La Fausse fiancée du lord débauché: Les Secrets des ducs, #2
Par Mariah Stone
()
À propos de ce livre électronique
C'est un lord puissant. Un célèbre dévergondé. Il se voit forcé de faire semblant de se fiancer à une femme timide… et de cette supercherie naît un amour véritable.
Lord Richard Seaton ferait n'importe quoi pour trouver son frère disparu — même affronter lord Thorne Blackmore, un criminel. Le prix que demande Thorne en échange des informations qu'il possède ? Un prix que le cœur blessé de Richard a juré de ne jamais payer : le mariage. Et ce n'est pas à l'une des splendides débutantes qui lui courent après qu'il doit s'unir, mais à la sœur de Thorne : Jane, un bas-bleu.
Rejetée par la haute société à cause de son frère scandaleux, Mlle Jane Grant dirige une école qui sauve les enfants de Whitechapel de la potence. Ne voulant pas abandonner ses élèves pour un mariage, la seule solution qui s'offre à elle est de faire semblant de se fiancer. Jane propose de dénicher les informations dont Richard a besoin avant le mariage. Mais ils doivent garder leur accord secret afin de ne pas mettre la famille de Richard en danger et de ne pas devoir affronter la colère de Thorne.
Bravant la société pour convaincre les aristocrates de leur amour, Richard protège Jane des matrones qui s'empressent de la juger. Lors de soirées et de bals élégants, Jane échange ses robes grises pour de la soie aux couleurs vives et se transforme en la lady qu'elle était destinée à devenir.
Bientôt, le dévergondé réformé tombe sous le charme de la femme timide… et dans son lit.
Mais quand Thorne découvre la supercherie, Richard survivra-t-il pour épouser la fausse fiancée qui est devenue son véritable amour ?
Tous les tomes de la série Les Secrets des ducs :
0 – Vendue au duc (préquel)
1 – La Belle et le Duc
2 – La Fausse fiancée du lord débauché
3 – Le Duc de convenance
4 – Le Pari du lord vaurien
4,5 – La Seconde chance du duc (nouvelle de Noël)
Chaque livre peut être lu indépendamment et dans n'importe quel ordre. Fin heureuse garantie !
Autres titres de la série La Fausse fiancée du lord débauché ( 4 )
Vendue au duc: Les Secrets des ducs, #0 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Belle et le Duc: Une romance historique avec un mariage de convenance: Les Secrets des ducs, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Fausse fiancée du lord débauché: Les Secrets des ducs, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Duc de convenance: Les Secrets des ducs, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
En savoir plus sur Mariah Stone
Lié à La Fausse fiancée du lord débauché
Titres dans cette série (4)
Vendue au duc: Les Secrets des ducs, #0 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Belle et le Duc: Une romance historique avec un mariage de convenance: Les Secrets des ducs, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Fausse fiancée du lord débauché: Les Secrets des ducs, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Duc de convenance: Les Secrets des ducs, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Livres électroniques liés
Comment épouser un Highlander: Manuels à l'usage des dames et demoiselles, #4 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa tristesse du Baron: Chevaliers, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe voyage de Lucy P. Simmons Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa maison des furies Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Petite brodeuse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJane Eyre: adaptation théâtrale par Imago des Framboisiers Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Amour résout tout Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCourageuse Reina Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Hauts de Hurle-vent Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJane Eyre: Un roman gothique sur l'indépendance féminine et la critique sociale par Charlotte Brontë Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn chuchotement de mort Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOrgueil et Préjugés: - Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa mariée écarlate Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Triomphe du Mouron rouge Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJane Eyre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Yeux du cœur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Maîtres de l'orage - Tome 3 : Partie 2: La Voix de l’Égrégore - Partie 2 : L'Apocalypse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRumeurs dans les Highlands: roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMagali Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Amour sinon rien Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn don du ciel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Manoir du bonheur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes aventures extraordinaires de Jules Quatrenoix - Livre 1: La malédiction de Datura Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnge Rebelle: Voeux De Noël Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNouveaux mystères et aventures Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe Feu Et De Flammes: Une Romance Au Temps De La Régence Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Secrets d'Escondida: Roman d'aventures jeunesse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne rose pour Almira Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCœur en bémol Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Fabrique de crimes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Romance royale pour vous
