Cette semaine, une décision du Conseil d’État – saisi par Reporters sans frontières – redéfinit les missions de l’Arcom en demandant un contrôle plus exigeant de sa part, ciblant la politique éditoriale de CNews en particulier. Quelle a été votre lecture de cet arrêt ?
Il faut bien comprendre ce vers quoi nous amène cette décision : un système où des personnes, nommées par le pouvoir, se mettraient à ficher politiquement les intervenants dans les médias, avant de décider s’ils peuvent ou non continuer à s’exprimer. C’est une dangereuse atteinte à la liberté d’expression. Si nous étions un pays d’Europe centrale, on parlerait de dérive illibérale.
Avant de revenir plus largement sur la question de nos Cours suprêmes, quel est votre avis sur la légitimité des administrations indépendantes dont fait partie l’Arcom ?
On a multiplié les verrous en créant des autorités administratives indépendantes qui sont autant de féodalités juridiques qui ne répondent plus à personne et créent leurs règles qui s’imposent à tous. Quand la Cnil interdit la vidéoprotection intelligente aussi bien pour détecter des bagages abandonnés que pour identifier des terroristes, on peut s’interroger sur le bon sens qui préside à ces mesures. Quand l’Arcom fait des remontrances à géométrie variable selon que vous êtes un média privé jugé de droite comme CNews, ou un média public jugé de gauche comme France Inter, on est fondé à se demander si tout ceci est dicté par l’intérêt général ou par une certaine approche idéologique.