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Pas de chanteur russe, mais un virus qui n’est même pas russe
Pas de chanteur russe, mais un virus qui n’est même pas russe
Pas de chanteur russe, mais un virus qui n’est même pas russe
Livre électronique244 pages2 heures

Pas de chanteur russe, mais un virus qui n’est même pas russe

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À propos de ce livre électronique

« Imaginer le paradis c’est déjà assez compliqué. En musique, bien plus encore. L’enfer, le paradis on en parle, cela fait partie des mythes et du langage courant. Ceux qui y sont, les élus, nous regardent du haut, s’ennuient et veulent encore exister en inventant, en créant sans trop réfléchir. Nous les rencontrons, artistes et surtout musiciens, mêlés sans le vouloir à nos problèmes petits et grands que nous rencontrons en bas. C’est aussi une réflexion sur notre quotidien qui nous mènera à Vienne, ville phare de la musique. »




À PROPOS DE L'AUTEUR

Élu à l’Assemblée des Français de l’étranger de 1997 à 2014 et président de la commission des affaires européennes de l’AFE pendant une décennie, Jean Pierre Villaescusa est le fondateur de l’initiative Europe en mouvement au sein du ministère des Affaires étrangères. De plus, il a été récompensé par diverses distinctions honorifiques, dont les Palmes académiques, l’ordre national du Mérite et la Légion d’honneur.
LangueFrançais
Date de sortie29 avr. 2024
ISBN9791042222406
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    Aperçu du livre

    Pas de chanteur russe, mais un virus qui n’est même pas russe - Jean Pierre Villaescusa

    I

    Salut les artistes…

    La période corona ; les spectacles en berne

    JEAN CHARLES nous raconte.

    Mais quelle belle voix de basse, ce russe ; je n’avais pas prévu de l’écouter ; puis une erreur de réservation, des places à échanger et va pour l’Attila de mes vœux. Quelle voix ! Adbrazakov, belle intonation de basse russe chantante. Quelle bonne idée de l’écouter. Dans Verdi.

    Second rang ; j’ai hâte. Petit imprévu, un petit virus à pointes bouleverse tout et prive mes sens de l’entendre, de le voir. Même constat pour Anna, la belle Anna, sublime Netrebko, qui elle aussi préfère rester dans sa datcha.

    Quelle erreur de goût, elle ne va pas connaître Bordeaux et pourtant tout le monde vante les charmes de l’ex-belle endormie. Les contes d’Hofmann, ratés eux aussi. Kleinzach le petit avorton s’est fait virus.

    Les spectacles vont rester en mode pause : par chance les années de célébration Berlioz et Ludwig Van. La télévision, le pis-aller, a fait de réels efforts, mais cela n’est que de l’image sonore. Manque le vécu.

    Rester plusieurs mois sans préparer ses mains aux applaudissements ne m’était pas arrivé depuis quatre décennies.

    Cet oxygène va me manquer, mais pour d’autres ce sera la réalité et ce sera plus grave, sans aucune mesure. Petite privation au regard de ce que, trop nombreux, ils ont enduré.

    Les mains, qui ne servent pas qu’à applaudir, il ne faudra pas oublier de les laver et on va le répéter sans oublier son fameux gel censé sauver l’humanité. Le savon s’était fait oublier parfois, il faut se réhabituer pour certains.

    À Bordeaux

    Avec le chef de chœur. Nous devions nous rencontrer pour discuter d’une future conférence « le Requiem de Verdi » chanté lors de la dernière guerre, dans le camp de concentration de Terezin, Requiem associé pour l’occasion au nom de Rafael Schächter.

    Prévu en mars 2020 ; une commémoration qui s’imposait 75 ans après la libération du camp d’Auschwitz. Beau sujet. L’occasion aussi de parler de Verdi. Mais pas seulement.

    Il n’y aura pas de conférence. Ni celle-là ni les autres.

    On se salue du coude. Homme affable, souriant, ouvert et fin connaisseur du lyrique, nous avons échangé sur le sujet ; plus véritablement, j’ai beaucoup parlé : le Wiener Staatsoper n’est pas prêt de me quitter.

    Et puis, il est rare de se retrouver en face d’une personne qui partage les mêmes enthousiasmes et nous en avons profité.