J'ai l'intention d'être le partenaire idéal d'un tyran Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn Noël Scandaleux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSon Maître Royal: Dompte-Moi, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNe Jamais Ignorer Une Femme Timide Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNoces de minuit: Une Romance Historique Georgienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Parc de Mansfield Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa solitude du Duc: Chevaliers, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSon Parfait Hellion Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon Vicomte Pour Toujours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Dame du Scandale: FICTION / Romance / Régence Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDuchesse d’automne: Une Romance Historique Georgienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComte De Darby: Il Était Une Veuve - Tome 4 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Romancière et le Comte: Plus Forte que l'Épée, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComte De Sunderland: Il Était Une Veuve - Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationConfessions D'Une Canaille: Bas-Bleus Contre Canailles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEnchantée par le comte: Amour légendaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn Baiser Malicieux: Prologue Les Bas-Bleus Défient Les Voyous Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Romancière et le Vicomte: Plus Forte que l'Épée, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne Chance D'Amour Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Veuve Du Comte Coquin: Il Était Une Veuve - Tome 2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn Baiser de Noël pour la Giroflée: FICTION / Romance / Historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRhapsodie Et Rébellion: Il Était Une Veuve - Tome 3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon Duc Préféré Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComte De Griffith: Il Était Une Veuve - Tome 6 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur La Fausse fiancée du lord débauché
0 notation0 avis
Aperçu du livre
La Fausse fiancée du lord débauché - Mariah Stone
CHAPITRE 1
Londres, 1813
— Vous d’vez retourner à Mayfair, d’où qu’vous venez !
Ces mots, habilement lancés par l’un des sept enfants devant elle, transpercèrent M lle Jane Grant comme une hache. Les habits des enfants ressemblaient à des haillons, et leur peau sale était visible à travers les déchirures et les trous. Ils s’agitaient derrière leur pupitre, déchirant le précieux papier qu’elle avait soigneusement choisi et commandé des mois auparavant en préparation de l’ouverture de son école. Des chaises et des pupitres frottaient contre le sol en bois neuf pendant que les quatre garçons et les trois filles lançaient des plumes et des boules de papier, se poussaient, criaient et pouffaient.
Son chien, Hercule, un fox-hound anglais avec de grosses taches marron et grises sur son corps blanc, était assis près de la porte, les oreilles dressées, et aboyait prudemment. Reuben, un homme imposant âgé d’une quarantaine d’années à la barbe hirsute, se tenait dans le coin opposé de la pièce, ses bras épais croisés, et regardait la scène d’un air inquiet. C’était l’un des hommes de confiance de son frère, Thorne, et il servait souvent de garde et de chaperon à Jane dans Whitechapel.
— Retournez à Mayfair, dit Alfie, dont les yeux bleu acier étaient dardés sur elle. Princesse…
Comment le petit garçon aux cheveux roux avait-il su exactement ce qui la blesserait ? Elle supposait que c’était clair comme de l’eau de roche qu’elle n’était pas à sa place ici. Jane cligna des yeux pour en chasser la brûlure des larmes. Elle était leur enseignante ; elle ne pouvait abandonner dès les premières minutes de la fragile existence de sa petite école.
Elle inspira rapidement et plaqua un sourire brave sur ses lèvres.
— Les enfants ! cria-t-elle, essayant de se faire entendre par-dessus la cacophonie. S’il vous plaît, taisez-vous. Si vous me laissez parler une minute…
Alors que le bruit ne cessait de croître dans la salle de classe, elle croisa le regard de Reuben. Il secoua lentement la tête, un profond pli de malaise mêlé d’empathie lui barrant le front. Jane savait qu’il voulait l’aider.
Il se fraya un chemin à travers la rangée de pupitres et de chaises simples en chêne qu’elle avait commandés chez un charpentier de Whitechapel un an auparavant. L’homme avait récupéré le bois de meubles cassés et avait été si reconnaissant pour cette grande commande qu’il en avait eu les larmes aux yeux.
