Les Piliers des Esprits, La quête des signes 6: Héritiers de l'Âge de pierre, #6
Par C.O. Rebiere
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À propos de ce livre électronique
À l'aube du grand voyage vers le sud puis l'est inconnu, le départ de la Gorge des Ancêtres s'avère plus difficile que prévu. Se séparer de sa famille est une nouvelle épreuve pour Zia, que la promesse de l'aventure avec Kadmeron l'aide à surmonter. En pleins préparatifs de la fête du solstice, la grande ville des orfèvres de Varnys les accueille. Cette cité commerçante voit s'accumuler les richesses et la fragmentation progressive d'une société mésolithique en plein bouleversement. Mais la promesse qui les lie au Rocher Fendu les rattrape : un grave accident oblige la guérisseuse à repousser les limites de son art pour sauver une vie particulièrement précieuse.
Se joignant à un cortège en partance pour les Piliers des Esprits, le Marteron et la Haganita traversent une région étonnante : l'Entre-Mers. Ils vont de découverte en découverte, faisant connaissance avec de nouvelles tribus aux coutumes et aux techniques singulières avant d'arriver dans une zone fertile où le vaste site sacré se dévoile enfin à leurs yeux. De puissants peuples s'y réunissent tous les quatre ans pour célébrer ensemble une cérémonie mystérieuse, depuis des milliers d'années.
Cependant l'incompréhension, les rivalités religieuses et les tensions entre les chefs menacent la fragile harmonie des rituels de conjuration. Certains offrent leur soutien à Kadmeron qui, totalement exalté, sent qu'il peut accomplir la stupéfiante prophétie révélée dans la Grotte des Signes. Mais à quel prix ? Zia va devoir aller contre tous ses principes pour sauver l'essentiel, au risque de tout perdre. Dans la tourmente et le combat, les signes-mots deviendront l'enjeu d'un échange aux conséquences considérables pour l'avenir de l'Humanité.
Héritiers de l'Âge de pierre – une série qui explore les défis du Mésolithique
Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l'Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s'abattent sur le monde, la Mer Méditerranée envahit les côtes. Les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.
C'est le début d'une période de migrations forcées qui placent l'humanité dans une situation terrible. Paradoxalement peu documentée et controversée, cette époque méconnue de notre préhistoire ouvre cependant les perspectives de la fabuleuse révolution de l'agriculture et des changements profonds qui suivront dans les sociétés humaines du Néolithique. Et en vérité, les extraordinaires contraintes climatiques, sociologiques et culturelles obligeront nos ancêtres à prendre des mesures drastiques et courageuses. Profondément... humaines. Un message du passé pour les profondes mutations qui se déroulent de nos jours et nous obligent à réagir ?...
Des questions d'une troublante actualité
Comment se sont organisés nos ancêtres pour faire face à la furie des eaux et au réchauffement climatique ? Avec quelles technologies ont-ils réussi à survivre ? Quelles alliances ont-ils dû forger pour arriver à dépasser ces terribles catastrophes ? À quelles croyances ont-ils fait appel pour leur donner l'inspiration, la force et la motivation nécessaires pour continuer à lutter et à transmettre leur expérience aux générations suivantes ?
Ce sont les questions auxquelles les « Héritiers de l'Âge de pierre » tentent, humblement, de répondre. Cette série de fiction s'appuie sur certaines découvertes archéologiques mises au jour en Eurasie et, bien évidemment, sur les suppositions et l'imagination de ses auteurs.
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Avis sur Les Piliers des Esprits, La quête des signes 6
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Aperçu du livre
Les Piliers des Esprits, La quête des signes 6 - C.O. Rebiere
Préface
Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l’Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s’abattent sur le monde, la Mer Méditerranée envahit les côtes, les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.
