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Hockey Player: Joseph
Hockey Player: Joseph
Hockey Player: Joseph
Livre électronique322 pages4 heures

Hockey Player: Joseph

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À propos de ce livre électronique

Joseph ne vit que pour une chose : le hockey. Cette année, c'est la bonne et il en est sûr, son équipe va remporter le championnat universitaire.

C'était sans compter sur l'arrivée sur le campus de la belle Elizabeth. Alors qu'aucune jeune femme n'a jamais su capter son attention, Elizabeth occupe toutes ses pensées. Lorsqu'ils sont forcés de travailler ensemble pour un exposé de littérature, Joseph voit là l'occasion de se rapprocher d'elle et, pourquoi pas, la faire tomber sous son charme.
LangueFrançais
Date de sortie7 août 2023
ISBN9782322546763
Hockey Player: Joseph
Auteur

E.M. Kimberley

Amatrice des romances sportives et universitaires, E.M. Kimberley signe sa première saga du genre avec Hockey Player.

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    Aperçu du livre

    Hockey Player - E.M. Kimberley

    BON À SAVOIR

    Les noms d'équipes, les personnages,

    les événements ainsi que certains lieux

    où se rendent les personnages sont fictifs.

    « Je ne considère pas le hockey comme une passion, mais comme un art de vivre. Il faut avoir une rigueur de fer lorsque l'on commence à jouer, mais c'est tellement plaisant ! Je ne sais pas si je pourrais passer un jour de ma vie sans enfiler mes patins. J'aime entendre le bruit qu'ils font sur la glace, j'aime sentir mon cœur battre à toute vitesse lors d'un match. Rien ne m'a jamais procuré autant de plaisir. »

    Joseph « Le Saint » Darcy,

    conférence de presse universitaire, Ottawa, février 2020

    Sommaire

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 26

    Chapitre 27

    Chapitre 28

    Chapitre 29

    Chapitre 30

    Chapitre 31

    Chapitre 32

    Chapitre 33

    Chapitre 34

    Chapitre 35

    Chapitre 36

    Chapitre 37

    Chapitre 38

    Chapitre 39

    Chapitre 40

    Chapitre 41

    Chapitre 42

    Chapitre 43

    Chapitre 44

    Chapitre 45

    Chapitre 46

    Septembre 2021

    La patinoire est déserte lorsque je pénètre sur la glace. Il n’y a rien d’étonnant à ça, l’automne commence à peine et le semestre ne débute officiellement que dans deux jours. La plupart des membres de l’équipe sont encore dans leur famille ou profitent de pouvoir encore faire la grasse matinée. Il faut être complètement taré pour se lever à cinq heures du matin un samedi afin de profiter du silence de la patinoire. Et taré, je le suis peut-être un peu. Ou peut-être beaucoup, je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que j’aime le hockey par-dessus tout. Je n’imagine pas un jour de ma vie loin de la patinoire, loin de l’effervescence des matchs, loin de l’adrénaline qui parcourt mes veines dès que je pose un pied sur la glace.

    Pourtant, je n’ai jamais envisagé de devenir joueur professionnel. J’ai toujours su que le hockey resterait une passion que je vivrais plus ou moins dans l’ombre. Je dis plus ou moins car je suis l’un des joueurs de l’équipe des Bennets d’Ottawa, l’une des équipes masculines universitaires les mieux cotées depuis cinq ans. Je ne passe pas inaperçu à cause des nombreux matchs que nous jouons et du cœur que je mets dans mon jeu. Je suis vif comme l’éclair, je fuse sur la glace comme s’il n’y avait personne autour de moi pour m’arrêter, comme si je ne risquais rien. Forcément, ça se remarque. J’ai déjà eu de nombreuses propositions de contrats pro, certains voulant même me faire arrêter les cours pour que je rejoigne leur équipe tout de suite. Mais je ne suis pas simple d’esprit, je sais qu’il est important d’avoir un diplôme. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, surtout lorsque l’on passe joueur pro. Après tout, une blessure est si vite arrivée… Qu’est-ce que je deviendrais si je m’engageais dans une équipe et que je me blessais au bout de quelques matchs ? Je ne souhaite pas me retrouver démuni. C’est pour cela que je préfère rester dans l’ombre en devenant professeur de sport. J’ai toujours aimé enseigner aux autres ma passion. J’ai d’ailleurs fait de nombreux stages au cours de mes études pour confirmer mon choix. Je sais que je veux enseigner. D’ailleurs, l’été je m’amuse à coacher l’équipe junior de Renfrew, une petite ville typiquement canadienne où mes parents résident. Je ne les vois que pendant les deux mois d’été. Le reste de l’année, je vis et étudie à Ottawa.

