À propos de ce livre électronique
La quête des signes 3
Désemparée face à la perte immense qu'elle vient de subir, Zia décide de poursuivre son long voyage initiatique malgré la peine et les obstacles. Au fur et à mesure des rencontres, des soins qu'elle prodigue avec abnégation et compassion, elle prend conscience du fabuleux héritage laissé par Lidova et réalise les attentes immenses des gens qui l'accueillent. Néanmoins, elle se doit d'aller jusqu'au bout de sa promesse faite à la vieille guérisseuse des Haganitas de déposer l'amulette-totem dans la grotte sacrée. Seule, elle affronte la périlleuse traversée des montagnes et manque d'y perdre la vie. Déterminée, elle n'hésite pas à s'aventurer dans les entrailles de la Terre-Mère avec son chien Cani. Son incroyable volonté de se battre et son énergie pour affronter l'adversité vont cependant être réduites à néant.
Au bout des grandes plaines d'Europe centrale et des fatalités qui s'abattent sur lui, Kadmeron découvre enfin un village où les signes-mots semblent rythmer les événements et embellir tous les aspects de l'existence. Ce peuple inconnu maîtrise des techniques nouvelles qui le fascinent. Il observe les premiers champs cultivés et commence à percer les secrets qui lui ont fait traverser des milliers de kilomètres avec la manifestation terrestre de son esprit protecteur, le cheval Potac. Mais la grotte des esprits-animaux l'appelle. Lui aussi doit respecter son engagement chamanique fait à la mère bisonne. Pour éviter à tout prix la répétition de la malédiction du grand cerf, il part à la recherche de ce lieu sacré, dissimulé par le relief, la végétation, et protégé par de féroces prédateurs.
Un hasard incroyable réunit enfin ces deux jeunes qu'un monde séparait. Ils apprennent petit à petit à se parler, à se connaître. Une complicité s'établit ainsi qu'un désir réciproque, teinté de respect et de curiosité pour cet Autre venu de si loin. Mais ce jeune couple qui se forme doit trouver la force de résister à l'adversité et aux préjugés. Pourront-ils chacun affronter le poids des coutumes, de l'ignorance et de l'orgueil ? Leur amour naissant résistera-t-il aux ambitions de leur entourage ?
Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l'Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s'abattent sur le monde, la Mer Méditerranée envahit les côtes. Les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.
C'est le début d'une période de migrations forcées qui placent l'humanité dans une situation terrible.
Comment se sont organisés nos ancêtres pour faire face à la furie des eaux et au réchauffement climatique ? Avec quelles technologies ont-ils réussi à survivre ? Quelles alliances ont-ils dû forger pour arriver à dépasser ces terribles catastrophes ?
Lié à La Montagne d'Or
Titres dans cette série (11)
Le Clan de l'Île Oubliée: Héritiers de l'Âge de pierre, #0 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Furie des Eaux: Héritiers de l'Âge de pierre, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Collier de Coquillages: Héritiers de l'Âge de pierre, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Amulette des Saisons: Héritiers de l'Âge de pierre, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Enfants du Kangourou: Héritiers de l'Âge de pierre, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Peuple du Poisson: Héritiers de l'Âge de pierre, #4 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Montagne d'Or: Héritiers de l'Âge de pierre, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Grotte des Signes: Héritiers de l'Âge de pierre, #5 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Bastida: Héritiers de l'Âge de pierre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Piliers des Esprits, La quête des signes 6: Héritiers de l'Âge de pierre, #6 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Chercheuse de Vie: Héritiers de l'Âge de pierre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Livres électroniques liés
L'émissaire - Tome 2: Dans les griffes du corbeau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGraine d'écume - Tome 1: La malédiction de Saint Budoc Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHrodbehrt l'oiselet: Un roman Fantasy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLucile: La forêt à la mousse verte et aux sept fontaines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Aventuriers de la Sauvageonne: Tome 3: Le Dragon du Four à Chaux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAIFYSBÒK Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires et Chroniques de la tribu de l'Ouest: Livre premier : L'Ombre de la Tour Noire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Gardienne du Passage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAïna l'aventurière fantastique 1: A travers les Mondes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVicissitudes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes sept chansons Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Reine Mellifère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrincesse promise - La rose et son destin - Tome 4 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa légende du tigre rouge - Tome 3: La vallée des larmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes pierres de la Prophétie: Tome 1 : Le royaume de Riwal Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes enfants de Khâla Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOdyssée du Mage: Domination Élémentaire 9/12: Odyssée du Mage, #9 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRetour vers Laurenzenea Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMax et Voltaire Un Trésor dans la neige Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRécits d'un Chasseur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMagie noire magie blanche - Tome 3: Tome 3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Collier de Coquillages: Le clan de l'île oubliée 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa dernière gardienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationErreur de parcours: Un mystère en Limousin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa paix dans mon royaume: Magie, ruses et paix : une lutte épique entre deux royaumes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTraçage de la lignée Interstellaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMuria Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationKalis Rastell - Tome 1: De brume et de fer Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe dernier conte Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur La Montagne d'Or
0 notation0 avis
Aperçu du livre
La Montagne d'Or - C.O. Rebiere
Préface
Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l’Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s’abattent sur le monde, la mer Méditerranée envahit les côtes, les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.