C’est le début d’une période de migrations forcées qui placent l’humanité dans une situation où chaque homme, chaque femme devra faire des choix cruciaux qui modifieront à jamais l’avenir de son peuple. Paradoxalement peu documentée et controversée, cette époque méconnue de notre préhistoire ouvre cependant les perspectives de la fabuleuse révolution de l’agriculture et des changements profonds qui suivront dans les sociétés humaines du Néolithique. Et en vérité, les extraordinaires contraintes climatiques, sociologiques et culturelles obligeront nos ancêtres à prendre des mesures drastiques et courageuses. Profondément... humaines. Un message du passé pour les profondes mutations qui se déroulent de nos jours et nous obligent à réagir... Comment se sont organisés nos ancêtres pour faire face à la montée des eaux ? Quelles technologies ont-ils développées pour réussir à survivre ? Quelles alliances ont-ils dû forger pour arriver à dépasser ces terribles catastrophes et obstacles ? Quelles croyances ont pu leur donner l'inspiration, la force et la motivation nécessaires pour continuer à lutter contre l'adversité et à transmettre le fruit de leur expérience aux générations suivantes ?
Ce sont les questions auxquelles la collection des « Héritiers de l’Âge de pierre » tente, humblement, de répondre. Cette fiction s’appuie sur certaines découvertes archéologiques mises au jour en Eurasie et, bien évidemment, sur les suppositions et l’imagination de ses auteurs.
Nous espérons que les aventures de nos héros et héroïnes d'un lointain passé vous aideront à réfléchir aux défis sans précédent qui se posent aujourd'hui aux habitants de cette si merveilleuse biosphère que nous avons en partage.
Nous, qui sommes leurs héritiers.
1.
Kadmeron et Zia
Chapitre 07Le Marteron n'arrivait pas à dormir. Il ressentait encore dans toutes les fibres de son corps les délices des étreintes avec son épouse, son odeur, ses gémissements lorsqu'ils avaient partagé les plaisirs avec un appétit partagé. C'était il y a des heures, pourtant. Cependant l'agitation et l'insomnie ne le quittaient pas malgré la fatigue de l'amour qu'il ressentait dans tous ses muscles. Plissant les yeux, il se concentra, focalisant son attention sur ses sensations. Les murs de torchis autour de lui laissaient passer tous les bruits et sentaient bon la terre légèrement humide de rosée, se mêlant à l'odeur forte des plantes et de la viande séchées qui pendaient aux poutres de chêne. La lumière blafarde de la lune presque pleine pénétrait de ci, de là, dans les interstices des volets de bois, peignant de ses rais blanchâtres des signes simples sur le sol de terre battue. La brise estivale qui annonçait la venue de la saison des fleurs caressa le toit de tiges de roseaux et le fit frémir. Il tendit l'oreille. De dehors, il pouvait entendre le crissement intense de dizaines de grillons qui chantaient à la recherche d'une partenaire, pas loin de la Grande Rivière Mère. Or depuis si longtemps, sa recherche à lui avait pris fin. Nul besoin de jouer de la musique ou de s'égosiller dans les hautes herbes de la plaine comme ces insectes solitaires : il avait déjà sa partenaire. Et quelle femme !
Il sourit béatement et se retourna pour observer Zia longuement dans la pénombre. Elle dormait tranquillement, lui tournant le dos, couchée sur le flanc. Elle devait être si lasse, elle aussi, après tout. Car dès leur retour dans la cabane, il n'avait pas pu s'abstenir. Trop de désir avait d'un coup surgi en lui, bondissant presque de son bas-ventre. Il lui avait littéralement arraché ses vêtements, la poussant toute nue sur la couche de paille et de bruyère fraîches. Elle l'avait dévisagé intensément pendant qu'il s'agitait nerveusement autour de ses formes voluptueuses, comprenant l'ampleur de sa pulsion et décidant de se laisser faire. Un simple regard, un écarquillement des sourcils puis le hochement presque imperceptible de sa jolie tête avaient suffi à Kadmeron pour comprendre qu'elle était d'accord avec ce qui allait suivre. Nul besoin de parler.