    En nous séparant, « vous êtes fous les Français » – Salvatore – est italien ; il y a des élections prévues et rien que pour cela vous ne changez rien, imprudence ; chez nous, nous avons déjà compris. Et déjà subi. Nous fermons tout. Nous confinons. Le mot est jeté. Confiner, le verbe va se conjuguer.

    La direction de l’Opéra non plus n’a rien compris ; pas question de fermer… jouons… chantons.

    Il sortait d’une réunion avec les édiles locaux. Déni de virus.

    Cela ne va pas durer longtemps.

    Une grosse grippe

    Une sommité médicale locale nous l’a susurré, et puis ce genre d’infection ce n’est pas pour nous ! Sachez qu’il y a 10 000 à 15 000 décès liés à la grippe chaque année ; grosse grippe. Oublions.

    L’affolement n’est pas de mise ; vous pouvez me faire confiance comme le répète Galabru dans le Viager. Me faire confiance.

    Et l’on se retrouve pendant 55 jours à chanter faux, le « va pensiero » du Nabucco de Verdi, encore lui, chaque soir à sa fenêtre, tandis que d’autres applaudissent le corps d’armée sanitaire. Pour faire symbole, pour remercier, mais dans mon quartier, aucune réaction ou presque ; le voisinage n’est pas concerné, seulement calfeutré.

    Il a fallu tenir ces 55 jours ; pauvre Verdi, si mal servi il ne méritait pas ça. Les vagues vont se suivre, mais les bravos s’estomper, timides comme lors d’un mauvais spectacle. Les rues sont vides, plus de bicyclettes et trottinettes sur les trottoirs ; le paradis du piéton, mais ce sera cher payé.

    Et pourtant ici, à Bordeaux, on sait applaudir de façon cadencée avec la même intensité, quel que soit le spectacle, la performance. Souvent même à contretemps, trop tôt le plus souvent, pour ceux qui ne savent pas que ce n’est pas fini.

    … Manque, le rondo final ou tout autre italianisme musical, mais on applaudit.

    II

    L’art survit au temps du virus

    Avec une nouvelle technique de datation

    Oublions le carbone 14 : le masque rien que le masque. Vous en voyez un, c’est le rappel du temps des virus et des coups de coude.

    Les sauveteurs

    Un an durant Mezzo : la chaîne de télé nous a sauvé du sevrage musical :

    Le barbier de Séville

    Décors classiques, jolis fauteuils, meubles, rideaux, rien d’original du déjà vu ; cela fait figure de vieille production ; les solistes de qualité sont inconnus. Cela se passe à Venise à la Fenice. Apparaissent quelques valets figurants masqués, masqués, rien à voir avec la cité des doges et son carnaval : de simples appendices nasaux noirs.

    C’est un Barbier de l’ère postcorona, pas de doutes. Bartolo a failli embrasser sa servante ; geste refréné. Distances, distances, gestes barrière. Le vocabulaire « in » de l’année.

    Beaucoup de belles choses le long de l’ère pandémique.

    Souvenirs ; la neuvième de Beethoven ; Jonathan Nott avec l’orchestre de la Suisse romande.

    Choristes et instrumentistes répartis dans les loges de cette belle salle et un effet sonore différent, emplissant le volume ; un système de miroir tournant permet de suivre le chef de partout. Pas de public. Les artistes jouent et chantent avec générosité.

    La volonté de donner le meilleur. Cela se reproduira. Souvent.

    L’ouverture de saison de la Scala ; des interprètes et une imagination étonnante : de l’italien du bel italien et des voix ; et la classe habituelle. Adbrazakov y est, encore lui. Ils savent faire ces Italiens, Respect.

    Restons un peu français au souvenir de ce Faust donné à l’Opéra de Paris, voyage extraordinaire, balade dans la capitale, pouvait-on-lire, avec deux solistes rencontrés à Bordeaux : Benjamin Bernheim et Florian Sempey accompagnés d’un Méphisto américain campant le rôle de sa haute stature, le tout avec ma Marguerite préférée Ermonela Jaho aussi juste et incandescente en coquette midinette qu’en tragédienne infanticide… ce n’est pas de moi. Jolie phrase qui résume tout. Et qui enflamme d’un mégot jeté la cathédrale de Paris, Notre-Dame. C’était donc lui, Méphisto. Geste volontaire. Et que n’a-t-on pas raconté sur ce sujet.