C’est le début d’une période de migrations forcées qui placent l’humanité dans une situation où chaque homme, chaque femme devra faire des choix cruciaux qui modifieront à jamais l’avenir de leur peuple. Paradoxalement peu documentée et controversée, cette époque méconnue de notre préhistoire ouvre cependant les perspectives de la fabuleuse révolution de l’agriculture et des changements profonds qui suivront dans les sociétés humaines du Néolithique. Et en vérité, les extraordinaires contraintes climatiques, sociologiques et culturelles obligeront nos ancêtres à prendre des mesures drastiques et courageuses. Profondément... humaines. Un message du passé pour les profondes mutations qui se déroulent de nos jours et nous obligent à réagir ?... Comment se sont organisés nos ancêtres pour faire face à la montée des eaux ? Quelles technologies ont-ils développé pour réussir à survivre ? Quelles alliances ont-ils dû forger pour arriver à dépasser ces terribles catastrophes et obstacles ? Quelles croyances ont pu leur donner l'inspiration, la force et la motivation nécessaires pour continuer à lutter contre l'adversité et à transmettre le fruit de leur expérience aux générations suivantes ?
Ce sont les questions auxquelles la série les « Héritiers de l’Âge de pierre » tentent, humblement, de répondre. Cette série de fiction s’appuie sur certaines découvertes archéologiques mises au jour en Eurasie et, bien évidemment, sur les suppositions et l’imagination de ses auteurs.
Nous espérons que les aventures de nos héros et héroïnes d'un lointain passé vous aideront à réfléchir aux défis sans précédent qui se posent aujourd'hui aux habitants de cette si merveilleuse biosphère que nous avons en partage.
Nous, qui sommes leurs héritiers.
Chapitre 1
Zia voyait sa grand-mère lui effleurant avec douceur le visage et l'entendit lui dire : Tu dois continuer ta route ! Va à la Grotte Sacrée de la Terre-Mère et n'oublie pas d'emporter mon totem ! Elle fut étonnée de constater que les lèvres de Lidova n'avaient pas bougé. Elle tendit la main pour la toucher mais une sensation de vide lui tirailla les entrailles en l'arrachant à son sommeil.
En sueurs, elle regarda autour d'elle et le corps inanimé qui gisait à ses côtés lui rappela la dure réalité. Cani vint la consoler en léchant ses mains et en secouant la queue. Zia lui caressa la tête et le gratta derrière les oreilles.
— Heureusement que tu es toujours là mon Cani ! Grand-ma ne reviendra pas, mais elle m'a parlé dans mon sommeil... Comme elle me l'avait bien dit hier, elle n'est pas vraiment partie. Sinon, je ne pourrais pas l'entendre dans mes rêves, n'est-ce pas ?
Le chien aboya en guise de réponse et poussa la jambe de Zia avec son museau humide.
— Oui, oui, je me lève, répondit-elle en comprenant que son compagnon l'incitait à se mettre debout. D'ailleurs, Grand-ma m'a rappelé que je dois emporter son totem à la Grotte Sacrée de la Terre-Mère. Je l'avais oublié... J'étais trop fâchée qu'elle m'ait quittée, je pense, avoua-t-elle. Mais elle m'a averti que je n'ai pas le droit de renoncer et encore moins de ne pas accomplir son dernier vœu. Nous allons donc partir tout de suite car sinon elle ne pourra pas retrouver le chemin dans l'au-delà... Elle doit rejoindre Grand-pa au plus vite. Ils seront si heureux d’être ensemble dans cet autre monde. Nous devons les y aider ! conclut-elle en se levant.
Cani aboya plusieurs fois avec enthousiasme, comme s'il comprenait la mission dont il était investi. Zia s'approcha de Lidova et, en soulevant délicatement sa tête, lui enleva la pierre en forme de tortue qui était attachée à son cou grâce à une fine tresse en cuir. Symbole de la Terre, de l'amour et de la persévérance, ce totem illustrait si bien sa grand-mère. Sa patience était infinie et sa gentillesse et douceur présentes dans tous ses gestes et ses paroles. D'ailleurs, Zia ne pouvait pas se rappeler une seule fois avoir entendu sa grand-mère élever la voix ou dire la moindre méchanceté à qui que ce fût. Elle caressa avec tendresse ses cheveux blancs comme neige et déposa un baiser plein d'amour sur le front glacé de la vieille dame qui semblait endormie.
— Je vais partir Grand-ma. Je vais apporter ton totem dans la Grotte Sacrée de la Terre-Mère comme tu me l'as demandé. Je reviendrai ensuite et je trouverai un moyen de t'enterrer comme il se doit. Je ferai aussi vite que possible, promit-elle.
Ses larmes avaient cessé de couler, laissant leurs traces salées sur ses joues. Elle couvrit la dépouille avec la natte tressée qu'elle avait pu récupérer dans les bagages. Elle utilisa les pierres plates du foyer pour fixer les bords. Comme elle estima qu'il n'y en avait pas assez et qu'elle souhaitait protéger absolument sa grand-mère de tout charognard, Zia alla chercher d'autres rochers encore plus lourds. Après un effort acharné de plusieurs heures, elle s'arrêta pour vérifier l'état de son hydrontine, Tache blanche. Elle était en train de brouter l'herbe et fut contente de retrouver Zia.