Docilement, telle l'ombre de la femme forte et décidée qu'elle avait interprétée aux yeux de tous pour faire ses annonces étonnantes, elle l'avait acceptée en elle, au creux de son corps. Elle s'était conformée à toutes ses envies à lui, telle une poupée de paille que les enfants se confectionnaient pour jouer, pliant ses jambes ou se retournant sur elle-même pour suivre la mélodie gestuelle de ses désirs masculins. Son apparente inaction n'était pas le déni de ce qu'il lui faisait. Encore moins de l'indifférence, non. C'était la joie de l'abandon, la confirmation de la conviction profonde de lui plaire, d'être voulue par lui, la satisfaction bouleversante de devenir l'instrument de son empressement à lui. Car elle savait qu'elle aussi le réclamait à sa façon, autrement, et qu'il consentait à ses envies à elle, fussent-elles sexuelles ou autres. En cela, elle était totalement d'accord de s'oublier elle-même pour un long moment d'extase et de s'offrir toute à lui. Dans ces instants-là, ils n'étaient plus seulement Kadmeron et Zia, les deux amoureux qui n'auraient jamais dû se rencontrer, les deux âmes que des milliers de kilomètres n'avaient pu séparer. Ils incarnaient quelque chose d'autre, un mélange inexplicable entre l'animal et le sacré. Et elle voulait que cela existât entre eux, qu'il n'y eût pas de gêne, pas de retenue, pas de paroles inutiles : juste la fête des sens et la passion assouvie.
Alors sans ménagement, fort de son acceptation muette, il l'avait possédée sans prendre de précautions, trois fois de suite, tant il regorgeait d'énergie et d'envie. Leurs cris de joie avaient pu s'entendre dans toute la Gorge des Ancêtres, il en était sûr, maintenant qu'il écoutait les sons extérieurs avec tant de clarté. En était-il gêné ? Pas du tout. Les gintes et les tribus ne connaissaient pas tous les tabous que la morale et les religions ont ensuite imprimé aux comportements sociaux. S'accoupler était un acte normal, naturel, sain, vital pour la survie de la communauté.
Il se remit sur le dos pour continuer à réfléchir à ce que Zia avait annoncé publiquement, sans même le prévenir de ses intentions. Cela l'avait surpris, et il admettait difficilement d'être un peu fâché de ne pas avoir été mis dans la confidence par sa propre épouse, mais il pouvait la comprendre. Il devait la comprendre s'il voulait prétendre à son amour pour lui.
Kadmeron laissa le calme de la nuit le pénétrer. Il chantonna faiblement une prière. Bientôt, l'esprit du Cheval fit son apparition, convoquant des idées nouvelles qui surgirent dans ses pensées. Zia y apparaissait, dans différentes situations : parfois forte et anguleuse avec les autres, mais aussi muette et tendre avec lui. D'où venait cette apparente opposition ? Comment expliquer cette dualité ? Interloqué, il ne put réprimer en lui-même l'admiration et l'amour. Il aimait en elle cette capacité à le surprendre, à décider, à s'imposer. Et d'une certaine manière, le fait qu'elle le laissât prendre quelquefois l'initiative, voire le contrôle total lors de leurs ébats, agissait comme un équilibre dans tout cela. Oui, ce devait être ça... Potac sembla hennir dans sa tête lorsque la révélation se montra enfin à lui. Kadmeron réalisait enfin l'étonnante justesse du comportement de Zia à son égard : Menodora aussi était parfois autoritaire, mais elle n'avait pas su laisser un espace minimal pour que Duras pût exister en tant qu'homme – que mâle – auprès d'elle. Et cela avait fini par saper les sentiments que le Patriarche nourrissait pour sa femme. Inexorablement, l'équilibre des forces avait été rompu, et leur amour avait dépéri au fil des années pour finalement mourir. Zia agissait donc pour maintenir l'harmonie entre eux : elle devait exister dans le couple en tant que femme, tout comme lui le devait aussi en tant qu'homme, et elle s'en assurait en permanence. Il ne pouvait qu'admirer cette sagesse presque irréelle, maintenant qu'il arrivait un peu à la saisir. Car il n'avait jamais pu constater un tel souci chez toutes les autres femmes que le destin avait placées sur sa route depuis la Grotte sacrée. Ni Hoela chez les Aquastanis – la première femme avec qui il s'était uni sur les bords du grand lac pendant cette nuit de fête inoubliable – ni Astre chez les Sequats, ni Zlata et encore moins Zora chez les Biephis, qui subissait la violence et les vexations incessantes de son homme. Nadia, la Matriarche de la ginte des Signes-mots était impressionnante, elle aussi. Mais à l'époque il ne maîtrisait pas encore bien la langue de cette région du continent. Peut-être Agath aurait-elle eu cette capacité étrange, cette clairvoyance qu'il constatait chez Zia, mais il n'avait pas eu le temps d'explorer cette possibilité puisqu'elle avait disparu subitement avec Lou, une autre apparition féminine magnifique. Peut-être aurait-il pu en parler avec Kelatar, mais ils avaient dû partir trop vite de la Grotte des Signes à l'arrivée d'Oroles qui portait de tristes nouvelles. Il soupira longuement alors que les images défilaient devant ses yeux fermés. Oui, décidément, il avait une chance incroyable. L'esprit du Cheval l'avait guidé vers elle, dans ce boyau de la caverne alors qu'elle allait certainement y mourir avec Cani. C'était la preuve que le Marteron était bel et bien sous sa protection divine, qu'il était destiné à un avenir incroyable malgré le deuil de toute sa tribu. Convaincu de son avenir radieux, il ne put s'empêcher de songer à la prophétie d'Agath le concernant. Cette femme-là, celle qu'il avait épousée, l'aiderait sûrement à la concrétiser, c'était certain. Empli de gratitude, il contempla sa femme longuement.
