Diapason

ILS NOUS ONT QUITTÉS

ROSALIND ELIAS

Mezzo-soprano, née en 1930

Il y eut bien une Dorabella à Salzbourg et à Aix, en 1969 et 1971, une Carmen (pour une seule soirée) à Vienne en 1972, une Baba la Turque en 1975 à Glyndebourne (le DVD existe), mais la carrière de Rosalind Elias fut surtout américaine. Sa maison, c’était le Met. Pendant quarante-deux ans (de 1954 à 1996), elle y incarna près de cinquante rôles de mezzo, comiques ou tragiques, des plus petits ou plus importants. Pour les créations de Samuel Barber, de grandes heures du Met, Vanessa en 1958, Antoine et Cléopâtre en 1966, elle était là. Le grand Bing Gala de 1972 ne pouvait se dérouler sans elle : on l’y entendit dans le « Must the winter come so soon » de Vanessa. Le public ne résistait ni à la voix, solidement formée au Conservatoire de la Nouvelle Angleterre puis à l’Académie Sainte-Cécile, ni à la bête de scène, qui, à la fin, faisait pleurer en Madame de Croissy des Dialogues des carmélites ou tordre de rire en Marquise de Berkenfeld de La Fille du régiment. Les planches étaient sa vie : en 2011, à 80 ans passés, on la voyait encore au Kennedy Center, puis à Broadway, dans Follies de Stephen Sondheim – à Washington aux côtés d’une certaine… Régine (à regarder sur YouTube). Le disque ne l’oublia pas : pendant longtemps, elle fut le mezzo maison de RCA, qui, dès 1958, l’associait à la Butterfly d’Anna Moffo et à la Gioconda de Zinka Milanov (il y a aussi des live, évidemment). Mais elle pouvait emprunter d’autres chemins, participant en 1977 à la création du Songfest de Bernstein… où Paris l’entendit deux ans plus tard, pour la première française, avec le National (à écouter sur le site de France Musique). Le 3 mai dernier, elle a rejoint Lenny et les anciens du Met, à 90 ans. Didier Van Moere

NORBERT BALATSCH

Chef de choeur, né en 1928

Quelques mois après la mort d’Helmut Froschauer (1933-2019), un autre phare de la vie musicale viennoise du second XX e siècle s’est éteint. Membre des Petits chanteurs de Vienne dans son enfance, il en avait assuré la direction artistique (1999-2001) au soir d’une carrière remplie. Celle-ci a été centrée sur le Staatsoper de sa ville natale : baryton du chœur dès 1952, il en deviendra vice-chef en 1965 puis pendant quinze ans (1968-1983), méritant bien le titre de « membre d’honneur » qui lui sera accordé par la maison en 2006. Il a en outre déployé son savoir-faire choral à l’Accademia di Santa Cecilia de Rome à partir de 1983, nomination précédée d’un quinquennat (1975-1980) au Philharmonia Chorus de Londres. Son aventure avec le Festival de Bayreuth restera dans les annales : durant plus d’un quart de siècle (1972-1999), chaque été, il y a dirigé le plus marquant des chœurs lyriques, un ensemble aux tannins merveilleusement fondus, bien accordé à l’« abîme mystique » de la fosse wagnérienne. Il est

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Sonates pour violoncelle et piano op. 45 et 58. Variations concertantes op. 17. Romance sans paroles op. 109. Allegro assai en si mineur. WIDMANN : Lied ohne Worte. HOLLIGER : Songs without words (extraits). COLL : Dialog ohne Worte. RIHM : Lied ohne
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The Midsummer Marriage. Robert Murray (Mark), Rachel Nicholls (Jenifer), Ashley Riches (King Fisher), Jennifer France (Bella), Toby Spence (Jack), Claire Barnett-Jones (Sosostris), Susan Bickley (l’Ancienne), Joshua Bloom (l’Ancien), English National

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