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Casus belli: Comédie Grinçante
Casus belli: Comédie Grinçante
Casus belli: Comédie Grinçante
Livre électronique158 pages1 heure

Casus belli: Comédie Grinçante

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À propos de ce livre électronique

« Casus belli » est une locution latine signifiant : acte de nature à motiver une déclaration de guerre. Cette pièce de théâtre en cinq tableaux n’est pas simplement une comédie grinçante, un pamphlet qui établirait l’état des lieux clinique de la situation de l’école française aujourd’hui.
Elle rend hommage avant tout à la noblesse de l’enseignement, à celle de la transmission, à la littérature – le fil d’Ariane de l’intrigue étant une nouvelle de Marguerite Yourcenar, Comment Wang Fô fut sauvé –, et plus modestement aux puissances immortelles de l’Art.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Après un premier roman, L'Amant d'éternité, publié en 2019 aux éditions Le Lys Bleu, suivi de deux autres récits à succès, Les Métamorphoses d'un Vampire ou plus récemment Palazzo Amadio, Jean Rasther réussit un véritable coup de maître dans l'univers dramatique avec une pièce en cinq actes : Casus belli.
LangueFrançais
Date de sortie7 mai 2021
ISBN9791037724212
Casus belli: Comédie Grinçante

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    Aperçu du livre

    Casus belli - Jean Rasther

    Premier Tableau

    « Après la chose faite, après le coup porté… »

    Après la chose faite, après le coup porté

    Après le joug très dur librement accepté,

    Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre,

    Levé d’un dos vraiment et gaîment volontaire,

    Après la bonne haine et la chère rancœur.

    Le rêve de tenir, implacable vainqueur.

    Les ennemis du cœur et de l’âme et les autres ;

    De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres

    De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher,

    Tout ce train mis en fuite, et courez le chercher !

    Alors on est content comme au sortir d’un rêve,

    On se retrouve net, clair, simple, on sent que crève

    Un abcès de sottise et d’erreur, et voici

    Que de l’éternité, symbole en raccourci

    Toute une plénitude afflue, aime et s’installe,

    L’être palpite entier dans la forme totale.

    Et la chair est moins faible et l’esprit moins prompt ;

    Désormais, on le sait, on s’y tient, fleuriront

    Le lys du faire pur, celui du chaste dire,

    Et, si daigne Jésus, la rose du martyre.

    Alors on trouve, ô Jésus si lent à vous venger,

    Combien doux est le joug et le fardeau léger !

    Charité la plus forte entre toutes les Forces,

    Tu veux dire, saint piège aux célestes amorces,

    Les mains tendres du fort, de l’heureux et du grand

    Autour du sort plaintif du faible et du souffrant.

    Le regard franc du riche au pauvre exempt d’envie

    Ou jaloux, et ton nom encore signifie

    Quelle douceur choisie, et quel droit dévouement,

    Et ce tact virginal, et l’ange exactement !

    Mais l’ange est innocent, essence bienheureuse.

    Il n’a point à passer par notre vie affreuse

    Et toi, Vertu sans pair, presqu’Une, n’es-tu pas

    Humaine en même temps que Divine, ici-bas ?

    Aussi la conscience a dû, pour des fins sûres.

    Surtout sentir en toi le pardon des injures.

    Par toi nous devenons semblables à Jésus

    Portant sa croix infâme et qui, cloué dessus,

    Priait pour ses bourreaux d’Israël et de Rome,

    À Jésus qui, du moins, homme avec tout d’un homme,

    N’avait lui jamais eu de torts de son côté,

    Et, par Lui, tu nous fais croire en l’éternité.

    Paul Verlaine, Bonheur (1891)

    En guise de rideau de scène, l’image projetée d’une reproduction de L’École d’Athènes, la fresque que Raphaël a peinte dans la Chambre de la Signature au Vatican pour le Pape Jules II.

    On identifie sous les traits d’Héraclite non pas Michel-Ange mais Marcel Proust, sous ceux de Platon, Voltaire et plus Léonard de Vinci. Victor Hugo s’est substitué à Aristote, Montaigne à Euclide.

    Sur la toile, la présence de Ronsard, de Rabelais, de Flaubert et de Maupassant.

    On reconnaît également les portraits de Montesquieu, de Rimbaud ainsi que de diverses autres grandes figures de la littérature française du XVIe au XXe siècle.

    Le traitement des visages est travaillé de sorte que l’identification soit aisée.

    Grâce au truchement d’une inclusion photographique par exemple ou d’une technique picturale qui tranche nettement avec celle de Raphaël.