— Nous allons bientôt partir, ma jolie. Je t'ai déjà dit que Grand-ma nous a quittées ? Et puis Tête dure aussi, tu as dû le remarquer... ajouta-t-elle en la caressant sur le museau.
L'hydrontine bougea ses oreilles et dans ses yeux, Zia crut lire une tristesse presque humaine.
— Moi aussi, je suis très triste.
Cani aboya pour lui rappeler sa douleur ou son existence.
— Oui, oui, Cani aussi. Tu imagines bien que Tache blanche t'a bien remarqué quand même, non ? le gronda la jeune fille avec douceur en lui donnant aussi quelques caresses. Nous allons partir tous les trois dès demain matin. Allons manger, nous aussi ! Toi, Tache blanche, continue à prendre des forces car nous en aurons besoin pour rejoindre cette grotte. Je ne sais même pas si nous y arriverons car la carte que Grand-ma m'a dessinée me semble compliquée...
Zia hésita avant d'allumer le feu pour se préparer une tisane. Elle allait manger la viande fumée qu'elle avait encore en abondance et elle irait cueillir quelques baies sauvages. Elle se rappela qu'il restait de la bouillie des racines de grande bardane que sa grand-mère n'avait pas mangée entièrement. Bien qu'hésitante, elle décida finalement d'aménager un foyer près de son hydrontine. Elle avait déjà défait celui qui se trouvait dans l'anfractuosité où gisait la dépouille de Lidova. Même si elle avait du mal à ne pas rester à ses côtés pour la veiller, elle pensa qu'elle devait de toute manière faire le nécessaire pour quitter les lieux. Alors, autant s'y mettre tout de suite ! La jeune fille descendit dans la fosse et tria rapidement les choses qu'elle allait emporter avec elle. Impossible de tout amener puisqu'elle n'avait plus qu'une seule hydrontine et ne voulait pas la surcharger inutilement. Elle était décidée d'aller à la Grotte Sacrée de la Terre-Mère pour apporter l'amulette-totem de Lidova, puis de revenir sur place l'enterrer. Donc inutile de prendre tout avec elle. Elle fit un ballot avec la grande peau dans laquelle elle avait descendu le nécessaire dans la fosse et y mit les choses qu'elle avait récupérées des bagages de l'autre hydrontin qui était mort des suites de sa terrible chute, aux fins fonds des entrailles de la terre.
Zia alluma le feu et réchauffa la bouillie de racines et se prépara une tisane d'herbes sacrées car elle avait besoin de nouvelles forces pour affronter le chemin qu'elle devait parcourir. Elle donna un grand morceau de viande à Cani qui se régala, puis mangea avec appétit en essayant de ne pas se laisser submerger par la tristesse de l'énorme perte qu'elle venait de subir. Sa grand-mère lui manquait terriblement, mais pour ne pas sombrer, dès qu'elle sentait les larmes lui remonter dans les yeux, elle se mettait à lui parler à voix haute, comme si elle était toujours avec elle. Elle ne niait pas sa mort, mais n’était pas encore prête à accepter sa disparition. Elle l'assura qu'elle allait accomplir son dernier vœu, sans hésiter à lui faire comprendre qu'elle était encore fâchée qu'elle ne s'était pas suffisamment battue pour rester avec elle. Elle osa même disputer la Terre-Mère qui avait décidé de l'emporter trop tôt. Ces conversations lui permirent de tout finir avant la tombée de la nuit : préparer les bagages, manger et même se laver dans la source fraîche qu'elle avait découverte à proximité. Elle prit la décision de ne pas emporter toutes les provisions de nourriture et d'en laisser une bonne partie dans la fosse, près de sa grand-mère, dans le trou qui lui avait servi de foyer et qu'elle avait vidé de ses cendres au préalable. Elle couvrit ensuite le tout avec deux grandes pierres plates afin d’empêcher les animaux de les dégager. Bien sûr, elle savait que tout dépendait de la taille des bêtes... Lidova lui avait parlé des grands ours qui habitaient dans les forêts de ces montagnes et même si elle n'en avait jamais vus de sa vie, elle se les imaginait énormes. Zia espérait seulement que ces créatures ne pourraient pas se faufiler dans cette faille et ainsi elle avait bon espoir qu'elle trouverait le tout intact à son retour. Elle avait pensé couvrir directement le corps inanimé de pierres pour être sûre qu'aucun charognard n'y toucherait, mais elle avait l'impression que cela ferait du mal à sa grand-mère qu'elle aimait tant. C'est pour cette raison qu'elle avait préféré étaler la natte tressée sur la défunte avant de disposer stratégiquement quelques roches sur le pourtour pour la maintenir en place sans pour autant risquer d'écraser la dépouille.
Pour cette dernière nuit, elle décida de dormir près de Lidova afin de partager ces moments précieux avec elle.
