Islande: Révolution boréale
Par Guillaume Lebeau
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À propos de ce livre électronique
Vous en doutez ? Regardez l’explosion du nombre de touristes qui en reviennent émerveillés. Familiarisez-vous avec l’ampleur des changements survenus dans ce pays assommé par la crise financière de 2008. Déstabilisée, l’Islande a tenu parce qu’elle est incassable. Ce rocher minéral, posé au milieu de l’Atlantique, est une proue sur laquelle est arrimée une société de résistants, imperturbables face aux vents mauvais qu’engendra la folie spéculative.
Ce petit livre n’est pas un guide. Il est d’abord un miracle d’amitié pour une île méconnue. Secouée par l’explosion du volcan Eyjafjallajökull en 2010, l’Islande a triomphé des tempêtes. Plus solide que jamais, l’île s’est modernisée, démocratisée. Porté par l’énergie des Islandais, ce pays de glaces et de laves n’a pas fini de conquérir l’âme de ceux qui osent le découvrir.
Un grand récit suivi d’entretiens avec Gylfir Magnusson (économiste et homme politique), Unnur Orradóttir Ramette (militante et diplomate) et Andri Snær Magnason (écrivain).
À PROPOS DE L'AUTEUR
Écrivain et producteur, Guillaume Lebeau est l’auteur d’une quarantaine d’œuvres (romans, essais, documentaires) souvent consacrées au rayonnement scandinave.
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Aperçu du livre
Islande - Guillaume Lebeau
Révolution boréale
Une claque de vent arctique. Sur le parking de l’aéroport de Keflavik, c’est toujours la même gifle. Cinglante. Aucun doute, je suis arrivé. Je sais où je suis. L’hiver, se mêlent à cet impact de bienvenue une pluie balayée et une nuit complète. L’été, le choc est adouci mais tout aussi pur. J’avoue préférer l’hiver.
« Tenez la portière lorsque vous sortez de la voiture » dit une étiquette du véhicule de location. Cet avertissement fait toujours sourire… au début. Mais tout au long des 50 km qui mènent de l’aéroport au centre de Reykjavik, bien que roulant sur un asphalte impeccable avec des bas-côtés stabilisés, le pilote a l’impression de naviguer, tenant le volant de toutes ses forces et craignant de voir la voiture s’enfoncer vers l’obscurité. Car sorti de Keflavik et des bâtiments du port, à gauche il y a la mer, à droite il y a la lave. La route est aujourd’hui éclairée, depuis quelques années, mais de part et d’autre du tracé, l’obscurité est complète.
En face de moi des touristes échangent sur la météo, la mine déconfite, tout en regardant l’écran de leur téléphone plutôt que les immenses baies vitrées qui renvoient toutes une lumière différente. Voilà un premier sujet qui différencie touristes… et voyageurs.
Comme parvenu au bout de moi-même, je peux prendre la route vers Reykjavik. Un ruban d’asphalte (la route 41) posé sur un champ de lave et qui ne laisse rien augurer d’autre que le brut et le sublime. Il y a là, déjà, tout ce qui fait l’Islande. Quelque chose et rien. Du plein et du vide. De l’obscurité polaire et de la lumière du Nord.
Je roule. Sur ma droite, des halos urbains et industriels qui nimbent des ténèbres humides. Un rideau de nuit s’est abattu sur la nuit. Il faudrait à mes yeux trop de temps pour s’habituer, pour discerner les crêtes lointaines accrochées sur un horizon à la profondeur insondable. À ma gauche, tout est éteint. C’est l’océan.
Je roule en équilibre sur le fil qui sépare l’humanité de son commencement, en plein Suðurnes, la péninsule du Sud, l’une des huit régions de l’Islande. Je roule et déroule l’ivresse d’être revenu. C’est déjà mon vingtième voyage, mais je le vis encore comme le premier. Comme si je débarquais en terra incognita. Comme si je n’avais ici aucun réflexe. Comme si mes habitudes m’avaient quitté car elles n’avaient plus cours. Bientôt, je touche les contreforts de la banlieue, chaque année plus étendue, avec toujours le regret de ne pas m’enfoncer plus avant dans les terres inhabitées qui encerclent la plus grande ville de l’île.
Au jour, préférez la nuit pour rejoindre l’Islande. Car ainsi au matin, vous n’en serez que plus reconnaissant à ce pays et vous lui pardonnerez, dans un sourire béat, la rudesse de son accueil. À n’en pas douter, vous chercherez déjà à comprendre où vous êtes tombé.
« Pour moi, l’Islande est un pays du deuxième monde : ce n’est ni le tiers-monde, ni le premier monde. Il y a soixante ans, en Islande, on vivait comme au Moyen Âge, très en dessous du seuil de pauvreté. Nous sommes maintenant au milieu, comme la majorité des pays dans le monde, où l’industrialisation est récente, où l’anglais n’est pas la première langue » raconte Björk, livrant peut-être la meilleure définition de ce qu’est l’Islande et de ce que l’on ressent la première fois qu’on y débarque.
On peut aussi évoquer ce sentiment d’atterrir tel un hobbit en pleine Terre du Milieu, voire en plein Mordor… Ce qui s’explique peut-être par le fait que la baby-sitter du célèbre romancier J. R. Tolkien était Islandaise !
Sans plan ni boussole
Par la fenêtre de ma chambre d’hôtel, je contemple les toits colorés, la rue mouillée, quelques ombres pressées. Peu de voitures à cette heure. Ce spectacle me met en joie. L’appel, toujours. Qui m’ordonne de descendre, de plonger dans la vie islandaise sans calcul, sans plan ni boussole. Ne rien prévoir, ici, est une philosophie à laquelle il vaut mieux adhérer. Sous peine de voir sa stratégie ébranlée, voire disloquée par les forces tranquilles auxquelles on ne peut que se soumettre. Ne rien prévoir, jusqu’à l’Eingleði, qui pense positivement le célibat comme un moment de joie de n’être qu’un ! Et on le verra, en Islande, s’il est une certitude, c’est bien celle que la solitude est bienveillante et bénéfique.
C’est de bonne heure qu’il faut s’emparer, à pied, de Reykjavik, capitale la plus septentrionale du monde. Les plus matinaux capteront les premiers rais de lumière sur la Baie-des-Fumées, baptisée ainsi à cause des vapeurs émanant des sources chaudes environnantes. Ils longeront la baie, s’arrêteront devant le Sólfar, le Voyageur du Soleil, bateau viking en acier orienté vers le soleil couchant. Puis ils poursuivront jusqu’à Harpa, une salle de concert posée sur le port et pareille à une agrégation de gemmes multicolores. Là, il sera temps de se réchauffer d’un café latté à Kolaportið (le marché aux puces de Reykjavik). Non sans avoir chiné au préalable dans ce musée couvert de bric et de broc islandais. Et goûté le hákarl, requin fermenté (pour ne pas dire pourri) dont la dégustation par les touristes ne manque jamais de faire rire les Islandais.
Il faut dire