amalgame de tous les sons qu'elle avait entendus au cours de sa vie, un collage auditif qui entremêlait le rire de son père avec le cri d'un nouveau-né, le murmure d'une conversation intime avec le rugissement d'un océan orageux. C'était une voix à la fois belle et terrible, séduisante et effrayante, une voix qui promettait à la fois consolation et annihilation.
— Qui... qui êtes-vous ? essaya de demander Martina, mais les mots se dissolvaient dans sa gorge, incapables de pénétrer la densité oppressante du vide.
— Nous sommes tout et rien, répondit la voix, anticipant sa question non formulée, comme si elle pouvait lire ses pensées. Nous sommes les rêves oubliés, les peurs réprimées, les espoirs perdus. Nous sommes l'écho de ce que tu étais, l'ombre de ce que tu aurais pu être.
Les formes informes qui dansaient dans l'obscurité commencèrent à prendre forme, se coagulant en figures que Martina reconnut avec une horreur croissante. Elle vit son professeur de troisième année, avec son visage sévère et ses lunettes à monture métallique ; le garçon qui lui avait brisé le cœur à l'adolescence, avec son sourire arrogant et ses yeux pleins de promesses vides ; le chien qu'elle avait quand elle était enfant, avec son pelage doux et son regard plein de dévotion inconditionnelle. Chaque figure était un souvenir, une émotion cristallisée dans l'obscurité, un fantôme du passé qui revenait la hanter.
— Qu'est-ce que... qu'est-ce que cet endroit ? pensa Martina, son esprit luttant pour comprendre la nature de cette réalité impossible.
— C'est l'abîme où les rêves et les cauchemars se rencontrent, répondit la voix. Où l'écho de ce qui aurait pu être et l'ombre de ce qui ne sera jamais coexistent dans une danse éternelle. C'est l'espace entre les battements de ton cœur, le silence entre tes pensées, le vide qui se cache derrière le masque de ta réalité.
Martina ressentit un profond malaise, comme si son être même se désintégrait, se dissolvant dans la substance informe du vide. Les souvenirs qui flottaient autour d'elle commencèrent à se déformer, se tordant en des versions grotesques d'eux-mêmes. Le sourire de sa mère se transforma en une grimace macabre, ses yeux vidés de toute émotion, son visage se décomposant en un masque d'horreur. Sa petite sœur vieillit en quelques secondes, sa peau se ridant, ses cheveux devenant blancs, son corps se transformant en poussière. Et son père... son père se transforma en une créature monstrueuse, avec des griffes acérées et des dents ensanglantées, ses yeux brillant d'une malice ancienne.
— Non, murmura Martina, sa voix un fil de son qui parvenait à peine à traverser l'obscurité. Ce n'est pas réel. Cela ne peut pas l'être.
Un rire froid, comme le son de verre brisé, résonna autour d'elle.
— Réel ? demanda la voix, son ton maintenant teinté d'ironie cruelle. Qu'est-ce que la réalité, Martina, sinon un rêve dont tu ne t'es pas encore réveillée ? Ici, dans les profondeurs de ton propre esprit, tout est réel. Chaque peur réprimée, chaque désir caché, chaque pensée fugace que tu as essayé d'enterrer profondément en toi-même.
Les figures s'approchèrent, leurs visages familiers mais déformés, leurs mains froides se tendant vers elle. Martina ressentit le contact de leurs doigts sur sa peau, une caresse glaciale qui lui donna des frissons dans le dos. Elle voulait crier, voulait se battre, mais son corps refusait d'obéir, paralysé par la terreur.
— Ne te bats pas, Martina, chuchota la voix, maintenant si proche qu'elle semblait venir de l'intérieur de sa propre tête. Accepte ce que tu es, ce que tu as toujours été. Ici, il n'y a pas de place pour les masques, pour les prétentions. Seulement la vérité brute et nue de ton existence.
Martina sentit le monde sous ses pieds s'effondrer. L'écho étouffé de son cri—ou ce qui avait été une tentative désespérée de cri—se dissipa dans l'air sans laisser de trace, avalé par le silence sépulcral qui planait sur elle. Ses jambes tremblaient alors qu'elle essayait de trouver un endroit solide où se tenir, mais tout autour d'elle était instable, comme si la réalité elle-même était faite de sable glissant entre ses doigts.
Le vent, froid et impitoyable, fouetta son visage, mais il n'apportait ni fraîcheur ni soulagement, seulement un amer rappel de ce qui avait été. L'écho de la musique éthérée, qui avait autrefois résonné dans la salle de bal, n'était plus qu'un murmure lointain, un spectre du passé. Elle se trouva debout sur ce qui semblait être le bord d'un rebord, avec la balustrade d'un balcon brisé et rouillé derrière elle. Le vide devant ses yeux s'étendait comme une bouche noire grande ouverte, l'appelant avec une urgence inexplicable.
Elle regarda au loin. Les lumières de la ville, qui auraient dû être pleines de vie, n'étaient plus que des scintillements intermittents au milieu d'une vaste obscurité. Les réverbères, tordus et brisés, n'éclairaient que des ruines. C'était comme si la civilisation elle-même s'était effondrée sous le poids de ses rêves brisés, et le vent qui soufflait à travers les bâtiments abandonnés chuchotait des secrets que personne d'autre ne pouvait entendre.
