Au-delà du bruit: Dix solutions pour notre avenir
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À propos de ce livre électronique
Au fil des chapitres, il nous fait voyager dans l’Histoire, dans son expérience personnelle, et dans des idées qui l’ont marqué. Son regard est toujours dirigé vers le futur. Alors il assume un « esprit start-up » et propose des solutions concrètes, innovantes et audacieuses aux grands enjeux de notre époque.
L’intérêt de cet ouvrage est qu’il n’est pas celui d’un seul homme. « Les femmes et les hommes politiques ne sont pas omniscients. Nous ne pouvons pas tout savoir mais nous devons garder une écoute humble et bien nous entourer. » Des ingénieurs, des enseignants, des entrepreneurs, des médecins… ont alimenté les chapitres de leur expertise, contribuant à établir des constats limpides et à esquisser des réformes pertinentes.
Le résultat est un regard plein d’espoir sur l’avenir, qui redéfinit le centrisme et pose les jalons concrets d’un nouvel élan pour nos sociétés occidentales.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Christophe De Beukelaer est entrepreneur, député au Parlement de la Région Bruxelles-Capitale et président Les Engagés Bruxelles. Élu parlementaire en 2019, il cède alors son poste d’échevin afin de respecter ses engagements en matière de décumul des mandats. Cette décision illustre sa volonté d’être acteur de transformation positive. Adepte du bon sens et du pragmatisme, il développe une vision politique nourrie d’idées innovantes et audacieuses. Ce livre, qu’il a écrit durant des longs mois, rassemble une foule de propositions pour construire un avenir meilleur pour tous.
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Aperçu du livre
Au-delà du bruit - Christophe De Beukelaer
Préface
« Aah si seulement les hommes et les femmes politiques qui viennent à ce micro pouvaient s’y exprimer avec autre chose que leur agenda personnel en toile de fond et le réflexe d’incriminer systématiquement les partis adverses en lieu et place de développer une vision inspirante et porteuse de sens pour les auditeurs. L’exercice que vous avez fait dans votre livre pour promouvoir l’idée d’un autre modèle économique plus vertueux, il faudrait le faire également au niveau politique… ».
Nous sommes le 7 juillet 2014 et je termine l’enregistrement de l’émission Face à l’info sur La Première au micro du journaliste Eddy Caekelberghs. J’ai publié au printemps de cette même année le livre Sans plus attendre qui rassemble beaucoup de solutions innovantes et vertueuses que j’ai pu découvrir au contact de ces citoyens, entreprises et organisations qui changent la société en silence partout dans le monde. Alors que je marche dans les couloirs de la RTBF pour rejoindre la sortie, cette dernière phrase résonne en moi. Caekelberghs a raison, me dis-je, il est illusoire de vouloir changer de modèle économique si l’on ne fait pas en plus évoluer nos modèles politiques…
Mon domaine à moi, c’est le monde de l’entreprise et pas celui de la politique, mais j’ai toujours gardé à l’esprit cet échange avec Eddy Caekelberghs.
Est-il vraiment illusoire d’imaginer changer nos modèles politiques et démocratiques ? Être de gauche ou de droite fait-il encore sens dans ce monde devenu tellement pluriel, où il n’existe pas de réponses simples aux problèmes complexes qu’engendrent une population de 8 milliards d’individus et une mondialisation effrénée ? Avons-nous encore le temps des sempiternelles querelles d’ego politiques alors que notre maison brûle ? L’urgence n’est-elle pas aussi à la création d’un nouveau récit collectif, à la définition d’une destination qui fasse sens pour le plus grand nombre et dont l’idée engendrerait une envie forte de s’y impliquer ? Pour cela, nous avons peut-être besoin d’un autre modèle politique et surtout d’autres énergies pour l’incarner. Il nous faut aujourd’hui l’émergence de ce que je nomme des « utopistes pragmatiques », des personnes capables de voir dans nos crises autant d’opportunités de développer un modèle de société plus vertueux, des femmes et des hommes qui s’engagent en politique avec le désir absolu de se réaliser en servant envers et contre tout le bien commun et plus les intérêts « partisans » qui ont trop longtemps gangréné nos démocraties. Pour définir un nouveau but, une nouvelle destination collective, pour éviter l’effondrement déjà annoncé par le club de Rome en 1974 et permettre l’avènement d’une nouvelle renaissance comme celle qui succéda au Moyen Âge, il nous faut comprendre les choix et comportements erronés qui nous ont conduits dans cette impasse. Les causes sont certainement multiples, mais il en est une qui me semble évidente : nos crises actuelles sont aussi et surtout des crises de leadership et de gouvernance. Nous avons eu trop de leaders au pouvoir et pas assez au service, trop de leaders cultivant l’amour du pouvoir en lieu et place du pouvoir de l’amour, celui que les Grecs anciens nommaient l’amour Agapè : l’amour inconditionnel de la vie, de l’humain, la conviction que la vie a un sens et que demain sera plus juste qu’aujourd’hui.