Reuben écrasa une plume en marchant. Trois petites fenêtres laissaient entrer la lumière du soleil, qui éclairait le tableau noir à l’avant de la pièce. Des cartes neuves qu’elle était parvenue à acheter chez un cartographe à Cheapside, et des affiches éducatives avec l’alphabet, des chiffres, et les tables de multiplication qu’elle avait peintes elle-même ornaient les murs au lambris blanc.
Ce bâtiment accueillait autrefois les cuisines abandonnées à l’arrière du club de gentlemen exclusif de son frère, l’Élysée. Plus d’un an auparavant, Thorne avait engagé des hommes sans emploi du quartier pour le rénover pour l’école de Jane, et la pièce sentait encore le bois neuf, la peinture, et légèrement la craie.
Lorsque Reuben s’arrêta à côté d’elle, ses sourcils tels deux petits nuages d’orage au-dessus de ses yeux, Jane ressentit de la gratitude. Elle savait que sa présence n’était pas seulement due à son devoir envers Thorne, mais aussi au lien qu’ils avaient noué en se racontant des histoires et en partageant des repas.
Reuben darda un regard mauvais sur les enfants et tonna :
— Taisez-vous, bande de chenapans !
Un silence total s’abattit sur la pièce. Hercule émit un dernier aboiement approbateur, puis il se coucha dans son panier, la tête toujours levée alors qu’il lançait des regards d’avertissements aux garçons et aux filles. Les enfants s’immobilisèrent et se tournèrent vers Jane et Reuben, les yeux écarquillés, les sourcils froncés, leurs visages creux sombres. Jane poussa un petit soupir soulagé. Elle aurait voulu réussir à les calmer toute seule, mais elle devait admettre que la tactique de Reuben était plus efficace. Ce dernier lui fit un petit clin d’œil complice, puis il lança un nouveau regard renfrogné aux enfants.
— Vous n’êtes que de petits ingrats, grommela-t-il. M lle Grant travaille d’arrache-pied depuis plus d’un an pour que vous ayez cette école. Elle vous a acheté ces livres, ces plumes et ce papier toute seule. Et maintenant, regardez…
Il s’approcha du premier pupitre, ramassa un encrier renversé et le remit à sa place avant d’essuyer ses doigts tachés de noir sur son manteau marron. La flaque d’encre dégoulinait sur le sol neuf. Ruby, la bonne et gouvernante de Jane, parviendrait-elle à faire partir cette tache ?
— De l’encre renversée, continua Reuben. Des plumes cassées, du papier gâché…
Un petit rire nerveux échappa à Jane.
— Ce n’est rien, les enfants. Il me reste du matériel. Tout ce qui compte, c’est que vous soyez ici.
— Pourquoi on est ici ? demanda Lily, âgée de huit ans. J’devrais être au moulin, à gagner mon pain.
— Tu veux te faire broyer les mains par la machine pour un pauvre penny ? voulut savoir Reuben.
— Parfois, ce penny permet d’acheter quelques miettes pour ma sœur cadette.
Un frisson parcourut Jane. Elle était allée toquer aux portes dans le quartier pendant des semaines, elle avait parlé aux parents, leur avait proposé d’envoyer leurs enfants à son école.
— Et j’devrais être en train d’aider mon oncle, déclara Alfie.
— Dans la rue, Alfie ? aboya Reuben. C’est cela ton plus grand talent, voler des bourses, hein ?
Alfie lui lança un regard noir.
— On allait faire mon premier gros travail. Maman a six mois d’retard sur le loyer.
— La dame nous fait perdre not’ temps, grommela Peter, un garçon de neuf ans aux cheveux noirs.
