Diapason

Martha Argerich L’insaisissable

Dans Bloody daughter, le film que Stéphanie Argerich a consacré à sa mère, un épisode en dit plus que tout autre. Alors qu’elle est sur le point d’entrer sur scène pour une rarissime performance en solo, Martha Argerich grogne : « Je crois que j’ai de la fièvre. Je n’ai pas envie de jouer. C’est affreux de devoir jouer. » L’artiste aux milliers de concerts n’est pas en train de faire semblant : la panique s’empare vraiment d’elle à l’idée d’affronter en solitaire une salle chauffée à blanc, emplie de spectateurs fanatiques – elle qui a toujours détesté qu’on la considère comme une prêtresse de la musique. Puis elle pousse la porte. Et le miracle se produit : en un instant, toute appréhension disparaît. Etre la plus douée de tous les pianistes vivants, celle pour qui le fait même de jouer est si naturel que l’instrument semble être le prolongement de son corps, ne change rien à l’affaire : elle ne peut simplement pas vivre, et par là même jouer, sans les autres. Et pour cette femme soucieuse de sa liberté, « devoir » jouer n’est pas concevable.

Cette hantise de la solitude vient du plus lointain. Enfant, en

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