Parce que le modèle économique et particulièrement la finance sont dominants dans notre société, j’ai passé ces quinze dernières années à essayer d’identifier les solutions pratiques à nos problèmes, mais aussi, et surtout, à accompagner les dirigeants qui étaient les acteurs au quotidien de ce modèle. Il est peut-être déjà trop tard, mais les choses bougent et l’on voit émerger un peu partout une nouvelle conscience, avec d’autres envies en matière économique. La notion de PIB comme indicateur ultime de la santé d’un pays est enfin contestée, l’idée d’une économie régénératrice et non plus prédatrice fait son chemin et commence à être enseignée dans les meilleures écoles de commerce. L’heure est peut-être venue de changer profondément notre modèle de société et surtout les modèles politiques qui le régissent.
La politique est bien plus qu’un jeu de pouvoir. C’est le moyen par lequel nous codifions notre vivre ensemble, par lequel nous décidons collectivement de notre avenir. C’est un instrument puissant pour garantir que chaque individu puisse s’élever dans la dignité. C’est pourquoi elle mérite d’être réinventée pour servir véritablement le bien commun.
Ce livre explore ces idées et bien d’autres encore. Il nous rappelle aussi que nous avons le pouvoir de façonner notre avenir collectif, que la politique n’est pas une affaire réservée aux politiciens, mais une responsabilité que nous partageons tous.
Il est temps de repenser la « gestion de la cité », de la ramener à sa véritable mission : servir et garantir le bien commun. C’est un défi audacieux, mais il est à notre portée si nous nous engageons collectivement à faire de la politique un outil de progrès, de justice et de durabilité. En tant que citoyens, nous avons le pouvoir (ou peut-être le devoir, au vu de l’urgence) de réinventer notre démocratie, de réimaginer notre société et de forger un avenir meilleur pour tous et particulièrement pour les générations futures à qui nous empruntons cette belle planète.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aujourd’hui en politique une nouvelle génération qui a soif d’autre chose et l’envie d’incarner ce nouveau modèle… Christophe De Beukelaer en est certainement une figure de proue.
Guibert del Marmol
Bruxelles, le 10 novembre 2023
Avant-Propos
On s’égare vite. Le rythme effréné et les infinies possibilités offertes par notre société moderne ont tôt fait d’accaparer notre attention. C’est encore plus le cas en politique où la lumière des projecteurs titille nos ego en permanence. Alors ce livre, je l’ai d’abord écrit pour moi, comme force de rappel des raisons profondes de mon engagement politique. Il m’a forcé à sortir du bruit, du brouhaha des réseaux sociaux, de la vie quotidienne et politique, pour prendre du recul et définir les grands enjeux que je veux défendre. C’est une colonne vertébrale, un fil rouge qui me tient sur le chemin que je veux emprunter. Je l’ai aussi écrit pour me coincer. Car maintenant qu’il est écrit et publié, ce livre m’oblige.
