Chroniques du racisme ordinaire
Par Amar Dib
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Amar Dib, juge-médiateur international, a dédié plus de trente ans de sa vie aux fonctions institutionnelles en France, en se concentrant sur les problématiques liées aux questions sociales, à l’intégration, à l’immigration et à l’égalité. Il prend la plume pour partager avec nous son expérience et témoigner de son combat contre la marginalité et le racisme.
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Aperçu du livre
Chroniques du racisme ordinaire - Amar Dib
Préambule
C’est parce que j’aime la France et notre République, ce pays qui m’a vu naître, que j’ai entrepris d’écrire ce livre par lequel je voudrais alerter nos concitoyens sur la fracture qui s’opère actuellement au sein de notre peuple. La promesse républicaine ne peut s’exercer et convaincre que si notre démocratie fait vivre l’égalité et la justice. Elle doit traquer les inégalités, les dénoncer, et veiller à ce que chaque Français se sente pleinement respecté, pleinement considéré dans son identité, et non à la merci de traitements différenciés. La République ne peut pas être une enclave réservée aux biens nés, à ceux qui l’accaparent, l’exploitent et en font un régime de division où se développent le sectarisme, la xénophobie et les préjugés. Nous devons rester vigilants et nous mobiliser autour de ces questions, afin que notre pays reste une terre d’accueil, de tolérance, et où le pacte républicain bénéficie à tous, quelle que soit l’origine sociale, la couleur de peau ou la religion.
Tout ce qui est dans la création existe en vous, et tout ce qui existe en vous est dans la création. Il n’est pas de frontière entre vous et les choses les plus proches, et il n’y a pas de distance entre vous et les choses les plus éloignées. Et toutes les choses, de la plus basse à la plus élevée, de la plus petite à la plus grande, sont en vous dans une complète ÉGALITÉ. Dans un atome, on trouve tous les éléments de la terre ; dans un mouvement de l’esprit se trouvent tous les mouvements des lois de l’existence ; dans une goutte d’eau se trouvent tous les secrets des océans sans fin ; dans un aspect de vous, il y a tous les aspects de l’existence.
Kalil Gibran
Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire.
Georges Orwell
Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ! Vivre c’est lutter !
Victor Hugo
I
« Égalité pour tous ! »
Chiche !
La politique est le moyen pour des Hommes sans principes de diriger des Hommes sans mémoire.
Voltaire
À peine arrivé à l’Élysée en mai 2012, François Hollande s’affaira très vite, avec détermination, et le soutien de l’ensemble des partis de gauche, à faire adopter la loi sur le « mariage pour tous ». Un choix qui annonçait un tournant pour le modèle traditionnel de société dans lequel les Français avaient toujours évolué. On comprit assez vite qu’au-delà de l’engagement politique, la promulgation de cette loi répondait à une exigence, une promesse, devant laquelle le Président Hollande s’interdisait de renoncer. Rien ne lui paraissait plus important, plus essentiel, que d’inviter l’ensemble des Français à souscrire à ce débat national sur la reconnaissance administrative des couples homosexuels. Déjà, en 1999, la gauche avait offert l’union civile à ces mêmes couples en instituant le PACS et en palliant un vide juridique qui ne permettait pas la célébration de leurs unions dans les mairies.
En 2012, cette première concession n’avait, semble-t-il, pas suffi, et les couples homosexuels avaient souhaité rejoindre l’institution du mariage dans sa forme commune à tous. Aussi, pour répondre à cette attente, le gouvernement de l’époque avait présenté ce projet « le mariage pour tous » comme une avancée sociétale majeure, qui devait nous permettre de promouvoir un monde progressiste et ouvert. C’était l’avènement d’une égalité républicaine en adéquation avec l’évolution des mœurs et les attentes de la population. Ainsi, chaque Français, chaque républicain, devait interroger sa conscience et convenir que « l’égalité pour tous » pourrait enfin s’appliquer aux couples homosexuels. Présentée comme telle, cette initiative gouvernementale aurait dû emporter l’adhésion d’une grande partie de la population française. D’autant, qu’à l’occasion des nombreuses manifestations accompagnant ce laborieux débat, on avait pu voir fleurir des centaines de pancartes sur lesquelles s’affichait un slogan engageant, qui rappelait une valeur essentielle de notre République : « l’Égalité pour tous ! »
C’était une manière d’associer à cette démarche, et à ce projet de loi, tous ceux qui pouvaient espérer bénéficier un jour, de ce traitement égalitaire. L’égalité pour les homosexuels s’écrivait « égalité pour tous » et permettait ainsi que toutes les volontés d’égalité s’associent à cette lecture. Il ne s’agissait plus seulement de faire en sorte de promouvoir la célébration du mariage homosexuel, mais de répondre légitimement, par cette évolution, à l’ensemble des inégalités. C’était une stratégie subtile et bien réfléchie que les militants de toutes les gauches s’évertueront à nous vendre avec le même marketing qu’ils nous avaient vendu SOS Racisme dès l’année 1984. Toutefois, et malgré cette stratégie élaborée, de nombreux Français, très attachés au mariage traditionnel « d’un homme et d’une femme », rejoindront la rue afin d’affirmer leur totale opposition à cette évolution légale. Durant cette période, notre pays connaîtra la fracture et la division, et sera durablement marqué par les images de manifestants déterminés, parfois virulents, qui exprimeront leur opposition profonde et totale à ce projet de loi.