Après les annonces étonnantes qu'elle avait presque assénées à la ginte pour susciter l'espoir et, dans le même temps, se sauver elle-même d'un destin qu'elle ne voulait pas, elle s'était offerte à lui sans protester, comme pour compenser son coup d'éclat unilatéral. Pourquoi avait-elle décidé de ne pas lui dire ? Il ne put s'empêcher de dessiner le contour de sa silhouette de son index, provoquant quelques frissons sur le corps presque immobile. C'était magique : ils allaient enfin partir d'ici !
Kadmeron bougea doucement pour changer de position, ne voulant pas encore la réveiller. Puis un murmure se fit entendre de l'autre côté de la couche :
— Pourquoi tu ne dors pas, mon chéri ?
Immédiatement, il se blottit contre elle, l'entourant de son bras et l'attirant vers lui. Il patienta un peu, cherchant ses mots.
— Je repense à tout ce qui s'est passé...
— Tu veux encore faire l'amour ? prononça Zia avec une voix un peu plus claire.
Kadmeron eut un léger mouvement de recul.
— Euh... non.
— Pourtant, je sens que tu es prêt. Il y a quelque chose de bien dur dans mon dos, là. Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, totalement réveillée cette fois-ci.
Elle se dégagea de son étreinte et lui fit face. Ses cheveux s'étalaient sur son épaule. Elle était magnifique, irrésistible. Spontanément, Kadmeron saisit son sein dans sa main et le caressa avec tendresse. Puis il l'embrassa.
— En fait... Je réalise des choses. L'esprit du Cheval m'a aidé à te comprendre... un peu mieux.
— Ah bon ? Comment ça ?
— Je vois que tu maintiens l'équilibre entre nous... L'équilibre des forces.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Eh bien... Tu es forte, intelligente, bienveillante. Tu aimes ce qui est juste et tu sais ce qui est juste, même si parfois je ne suis pas d'accord avec toi. Et donc tu sais aussi ne pas laisser les autres décider pour toi, même pas moi ! conclut-il avec un petit rire.
— Ah, oui ? Tu peux m'expliquer davantage ? demanda-t-elle en souriant malicieusement. Elle caressa les cheveux de son homme.
— Au lieu de forcer les choses comme Menodora, tu peux obtenir ce que tu veux sans obliger les gens, sans faire des reproches. Je trouve cela... fou ! J'aime ça.
— Mais encore ? ajouta-t-elle, cette fois en grattant légèrement le cuir chevelu de Kadmeron du bout des ongles. Il se mit à ronronner comme un chat sauvage et elle éclata de rire.
— Arrête un peu, je sais ce que tu fais ! dit-il.
Elle s'arrêta de le caresser, mais maintint son sourire. Kadmeron reprit :
— Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu allais annoncer que nous partons demain matin ? lâcha-t-il.
— Ah, c'est ça ! Zia s'éloigna et se coucha sur le dos.
— Oui, c'est ça ! Pourquoi as-tu gardé le secret ? Est-ce que c'était pour éviter une discussion avec moi ? Pour que je ne m’oppose pas à toi ?
La jeune femme se mit à rire gaiement.
— Tu te moques de moi ou quoi ? questionna Kadmeron, sur un ton légèrement courroucé.
— Mais non, pas du tout, grand susceptible que tu es ! Tu exagères quand même avec tes vexations, non ?
L'homme fronça les sourcils, faisant apparaître des plis sur son front.