    Néanmoins, l’ensemble conserve élégance, homogénéité et cohérence jusque dans le choix des jeux chromatiques et des lumières.

    Au cœur de la toile, à la place de Diogène de Sinope, une femme.

    Le visage d’une femme.

    Celui de Marguerite Yourcenar adolescente, dans le rayonnement de sa beauté.

    Le rideau se lève.

    L’obscurité et le silence se dissipent lentement.

    Surgit par la gauche un groupe de jeunes gens.

    Ce sont des collégiens.

    Ils traversent bruyamment la scène.

    On ne distingue que de vagues silhouettes évoquant un théâtre d’ombres chinoises ou le wayang kulit indonésien.

    Une rumeur confuse enfle peu à peu.

    Quelques cris fusent.

    On échange des insultes.

    On entend, en saillie, entremêlées mais claires et distinctes, les variations d’un vocatif, quatre fois décliné : « fils de pute », « gros pédé », « je m’en bats les couilles », « enculé de ta race ».

    Le brouhaha n’a pas cessé ; deux voix se détachent néanmoins.

    Peut-être celles qui viennent de s’exprimer précédemment, ou peut-être pas.

    Indifféremment une voix de fille et l’autre de garçon, ou bien deux voix de garçons.

    On a quoi là ?

    — Français.

    — Putain, les boules !

    Ça fout gavé l’seum…

    — Casse les couilles, oui.

    T’as appris, toi ?

    — Quoi ?

    — Sa fable de ouf.

    — Le loup et l’clebs ?

    Rires.

    — C’est abuser !

    Tu crois que j’les bédave, les trucs au bouffon ?

    C’est pour les yeuv ça, genre.

    Rien à foutre.

    Pas envie d’m’foncener la tête avec un suppo de darons !

    Trop la honte !

    T’as capté, toi, cette histoire de cou pelé ?

    — Dalle !

    — Ah ! Tu vois bien !

    C’est newak son truc, au prof.

    D’la merde, j’te dis !

    D’la grosse merde bien molle qui chlingue comme un camembert fondu, chié d’un cul !

    Comment ils sont trop cheums, les profs !

    Une bande de narvalos !

    T’as vu leurs cheutrons ?

    Ça doit pas souvent bouillaver, le soir, à la baraque !

    Quand j’suis Alcatraz, moi, j’préfère mater Aya Makaïra.

    Elle déchire sa race, la chienne…

    J’lui pète le boule, moi, si on s’croise !

    La fissure profond !

    Et à sec encore !

    Putain, elle est trop bonne, Aya…

    T’as vu son dernier clip que j’t’ai envoyé le lien sur Insta ?

    C’est pas à la claire fontaine du bâtard et sa ménagerie qui m’feraient kiffer pareil !

    Mais avec Aya, frère, ma teube c’est gros débit fontaine. Direct !

    J’la niquerais grave et y aurait dégâts des eaux entre ses cuisses !

    Rires

    — Arrête, t’es gavé con !

    La tête d’ma mère, on va encore arriver en r’tard et se faire jarter d’la Vie sco.

    On s’les gèle gavé en étude, y a pas d’chauffage.

    — T’es chelou, toi !

    Un vrai gogol des familles !

    Un trisomique de Segpa !

    C’est pas y a pas d’chauffage, c’est ces bâtards qui ouvrent leurs fenêtres, à cause du Covid.

    — T’as raison, frère.

    Nique ta race, les Noiches et leur virus.

    Déjà qu’on s’est tapé à la rentrée un texte de pouff’.

    C’était quoi son nom, déjà ?

    Un truc ching-chong, genre.

    Avec un dessin animé gavé naze !

    Attends.

    La vieille, elle s’appelait yaourt quelque chose…

    Yourcenar !

    Marguerite, son prénom, à la meuf.

    Il pouffe.

    Marguerite, gros !

    Un prénom pour vache, tu savais ?

    Wesh la zone.

    Mon cousin y dit qu’elle kiffait gavé brancher d’la zouz !

    Une gouinasse lécheuse de chattes !

    Beurk !

    Putain, c’est des bolos, les profs.

    Des grands malades…

    Et son machin, le titre, au texte.

    Attends…

    Comment Kung-Fu Panda fut sauvé !

    Ça daille gavé !

    Ils se déboyautent de plus belle.

    Tu vas foutre l’dawa, comme hier ?

    — Quoi ? Déclencher l’alarme incendie ?

    Genre, j’veux, oui !

    On va lui pourrir gavé son cours, au bouffon à lunettes.

    J’vais sortir à la zeub pour pisser un coup, et hop !

    Tous sous le préau !

    La classe à Dallas !

    Ils chantonnent :

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