François Hollande avait réussi en quelques mois à diviser les Français comme rarement auparavant. La communauté nationale se trouvait gravement fragilisée, et les multiples rassemblements, dans la capitale et à travers la France, traduisaient le malaise d’un peuple soumis à une évolution soudaine et à laquelle il n’avait pas été vraiment préparé. Comme pour d’autres thèmes, l’imaginaire de nos concitoyens venait d’être frappé dans ce qui constituait son socle de références morales, idéologiques et chrétiennes. Comment interpréter, traduire et comprendre ce changement dans l’esprit de millions de Français attachés à ces valeurs et à une identité à laquelle ils associaient les mariages religieux et administratifs ? Le débat n’était plus seulement idéologique et politique, il invitait l’ensemble des Français à faire évoluer le sens qu’il donnait à l’institution du mariage. Les manifestations, comme les échanges sur les plateaux de télévision, indiquaient la crainte des opposants à cette loi de se voir dépossédés de ce qui représentait pour eux un cheminement naturel et normal vers la fondation d’une famille. Pourquoi « dénaturer » le sens traditionnel de l’engagement marital en le soumettant à un changement qui ne nécessitait nullement d’en faire un étendard de justice et d’égalité, encore moins de le présenter comme un besoin impérieux ...? Des millions d’opposants s’étaient convaincus, à tort par ailleurs, que cette loi allait bouleverser notre société et remettre en question notre mode de vie, pour simplement servir les souhaits d’une minorité de personnes très investie dans la campagne des présidentielles en faveur de François Hollande.
Rien ne permettait de faire évoluer positivement cette perception négative et l’appréhension profonde de ces Français, particulièrement du fait que tout dans la promotion de cette loi invitait aux questionnements. Pourquoi cet empressement ? Pourquoi l’imposer de cette manière, sans pédagogie véritable, sans débat contradictoire et sans concertation préalable ? Il ne s’agissait pas de sauver notre économie ou notre système de santé ! Aucune menace particulière en lien avec ce mariage ne pesait sur notre pays ! Rien ne justifiait que ce projet devienne une priorité gouvernementale, au point de provoquer cette agitation électoraliste qui s’imposa à tous, comme un évènement nécessaire et indispensable. Si aujourd’hui de nombreux pays ont adopté le principe du « mariage pour tous », à cette époque nous étions nombreux à nous interroger sur l’opportunité et la pertinence d’interpeller les Français de cette manière, en leur soumettant un débat et une consultation à laquelle ils n’étaient pas vraiment préparés. Nous étions tous très partagés sur l’attitude à adopter devant cette proposition d’évolution de nos mœurs. D’autant, que les médias, très généralement, associaient régulièrement à ce débat les questions sur la GPA ou la PMA.
On pouvait aisément imaginer que la précipitation et l’impatience du Président François Hollande à promouvoir ce projet conduisaient à d’autres questions. Difficile de ne pas comprendre que l’idée en apparence généreuse de donner à une composante de la population française la possibilité d’accéder au mariage légal révélait peut-être d’autres enjeux. À l’évidence, en faisant de cette question une priorité au traitement du chômage, à la précarité sociale ou au développement économique, François Hollande affichait clairement sa volonté de ne pas renoncer à cet engagement de campagne et surtout de ne pas décevoir certains bailleurs de sa campagne, appelés parfois communément les « visiteurs du soir ». Au fond, à la lumière des années qui suivirent cet avènement, on peut aisément penser qu’il s’agissait moins pour François Hollande de faire de ce combat une quête d’égalité ou de rétablir la justice, que davantage chercher à inscrire dans l’histoire, l’idée que la gauche était la seule capable d’inspirer le progressisme et le changement. Il pensait pouvoir marquer l’histoire comme François Mitterrand l’avait fait avec l’abolition de la peine de mort. Or, dans cette opération, François Hollande ne répondait nullement à un désir profond et mûrement réfléchi, mais davantage, semble-t-il, aux attentes et aux aspirations de ceux qui avaient organisé et financé son arrivée au pouvoir.
Par la suite, les militants et les Français favorables à cette idée généreuse de « l’égalité pour tous », qui aurait dû s’appliquer à tous, aux femmes, aux personnes en situation de handicap, aux minorités discriminées, furent pour le moins surpris et déconcerté de découvrir que cette avancée pour l’égalité se limiterait aux seuls couples homosexuels. Finalement, il ne s’agissait pas d’élargir le champ de l’égalité à une majorité de Français, mais d’astreindre simplement son application. Au fil des débats apparaissait le défaut de volonté à faire exister le combat pour une égalité totale, élargie, et efficiente, comme le proclame le triptyque Républicain. La trahison socialiste se révélait encore, au grand jour, sur une thématique aussi sensible et usitée, que la question de l’égalité. Tout avait l’apparence d’une mise en scène destinée à promouvoir une égalité de circonstance, réservée à la seule minorité homosexuelle.
Cette pseudo « gauche progressiste » moult fois trahie par sa soif de pouvoir, et prompte aux renoncements, s’était encore une fois engagée pour une égalité de façade, organisée pour ne s’appliquer que dans les limites de ce mariage homosexuel. Comment ne pas être troublé par cette capacité incroyable de la « gauche plurielle » à mobiliser les Français autour de certains idéaux et de quelques slogans percutants pour finalement mieux trahir ? Le pouvoir socialiste en place avait mobilisé ses troupes afin de faire valoir le principe d’une forme de « discrimination positive » à la française. Il fallait que