Le lendemain matin, Zia se réveilla reposée. Pour la première fois depuis l'accident, elle n'avait pas fait de cauchemars et avait pu ainsi dormir une nuit entière. Cani était tout excité en sentant le départ tout proche. Même Tache blanche l'accueillit à la sortie de la fosse avec un braiment joyeux. Zia lui donna une pomme car l'hydrontine en raffolait. Après avoir rapidement mangé et bu de la tisane qu'elle avait préparée la veille, elle chargea l'équidée et prit la trousse de plantes de sa grand-mère en laissant la sienne près du corps inanimé de Lidova. Elle avait hésité à enlever son amulette des saisons le jour précédent lorsqu'elle avait retiré son totem. Sa grand-mère lui avait bien dit qu'elle souhaitait lui en faire cadeau, mais Zia ne put se résoudre à lui ôter ce lien avec son passé et sa vie. Elle savait très bien la grande importance que la femme portait à ce présent fait par le peuple des Cutylias lors de son voyage initiatique le long de la Rivière Tourbillonnante. Il concentrait tant de symboles, de sagesse, de moments importants de son passé que Zia ne se voyait pas l’en priver. Elle pensa néanmoins qu'elle aurait peut-être le temps de s'en graver une copie après son retour et ainsi conserver un souvenir et la mémoire des enseignements précieux de sa grand-mère.
— Allez, nous devons rejoindre la Rivière du Milieu pour la suivre jusqu'à la Montagne Boisée, annonça Zia en se mettant en marche et en prenant le licol de Tache blanche.
Cani prit la tête du cortège en aboyant, content de faire le guide. Il flairait l'air et fouillait les alentours du sentier comme s'il voulait épargner à sa jeune amie d'autres ennuis. Après moins d'une heure de marche, Zia aperçut les méandres d'un grand cours d’eau.
— Et voici la Rivière du Milieu dont parlait Grand-ma... c'est bien ça Cani, n'est-ce pas ?
Le chien jappa en agitant sa queue avec joie comme s'il voulait confirmer la supposition de Zia.
— Bon, je vois que tu penses comme moi, alors nous allons la suivre jusqu'à la Montagne Boisée. Je vois plusieurs collines là-bas, mais comment deviner laquelle sera la bonne ?
Tache blanche se remit en marche d'un pas décidé. Zia et Cani la suivirent.
— Tu sais, toi, où se trouve cette fameuse montagne ? lui demanda Zia après l'avoir dépassée.
L'hydrontine bougea ses oreilles en la regardant, puis secoua sa tête de haut en bas.
— Non, tu ne peux pas me répondre, là, je suis en train de m'imaginer des choses... se dit-elle pour se raisonner. Pourtant... hé, Tache blanche, as-tu accompagné Grand-ma déjà à la Montagne Boisée ? osa-t-elle lui poser la question.
L'animal refit les mêmes gestes et Zia ne douta plus que son hydrontine communiquait avec elle tout comme Cani, son fidèle compagnon. Elle se réjouit d'avoir deux amis pour l'accompagner dans son voyage. Elle se sentait déjà moins seule et l’absence de sa grand-mère lui semblait plus supportable.
— Bon, nous continuerons près des berges de la Rivière du Milieu et tu me feras signe lorsqu'on s'approche de la Montagne Boisée. Nous ferons halte là-bas pour la nuit, décida Zia sans vraiment savoir la distance qu'elle devait parcourir.
Le petit convoi marcha dans un rythme soutenu pendant toute la journée. Zia ne fit qu'un court arrêt pour laisser son hydrontine s'abreuver et manger un peu d'herbe. Elle profita pour donner un bout de viande à Cani et en dévora elle-même un autre avec quelques noisettes qu'elle avait cueillies sur le chemin. Elle savait que les fruits n'étaient pas encore tout à fait mûrs, mais elle appréciait néanmoins leur chair tendre et légèrement sucrée. Dans sa ginte de la Gorge des Ancêtres, les Haganitas les cueillaient plus tard, au début de la saison des feuilles qui tombent, et les faisaient sécher pour en profiter pendant toute la période froide.
Après la petite pause, le groupe reprit son chemin qui était assez facile grâce à la vallée de cette grande rivière qui était large et plate. Des collines se dessinaient à l'horizon de tous les côtés. Zia cherchait en permanence des yeux une montagne qui pouvait être celle dont sa grand-mère lui avait parlé. Elle aperçut sur l'autre berge un troupeau de bisons qui s’étaient approchés de la rivière pour s'abreuver. Elle resta les admirer pendant quelques minutes car elle n'avait pas encore eu l'occasion d'en voir très souvent pendant son voyage. Lorsqu'un immense cône de relief boisé de presque quatre cents mètres de hauteur apparut en vue, Zia eut l'intuition que c'était peut-être son objectif. Le soleil avait commencé à se coucher et elle pressa le pas. Elle voulait arriver au plus près de cette grande colline qui pourtant n'était pas suffisamment haute pour être désignée comme une montagne.
Tout à coup, une fumée attira son attention. Un coteau l'empêchait de voir sa provenance, mais après ce grand méandre, Zia était sûre qu'elle pourrait savoir son origine. Inquiète, mais impatiente, elle incita ses compagnons à se dépêcher :
— Allez, un village se trouve peut-être là-bas, dit-elle alors que le chien bondissait comme une flèche en aboyant. Cani, reviens ! Attends-nous !
Le quadrupède ne s'arrêta pas et continua sur sa lancée en aboyant sans cesse.
— Il a dû flairer quelque chose... conclut Zia en souriant. Un gibier pour remplir son ventre sans doute...