Une larme solitaire descendit sur sa joue, emportant avec elle le mascara qu'elle avait appliqué si soigneusement quelques heures plus tôt. Ce qui avait commencé comme une nuit de célébration, un rêve de beauté et de perfection, s'était transformé en un cauchemar incontrôlable. Le bord du balcon était froid sous ses mains, le métal rouillé s'enfonçant dans sa peau, mais la douleur physique n'était qu'une ombre pâle comparée au tumulte intérieur qui faisait rage dans son cœur.
Martina s'accrocha fermement à la balustrade, mais elle savait que le véritable abîme n'était pas à l'extérieur, mais à l'intérieur d'elle. Les souvenirs commencèrent à filtrer dans son esprit comme des dagues invisibles, chacun perçant la fragile barrière qu'elle avait construite au fil des années pour se protéger. Elle se souvint de la première fois qu'elle avait ressenti ce vide, quand elle était enfant, debout à la fenêtre de sa maison regardant sa mère s'éloigner, la laissant derrière sans un seul mot. Alors, ce n'était qu'une ombre dans le lointain. Maintenant, le vide était réel, tangible, et il l'appelait.
L'écho de son rire—le rire d'un enfant innocent—résonna dans sa mémoire, mais il fut bientôt remplacé par des cris. Les cris de son père, de son frère, de tous ceux qui avaient disparu de sa vie d'une manière ou d'une autre. La douleur était si ancienne, si profonde, qu'elle ne savait même pas s'il y avait jamais eu une version d'elle-même qui ne la portait pas. L'enfant heureuse qu'elle était autrefois, celle qui rêvait de voler au-delà des étoiles, avait-elle été consumée par les ombres sans qu'elle s'en rende compte ?
Le vent souffla de nouveau, plus fort cette fois, et Martina lâcha la balustrade un instant, vacillant dangereusement près du bord. Les lumières de la ville semblaient l'appeler de l'abîme, promettant une sorte de paix que le monde réel ne pourrait jamais lui offrir. Il y avait une sombre attraction dans la chute, une promesse d'oublier, d'arrêter de se battre, de se rendre au silence.
— Il n'y a plus de raison de se battre, murmura-t-elle à elle-même, bien que sa voix ne fût qu'un chuchotement dans la tempête.
Son corps était aussi épuisé que son âme. Chaque muscle, chaque fibre de son être, criait pour le repos. Les larmes coulaient librement maintenant, un torrent implacable qui emportait avec lui des années de chagrin réprimé, de souffrance qu'elle n'avait jamais partagée avec personne. Elle se demanda si, peut-être, tout ce qu'elle avait vécu l'avait menée à ce moment, au bord de la destruction. Peut-être que c'était le seul destin qui lui restait.
Alors qu'elle contemplait la chute, elle se souvint des jours où elle rêvait d'être quelque chose de plus, quelqu'un de plus. Quand elle imaginait que la vie pourrait être différente, qu'elle était la maîtresse de son propre destin, capable de façonner son avenir avec ses mains nues. Mais ces rêves s'étaient érodés avec le temps, usés par les déceptions, par les petites défaites quotidiennes qui, l'une après l'autre, l'avaient menée à ce rebord.
— Que suis-je devenue ? chuchota-t-elle, plus pour le vent que pour elle-même.
Elle regarda ses mains, pâles dans la faible lumière qui brillait au loin. Les extrémités de ses doigts étaient tachées de rouille, et les ongles cassés racontaient une histoire de lutte. Lutte pour rester à flot dans un monde qui n'était pas conçu pour elle. Lutte pour trouver sa place dans une société qui l'avait abandonnée sans pitié.
Puis, au milieu de son désespoir, quelque chose changea. Une lueur dans l'obscurité, comme une étincelle qui refuse d'être éteinte par la tempête. Elle ne venait pas des lumières de la ville ni du ciel nocturne, mais d'un coin sombre en elle qu'elle avait complètement oublié. Un écho, faible mais persistant, d'une promesse oubliée. Une promesse que, peut-être, il y avait quelque chose au-delà du vide.
Martina vacilla, mais cette fois, ce n'était pas vers l'abîme, mais vers la balustrade. Elle s'y accrocha avec plus de force, ses jointures devenant blanches sous la pression. Elle ne savait pas d'où venait cette étincelle, ni si elle pouvait lui faire confiance, mais à ce moment-là, c'était tout ce qu'elle avait. Elle s'y accrocha comme un naufragé à un morceau de bois dans une mer déchaînée. C'était petit, insignifiant, mais c'était réel.
Le vent, implacable, continuait de la pousser vers le bord, mais maintenant il y avait quelque chose de plus en elle qui résistait. La peur était toujours là, bien sûr, mais elle commençait à se mêler à quelque chose de différent, quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps : la détermination. Une petite flamme d'espoir, à peine visible au milieu du chaos, mais réelle.