— Euh... oui. Je crois. Mais alors, pourquoi ? insista-t-il en lui prenant l'épaule.
— Tu veux savoir pourquoi ?
— Ouiiii !
Zia s'assit lentement, prenant le temps de laisser son homme bouillir d'impatience. Puis elle plia les jambes, les entourant de ses bras. Pendant ce temps, Kadmeron se maintint immobile avec difficulté, comprenant le jeu de son épouse et ne voulant pas l'interrompre. Puis elle ouvrit la bouche :
— Eh bien, parce que je l'ai senti comme ça, sur le moment.
— Quoi ?! lâcha-t-il. Tu veux dire que tu n'avais pas planifié ça ?
— Ben... non, affirma-t-elle le plus simplement du monde.
— Mais... Une chose aussi importante que notre départ pour les Piliers des Esprits, que la préparation des bagages et tout ça, tu ne l'avais pas prévu ?
— Non, pas vraiment, avoua-t-elle. Elle fit une pause, puis poursuivit : même s’il est vrai que j’avais un peu discuté de cette option-là avec Kaigiza.
— Ah, donc c’était bien prévu ! sauta-t-il en pointant son doigt sur elle.
— Pas du tout. Nous avions discuté toutes les deux de certaines choses mais pas d’un départ aussi précipité.
— Donc, tu veux dire que c'est pour ça que tu ne m'en avais pas parlé ?
— Oui. Qu'est-ce que tu croyais ?
Kadmeron était sidéré. Il resta muet, les yeux dans le vide. Zia finit par reprendre :
— Tu sais mon amour, j'aime planifier les choses, c'est vrai, surtout quand il faut convaincre les gens, mais il faut aussi improviser parfois, écouter ses impulsions et saisir les occasions au vol, quand elles se présentent et qu'on peut les reconnaître... N'est-ce pas ce que tu as fait tout à l'heure avec moi, hein ?
Kadmeron se retourna vers elle, incrédule.
— Mais... Mais... Ce n'est pas la même chose !
— Ah bon, et pourquoi ça ? Décider de me faire l'amour comme une bête, sur le moment, et décider de partir très loin, sur le moment, ce n'est pas la même chose, peut-être ?
— Ben... non ! Tu vois bien que tu ne peux pas comparer le fait de partager les plaisirs et le fait de partir pendant des lunes. Non ?
Zia lui sourit avec bonté.
— Si, c'est la même chose, mon amour. En fait, c'est le moment de la décision qui est la même chose. Il faut savoir écouter son cœur, son intuition. Même si ce sur quoi nous prenons la décision est complètement différent. Je suis d'accord que faire l'amour et partir pendant des jours n'impliquent pas les mêmes efforts, mais ce sont des décisions qui sont venues, apparemment spontanément, parce que le terrain était fertile.
— Comment ça ? Le terrain ? demanda-t-il, perplexe. Mais de quoi tu parles ?
Zia se tut et réfléchit un moment, avant de répondre :
— Les décisions sont comme des graines qui germent à un moment donné, expliqua-t-elle. Elles germent parce que le sol dans lesquelles elles sont enterrées est bon pour elles, mais aussi parce qu’il y a assez d’eau, de chaleur du soleil. Nous savons qu'il faut planter les graines à tel moment de l'année, comme c'est gravé sur l'Amulette des Saisons, mais nous ne savons pas quand précisément elles vont sortir de terre, quel jour et quelle heure elles vont choisir pour apparaître. Non ?
— Oui, j’imagine...
Kadmeron n'étais pas encore sûr de bien saisir. Elle se rapprocha de lui et lui fit un baiser sur la bouche.
— Eh bien, tout à l'heure tu as voulu de moi, et j'étais si heureuse de voir ton désir si fort en toi que je t'ai laissé faire, sans m'opposer à toi. Tu m'as tant désirée, parce que je fais en sorte que tu veuilles de moi, que je te laisse exister et exprimer tes désirs, tes pulsions. Mais pas sans que j'existe moi aussi, que j'écoute mon cœur, mes envies... Sinon je sentirais que je ne peux pas exister avec toi.
— Aha...