Elle attrapa le licol de son hydrontine et accéléra aussi son allure. En dépassant quelques buissons, elle aperçut Cani qui se faisait caresser par une femme à cheveux noirs, longs et lisses. Dès que l'étrangère la remarqua, elle se dirigea vers elle en souriant :
— Ah, c'est à toi ce gentil chien ? Je me disais bien qu'il était trop chaleureux pour être sauvage. Je m'appelle Dida, de la tribu des Biesis. Que la Terre-Mère soit avec toi !
— Avec toi aussi, contente de te rencontrer ! répliqua Zia toute joyeuse car c'était la première personne qu'elle voyait depuis la tragique perte qu'elle venait de subir. Je suis Zia, de la ginte de la Gorge des Ancêtres, et mon peuple est celui des Haganitas. Les tiens sont les Biesis, c'est ça ? demanda-t-elle pour être sûre d'avoir bien compris. Ce nom ne lui disait rien.
— Oui, c'est ça. Tu dois venir de très loin... Les Haganitas ne sont pas près de la Nouvelle Mer ?
— Si, si. Tu es déjà passée chez nous ? s'étonna Zia.
— Moi, non, mais mon père est marchand et il voyage beaucoup. Il nous a apporté beaucoup de coquillages de chez vous. Un jour, j'irai là-bas., moi aussi. J'aimerais tant voir la mer ! Elle est comment ?
— Immense, répondit simplement Zia en souriant. Bleue et quelquefois très agitée, ajouta-t-elle en fouillant dans sa mémoire une meilleure manière de décrire cette énorme étendue d'eau.
— Tu es toute seule ? réalisa Dida tout à coup, regardant à droite et à gauche. Où sont tes compagnons de voyage et que fais-tu si loin de chez toi ?
— Malheureusement, oui. Ma grand-mère a eu un accident... La Terre-Mère l'a rappelée à elle, répondit-elle en faisant des efforts surhumains pour retenir ses larmes.
— Oh, je suis désolée Zia. La mienne est tombée... elle est gravement blessée, mais encore vivante. Quand et comment est-ce que cela s'est passé avec la tienne ? demanda-t-elle en allant spontanément prendre dans ses bras la jeune fille.
— Elle a été avalée par une crevasse, soupira-t-elle. Et même si j'ai réussi à guérir sa blessure de la jambe, je n'ai rien pu faire pour ses plaies internes. Elle en est morte, avoua-t-elle avec difficulté. Je suis en train d'apporter son amulette-totem à la Grotte Sacrée de la Terre-Mère. Tu sais où elle se trouve ?
— Bien sûr, tout le monde le sait par ici. Mais ce n'est pas tout près... Bien plus proche que la Nouvelle Mer en tout cas, essaya-t-elle de détendre l'atmosphère pour faire oublier le chagrin à cette étrangère qui l'intriguait. Mais dis-moi, tu y vas toute seule ? C'est quand même dangereux... Et d'ailleurs, tu voyageais seulement avec ta grand-mère ? s'étonna encore Dida. Tu dois être plus jeune que moi et je ne pense pas que j'aurais le cran de faire ce genre de périple, admit-elle, admirative.
— Oui, j'étais en train de faire mon voyage initiatique.
— Ah, c'est quoi ça ? C'était pour découvrir la grotte sacrée ?
— Non, pas vraiment. Grand-ma voulait la voir une dernière fois avant de... Zia s'interrompit la voix tremblante mais avala ses larmes et continua. Elle voulait me la faire visiter afin d'entendre les conseils de la Terre-Mère et de savoir si mon destin est de devenir Prêtresse.
— Ah, tu vas être Prêtresse ?! s'exclama Dida avec enthousiasme.
— Je ne sais pas. Moi, je préfère être guérisseuse, mais ma mère dit que je dois suivre la lignée de la famille. Elle est la Matriarche de notre ginte et m'a envoyée faire ce voyage initiatique de Prêtresse jusqu'à la source de la Grande Rivière Mère.
— Tu dois trouver la source de la Grande Rivière Mère ? s'écria avec effroi Dida. Mais c'est trop loin, tu n'y arriveras jamais ! Peu de gens ont réussi à l'atteindre... De notre tribu, il n'y a qu'un sage qui a essayé mais qui a dû y renoncer. Pourtant il avait marché pendant des lunes et a été absent plusieurs années. Et c'est quoi ce voyage ? Chez nous, Diegis n'en a pas fait pour devenir prêtre !
— Chez les Haganitas, c'est la dernière étape avant de devenir Prêtresse. Il faut suivre une grande rivière vers sa source pour découvrir si c'est le début du Monde. C'est toujours un très long périple qui dure plusieurs saisons pendant lesquelles on doit rencontrer d'autres peuples, apprendre plein de choses et ramener ces enseignements à notre ginte. Il faut affronter des obstacles qu'on doit surpasser. Mais il n'est pas vraiment obligatoire d'atteindre la source, précisa Zia. Grand-ma a fait le sien le long de la Rivière Tourbillonnante et elle s'est arrêtée à Ripiceni, la capitale du peuple Cutylia. Elle a appris tant de choses là-bas et a pu rentrer pour partager avec nous tout son savoir.