    Sans oublier cette journée mémorable offerte par ARTE le 6 juin 2021 avec un an de retard : les neuf symphonies de Ludwig Van données à heure fixe de 1 h à 9 h, venues de 9 villes européennes dont Prague, Lugano, Delphes et Vienne pour la neuvième ; pas de dixième malheureusement même si des ordinateurs essaient de la construire d’après des notes du sourd – il faut dire – malentendant-le plus célèbre.

    Mais pas assez de publicité autour de cet évènement pourtant si rare, encore la faute du corona qui a tout décalé.

    Et puis et puis tant d’autres. Un dernier titre : à l’opéra-comique un Concert de Gala pour salle vide, ce qui résume on ne peut mieux l’ambiance. La scène a survécu ; mais pour revenir à Faust, le virus est toujours debout regardant à ses pieds le genre humain… la seringue à la main.

    La nouvelle mise en scène à venir

    Postcorona donc.

    Elle ne tardera pas à trouver dans ce vivier viral quelque moyen d’aiguiser son imagination.

    Déjà un politologue a titré un de ses livres « Le bal masqué » en référence à notre ami Verdi qui imagine le roi Gustav III de Suède assassiné lors d’un bal qui se voulait joyeux.

    Le passage vers un aréopage de fêtards prudents ne souffrant plus de la pénurie du saint ornement offre beaucoup de possibilités : le masque empoisonné, bourré de charge virale, bien plus sournois qu’un simple coup de révolver. Le masque, unique objet de notre ressentiment.

    L’élixir d’amour pourra devenir un élixir de chloroquine vendu par un Dulcamara marseillais en blouse blanche assurant des bienfaits de son breuvage devant les villages en mal d’amour. Un sachant ! Et l’assurant ; c’est la solution le remède miracle.

    Chez Donizetti, comme dans le Philtre de Daniel François Esprit Auber, le breuvage n’est que du vin de Bordeaux et nonobstant son effet excitant ne solutionne pas les problèmes de cœur du pauvre Nemorino ni les autres.

    La pauvre Lady Macbeth en sera amenée à se laver les mains plus souvent encore avec son petit carré de soie, mais comme les gens de peu, au moyen du gel hydroalcoolique que lui fournira son meurtrier d’époux.

    Mais le bouquet final, ce sera Traviata ; Violetta toussera, manquant d’oxygène, contaminée lors de ses fêtes somptueuses étourdissantes faisant fi des gestes barrières ; et puis tous ces hommes à qui elle cède parfois, cela explique tant de choses.

    Scène finale ; Alfredo la pleurant déjà derrière la paroi de plastique qui l’isole de sa bien-aimée, un temps délaissée. La dame aux camélias intubée mourant autour d’un dernier halo de bonheur devant un public conquis devant ce malheur d’une autre époque et pourtant tout nouveau.

    Succès assuré. Le vaccin n’était pas encore là.

    Quant aux humains

    Ils ont survécu en oubliant les réalités avant le basculement dans le syndrome de la terrasse.

    Privés de terrasses, Le monde et les envies se sont cristallisés sur ce mot.

    Avoir vingt ans dans les Aurès, ce fut une chose, mais avoir vingt ans sans les terrasses. L’enfer. Encore un coup de Méphisto. Finalement, danger de mort ou pas, l’essentiel est de vivre comme à l’habitude.

    Le pire avec ce virus ce n’est pas qu’il foudroie une partie de nos contemporains, c’est qu’il rompt notre quotidien de personnes en demande constante de loisirs. Pas de spectacle, pas de discothèque, de terrasses, l’enfer au quotidien.

    Nous sommes sur cette terre pour le plaisir ; des pseudoartistes insistaient : sortez, n’écoutez pas, rejetez les consignes ; sortez, nous avons besoin d’argent. Mourez, mais libres.

    Nouveau Langage ; nouveau mode de vie

    La vie au quotidien n’est plus la même. De nouvelles habitudes se sont créées ; des manies, des peurs, mais pas pour longtemps.

    La violence semble exacerbée. Des couples se défont, incapables de vivre vraiment ensemble. Vive en province, le salut, un jardin, et pas de proximité avec les autres, dangereux.

    Ce sera sans le prix des transports et sans l’ennui qui va s’installer. À prédire, le retour aux sources. Regain, attrait pour les villes moyennes, à espérer, mais ce n’est pas gagné.