— Et donc, moi aussi, j'ai parfois envie de toi, comme toi tu as envie de moi. Mais j'ai également d'autres envies. Nous avions tous les deux parlé de partir d'ici. Tu m'as même convaincue, en faisant parler Oroles de ses voyages de l'autre côté de la Nouvelle Mer, pas vrai ? C'était un plan de ta part pour m'influencer, non ?
— Oui, c'est vrai, admit-il en rougissant un peu.
— Eh bien, tout cela était un peu le sol
, le terrain
de ma décision spontanée d'hier soir, lorsqu'il m'a semblé évident, à ce moment-là, que je devais dire cela, surtout en profitant de l’occasion que mon père m’a offerte avec son discours. Je ne voulais pas me retrouver piégée ici et tu voulais continuer la quête des signes... Non ?
Kadmeron soupira longuement.
— Oui, c’est vrai, mon amour. Je comprends maintenant. Il fit une pause et lui sourit longuement. Il ajouta : Je t'aime beaucoup.
— Moi aussi, mon amour. Et j'aime quand tu comprends. C'est rare d'avoir des gens qui comprennent ce que je veux faire et pourquoi je le fais.
Elle lui sourit puis d'un bond se redressa, le poussant à son tour dans la paille odorante. Kadmeron se mit à gémir lorsqu'elle se mit à califourchon sur lui, plantant ses ongles dans son thorax.
Le lendemain matin, Kadmeron affichait des cernes sous ses yeux, après n'avoir réussi à dormir que sporadiquement. Mais il était heureux. Rayonnant, même. Zia ne rencontra aucune difficulté à le faire se lever et à préparer rapidement avec elle quelque chose à manger après s'être soulagés tous les deux dans les latrines communes, un peu plus loin de leur cabane. De retour, elle ralluma le feu et y fit chauffer une pierre pour préparer la tisane matinale. Elle choisit de sa trousse à plantes quelques fruits de rosier à gratter* qu’elle plongea dans l’eau chaude. Elle savait que cette délicieuse boisson leur donnerait de l’énergie pour le long voyage qui les attendait. Ce faisant elle constata qu’elle allait devoir bientôt renouveler sa provision de fruits qui seraient mûrs à la fin de la saison des fleurs. Elle aimait beaucoup la pâte à base de ces fruits que sa grand-mère lui préparait. Elle se lécha les lèvres en pensant au goût acidulé et sucré, puis se rappela les propriétés nombreuses de cette plante que Lidova lui avait enseignées : pour lutter contre le froid de l’hiver, renforcer la résistance des petits, mais aussi pour soulager les douleurs articulaires et osseuses des anciens, et renforcer le cœur de tous. Néanmoins, elle savait qu’elle devait faire attention car les poils de ces fruits rouge-orangés étaient très irritants pour la peau. Elle en avait même utilisés pour donner des forces aux malades qui souffraient de la toux rouge. Enfin, elle revint dans le présent pour préparer le repas du matin. Les mouvements étaient précis et rapides. Cette fois-ci, il n'y avait pas de temps à perdre et il fallait profiter de l'opportunité pour partir au plus vite.
En effet, même si Duras semblait avoir accepté la perspective de leur départ, ils sentaient tous les deux qu'ils n'étaient pas à l'abri d'un éventuel changement d'opinion de la part du Patriarche de la Gorge des Ancêtres. Après tout, les villageois étaient encore très ébranlés par l'épidémie de toux rouge qui n'était pas encore complètement terminée. Un regard suffit aux deux amoureux pour se comprendre et agir rapidement.
Après avoir mangé en vitesse et bu la tisane rougeâtre, Kadmeron et Zia rassemblèrent les quelques affaires qu'ils avaient amenées dans la cabane réservée aux hôtes de passage et se dirigèrent d'un pas rapide vers l'enclos des hydrontins*. L'aurore inondait le rivage du lac Cassian, faisant miroiter de nuances roses et orangées à la surface calme de l’eau. La rosée mouillait leurs mollets et leurs chaussures de cuir, et l'odeur humide et forte des herbes et des joncs emplissaient leurs narines.
— Ce sera une belle journée ! lança Kadmeron, les épaules chargées de plusieurs besaces et de sacs.
— Oui, bien sûr, puisque nous partons, lui répondit Zia avec un large sourire.
— Regarde, Kroum est déjà là-bas, pas loin de Potac ! s'exclama le Marteron.
— Ah oui, c'est vrai. Kaigiza ne doit pas être loin non plus.