Certains chapitres commencent par une partie en italique. J’ai la chance d’avoir croisé sur ma route des personnes dont la sagesse m’a inspiré. Chacun à leur façon, ils m’ont appris des leçons précieuses. À leur contact, je façonne ma vision politique et garde le cap du bien commun. Il est si facile de se laisser emporter par le court terme, les luttes de pouvoir et les intérêts personnels. En particulier, en politique. S’entourer de personnes sages est le meilleur moyen de ne pas s’égarer. Ce livre est aussi un hommage à eux. Je ne les nomme pas. Ils se reconnaîtront. Je les fais intervenir en début de chapitre dans des interprétations personnelles et condensées de ce qu’ils m’ont transmis.
Je n’ai pas la prétention de vous présenter la vérité dans ce livre, mais bien ma vérité. Je vous présente ma vision du monde, de ses enjeux et des solutions à apporter. Je vous fais, en quelque sorte, entrer dans ma tête. Je ne m’encombrerai pas des formules de précaution de type « je pense » ou « ceci est mon hypothèse ». Mais je suis très conscient d’avoir encore énormément de choses à apprendre et que ma vision du monde, de ses enjeux et des solutions à apporter, évoluera avec le temps.
En politique comme ailleurs, on ne gagne qu’en équipe. J’ai pu compter, pour écrire ce livre, sur la contribution de plusieurs personnes actives sur le terrain dans des domaines d’expertise particuliers. Certains ont pris en main des chapitres, d’autres ont partagé des idées et des données. Ensemble, nous avons façonné cet ouvrage et le projet qu’il sous-tend. Les femmes et les hommes politiques ne sont pas omniscients. Nous ne pouvons pas tout savoir mais nous devons bien nous entourer. Je suis très fier de ce travail d’équipe. Chacun a donné du temps, du talent et du cœur à ce projet, dans un esprit de collaboration dont notre société a tant besoin.
Finalement, j’ai écrit ce livre en Europe en 2023. Il est capital de bien intégrer que tout ce qui est écrit concerne l’Occident. Certaines tendances, propositions ou analyses, ne peuvent pas être appliquées systématiquement à d’autres régions du monde où les enjeux sont parfois fondamentalement différents. Je ne répéterai pas cette précaution afin de faciliter la lecture, mais elle vaut pour l’entièreté de l’ouvrage.
Introduction :
La vie, une mutation constante
1. Se placer dans l’Histoire
Depuis le Big Bang, la vie est une ode au changement. Il a fallu plus de 13 milliards d’années pour que l’explosion de ce qui n’avait la taille que d’un dé à coudre se développe et évolue jusqu’aux Univers d’aujourd’hui, que nos cerveaux humains ont encore tant de difficultés à concevoir. Dans cette immensité, notre Terre, apparue il y a 5 milliards d’années, est une évolution permanente. La vie n’a été longtemps que du minéral, une forme de vie éternelle et extrêmement stable. Il a fallu 2 milliards d’années, mais même cette vie minérale a évolué. Au fond des océans, des bactéries unicellulaires sont apparues. Lentement, elles sont devenues des algues. Le règne végétal s’est établi. Au bout de centaines de millions d’années, les végétaux les plus évolués vont devenir les premiers animaux sous-marins. Pour sentir cette évolution, intéressons-nous de près au corail. Nous sommes à la croisée des chemins. Sommes-nous devant un être minéral, un végétal ou un animal ?
Le temps qui passe et les sécheresses intenses ont fait descendre le niveau des mers et forcer les mousses stagnantes au bord des océans à s’affranchir de l’eau et à développer des premières racines. Ce règne végétal va petit à petit couvrir la Terre et attirer les premiers poissons à… sortir de l’eau. C’est sans doute la mutation la plus spectaculaire de tous les temps. Rendez-vous compte que des poissons ont littéralement muté. Petit à petit les nageoires se sont rigidifiées pour leur permettre de se mouvoir dans des environnements boueux, jusqu’à devenir des véritables pattes. De nouveaux organes se sont développés, comme les poumons. Plus puissant que le végétal grâce à sa capacité à se mouvoir, l’animal va coloniser la Terre.
Et l’aventure ne fait que commencer. Ces animaux vont évoluer jusqu’à ce que les plus grands d’entre eux, les dinosaures, dominent la Terre pendant plus de 160 millions d’années. Le gigantisme de leurs corps permet de capter les rayons de soleil et de les maintenir à température malgré leur sang froid. Une photo instantanée de cette époque aurait convaincu n’importe qui que les dinosaures avaient gagné la partie définitivement.