— Ah, je comprends mieux. Chez nous, Diegis communique avec les esprits et il a dû passer aussi plusieurs épreuves pour devenir Grand Prêtre, mais le seul voyage qu'il a fait est pour visiter quelques grottes des Ancêtres.
— Ce n'est pas étonnant, chaque ginte a ses coutumes... Mon amie Malina, des Bogestis, doit partir la prochaine saison de la Renaissance pour atteindre le pic d'une montagne. D'ailleurs, est-ce que cette grande colline de là-bas est la Montagne Boisée ? se rappela Zia tout à coup.
— Oui, c'est bien ça, pourquoi ?
— Grand-ma m'a dit que dès que je la vois je dois remonter vers le nord jusqu'à la Montagne d’Or et le Rocher fendu pour trouver ensuite la Rivière d’Or. Mais je dois traverser la Rivière du Milieu avant... Sais-tu par où je pourrais le faire ? Elle est si grande... Je pourrai nager, mais avec tout mon chargement cela serait plus compliqué... expliqua Zia.
— Bien sûr, nous avons des barques. Tu devrais venir dans notre village. Mon père part demain avec son apprenti pour faire quelques échanges dans le nord. Je ne sais pas s'il passera par la Montagne d'Or, mais tu pourras traverser la rivière avec lui au moins, proposa Dida. Peut-être même que je viendrai avec vous, pensa-t-elle à voix haute.
— Oh, ça serait super, comment s'appelle ton père ? Tu crois qu'il voudra bien m'aider ?
— Mais oui, évidemment, l'assura-t-elle. Son nom est Dapyx. Allez, viens, tu vas faire sa connaissance ! proposa-t-elle en prenant la tête du cortège suivie de près par Cani qui lui tournait autour en la flairant, flatté par ses caresses et l’attention de cette jeune fille accueillante.
— Je vois que Cani t'a tout de suite adoptée... s'étonna Zia. D'habitude il est plus méfiant avec les étrangers.
— Oh, il a dû sentir l'odeur de Louva sur moi... C'est ma petite chienne que j'ai laissée dans la maison pour que je puisse chercher des œufs de canard. Elle est petite et a encore du mal à comprendre qu'il ne faut pas les casser... expliqua-t-elle amusée. Elle ne reste pas en place.
— Oui, Cani a sans doute reconnu les effluves de Louva sur tes habits. Tes ițari* sont très beaux, remarqua Zia en admirant les pantalons décorés avec des motifs en rouge et noir. Ils sont en quoi, en lin ? s'intéressa-t-elle.
— Oui, c'est ça, mais j'en ai aussi en laine de mouton qui tiennent plus chaud. Pour l'instant il ne fait pas très froid, même si les nuits sont fraîches par ici. J'imagine que chez toi, il ne fait pas si froid, non ? Vu comme tu es habillée légèrement...
— C'est vrai que la saison des fleurs est bien plus chaude que par ici, avoua Zia. Je voulais mettre aussi mes ițari en laine, mais ce n'est pas très pratique pour voyager... Ils s'accrochent partout dans les buissons et je collecte tous les chardons, ajouta-t-elle embêtée.
— Mais tu peux mettre des braies en peau de chevreuil par dessus et tu éviterais ce désagrément... répliqua Dida.
— J'aurais trop chaud maintenant... Le lin de tes ițari semble bien plus confortable, mais chez nous, ce sont les robes ou les jupes qui sont fabriquées dans ce tissu.
— Chez nous aussi plein de femmes en portent, mais je préfère ces habits qui sont plus pratiques pour se déplacer, chasser, grimper dans les arbres, lui confia-t-elle. D'ailleurs, comment fais-tu pour chasser en robe ? J'ai vu que tu as un bel arc donc j'imagine que tu t’en sers, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en le regardant.
— Oui, c'est vrai. C'est un cadeau de mon papa. Lorsque je chassais avec les autres, je me mettais des peaux autour des cuisses comme les hommes – des courtes pendant la saison chaude ou des longues pour celle des neiges. Pour voyager, j'ai trouvé plus pratique la jupe et je me suis même habituée à courir et à chasser avec. Il me suffit de la fixer avec ces cordelettes, précisa-t-elle en lui montrant comme elle la retroussait et la liait en lui donnant une forme bouffante.
— Ah oui, c'est astucieux !
Les deux jeunes femmes arrivèrent rapidement au village. Zia fut étonnée de découvrir des maisons construites dans des rondins en bois et des toits en écorce d'arbre, notamment de sapin et de bouleau. Dida l'amena d'abord chez elle. Dès qu'elles franchirent la porte de l'habitation, Louva se jeta sur les nouveaux venus en jappant et en tournant autour de Cani. Dida tenta de la calmer et finit par la prendre dans les bras :
— Papa, maman, je vous présente Zia des Haganitas qui vient de très loin, près de la Nouvelle Mer !
— Sois la bienvenue parmi nous, Zia ! Je suis Mira, précisa la femme aux cheveux noirs longs et lisses comme ceux de sa fille.
— Et moi, Dapyx. De quelle ginte des Haganitas viens-tu, Zia ? Je me suis rendu là-bas déjà trois fois dans ma vie et j'ai toujours apprécié leur accueil...