— Je vois qu’elle aide Oroles. Mais alors, ça veut dire que nous sommes en retard ? Nous nous sommes levés assez tôt pourtant, dit-il en fronçant les sourcils.
Elle éclata de rire.
— C'est parce qu'il faut dormir la nuit, mon chéri ! Allez, avance maintenant !
Il lui tira la langue en guise de réponse, faisant une grimace qui accentua les gloussements de la belle Haganita. Alors qu'elle le suivait à quelques pas de distance, celle-ci s'arrêta un court moment pour poser ses sacs au sol. Elle inclina légèrement la tête sur le côté avant de poser sa main à plat sur son bas-ventre. Elle ferma les yeux puis sembla écouter, avant de redresser le menton, un large sourire aux lèvres. Reprenant ses bagages, elle rejoignit rapidement le groupe de voyageurs.
Non loin de là, Kadmeron, Oroles et Kroum étaient en train de préparer le convoi pour partir vers le sud-ouest. Les trois hommes chargeaient de grands sacs et des jarres imposantes remplies de denrées qui pouvaient être échangées lors des rencontres qu'ils ne manqueraient pas d'effectuer sur leur long trajet. Le Maître Marchand supervisait les opérations, donnant des indications à Kadmeron et Kroum, qui s'exécutaient de bonne grâce. Il fallait s'assurer que le bât était bien attaché sur chaque hydrontin, s'équilibrant sur les flancs de l'animal, afin que celui-ci ne souffrît pas lors des longues marches. Il était crucial de ne pas provoquer un effort long et inutile en faisant pencher l'équidé sur un côté. En effet, un tel poids mal centré entraînerait immanquablement de la fatigue musculaire et des blessures pour compenser la dérive. Il fallut donc de longs moments de patience et d'essais pour ajuster les sacs, pousser ici ou tirer là, déplacer tel ou tel bagage. Puis on faisait avancer l'animal sur plusieurs mètres, en l'observant attentivement pour détecter un écart un peu trop fort vers la droite ou vers la gauche.
Kadmeron avait pris l'habitude de ce genre d'exercice depuis qu'il était revenu avec Oroles de la Grotte des Signes, et il fut surpris de constater que le jeune Kroum était très versé et s'acquittait de la tâche rapidement. Il jeta un coup d'œil rapide : Zia et Kaigiza parlaient gaiement entre elles en remplissant leurs trousses à plantes à l’aide de Sinna. En effet, aussi bien l’une que l’autre aurait besoin d’une trousse remplie pour leur voyage afin de faire face aux incidents imprévus. Enfin, il se dirigea vers le jeune homme avant de l'apostropher.
— Tu sais, Kroum, voyager avec une jeune femme est dangereux. Il faudra que tu fasses attention.
Kroum se retourna, la surprise se lisant sur les traits de son visage.
— Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
Kadmeron bomba le torse, affichant un air suffisant.
— Eh bien il faudra la protéger, tout le temps. Tu devras monter la garde, surveiller les alentours de vos campements, te préparer à combattre, s'il le faut.
— Combattre ?! Mais pourquoi faire ?
Le Marteron fronça les sourcils, serrant la mâchoire avant de s'exprimer :
— Oui, combattre. Nous avons dû faire face à l'attaque des Budas au Rocher Fendu. Il y a eu des morts, mais nous avons pu éviter d'être massacrés. Si je n’avais pas été sur mes gardes… s’interrompit-il en laissant l’autre deviner la suite alors qu’il affichait une mine épouvantée. Et je ne parle même pas de ce que j'ai dû faire pour sauver Zia du village du Peuple du Poisson, où elle allait certainement être sacrifiée si je n'étais pas intervenu.
Kroum le dévisagea longuement, les yeux écarquillés.
— Es-tu prêt à risquer ta vie pour Kaigiza si elle est en danger ? Es-tu prêt à tuer pour la protéger ? À ne pas avoir peur de mourir ?
Le jeune homme trembla légèrement, regarda le sol et se plongea dans une réflexion intense. Puis il redressa le menton vers le Marteron qui le dominait d'une tête :
— Oui, je suis prêt, affirma-t-il les yeux brillants. Je connais bien la région tout le long de la Grande Rivière Mère. Je pourrais aller jusqu'à Kozlo les yeux fermés s'il le fallait.