Elle savait ce qu’ils devaient penser d’elle. Depuis qu’elle avait quitté la maison de son père à Mayfair pour venir vivre à Whitechapel, cinq ans auparavant, elle paraissait si étrange aux yeux de ses habitants. Ses vêtements étaient simples, mais ils étaient propres et en bon état. Ruby la coiffait toujours méticuleusement ; pas un cheveu ne dépassait. Ses mains et son visage étaient propres. Ses lunettes devaient en dire long sur qui elle était : quelqu’un d’éduqué. Elle ne parlait pas comme eux, ne se vêtait pas comme eux et ne leur ressemblait pas. Elle n’avait pas à s’inquiéter à propos de son prochain repas. Thorne y veillait. Et même si elle vivait dans le quartier criminel de Londres, elle se sentait en sécurité avec les hommes de Thorne qui la protégeaient comme si elle était leur princesse.
En outre, tout Whitechapel savait que la sœur de Thorne Blackmore, la fille légitime d’un baron — contrairement à lui — était intouchable. Si quelqu’un touchait à un cheveu de sa tête, il pourrait bientôt perdre la sienne.
Mais si Jane voulait aider ces enfants, elle devait trouver un moyen de nouer des liens avec eux et de leur donner envie d’être là.
— L’éducation n’est pas une perte de temps, dit-elle. Peter, si vous apprenez à lire et à écrire, vous n’aurez pas à travailler dans des moulins dangereux, à voler à la tire, ni à mendier dans les rues. Vous pourrez travailler dans le service ou en tant qu’apprentis, apprendre une compétence comme la charpenterie, la cuisine, la cordonnerie…
Et ne pas finir à la potence, voulut-elle ajouter. Mais cette simple pensée fit courir un frisson le long de son échine. Une vision la frappa : un garçon de dix ans pendu, en train de se balancer, son corps noir devant les nuages d’orage sombres. Deux ans auparavant, elle avait été témoin d’une exécution publique quand le cocher s’était trompé de route et qu’ils s’étaient retrouvés coincés dans une foule de spectateurs.
Thorne lui avait dit de ne pas regarder, mais elle avait été incapable de détourner le regard. Lorsqu’elle lui avait demandé ce que le garçon avait fait, il avait répondu d’un air grave :
— Il a fait ce que de nombreux enfants de Whitechapel font chaque jour. La seule différence, c’est qu’il s’est fait prendre.
Elle priait de pouvoir aider ces enfants à échapper à un tel destin. Et si son école était un succès, elle n’aiderait pas que les sept déjà présents, mais bien plus.
— Ne pensez pas au travail ni au vol, jeunes gens, dit Reuben. M. Blackmore, le frère de M lle Grant, a payé vos parents pour le travail que vous manquerez aujourd’hui.
Pendant que les enfants discutaient à voix basse avec des sourires satisfaits, le choc frappa Jane de plein fouet.
Tout était faux. Ce n’était pas grâce à elle que ces enfants étaient assis là.
C’était grâce à Thorne. Toujours Thorne, qui la protégeait, qui veillait à ce que chacun de ses souhaits et caprices devienne réalité.
Pourtant, elle avait cru, finalement, que c’était grâce à elle. Elle avait pensé avoir réussi à convaincre les parents des enfants de les envoyer là après des semaines à frapper aux portes. Elle avait pensé qu’elle était parvenue à faire la différence, à être un peu plus à sa place ici, à avoir l’impression qu’elle comptait.
Elle avait cru qu’elle était plus que la sœur aristocrate solitaire et surprotégée d’un lord criminel, qui était perdue parmi les voleurs, les prostituées et les vauriens.
— Il est temps pour moi de partir, annonça Reuben en levant un doigt. Vous avez intérêt à écouter Janie, euh, je veux dire, M lle Grant. Si vous ne l’écoutez pas, je vous fesserai si fort que vous ne pourrez pas vous asseoir pendant une semaine.
Jane le fixa avec horreur.
— Non, non, Reuben. Il n’y aura pas de châtiments corporels, pas dans cette école. Les enfants souffrent déjà bien assez.
Reuben laissa échapper un petit rire, mais il lança un regard d’avertissement aux enfants, qui soutinrent son regard. Il les pointa du doigt sans un mot.
— Je ne plaisante pas, Janie, dit-il doucement en se penchant vers elle. Si ces petits diables vous créent des ennuis, ils auront affaire à moi.