— La ginte de la Gorge des Ancêtres, répliqua Zia. Je ne me rappelle pas vous avoir vu passer par chez nous, ajouta-t-elle en examinant attentivement l'imposante stature de cet homme bien musclé, avec des cheveux châtains, coupés court et aux yeux couleur noisette.
— Ah, la ginte de mon ami Oroles, n'est-ce pas ?
— Oui, c'est ça, Oroles est notre Maître Marchand. Nous sommes d'ailleurs partis ensemble de notre village, il y a presque deux lunes...
— Il est où, ce vieux renard, que je lui serre la main ? demanda Dapyx en se dirigeant vers la porte.
— Zia est toute seule papa, l'arrêta Dida.
— C'est vrai, nous nous sommes séparées d'Oroles à Bogeni dans la Ginte des Huttes Rondes. Il est parti faire du commerce avec les peuples des Carpes, expliqua Zia.
— Ben, tu n'es quand même pas toute seule comme disait Dida?
— Si papa, sa grand-mère vient de mourir, précisa la jeune femme pour éviter à Zia un moment difficile qu'elle avait déjà constaté peu de temps auparavant.
— Elle est tombée dans les entrailles de la terre, et même si j'ai réussi à la rejoindre et à m'occuper d'elle, au bout de trois jours elle est partie rejoindre l'autre monde. Elle m'a demandé de l'aider en apportant son amulette-totem dans la Grotte Sacrée de la Terre-Mère. Dida m'a dit que vous pourriez peut-être m'aider à traverser la Rivière du Milieu et m'indiquer le chemin car vous partez demain.
— Oh… Je suis désolé pour toi, Zia. Ce doit être terrible… Oui, c'est vrai, nous partons à l'aube avec Basten et nous pouvons t'amener dans notre barque.
— Oh merci beaucoup. Il y aurait de la place pour mon hydrontine ? osa Zia.
— Nous n'avons pas d'embarcations aussi grandes, mais nous pourrions en prendre une seconde car un hydrontin nous accompagne. Quant à ton chien, ajouta Dapyx en regardant Cani, il a l'air bien costaud et saura nous suivre à la nage.
— Je pourrais venir ? demanda Dida.
— Pour quoi faire ? Tu as un intérêt subit pour le commerce ma fille ? se moqua gentiment l'homme. Lorsque je te l’avais proposé, tu n’étais pas enthousiaste.
— Je pourrais vous accompagner un bout du chemin et ainsi parler plus avec Zia, expliqua-t-elle en rougissant. Elle est pressée et ne veut pas rester plus longtemps au village. D'ailleurs, tu n'avais pas dit que tu allais près de la Montagne d'Or ? lança-t-elle confiante.
— Si, nous allons au village du Rocher Fendu pour changer de l'or contre du poisson, de la viande et des peaux de bison.
— Ah, c'est super ! répliqua Zia. Grand-ma m'a assuré qu'après le Rocher fendu je trouverai plus facilement ma route en suivant la Rivière d’Or jusqu'au Grand Pic. Puis je devrais longer le lit de la Petite Rivière Sèche par le Plateau Perdu.
— Oui, c'est vrai, c’est le bon chemin. Elle a dû déjà se rendre à la Grotte Sacrée de la Terre-Mère car elle connaissait bien l'itinéraire à suivre.
— Je peux venir avec vous jusqu'au village du Rocher Fendu ? insista Dida.
— Oui, si tu veux. Cela te fera peut-être trouver un mari car il est temps que tu fondes ta famille, ne manqua-t-il pas l’occasion de relancer sa fille sur ce sujet qui lui tenait à cœur. D'ailleurs, tu n'es pas à la recherche d'un jeune homme, Zia ? Il y en a plein dans notre village qui seraient contents de t'offrir un toit... proposa-t-il.
— Oh, non, je dois finir mon voyage initiatique avant de pouvoir penser à fonder une famille, répondit Zia, ennuyée mais sans regret.
— Elle va devenir Prêtresse, précisa Dida en regardant sa nouvelle amie. Et en plus, elle est déjà guérisseuse ! Je pourrai apprendre plein de choses d'elle, ajouta-t-elle pour dissiper les derniers doutes de son père.
— Oh, je ne sais pas si je vais pouvoir t'enseigner quoi que ce soit. Tu dois probablement connaitre déjà les plantes qui soignent... ou au moins celles que tout le monde utilise. Et puis je ne suis pas sûre de vouloir devenir Prêtresse, ajouta hésitante Zia.
— C'est une grande destinée et la Terre-Mère choisit attentivement ses élues, alors si elle te parlera, tu ne devrais pas hésiter Zia, lui conseilla Mira qui était en train de préparer une bouillie.
— C'est ce que ma grand-mère me disait aussi... Hmm, mais ça sent très bon, vous préparez un potage avec de l'ache odorante et... De l'aspérule ? tenta Zia.
— Oui, tu as un nez très fin ! s'étonna Mira.
— Je ne savais pas qu'on l'utilisait dans les bouillies. Chez nous, cette plante soigne les maux des jambes et aide à dormir, mais Grand-ma m'a prévenu qu'il faut faire attention aux dosages puisqu'elle peut faire mal aussi.