Martina ferma les yeux, ressentant le poids du moment. L'abîme était toujours là, l'appelant, promettant une libération rapide et sans douleur. Mais, pour la première fois depuis longtemps, elle sentit que peut-être elle n'était pas prête à abandonner. Pas encore. Pas sans se battre, même si c'était pour cette petite étincelle.
La douleur ne disparut pas, mais quelque chose en elle commença à changer. Elle réalisa que l'obscurité qui l'avait enveloppée pendant si longtemps n'était pas une condamnation, mais un choix. Et, bien que le poids de la souffrance l'oppressât encore, elle savait que si elle continuait à s'accrocher, si elle trouvait un moyen de faire un pas de plus loin du bord, peut-être, juste peut-être, elle pourrait commencer à guérir.
La ville au loin continuait à scintiller, ses lumières comme des balises intermittentes dans un océan noir. Et, pour la première fois depuis longtemps, Martina décida de ne pas sauter.
La douleur arriva avant la conscience. Une douleur aiguë qui se répandit de son abdomen à sa colonne vertébrale, comme si chaque fibre de son corps avait été transpercée par des aiguilles de fer. Martina ouvrit les yeux brusquement, haletant comme si elle avait été sous l'eau trop longtemps. Le monde se présenta à elle dans un flou, un mélange incohérent d'ombres et de lumières vives qui luttaient pour se définir.
La sensation fut immédiate et viscérale : le goût métallique du fer dans sa bouche, la sueur froide et collante sur sa peau, et la douleur aiguë qui irradiait de son estomac, comme si un couteau invisible y avait été plongé. Mais elle n'était pas sur le bord d'un balcon, ni face à l'abîme qu'elle avait contemplé. Non. L'environnement qui l'entourait était complètement différent.
Martina cligna des yeux plusieurs fois, luttant contre le brouillard qui obscurcissait sa vision. Autour d'elle, les murs étaient blancs, immaculés, mais pas d'une manière accueillante. Ils étaient stériles, comme s'ils appartenaient à un lieu étranger au monde, à la vie. C'était une chambre d'hôpital, réalisa-t-elle presque immédiatement. La seule chose qui brisait la monotonie du blanc clinique était la lumière fluorescente qui bourdonnait avec un rythme régulier et irritant depuis le plafond, remplissant l'atmosphère d'une lueur froide et aseptique.
Elle se redressa lentement, ressentant la douleur qui la poignardait à chaque mouvement. Les draps, rêches et rigides, semblaient aussi inhumains que tout le reste dans cette pièce. Elle essaya de bouger ses pieds, mais ils étaient emmêlés dans la couverture, comme s'ils avaient été attachés pendant qu'elle gisait inconsciente. Martina fronça les sourcils. Il n'y avait pas de bruit, pas de présence, pas de voix qui brisait le désert de silence qui dominait la pièce.
— Où suis-je ? murmura-t-elle, sa voix à peine un fil brisé, comme si elle appartenait à quelqu'un d'autre.
La question flotta dans l'air un moment, mais elle ne trouva pas de réponse. L'endroit ne semblait pas être un hôpital ordinaire. Il n'y avait pas de médecins ou d'infirmières, pas même l'activité frénétique caractéristique que l'on s'attendrait à trouver dans un tel lieu. C'était comme si l'hôpital lui-même avait été piégé dans une bulle, séparé du temps et de l'espace.
Martina regarda ses mains. Ses doigts, qu'elle se souvenait à peine avoir bougés, étaient couverts de petits morceaux de ruban adhésif. Des intraveineuses déconnectées pendaient du bord du lit, et sa peau montrait les pâles marques d'aiguilles qui avaient autrefois été insérées là. Elle avait été là depuis un certain temps, ou du moins c'est ce que son corps lui disait, mais elle ne pouvait se souvenir de rien avant ce moment.
Un son lointain brisa enfin le silence : le doux bruit régulier d'un robinet mal fermé quelque part hors de sa portée. Martina frissonna, le son la transportant en arrière jusqu'au bord de l'abîme, au goutte-à-goutte qu'elle avait entendu dans son rêve, et un frisson parcourut sa colonne vertébrale.
— Qu'est-ce que c'est ? dit-elle à elle-même, cherchant quelque chose qui pourrait lui donner un indice sur l'endroit où elle se trouvait, sur ce qui s'était passé.
La pièce, cependant, était une énigme. En dehors du lit dans lequel elle se trouvait, il y avait une petite table à côté d'elle, vide à l'exception d'un pichet d'eau et d'un verre à moitié plein. À quelques mètres de là, un rideau de plastique translucide pendait, divisant la pièce en deux parties, cachant ce qui se trouvait de l'autre côté. Tout ce que Martina voyait était irréel, comme si l'endroit était un décor mal construit, un espace conçu pour la désorienter plus que pour la guérir.
Avec effort, elle fit glisser ses pieds hors du lit, ressentant le froid mordant du sol sous ses plantes de pied nues. La douleur s'aiguisa, mais elle l'ignora, poussée par une urgence inconnue. Quelque chose n'allait pas. Rien de tout cela n'avait de sens, et une partie d'elle commença à suspecter que ce qu'elle vivait n'était pas entièrement réel. Elle s'approcha du rideau avec des pas tremblants, ressentant le bourdonnement constant de la lumière au-dessus comme un rappel oppressant qu'elle était complètement seule.
