ILS NOUS ONT QUITTÉS
SOPHIE BOULIN
Soprano, née en 1951
Quelques disques témoignent : de Charpentier de Handel, de Marin Marais, outre quelques rares cantates d’Elisabeth Jacquet de La Guerre et le moins rare de Gluck en 1987. Trois fois rien auprès de ce que Sophie Boulin fut aux années 1970 : l’une de ces voix hautes qui ont sonné l’heure baroque en France. En 2014, à la question : « Quel est votre meilleur souvenir se rapportant à Rameau? », Hugo Reyne répondait 1983 : « Sophie Boulin, qui jouait le rôle de la Statue, se mit soudain en mouvement au son de cette musique enchanteresse. » Ni abyssale. Unique par ce timbre presque rauque que suspendait un chant léger. Expressif dans tous les domaines : déclamation, ornementation, gestuelle. Au moins conserve-t-il la trace d’une amitié indéfectible avec le metteur en scène Herbert Wernicke. C’est pour elle qu’il montera le séditieux de Graun, le sulfureux de Monteverdi, le licencieux de Mozart. Funambule, l’artiste prenait des risques, entre chair et ciel, grimoires et impro, innocence et cruauté. La fondatrice de la Péniche Opéra, Mireille Larroche, se souvient : « Elle nous a appris la révolte joyeuse, la provocation, le panache. Une vraie rebelle à la fois frivole et tragique. » Sur la Péniche, Sophie a déployé son talent bien au-delà du concert baroque. Voix mais aussi dramaturge, du vieux Banchieri, de notre contemporain Claude Prey, et plusieurs titres de son cher Arnold Schönberg, notamment un inoubliable .
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