Et pourtant, le futur de la vie s’est caché ailleurs : dans de minuscules petites musaraignes. Elles n’avaient aucun atout extérieur pour battre les dinosaures. Mais elles avaient développé une fonction qu’aucun autre animal sur Terre ne possédait : le sang chaud. Lorsque, par des phénomènes très étudiés mais encore largement méconnus (probablement une intense activité volcanique), la Terre fut largement privée des rayons du soleil, les dinosaures se sont éteints. Leur grande surface de peau développée pour capter les rayons du soleil était devenue une source de perte de chaleur trop grande. Et la vie a poursuivi son évolution à travers les musaraignes. Les conditions étaient favorables. Elles étaient débarrassées de leurs plus grands prédateurs et elles pouvaient réchauffer leur corps indépendamment du soleil. Elles ont donc pu se développer jusqu’à l’extraordinaire diversité de mammifères qui a longtemps peuplé la Terre. Les espèces sauvages et domestiques qu’on connaît aujourd’hui n’en sont en réalité que de pâles restes. Parmi ces espèces, les premiers hominidés ont ouvert la voie à une quinzaine d’espèces. Ce qu’on appelle aujourd’hui l’Homme¹, en fait partie. Cet Homme est en constante évolution depuis 7 millions d’années. Australopithèque était petit, entièrement couvert d’une fourrure dense, avec la mâchoire avancée comme un singe et un larynx dont la forme empêchait tout son articulé. Homo Habilis, toujours petit (130 cm en moyenne), marchait debout, mais possédait encore de grandes capacités pour grimper aux arbres. Il avait de moins en moins de poils et sa boîte crânienne commença à gagner en proportion par rapport au reste du visage. Si on lui attribue l’invention du premier outil (une pierre qu’on jette sur une autre), c’est Homo Erectus qui conquit le monde grâce, notamment, à la maîtrise du feu qu’il a acquise.
Entre ces premiers Hommes et Homo Sapiens Sapiens que nous sommes, l’évolution à la fois intérieure et extérieure ne s’est pas arrêtée une seconde. Il y a quelques millénaires, il était un Homme-mémoire. Tout ce qui existait était mémorisé et transmis par la tradition orale. Ce qui était oublié était perdu ! Il était donc vital de mémoriser la taille précise de tel animal, les qualités nutritives ou médicinales de telle plante. Nos ancêtres avaient des capacités de mémorisation gigantesques qui n’ont rien à voir avec les nôtres aujourd’hui. Ils pouvaient décrire leur descendance et remonter plusieurs dizaines de générations en arrière, là où nous peinons à nous souvenir du prénom de nos arrière-grands-parents. Mémorisant de plus en plus de choses, le cerveau humain est arrivé à saturation. L’Homme ne pouvait plus progresser ! Il a alors fallu que les Hommes les plus évolués développent l’écriture et la connaissance des nombres. Je ne peux qu’imaginer comme cette nouvelle faculté a dû être combattue à l’époque. Il existerait donc une nouvelle fonction qui permet de sauvegarder l’information et d’y avoir accès de manière illimitée sans devoir la mémoriser ? Imaginez comme l’ordre des choses était d’un seul coup chamboulé. Quelle serait par exemple encore la place des aînés, dont l’autorité reposait jusque-là sur leur mémoire plus avancée que tous les autres membres de la tribu ? Mais la puissance de cette innovation la rendait inéluctable. Certains tentaient bien de la freiner, mais c’était peine perdue. Petit à petit, la mémoire s’est vidée sur des pierres, des manuscrits, des livres, des disques durs et Wikipédia. Libéré de cette contrainte, l’Homme-mémoire a laissé place à l’Homme-intelligent. Avec l’écriture et le calcul, il a développé des facultés de déduction et de logique. Pour l’Homme-mémoire, cet Homme-intelligent était extraordinaire ! Ce qu’il faisait lui semblait inaccessible et irrationnel. Alors qu’il mémorisait de moins en moins, il devenait plus efficace et plus rapide dans tout. Il leur semblait prédire l’avenir alors qu’il ne