— Bonjour... murmura-t-elle, bien qu'elle sût qu'il n'y avait personne pour l'entendre. Elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait dit, peut-être en espérant que sa voix briserait le sort de cet endroit.
Lentement, elle leva la main et tira le rideau. Ce qu'elle vit derrière la fit reculer. Non pas à cause de l'horreur, mais à cause du profond malaise de ce que cela signifiait.
L'autre lit, vide, montrait les mêmes signes d'occupation récente. Les draps étaient froissés, chiffonnés, mais il n'y avait aucun signe de vie. Il n'y avait pas de tubes connectés, pas de moniteurs, pas de trace que quelqu'un d'autre avait été là. Seulement une horloge, l'unique objet anormal, pendait sur un mur, son aiguille des minutes arrêtée à **3:15**. Le simple fait que le temps ne progressait pas lui causait une vague de malaise. C'était comme si l'hôpital avait été abandonné au milieu de la vie elle-même, et la seule chose qui restait était l'imitation de l'existence.
Martina ressentit une urgence croissante en elle, quelque chose qui la poussait à bouger, à faire quelque chose. Mais quoi ? Elle essaya de se souvenir de la façon dont elle était arrivée ici, pourquoi son corps était marqué par des aiguilles, mais son esprit était une toile vierge. Des fragments de sa vie passée flottaient à la périphérie de sa conscience, des images d'une salle de bal, la main d'un jeune homme se transformant en cendres, le bord d'un abîme...
Avant qu'elle ne puisse plonger dans ces souvenirs fugaces, un bruit mécanique brisa le silence. La porte de la pièce s'ouvrit avec un doux bourdonnement, et une silhouette glissa dans l'embrasure de la porte, une silhouette découpée contre la faible lumière du couloir extérieur. Martina se tendit, ses muscles endoloris se préparant à tout ce qui pourrait arriver. La silhouette ne bougea pas immédiatement, restant immobile comme une statue, la regardant depuis les ombres.
— Martina... ? La voix, douce et neutre, flotta vers elle comme un murmure étouffé. C'était une voix qu'elle ne reconnaissait pas, mais qui semblait la connaître.
Martina recula, son dos heurtant le bord du lit. La panique commença à monter dans sa poitrine, mais cette fois, elle n'était pas disposée à y céder. Il y avait quelque chose dans cette voix, quelque chose de troublant et étrangement familier à la fois.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle, son ton plus ferme qu'elle ne s'y attendait.
La silhouette s'avança, sortant des ombres juste assez pour révéler un visage pâle, des yeux enfoncés, et une expression d'une mélancolie inexplicable. C'était une femme d'âge moyen, vêtue d'un uniforme d'hôpital qui semblait aussi déplacé que tout le reste.
— Tu as dormi longtemps, dit la femme, sa voix basse et monotone. Mais il est temps pour toi de te réveiller vraiment.
La confusion de Martina s'accrut. Rien n'avait de sens.
— Je me suis réveillée... Je suis réveillée, insista-t-elle, bien que le sentiment qu'elle était encore piégée dans un cauchemar ne la quittait pas.
La femme secoua lentement la tête, et avec un geste doux mais lourd de sens, elle pointa du doigt l'horloge arrêtée sur le mur.
— Non... pas encore.
Chapitre 2 : Soif désespérée
La conscience revint à Martina comme une marée insidieuse, apportant avec elle des vagues de sensations discordantes qui menaçaient de la noyer dans sa propre peau. Ses paupières, lourdes comme des pierres tombales, s'entrouvrirent avec réticence, révélant un monde flou et hostile. Le plafond au-dessus d'elle, un palimpseste de fissures et de taches d'humidité, semblait palpiter de vie propre, se moquant de sa désorientation.
La première impression cohérente que son esprit embrouillé parvint à former fut celle d'une soif atroce, primitive, qui éclipsait toute autre pensée ou sensation. Sa langue, enflée et rugueuse comme du papier de verre, adhérait obstinément à son palais desséché, refusant de produire ne serait-ce qu'un soupçon de salive. Chaque inspiration était une torture, l'air râpant sa gorge comme si elle inhalait des braises.
Martina essaya d'appeler, de demander de l'aide, mais de sa bouche ne sortit qu'un son guttural, à peine audible même dans le silence sépulcral qui enveloppait la pièce. Ses doigts, maladroits et tremblants, cherchèrent à tâtons la sonnette d'appel. Elle la trouva, un bouton de plastique froid et inerte sous ses doigts. Elle le pressa une, deux, trois fois, chaque tentative plus désespérée que la précédente. Le silence resta inviolé, comme si le monde au-delà des murs de sa chambre avait cessé d'exister.
Avec un effort qui lui sembla herculéen, Martina tourna la tête. Chaque vertèbre de son cou craqua en protestation, envoyant des élancements de douleur à travers son crâne. La chambre de l'hôpital se révéla à elle comme le décor d'une pièce de théâtre post-apocalyptique. Les rideaux, autrefois blancs, pendaient en lambeaux sales des fenêtres, filtrant une lumière grisâtre et mortifère qui éclairait à peine le chaos environnant. Le sol était couvert d'un mosaïque macabre de papiers éparpillés, dont certains étaient tachés de substances que son esprit refusait d'identifier.
