Il y a trente ans, le traité de Maastricht entrait en vigueur, le 1er novembre 1993. Vous avez été un des artisans de la campagne du « non ». Quel jugement portez-vous a posteriori ?
Il faut se souvenir que presque tous les responsables politiques plaidaient en faveur du traité. Michel Rocard disait que Maastricht c’était les trois clefs de l’avenir avec la monnaie unique qui allait permettre d’avoir moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, moins de bureaucratie et plus de démocratie. On connaît la suite de l’histoire. Mais, à l’époque, oser émettre le moindre doute sur tout ça, c’était prendre le risque d’être expulsé du cercle des gens raisonnables et fréquentables.
Quatre voix dissidentes, quatre voix fortes, à ce moment-là il y en avait encore en politique, celles de Séguin, de Pasqua, de Chevènement, de Villiers. Chacune à leur manière osa dire les conséquences des engagements que la France s’apprêtait à prendre. Mais, comme je le rappelle dans mon livre, les Cassandre sont maudites. De justesse, ce fut l’inconséquence qui l’emporta. Et si Maastricht n’est pas à l’origine de tous nos maux, c’était en tout cas le concentré des idées qui nous ont conduits au bord de l’abîme de violence et de désespérance où nous nous trouvons.
Cet acte fondateur de l’Union européenne a-t-il participé à ébranler les fondations de notre démocratie ?
Maastricht, ce n’était