faisait que déduire de manière logique certaines choses. Cette intelligence a peu à peu pris toute la place dans le cerveau de l’Homme et on est arrivé aujourd’hui, en Occident à tout le moins, à son sommet. Depuis les produits financiers dont plus personne ne comprend comment ils fonctionnent, à des exploits techniques comme la conquête de l’espace, tout est intelligence ! On sent bien qu’on arrive à nouveau à un « trop », que ce n’est pas la 6G ou la seconde gagnée sur une ligne de production qui vont nous rendre plus heureux et faire baisser les taux inquiétants de burn-out, de dépressions et de suicides. D’ailleurs, le relais a spontanément débuté. Regardez comme la calculette a largement allégé les capacités de calcul des enfants. Ça ne fait que commencer. Depuis décembre 2022, les intelligences artificielles ont débarqué dans nos vies quotidiennes avec une pertinence époustouflante. Et ce n’est encore rien. Quand les ordinateurs quantiques vont s’y greffer, cela va exploser. Très logiquement, comme la mémoire dans l’écriture, on va déposer notre intelligence dans l’intelligence artificielle. C’est inéluctable. On va continuer à innover et réfléchir, mais le futur de l’Homme n’est plus par là. Tout comme l’Homme a perdu une grande partie de sa capacité de mémoire, il va devenir moins en moins intelligent. Mais pour gagner quoi ? C’est bien l’écriture qui a permis l’intelligence ! L’intelligence artificielle va donc permettre une nouvelle faculté chez l’Homme. C’est la grande question, passionnante et enivrante, qui devrait nous habiter en permanence : quel est le prochain pas que la vie attend de nous ?
J’ai pris conscience qu’on ne peut pas construire un projet politique sans le placer dans le courant de cette grande Histoire de la vie. Je tire de cette mise en perspective quelques enseignements fondamentaux pour construire notre futur :
1) L’Homme mute. Tout mute. Dans quelques siècles et millénaires, l’Homme aura développé sa conscience et de nouvelles facultés biologiques qui en feront un Être différent de ce que nous sommes aujourd’hui. De quelle amnésie collective souffrons-nous pour croire que vous et moi serions une version finale et aboutie de l’espèce humaine ? On ne peut pas arrêter cette mutation, tout comme chaque matin on ne peut pas arrêter « l’irrésistible montée de l’aube² ».
2) C’est une bonne chose, car l’Histoire nous a démontré que tout ce qui ne progresse pas, stagne, que tout ce qui stagne, régresse, et que tout ce qui régresse, meurt. Ce sont à chaque fois les espèces capables de s’adapter, d’inventer des nouvelles facultés extérieures ET intérieures, qui permettent à la vie d’évoluer. C’est en ce sens que nos sociétés doivent accepter le changement perpétuel. C’est ce que les progressistes ont bien compris. Encore faut-il pouvoir séparer le changement qui fait progresser de celui qui fait régresser. Et, bien entendu, faire l’effort de choisir celui qui fait progresser.
3) Ils devront aussi être suffisamment clairvoyants pour comprendre ceci : le nouveau n’efface jamais l’ancien. Il s’y ajoute et l’ancien ne disparaîtra que quand il aura perdu sa pertinence et son rôle dans l’évolution. Ce n’est jamais le nouveau qui le vire ! L’apparition des animaux n’a pas supprimé les végétaux. Le nouveau ne pourra d’ailleurs mener l’évolution que s’il laisse une place à l’ancien. C’est à cet endroit-là que les conservateurs ont raison. C’est comme une greffe : le porte-greffe est toujours le même et à la fois plus du tout le même car il fait à présent corps avec le greffon. Et pour que la greffe prenne, il faut que le greffon soit accepté par le porte-greffe, sinon il ne se déploiera pas. Jamais une loi ni une politique ne peut écraser ou effacer ce qui précède.
4) Le changement porteur de vie, est toujours mené par quelques-uns. Il suffit de quelques petites musaraignes, en nombre limité comparé aux dinosaures, pour que lorsque les conditions extérieures