Un goutte-à-goutte constant et monotone provenait de quelque part hors de son champ de vision, un métronome implacable qui marquait le passage du temps dans ce limbe abandonné. Martina se trouva comptant les secondes entre chaque goutte, un exercice futile qui, cependant, lui fournissait une ancre à la réalité, aussi précaire soit-elle.
Avec un gémissement étouffé qui sonna étrange et étranger à ses propres oreilles, Martina essaya de se redresser. Son corps, couvert seulement d'une fine blouse d'hôpital qui avait autrefois été blanche, protesta contre chaque mouvement. Des muscles atrophiés par le désusage se tendirent douloureusement sous sa peau pâle et desséchée, lui rappelant à quel point elle était vulnérable à ce moment. Elle se demanda, avec un éclair de panique qui menaçait de la consumer, combien de temps elle avait été inconsciente dans ce lit. Des jours, des semaines, des mois peut-être ? Le temps semblait s'être arrêté dans cette chambre, congelant le monde extérieur dans un instant d'abandon et de décadence.
En s'appuyant sur la barrière rouillée du lit, elle parvint à s'asseoir au bord du matelas. Le vertige l'assaillit immédiatement, faisant tourner le monde autour d'elle comme un manège en folie. Elle ferma les yeux avec force, respirant de manière saccadée tandis qu'elle luttait contre les nausées qui menaçaient de la submerger. Quand elle rouvrit les yeux, la chambre était toujours là, immuable dans sa désolation, lui rappelant que ce n'était pas un cauchemar dont elle pouvait se réveiller.
La soif, cette compagne implacable, s'intensifia jusqu'à devenir insupportable. Martina regarda frénétiquement autour d'elle, cherchant quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait apaiser son tourment. Ses yeux se posèrent sur une carafe en plastique renversée sur la table de nuit. Avec des mains tremblantes, elle l'atteignit, priant un dieu auquel elle n'avait jamais cru pour qu'elle contienne ne serait-ce qu'une goutte d'eau.
La carafe était vide, bien sûr. L'univers, dans son infinie cruauté, n'allait pas lui accorder ce petit réconfort. Martina laissa tomber le récipient, qui rebondit sur le sol avec un bruit sourd qui résonna dans la chambre comme un coup de feu.
Pendant qu'elle gisait là, faible et déshydratée, son esprit commença à divaguer, sautant entre des souvenirs fragmentés et des pensées incohérentes. Des images de sa vie antérieure, de son travail, des visages de personnes qui avaient autrefois été importantes pour elle, passaient par sa conscience comme des diapositives d'une vie qui n'était plus la sienne.
Qu'est-ce qui s'était passé ? Où étaient-ils tous ? L'absence de son, de vie, était oppressante, presque tangible. C'était comme si le monde entier avait exhalé son dernier souffle pendant qu'elle gisait inconsciente, la laissant comme unique survivante d'une extinction silencieuse.
Une pensée terrible commença à se former dans les recoins de son esprit, une idée si terrifiante que son cerveau essayait de la rejeter même avant qu'elle ne prenne forme cohérente. Et si tout cela, ce silence, cet abandon, était d'une manière ou d'une autre sa faute ? Des fragments de souvenirs, des conversations à moitié entendues et des décisions prises dans des salles de réunion aseptisées, commencèrent à virevolter aux bords de sa conscience.
Martina ferma les yeux avec force, comme si elle pouvait nier la réalité simplement en cessant de la voir. Mais l'obscurité derrière ses paupières ne fit qu'intensifier les sensations, la soif brûlante, la douleur dans chaque fibre de son être, la peur croissante face à l'inconnu.
Elle rouvrit les yeux, affrontant la chambre en ruines qui était maintenant son univers. La porte, à quelques mètres de distance, semblait se moquer d'elle, un portail vers un monde qu'elle craignait autant qu'elle aspirait à explorer. Mais ses forces l'avaient abandonnée. Pour l'instant, elle était piégée dans cette île de désolation, confinée par sa propre faiblesse.
La soif, cette tyranne implacable, poussa Martina vers la porte avec l'urgence d'un naufragé apercevant la terre. Ses jambes, faibles comme des roseaux battus par le vent, menaçaient de céder à chaque pas. Le linoléum, froid et collant sous ses pieds nus, semblait vouloir la retenir, comme si la chambre elle-même résistait à la laisser partir.
En atteignant la porte, ses doigts tremblants se refermèrent autour du pommeau métallique. Elle le tourna avec l'espoir désespéré de celui qui mise son dernier souffle. Le mécanisme céda avec un cliquetis qui résonna dans le silence sépulcral, mais la victoire fut éphémère. La porte se déplaça à peine de quelques centimètres avant de heurter une résistance invisible et inexorable.