Kadmeron le toisa, hautain :
— Et tu crois que c'est suffisant ? Franchement ? Tu crois qu'il suffit de connaître le chemin pour protéger une femme sans défense ?
Kroum inspira d'un coup, maîtrisant difficilement sa colère.
— Kai n'est pas sans défense. Arrête de dire comme les autres qu'elle est incapable de quoi que ce soit ! Elle est forte, je le sais, je l'ai vue, elle deviendra la Prêtresse de la Gorge des Ancêtres avec mon aide et moi je suis prêt à tuer quelqu'un de mes propres mains si on continue à la menacer, ou à dire n'importe quoi sur elle !
Le Marteron recula imperceptiblement, sentant l'onde de rage le transpercer de part en part. Il s'était visiblement trompé sur les motivations du jeune Odrys. Il balbutia quelques mots incompréhensibles, prétextant qu'il devait parler à Oroles. Je l'ai mal jugé, se dit-il en s'éloignant, il pourra bien s'occuper d'elle. Mais quelque chose le gênait dans toute cette situation. Cette discussion l'avait troublé. Quelque chose n'était pas clair en lui-même. Mais quoi ? Il chercha du regard sa femme, mais elle avait déjà quitté les lieux.
Entre-temps, les trois jeunes femmes s'étaient dirigées vers la hutte familiale, profitant de l’absence du Patriarche.
— Viens, Sinna, j’ai plusieurs choses à te donner ! annonça Zia en franchissant le seuil.
— Ah, et pour moi, alors ? ne put s’abstenir de poser la question Kaigiza en faisant la moue.
— Pour toi aussi, arrête de faire ta gamine ! la gronda gentiment Zia, en la tapant sur l’épaule et en arborant un air sérieux malgré le sourire qu’elle avait du mal à dissimuler. Il faudra que tu changes un peu d’attitude si tu veux être prise au sérieux par les villageois, Kai ! ajouta Zia en effaçant tout sourire de son visage.
— Mais qu’est-ce qu’elle a mon attitude ? se rebella la jeune sœur, vexée.
— Zia a raison Kaigiza, intervint Sinna. Tu n’as pas remarqué hier soir les regards sceptiques que certaines personnes t’envoyaient après l’annonce de Zia concernant ton avenir comme Prêtresse de notre ginte ?
— Non, déclara d’un air surpris Kaigiza. Comment ça ? Mais pourquoi ?
— Parce que tu es encore très jeune, Kai. Et parce que les nôtres ont été vraiment bouleversés par la disparition de leur Matriarche. Personne ne s’attendait à son départ vers l’au-delà. Elle n’était pas vieille, solide comme un roc et hargneuse comme une pie, et tous s’attendaient à l’avoir comme Matriarche pendant encore de nombreuses années, expliqua patiemment Zia. Ils ont du mal à accepter que tu puisses prendre sa place.
— Mais ce n’est pas ma faute que la toux rouge l’a emportée, répliqua la jeune fille d’un air désemparé, alors que Sinna eut du mal à cacher un sourire à la comparaison que Zia avait fait entre sa mère et l’oiseau.
— Personne n’a dit que c’est ta faute, continua Zia, en caressant tendrement les cheveux de sa petite sœur.
— Alors pourquoi ils réagissent comme ça ? insista-t-elle.
— Parce qu’ils ont besoin de temps pour s'habituer à l’idée, répondit Zia. Bon, allez, venez voir ce que j’ai préparé pour vous depuis mon retour à la Gorge des Ancêtres ! intima-t-elle avec un ton plus joyeux et en les prenant par le bras pour les diriger vers l’endroit où se trouvait son ancienne couche, lorsqu’elle vivait encore chez ses parents.
Zia souleva une fourrure et sortit un petit coffret en bois.
— Asseyez-vous ! les invita-t-elle alors qu’elle souleva le couvercle sous les yeux curieux et impatients des jeunes femmes.
— Tiens, Sinna, ces amulettes sont pour toi ! annonça-t-elle en tendant une lanière de cuir sur laquelle plusieurs pendentifs de terre cuite étaient accrochés.
Sinna écarquilla les yeux, ne s’attendant pas à un tel cadeau de sa cousine. Elle n’osa pas tendre la main