Cela dit, Reuben partit sous l’œil attentif d’Hercule. Lorsque le bruit de la porte qui se fermait retentit, sept paires d’yeux rebelles et mutins se posèrent sur Jane. Elle sourit, dansant d’un pied sur l’autre.
Elle ne s’était jamais sentie aussi peu à sa place. Que pouvait-elle savoir de leur vie ? Que savait-elle du fait d’avoir besoin de vivre au jour le jour, le ventre vide, vêtu de haillons ? Quelle importance la lecture et l’écriture pouvaient-elles avoir à leurs yeux alors qu’ils ignoraient s’ils allaient manger le lendemain ?
Néanmoins, elle devait continuer. Peut-être cela serait-il difficile ce jour-là, mais que plus tard cela ferait la différence entre la potence et un foyer sûr. Elle prit une profonde inspiration et s’approcha du tableau noir.
— Commençons par l’alphabet. « A » comme arbre. « B » comme boule…
Elle récita tout l’alphabet et écrivit les lettres. Les enfants répétèrent après elle, mais leurs voix étaient étouffées et indifférentes. Cependant, lorsqu’elle arriva à la lettre « W », ils se remirent à pouffer et à crier.
Elle se retourna. Alfie avait dessiné une étonnamment belle esquisse d’une femme avec des lunettes, un chignon parfait, ses jupes volant au vent et ses jupons scandaleusement exposés. Quand elle inspira vivement, un grand rire satisfait se fit entendre parmi les enfants.
— Alfie, assez. C’est inapproprié.
— Qu’allez-vous faire, mademoiselle Grant ? voulut savoir Peter. Nous renvoyer chez nous ?
De grands cris approbateurs et joyeux se firent entendre.
Les joues de Jane devinrent écarlates. Qu’importe que Thorne ait de bonnes intentions, il ne pouvait pas l’aider ici. C’était entre les enfants et elle. Mais c’était comme si elle n’arrivait tout simplement pas à trouver les mots justes pour leur faire voir pourquoi ils devraient avoir envie d’être là.
— Non, évidemment que non, mais vous devez comprendre…
Mais ils ne l’écoutaient pas. Alfie sauta sur la chaise et entama une sorte de danse folle. Peter secoua la chaise d’Alfie, menaçant de le faire tomber, et Jane poussa un petit cri. Pendant que Lily pouffait, les autres enfants firent des boules avec le papier restant et commencèrent une bataille. Hercule se leva brusquement et aboya avec sérieux, faisant empirer le chaos.
— Je vous en prie ! cria Jane, le désespoir lui enserrant la poitrine.
De qui se moquait-elle ? Elle n’était pas gouvernante, ni enseignante, ni mère. Elle était simplement une femme, une femme à qui l’on avait appris à comprendre l’étiquette et à se comporter avec grâce, pas à contrôler une salle pleine d’enfants. Son éducation en tant que fille de baron était censée la préparer à être l’épouse d’un noble, à passer son temps dans un salon, pas dans une salle de classe. Pourtant, elle était là, sans aucune intention de se marier, poursuivant un rêve qui paraissait aussi lointain que les étoiles.
— Je vous en prie, calmez-vous tous !
Au milieu du chaos, Hercule courut vers la porte en aboyant follement.
La porte fut ouverte à la volée et le plus bel homme qu’elle ait jamais vu apparut sur le seuil.
Il était grand et musclé sous son riche gilet sombre, qui était un peu de travers. Son haut foulard était détaché et ses hauts-de-chausses étaient froissés. Il était la personnification de tous ses fantasmes romantiques. Il avait d’épais cheveux auburn, et son élégante coiffure en coup de vent était en désordre. Ses traits étaient parfaits et ciselés — de hautes pommettes, un nez droit — comme ceux d’un dieu grec. Des sourcils auburn sombre étaient froncés au-dessus de ses intenses yeux bleus alors qu’il les parcourait du regard, les enfants et elle. Puis un sourire en coin courba sa large bouche.
Les enfants se calmèrent, le regard rivé sur l’inconnu, mais ce ne fut pas le cas d’Hercule. Avec un grognement féroce et de farouches aboiements, le chien se jeta sur l’homme.