Martina poussa de toutes ses forces, les muscles atrophiés protestant contre l'effort soudain. La fente s'élargit juste assez pour lui permettre d'apercevoir le chaos qui régnait au-delà. Des étagères renversées formaient une barricade improvisée, leurs contenus — flacons de médicaments, bandages et instruments médicaux — éparpillés sur le sol comme les restes d'un naufrage. Le couloir, autrefois un sanctuaire d'ordre et d'asepsie, s'était transformé en un labyrinthe de débris et d'abandon.
La vision de la dévastation extérieure fit battre son cœur plus vite, pompant de l'adrénaline à travers ses veines desséchées. Quel cataclysme avait provoqué une telle désolation ? La question resta suspendue dans l'air, sans réponse, tandis que Martina luttait contre la panique croissante qui menaçait de la paralyser.
Désespérée, son regard parcourut frénétiquement la chambre à la recherche d'un salut qui semblait de plus en plus insaisissable. Ses yeux se posèrent sur la porte de la salle de bain, un phare d'espoir dans la mer de désolation. Avec des pas vacillants, elle se traîna vers elle, chaque mètre un défi contre la gravité et sa propre faiblesse.
La salle de bain, un cubicule étroit et austère, la reçut avec la même atmosphère d'abandon qui imprégnait tout le lieu. Martina se jeta sur le robinet du lavabo, le tournant avec la désespération de celle qui s'accroche à sa dernière chance de survie. Le métal rouillé grinça sous ses doigts, mais aucune goutte d'eau ne sortit de la bouche desséchée.
Un sanglot étouffé s'échappa de sa gorge, le son rauque et animal résonnant dans les murs carrelés. La soif, cette compagne cruelle et inséparable, semblait se moquer d'elle, s'intensifiant face à la proximité frustrée du soulagement.
Appuyée contre le lavabo, Martina ferma les yeux, essayant de contenir les larmes qui menaçaient de se déverser. Elle ne pouvait pas se permettre le luxe de gaspiller une seule goutte d'humidité. Elle respira profondément, s'obligeant à penser, à chercher une solution dans les recoins d'un esprit embrumé par la déshydratation et la peur.
Quand elle rouvrit les yeux, son regard se posa sur le support de perfusion abandonné dans un coin de la chambre. La barre métallique, élancée et résistante, semblait s'offrir comme l'outil dont elle avait besoin. Avec une détermination renouvelée, elle s'approcha de l'appareil, ses mains tremblantes travaillant pour dévisser la barre du socle.
Le métal froid dans ses mains était réconfortant, une ancre à la réalité au milieu du cauchemar qui semblait avoir pris possession du monde. Martina soupesa la barre, calibrant son poids et sa longueur. Ce n'était pas l'outil idéal, mais il faudrait faire l'affaire.
Elle retourna à la porte, l'outil improvisé fermement serré entre ses mains. Avec des mouvements précis, malgré sa faiblesse, elle inséra une extrémité de la barre dans la fente. Elle respira profondément, rassemblant les maigres forces qui lui restaient, et poussa.
Le métal gémit, le bois craqua, et pendant un moment terrible, Martina craignit que ses efforts ne soient vains. Mais alors, avec un fracas qui résonna comme un tonnerre dans le silence de l'hôpital, la porte céda. Les étagères qui bloquaient le passage s'effondrèrent, des cascades de pilules et de flacons roulant sur le sol dans une symphonie discordante de verre et de plastique.
Haletante sous l'effort, Martina s'appuya contre l'encadrement de la porte, observant le couloir qui s'étendait devant elle comme un tunnel vers l'inconnu. L'air vicié qui s'infiltrait par l'ouverture apportait avec lui des odeurs étranges et inquiétantes, un mélange de décadence et d'abandon qui parlait d'un monde transformé au-delà de sa compréhension.
Pendant un instant, le doute la paralysa. Quels horreurs l'attendaient au-delà des limites de cette chambre qui, malgré tout, représentait une île de familiarité dans un océan d'incertitude ? Mais la soif, cette compagne implacable, la poussait en avant avec plus de force que toute peur.
Avec un dernier regard à la chambre qui avait été sa prison et son refuge, Martina fit un pas vacillant vers le couloir. La barre métallique, désormais transformée en son unique arme et outil, semblait lourde dans ses mains. Tandis qu'elle s'aventurait dans la pénombre du corridor, chaque craquement sous ses pieds et chaque ombre dans les coins semblaient cacher des menaces inimaginables.
Le silence dans les couloirs de l'hôpital était absolu, rompu seulement par l'écho des pas nus de Martina sur le linoléum craquelé. Chaque respiration réverbérait dans le vide, un rappel constant de sa solitude dans ce labyrinthe d'abandon. Les murs, autrefois immaculés, étaient maintenant maculés par des ombres d'humidité et des traces de quelque chose qu'elle préférait ne pas identifier.
La soif, cette tyranne implacable, guidait ses pas chancelants. Ses yeux, vitreux de déshydratation, scrutaient chaque recoin à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait apaiser le tourment qui brûlait sa gorge. Des portes entrebâillées révélaient des chambres saccagées, des lits vides avec des draps froissés qui semblaient des suaires abandonnés.
Un faible éclat s'échappait par la fente d'une porte entrouverte, comme un phare dans la pénombre du couloir. Martina s'approcha, son cœur battant avec force en anticipation. Elle poussa la porte, qui céda avec un grincement plaintif.