    Télétravail ; le Graal d’un instant. Sourire de certains. Allez construire des maisons, faire du pain, etc., sans vous déplacer. Les médias sont incapables de penser aux non-Parisiens et autres métropolitains.

    La médecine en ligne ! inattendue. Cocasse. La foire aux bidouilleurs, à l’escroquerie. L’arnaque devenue institution.

    Langage codé

    Le monde d’après est devenu celui du taux d’incidence, de reproduction, de positivité, asymptomatique, de comorbidité, de criblage, de triage, de cytokine, de tests PCR, antigéniques, salivaire, de distanciation, physique, d’écouvillonnage, d’intubation. Ouf !

    Ce n’est pas tout : de faux positif ou négatif, de modélisation, d’oxygénothérapie, de résilience, de vaccin ARN, et d’ARN de Spike, et du fameux R0 que peu comprennent sans parler de la non moins controversée chloroquine et j’en oublie…

    OUF ! un monde de spécialistes ; des millions d’infectiologues de circonstance, journalistes, artistes de tout genre, simples pékins, devenus fins connaisseurs des virus ; certains d’expliquer ce qu’il fallait, ce qu’il faut, et faudra faire. Les donneurs de leçons ; le théâtre pourra s’en délecter en les moquant.

    Il faudrait un nouveau Molière pour les décrire. Un médecin imaginaire à l’ère du corona. Ce serait drôle.

    Quittons les humains.

    III

    Le monde du paradis

    Ses habitants se questionnent

    Personne en bas n’imagine que le paradis est « vivant » fait de milliards d’âmes dispersées. Intéressons-nous à ceux qui ont fait la musique et ceux-là posent de vraies questions. Ils sont étonnés. Ce silence inhabituel.

    Que se passe-t-il chez les vivants. Plus aucun son, plus d’orchestre, plus de voix, Même du haut, on entendait tout, symphonies, concertos, opéras, opérettes ou simples spectacles en musique. L’avantage du lieu, c’est l’oreille fine.

    Fini la clarinette, le tuba et le saxo, les envolées des violons, les contre-uts des ténors, les suraiguës des soprani, la voix chaude des barytons « Verdi ».

    Les basses, pour nous conter la calomnie ou le veau d’or. C’est le virus qui est toujours debout.

    La fin du Monde ? Une météorite géante ? Une grève ? Ce sont des habitués pour certains.

    Pour l’heure, le paradis observe tout ce qui se passe et ne se passe plus et avec étonnement. Notre JC aussi. Pourquoi lui ? Mystère.

    Le silence des cordes, des cuivres et des gorges étonne.

    Le virus nouveau est arrivé

    C’est un virus, mais ni un Russe ni un chanteur russe. Et pas encore un envahisseur. Quelle idée saugrenue d’ailleurs. Un vieux réflexe allemand de voir des envahisseurs partout. Que gagneraient des Russes à envahir qui que ce soit en 2019. C’est bien Ludwig, toujours farfelu qui y pensait.

    Il a certainement oublié son hymne à la joie à la liberté comme son Fidelio. Ce doit être l’âge. Vieillit-on au paradis ?

    Des faits :

    Un des nouveaux entrants en avait parlé, un virus, c’est quoi un virus déjà ? Pour certains parmi les moins anciens, un microbe ? Ils auront l’éternité pour en parler, mais affamés d’actualités, ils ne vont pas attendre et vont être servis.

    Avec son Mystère

    Au paradis, ils sont tous là, certains depuis des lustres ; ils ont mérité d’y séjourner et ne comprennent pas ce qui se produit vu du haut, ce qui se passe en bas est curieux.

    Il y a donc eu confusion ; Ludwig Van que l’on connaît bien a tenté une descente virtuelle pour mieux comprendre. Il a compris « russe » ; nous savons qu’il a quelques excuses. Un peu sourd, parfois encore, les Russes reviennent, envahissent !

    Il ne croyait pas si bien dire sauf à décider qu’il a un don lui permettant de lire dans l’avenir. Pour l’heure on n’y était pas. Il ne connaît même pas le nom de Poutine, tous croient connaître le sujet, évidemment : les Tchaïkovski et autre Moussorgski, qui prétend être le seul à vraiment

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