Choqué, celui-ci recula, piétinant la cour sale derrière l’Élysée, la boue émettant des bruits humides sous ses bottes brillantes. Hercule sauta dans les flaques d’eau et la gadoue, et continua de progresser vers l’homme alors que ce dernier reculait.
Jane se lança à la suite d’Hercule.
— Arrête ! Assis, Hercule !
Mais le chien était trop énervé pour l’écouter.
À la place, il accula le bel homme contre le mur et laissa des traces de pattes boueuses noires sur sa chemise blanche et ses hauts-de-chausses clairs.
Hercule grogna et aboya tout près du visage de l’homme. L’inconnu leva les bras et dit calmement quelque chose d’apaisant au chien, même si c’était futile. Jane les rejoignit en courant et tira Hercule par le collier.
— Assis, Hercule ! Assis !
Son petit protecteur l’écouta enfin. Il s’assit en gémissant et en grognant, mais sa queue s’agitait toujours tandis qu’il brûlait de continuer de tourmenter l’inconnu qui était peut-être venu menacer sa maîtresse.
Jane fixa l’homme. Elle haletait, inspirant son odeur masculine et capiteuse — une eau de Cologne coûteuse et du brandy — mélangée à celles des écuries, de la brasserie et du poulailler qui pesaient toujours dans l’arrière-cour de l’Élysée.
— Eh bien, on dirait que ce chien ne m’aime guère, déclara-t-il d’une voix grave et suave.
Elle eut soudain conscience qu’elle était tout près de lui. Ses yeux bleus chaleureux étaient posés sur elle et elle plongeait dans leurs belles profondeurs — quoique légèrement injectées de sang. C’était sans aucun doute un lord, pas un simple avocat ni un employé de banque de Cheapside. Dans une salle de bal, un homme comme lui ne remarquerait jamais quelqu’un comme elle. La place de Jane était parmi les livres, cachée derrière la monture de ses lunettes. Elle n’obtiendrait jamais l’attention d’un homme magnifique, charmant, et sans aucun doute riche, comme lui.
Mais elle, elle le remarquerait n’importe où.
Elle aurait voulu porter de meilleurs habits que la robe gris terne que Ruby lui avait faite trois ans auparavant, et elle aurait voulu avoir une coiffure plus élégante qu’un simple chignon. Il était saturé, vêtu de couleurs vives, tandis qu’elle était grise et délavée. Pour la première fois en cinq ans, elle ressentit l’envie de l’égaler et elle eut grandement conscience que ce n’était pas le cas.
Il regarda quelque part derrière elle.
— Veuillez m’excuser, dit-il. Ne sont-ce pas vos enfants ?
Elle se retourna et gémit en regardant ses élèves se disperser, traverser la cour à toute allure et disparaître par le portail.
La colère rugit en elle. À quoi pensait-elle ? Cet homme, de toute évidence l’un des membres habitués de l’Élysée — habillé comme s’il n’était pas rentré chez lui de la nuit et qui puait comme une distillerie — avait fait irruption dans son école et avait perturbé sa leçon, et maintenant, à cause de lui, tout le monde était parti !
— Monsieur, je vous conjure de ne pas pénétrer dans l’arrière-cour de l’Élysée ! dit-elle d’une voix plus forte que ses convictions. N’était-ce pas clair que les visiteurs ne peuvent utiliser que la porte d’entrée ?
Il laissa échapper un petit rire tout en l’observant avec douceur. L’étincelle amusée dans ses yeux ne lui plaisait pas du tout. La chaleur qui envahissait son corps sous son regard fixe non plus. Elle se rappela de ne pas laisser son charme l’influencer.
— Je me surprends à vouloir devenir un vilain garçon si je pouvais avoir une gouvernante telle que vous pour m’apprendre les bonnes manières.
Elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle n’était pas habituée à une telle audace. Mais elle devait rester concentrée.
— Que Dieu me vienne en aide, que me vouliez-vous donc ?