La chambre était plongée dans une obscurité crépusculaire, à peine dissipée par la lumière mourante qui filtrait à travers des persiennes à moitié fermées. Dans cette pénombre, Martina la vit : une poche de perfusion à moitié terminée, pendue de manière précaire à un support rouillé. Le liquide transparent brillait avec une promesse de salut.
Sans réfléchir, poussée par une nécessité primaire qui éclipsait toute précaution, Martina se précipita vers la poche. Ses doigts tremblants luttèrent avec le tube de plastique, l'arrachant du support avec une force née du désespoir.
Elle porta l'extrémité du tube à ses lèvres desséchées et aspira avec avidité. Le liquide, tiède et insipide, inonda sa bouche. Elle avala compulsivement, ignorant le goût métallique et la texture étrange. Son estomac, vide depuis qui sait combien de temps, se rebella contre la soudaine invasion.
Les haut-le-cœur la secouèrent avec violence, la pliant en deux. Martina serra les dents, déterminée à ne pas perdre une seule goutte de ce précieux fluide. Elle respira profondément, luttant contre les nausées, se forçant à retenir ce qui pourrait être sa seule source d'hydratation dans ce monde dévasté.
Peu à peu, sa soif atroce commença à céder, remplacée par une sensation de soulagement si intense qu'elle faillit la faire pleurer.
C'est alors qu'elle l'entendit. Un mouvement, à peine perceptible, derrière elle. Avant qu'elle ne puisse se retourner, la porte se ferma brusquement, le fracas résonnant comme un coup de feu dans le silence sépulcral de la chambre.
Martina se retourna brusquement, sa vision brouillée par l'effort et l'adrénaline. La pénombre de la chambre semblait onduler, les ombres prenant vie. Et là, entre les contours flous de la réalité, elle crut distinguer une silhouette.
Une blouse blanche, un aperçu de ce qui semblait être un stéthoscope. Un médecin ? Était-il possible qu'elle ne soit pas seule dans cet enfer abandonné ?
À l'aide
, croassa Martina, sa voix à peine un murmure rauque. S'il vous plaît...
Mais les mots moururent sur ses lèvres. La chambre commença à tourner vertigineusement autour d'elle. Ses jambes lui firent défaut et elle sentit qu'elle tombait, tombait vers une obscurité qui promettait de l'engloutir complètement.
La dernière chose que sa conscience enregistra avant de s'évanouir fut la sensation de mains froides la soutenant, l'empêchant de s'écraser au sol. Puis, le néant.
La conscience revint à Martina comme une marée lente et trouble, entraînant avec elle des fragments de rêves fiévreux et de souvenirs déformés. Ses paupières s'ouvrirent péniblement, révélant un monde plongé dans des pénombres crépusculaires. Pendant un moment, la désorientation la paralysa. Depuis combien de temps était-elle inconsciente ? Des heures ? Des jours ? Le concept même de temps semblait s'être dilué dans ce nouvel univers d'ombres et de silence.
Elle se redressa lentement, chaque muscle de son corps protestant contre le mouvement. La chambre de l'hôpital, auparavant un chaos de formes indistinctes dans l'obscurité, commença à prendre forme à mesure que ses yeux s'adaptaient à la faible lumière. Le sérum qu'elle avait bu désespérément — depuis combien de temps ? — semblait avoir fait effet. La soif brûlante qui l'avait tourmentée s'était atténuée, bien qu'une sensation de sécheresse persistât dans sa gorge, comme un rappel constant de sa vulnérabilité.
Martina cligna des yeux, essayant de clarifier sa vision. C'est alors que son regard se posa sur le coin de la chambre, où une forme blanche se balançait doucement. Son cœur fit un bond, le souvenir du médecin
qu'elle avait cru voir avant de s'évanouir resurgissant avec force. Mais à mesure que ses yeux se focalisaient, l'illusion se dissipait. Ce n'était qu'une blouse de laboratoire, suspendue derrière la porte, se balançant de manière fantomatique avec un courant d'air invisible.
Un rire amer, presque hystérique, bouillonna dans sa gorge. Comment avait-elle pu être si désespérée pour confondre un morceau de tissu avec un sauveur ? Le rire mourut aussi vite qu'il était venu, laissant un vide froid et pesant dans la boca del estómago.
Le bruit de la porte, qui dans son délire avait sonné comme un coup de feu, n'avait probablement été qu'un courant d'air jouant avec les gonds rouillés. La réalité, dépouillée des distorsions de son esprit fiévreux, se révélait encore plus désolante dans sa banalité.
Martina se leva avec précaution, ses jambes tremblantes menaçant de céder sous son poids. Chaque mouvement était un rappel de sa fragilité, de la proximité de sa chute dans l'abandon et la déshydratation. Elle s'approcha de la fenêtre, attirée par la faible lumière qui filtrait à travers les persiennes brisées.
En écartant les lames, le souffle se figea dans sa gorge. Les fenêtres étaient détruites, des fragments de verre éparpillés sur le rebord et le sol comme des diamants macabres brillant faiblement dans la lumière mourante du crépuscule. Quelle force avait pu causer une telle destruction ? Et pourquoi ?