— Comment s'appelait ta grand-mère ? Elle était guérisseuse aussi ? demanda Mira.
— Lidova. Oui, elle était une très grande guérisseuse, précisa Zia avec fierté. Elle m'a tout enseigné !
— Elle pourrait voir la plaie de grand-mère, suggéra Dida. Diegis ne sait plus quoi faire sur sa blessure qui ne veut pas se fermer et qui ne cesse de s'infecter. Il a dit qu'il ne reste plus qu'à la couper et elle souffre beaucoup, expliqua-t-elle.
— Eh Dida, tu penses bien que si notre Grand Prêtre n'a pas trouvé de remède, c'est qu'il n'y en a pas et que le mal est trop grave, répliqua sèchement Dapyx.
— Zia doit être fatiguée après son long chemin éprouvant. Nous allons d'abord prendre le repas du soir et peut-être qu'après elle pourra rendre visite à ma mère, proposa avec tact Mira afin de ne pas contredire son homme, tout en donnant une chance à la jeune étrangère d'émettre un avis.
— Comment s'est-elle blessée ? demanda Zia.
— Elle a glissé sur une pente rocheuse et s'est entaillé la jambe profondément. Elle s'est infectée et a eu beaucoup de fièvre et du liquide jaune a coulé de sa plaie. Diegis a réussi à faire tomber la chaleur avec de l'écorce de saule et les pansements avec de l'écorce de bouleau ont soulagé ses douleurs pendant un certain temps, expliqua Mira.
— Le mal est revenu alors ? poursuivit Zia.
— Oui, répondit Dida, et cela a encore gonflé et ça la fait souffrir, ajouta Dida avec empathie.
— Diegis a cousu la plaie ? demanda Zia.
— Non, il a voulu le faire mais la peau sur les bords se déchire en lambeaux et il pense que ça ne tiendrait pas. En plus, il croit que comme la fièvre est revenue et est encore plus forte, si on ne coupe pas sa jambe elle risque de mourir, ajouta Mira. Maman refuse cette opération car elle a peur qu'elle ne puisse plus jamais marcher. Elle ne veut pas devenir un poids pour sa famille. Nous avons essayé de la convaincre mais elle n’entend rien et préfère se laisser mourir... finit avec tristesse la femme en regardant Zia.
— Je comprends... Est-ce que je pourrais aller la voir tout de suite ?
— Non, d'abord nous allons manger, dit Dapyx avec autorité.
Zia eut un mouvement de recul, surprise par le ton tranchant de cet homme qui ne semblait pas agréer son intervention.
— Je vous remercie tous pour votre gentil accueil et l'invitation à partager ce repas avec vous qui m'honore, répondit Zia pour apaiser l’atmosphère.
L'homme se détendit légèrement.
— C'est normal. Tous les étrangers sont les bienvenus chez nous ! Dida, mets la table et ensuite va chercher ton frère. Il s'occupe des cochons. Je n'ai pas vu les œufs que tu devais ramener ! enchaîna Dapyx durement.
— Comme j'ai rencontré Zia, je n'ai pas eu le temps d'en trouver, motiva la jeune fille. Mais s'il faut je peux y aller.
— Non, non, tu peux mettre la table comme ton père l'a dit. Je profiterai pour aller rapidement chez ma mère pour lui apporter une portion de soupe. Veux-tu m’accompagner Zia ou tu préfères t'occuper de décharger ton hydrontine ? proposa Mira qui ne voulait pas froisser son époux mais qui avait l'espoir que cette jeune étrangère pourrait trouver une alternative à l'amputation de la jambe de la vieille femme.
— Je voudrais y aller avec vous. Je vais juste prendre ma trousse à plantes. Comment s'appelle votre mère ? demanda Zia.
— Brynn, répondit-elle. Nous serons de retour très vite, précisa-t-elle en sortant de la maison.
Dapyx était déjà parti pour ne pas être obligé de continuer cette discussion qui ne lui plaisait guère. Il aimait sa fille et sa femme, mais quelquefois Dida l’exaspérait.
Mira conduisit Zia dans une petite cabane en bois, toute proche. Elle ouvrit la porte et y entra la première en invitant la jeune étrangère à la suivre. Zia découvrit un intérieur chaleureux où le mobilier en bois sculpté prédominait.
— Zia, je te présente ma sœur, Elena, dit-elle en montrant la femme qui se trouvait près d'un lit sur lequel gisait leur mère.
En s'approchant, Zia lui sourit avec bienveillance et le visage fatigué de l'autre femme l'accueillit avec douceur.
— Sois la bienvenue ! lui souhaita-t-elle d'une voix éteinte.
Zia se pencha sur le corps de la vieille femme :
— Puis-je examiner sa blessure ? demanda-t-elle aux deux femmes.
— Zia est guérisseuse, précisa Mira en regardant avec espoir Elena.
— Oui, bien sûr, répondit-elle en soulevant la couverture qui cachait la jambe de Brynn. Elle a réussi à s'endormir après avoir bu une tisane de saule et de papas, précisa Elena. Mais elle a beaucoup déliré et sa fièvre n'a pas beaucoup baissé.
Zia toucha avec ses lèvres le front de la vieille femme aux cheveux blancs qui lui rappelèrent instantanément ceux de sa grand-mère. Il était