— Bien que je commence à le regretter, ce n’est pas vous que je suis venu voir, mademoiselle. Je cherchais Thorne Blackmore. Personne ne répond à la porte d’entrée de l’Élysée.
— Et, étant un visiteur habitué, vous vous êtes senti en droit d’entrer de vous-même.
Il plissa les yeux et son regard se fit brûlant.
— Tout n’est pas comme il y paraît, aboya-t-il d’un ton tempétueux. Mais quelqu’un d’aussi moralisateur que vous doit bien savoir discerner le bien du mal, non ?
Elle se tint droite, le pouls qui battait ses oreilles faisant écho à la tension qui habitait son corps entier.
— Oui, à vrai dire. De toute évidence, vous êtes du genre à perturber, à vous rebeller et à provoquer le chaos. Et ensuite, quelqu’un comme moi doit tout arranger derrière vous.
Une grimace tordit les traits de l’homme.
— Vous comprenez tout, hein ? lança-t-il avec colère. Vous vous tenez là, sur vos grands chevaux, vous jugez. Que votre vie parfaite doit être insipide et ennuyeuse ! N’oubliez pas que ceux qui sont sur de grands chevaux y sont seuls, mademoiselle.
Elle eut l’impression de se prendre un coup de poing dans le ventre. Les larmes qu’elle avait retenues plutôt lui piquèrent de nouveau les yeux. Elle n’avait pas les mots pour le contredire. Les paroles de l’homme étaient trop vraies.
— Si vous souhaitez voir Thorne Blackmore, l’entrée des domestiques est derrière vous, répondit-elle d’une voix basse et tremblante. Ne vous approchez plus de moi ni de mon école, s’il vous plaît.
Elle regarda son large dos s’éloigner, son cœur battant toujours la chamade.
Elle se retourna et entra dans son école. Elle avait un but, un objectif. Et elle réussirait, quoi qu’il en coûte. Malgré les beaux inconnus méchants et les souvenirs douloureux.
CHAPITRE 2
À chaque pas las que lord Richard Seaton faisait dans les couloirs sombres de l’Élysée, ses maux de tête s’intensifiaient. La nuit de festivités l’avait laissé dans un état débraillé, la puanteur de l’alcool collait toujours à ses vêtements froissés, et les élancements dans sa tête ne faisaient qu’amplifier sa confusion.
La nuit passée, il avait voulu oublier. Son frère Preston avait apporté des nouvelles qui avaient tout simplement rendu le sommeil impossible alors qu’il avait été seul avec ses pensées, à imaginer ce qui avait pu arriver à son frère Spencer et à se demander s’il était en vie.
Incapable de faire quoi que ce soit pour aider, il avait trouvé une distraction dans une excellente bouteille de brandy français, sans doute de contrebande… et avec la veuve consentante d’un propriétaire de banque à Cheapside et ses deux amies.
Heureusement, le couloir était sombre ; la seule lumière provenait des lampes à gaz installées à intervalles réguliers. Leur lueur terne se reflétait sur le lambris des murs d’un riche vert foncé. Des tableaux de littoraux tempétueux et de chaînes de montagnes spectaculaires semblaient faire écho au trouble qui l’habitait. Il suivait un valet de pied, dont la bougie vacillante formait un halo autour de lui. Les bruits sourds de leurs chaussures sur le parquet créaient un rythme qui transperçait son crâne douloureux.
Alors qu’il marchait, son esprit dériva vers l’enseignante pleine d’esprit qui avait mis le feu à son sang. En temps normal, il aurait à peine accordé un regard à une femme comme elle, vêtue d’une robe en mousseline simple grise et d’un tablier, avec des lunettes devant ses grands yeux gris intelligents.
En dépit de son apparence docile, elle l’avait bien rendu furieux. Elle l’avait traité comme un homme sans importance. Quelqu’un comme elle, si correct, si prompt au jugement, avec sa vie immaculée et une réponse facile pour tout, ignorait ce qu’un homme devait faire quand son âme même était meurtrie.