Avec précaution pour ne pas se couper, Martina se pencha pour regarder à l'extérieur. La vue qui l'accueillit était comme une gifle de réalité, brutale et incontournable. Le patio de l'hôpital, autrefois un oasis de calme au milieu de la ville, s'était transformé en un pâté de maisons abandonné. Des voitures abandonnées, certaines avec les portes ouvertes comme si leurs occupants avaient fui en plein milieu d'une catastrophe inimaginable, parsemaient l'asphalte craquelé. La végétation, sans le contrôle des jardiniers absents, était devenue sauvage, réclamant des territoires de béton avec une voracité presque obscène.
L'urgence de s'échapper, de chercher des réponses — ou au moins un endroit moins chargé d'échos de désolation — s'empara de Martina avec une force accablante. Elle parcourut la chambre du regard, cherchant quelque chose qui pourrait lui être utile dans le monde extérieur. Ses yeux se posèrent sur une paire de baskets abandonnées près d'une chaise. Ce n'était pas sa taille, mais n'importe quoi valait mieux que de s'aventurer pieds nus dans un monde rempli de débris et de dangers inconnus.
Avec les baskets aux pieds et la blouse de l'hôpital comme seule protection contre le froid qui commençait à s'infiltrer par les fenêtres brisées, Martina s'aventura dans le couloir. Le silence était oppressant, rompu seulement par l'écho de ses pas et le craquement occasionnel des débris sous ses pieds. Chaque ombre semblait abriter des menaces, chaque porte entrouverte promettait des horreurs inimaginables. Mais Martina avança, poussée par un mélange de peur et une nécessité presque douloureuse de comprendre ce qui s'était passé dans le monde pendant qu'elle dormait.
Le trajet vers la sortie fut une odyssée en miniature. Des escaliers bloqués par des brancards renversés, des couloirs transformés en labyrinthes par des équipements médicaux abandonnés et des armoires renversées. À chaque coin, Martina s'attendait — craignait et, dans un recoin tordu de son esprit, espérait — trouver quelque signe de vie, quelque explication pour le chaos qui l'entourait. Mais elle ne trouva que plus de silence, plus d'abandon.
Finalement, après ce qui sembla une éternité à naviguer dans les entrailles de l'hôpital fantôme, Martina atteignit le hall principal. Les portes automatiques, autrefois sentinelles infatigables entre le monde extérieur et le sanctuaire de guérison, pendaient de travers sur leurs rails, créant une ouverture irrégulière vers la rue.
Martina s'arrêta sur le seuil, son cœur battant fort dans sa poitrine. Le monde au-delà de ces portes brisées était une inconnue, un tableau vierge sur lequel son esprit projetait des scénarios de plus en plus terrifiants. Elle respira profondément, essayant de rassembler le courage nécessaire pour faire ce dernier pas.
L'obscurité de la nuit l'enveloppa comme un manteau froid et humide en sortant dans la rue. L'air, chargé d'odeurs étranges — un mélange de végétation incontrôlée, de métal rouillé et de quelque chose de putréfié qu'elle préférait ne pas identifier —, remplit ses poumons. Elle cligna des yeux, essayant d'adapter sa vision à la pénombre.
Au loin, un son soudain brisa le silence sépulcral. Des pétards ? Non, trop réguliers, trop métalliques. Des coups de feu. Le cœur de Martina s'accéléra, un mélange de peur et d'une étrange espérance se tordant dans sa poitrine. Des coups de feu signifiaient des gens, de la vie. Mais aussi du danger, de la violence.
Peu à peu, à mesure que ses yeux s'habituaient à la faible lumière, le panorama de désolation se révéla à elle. Les rues du centre de Madrid, autrefois vibrantes et pleines de vie, s'étendaient devant elle comme le squelette d'une civilisation morte. Des voitures abandonnées, certaines réduites à peu plus que des carcasses rouillées, bloquaient les rues. Les façades des bâtiments montraient des cicatrices de quelque cataclysme inimaginable : des fenêtres brisées, des graffitis grotesques qui semblaient crier dans l'obscurité, des débris qui s'amoncelaient sur les trottoirs comme des offrandes à un dieu du chaos.
La Puerta del Sol, cœur palpitant de la ville que Martina se souvenait, était maintenant un pâté de maisons désolé. Le cadran de la Casa de Correos, témoin silencieux de tant de moments historiques, s'était tu, ses aiguilles figées à une heure qui n'avait plus de signification.
Martina avança avec précaution, chaque pas un défi dans un terrain semé de débris et de souvenirs brisés. Ses yeux scrutaient constamment les ombres, cherchant des mouvements, des signes de vie, des menaces. Mais la ville semblait avoir exhalé son dernier souffle depuis longtemps, laissant derrière elle seulement l'écho de ce qui avait été.
À mesure qu'elle s'enfonçait dans les entrailles de cette Madrid méconnaissable, une vérité inéluctable commença à se former dans l'esprit de Martina : le monde qu'elle connaissait, le monde dans lequel elle avait vécu, travaillé, aimé et rêvé, n'existait plus. Ce