Pourquoi possédait-elle une allure si étonnamment séduisante ? En particulier ses lèvres charnues et roses. Il se demandait quel goût elles auraient ; peut-être comme son odeur : de la vanille sucrée et quelque chose de floral. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres à cette pensée.
Secouant la tête, il tourna à l’angle à la suite du valet de pied, déconcerté par l’intérêt qu’il portait à une femme qui semblait être l’exact opposé de celles qui attiraient d’ordinaire son attention.
Il avait perdu le compte du nombre de virages. Les murs au lambris vert, décorés de tableaux maritimes, semblaient créer un labyrinthe sans fin. Il se rendit compte que la conception de l’Élysée était probablement délibérée ; son propriétaire, un homme qui avait la réputation d’être mêlé à diverses affaires illicites, voulait probablement dissuader les coureurs de Bow Street et autres de lui rendre visite.
Ils finirent par atteindre une porte noire au bout d’un couloir. Le valet de pied frappa et un « Entrez » bref se fit entendre.
Richard et le valet pénétrèrent dans la pièce, et ce dernier annonça leur présence.
— Lord Richard Seaton souhaite vous voir, monsieur.
La lumière du soleil baignait la pièce, et la soudaine luminosité fit plisser les yeux à Richard. L’opulence de la pièce dénotait la richesse. Un imposant âtre crépitait et sifflait, et l’odeur du bois en train de brûler enflamma ses maux de tête. La présence de vrai bois dans l’âtre, un luxe à l’époque du charbon peu coûteux, n’échappa pas à Richard.
Le buste en marbre d’une belle femme fixait Richard depuis la tablette de cheminée. Un tapis luxueux rouge foncé avalait le bruit de ses pas alors qu’il avançait dans la pièce. Les murs étaient ornés de bibliothèques emplies de livres et de lambris élégants en acajou, et deux grandes fenêtres drapées de lourds rideaux en velours laissaient entrer la lumière du soleil. Richard se demandait comment un endroit aussi lumineux pouvait sembler si sombre et reculé.
Thorne Blackmore, assis à son bureau décoré sur lequel scintillait un coupe-papier tranchant comme un rasoir, leva les yeux vers lui.
C’était un bel homme d’une trentaine d’années avec une mâchoire carrée rasée de près, de hautes pommettes presque pointues, et de longs sourcils épais et élégants. Ses yeux étaient presque noirs et encadrés de longs cils. Sa coiffure en coup de vent lui conférait une apparence très élégante, tout comme son gilet noir et son foulard d’un blanc immaculé. Il ne ressemblait pas à un criminel ni au propriétaire d’un bordel. Il ressemblait à un gentleman riche… avec le corps d’un combattant et les yeux d’un tueur.
— Êtes-vous satisfait d’être membre de l’Élysée, lord Richard ? demanda Blackmore en entrelaçant ses doigts sur le bureau.
— Plutôt. Je ne suis pas ici pour parler du club.
Blackmore le parcourut du regard et s’arrêta sur les traces de boue noire sur ses vêtements. Il plissa les yeux et un frisson de malaise traversa Richard.
— Que puis-je faire pour vous ?
Richard hésita, son cœur battant la chamade. Allait-il vraiment faire face à Thorne Blackmore, un homme connu pour sa cruauté ? Il prit une profonde inspiration, se rappelant qu’il n’avait pas d’autre choix.
Il ferait n’importe quoi pour Spencer, le frère aîné qu’il avait admiré, un homme qui avait de l’assurance, de la grâce et de l’esprit.
Spencer, qui avait paru invincible.
— Vos hommes ont été engagés pour brutaliser mon frère aîné… l’ancien duc de Grandhampton… à Portside en septembre dernier.
Blackmore se pencha en arrière sur son siège. Il darda un regard dénué de toute émotion sur Richard.
— Je ne peux ni le confirmer ni le nier.
Richard s’approcha d’un pas. Il n’était pas doué pour les confrontations. Il savait bien mieux maintenir la paix. Le nœud qui lui nouait le ventre se resserra. Blackmore haussa un sourcil sombre et resta silencieux, se contentant de l’observer avec ses yeux perçants.
Richard aurait voulu que ses