    Je salue Derek, le concierge de la patinoire. Il n’est pas étonné de me voir déjà prêt à jouer. Comme tous les joueurs de l’équipe, j’ai un badge qui me permet l’accès à la patinoire à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Je suis cependant le seul à m’en servir si tôt. Mes coéquipiers — du moins ceux qui sont déjà sur le campus — ne viendront s’entraîner qu’en fin de matinée. Certains aiment même venir accompagné de leur rencard. Apparemment, les filles adorent venir patiner la nuit, l’atmosphère de la patinoire déserte serait… intime. Je n’en sais trop rien, je n’ai jamais amené de fille ici.

    Je m’installe sur les gradins après être sorti des vestiaires et enfile mes patins. C’est une nouvelle paire, notre sponsor nous les a envoyés cet été pour le début de la nouvelle saison. Je n’ai pas encore eu l’occasion de les essayer sur la glace. Je les noue soigneusement et me redresse avant de m’avancer vers l’entrée de la patinoire. Dès que mes patins touchent la glace, c’est comme si une entité prenait possession de mon corps. Je m’élance, laissant l’air frais du lieu balayer mes joues. Je fais quelques tours calmement avant d’accélérer. L’adhérence est parfaite. Je vais ensuite chercher ma crosse et un palet. J’installe une cage et me dirige vers le centre de la patinoire. Je dois travailler mes tirs, perfectionner mes attaques. D'ordinaire, je viens m'entraîner avec Lorenzo Vasquez, notre gardien. J’occupe le poste d’ailier droit depuis que je suis entré dans l’équipe en première année de fac. Je suis en permanence sollicité pour anticiper les attaques de mes adversaires, relancer les contre-attaques, passer en mode défensif lorsque nous perdons le palet et, bien sûr, je dois également marquer des buts. Nous l’avons choisi comme capitaine lorsque Ray Donovan a quitté l’équipe à la fin de la saison dernière. Les résultats de Lorenzo et son esprit d’équipe se sont imposés comme une évidence. Il sait motiver les gars comme personne. Malgré ses quelques frasques, c’est un bon gars, quelqu’un sur qui l’on peut compter et, pour lui comme pour beaucoup d’autres, le hockey est une priorité.

    Je ne saurais dire combien de temps je reste sur la glace. Suffisamment longtemps pour que mes pieds commencent à me faire souffrir et que mes muscles me supplient d’arrêter de jouer. Comme toujours, j’ai perdu toute notion du temps. Je m’arrête seulement lorsque j’entends la porte d’accès claquer, le bruit résonnant dans l’enceinte de la patinoire. Je m’avance tranquillement vers les gradins, d’où émerge une silhouette. Je souris en reconnaissant la jeune femme qui vient de sortir des vestiaires et s’approche tranquillement de la glace.

    — Salut Kayla !

    — Salut, Joseph, me répond-elle tout sourire. Je me doutais bien que si la patinoire était déjà ouverte, ça serait à cause de toi.

    — On ne change pas une équipe qui gagne, je réponds en haussant les épaules.

    — Tu as terminé ?

    — À l’instant.

    — Bon sang, Joseph, depuis quand es-tu là ?

    — Je ne sais pas, cinq heures trente ?

    — T’es un vrai taré, répond-elle en riant.

    Elle n’ajoute rien et me rejoint sur la glace après avoir enfilé ses patins.

    — Tu te rends compte que tu t’entraînes plus que votre capitaine ?

    — Lorenzo s’entraîne tout autant que moi, il vient juste plus tard.

    — Arrête ton char, on sait tous les deux que tu es le joueur le plus exigeant de l’équipe. Comment ça se fait que tu ne sois pas encore capitaine ?

    — Je ne me suis jamais présenté.

    — Pourquoi ?

    Elle semble totalement interloquée par ma révélation, comme si je venais de lui annoncer qu’un vaisseau spatial s’était écrasé sur ma grange pendant l’été et qu’un mec avec des super-pouvoirs en était sorti.

    — Ce n’est pas un poste qui m’intéresse.

    Je hausse une nouvelle fois les épaules. Le coach non plus n’a pas compris ma décision quand je lui en ai fait part. Pourtant, j’ai toujours été très clair sur mes motivations : je joue au hockey parce que j’aime ça. Pour moi, c’est un art de vivre, mais ce n’est pas une raison de vivre. Je sais que je pourrai très bien me passer d’y jouer, du moment que je peux toujours traîner du côté d’une patinoire et en faire quelques tours. Ça me conviendrait très bien d’entraîner une équipe, de la mener à la victoire et de voir la joie que procure ce sport sur le visage rayonnant de mes joueurs. Kayla ne me lâche pas du regard, éberluée.

    Bon, il n’y a pas que mon annonce qui fait qu’elle ne me lâche pas des yeux. Cela fait des années qu’elle me tourne autour, mais pour moi elle n’est rien d’autre qu’une bonne copine. Capitaine de l’équipe féminine de hockey de la fac, les Albatros, elle est grande et musclée. Sa silhouette est avantageuse et elle le sait. Kayla est une séductrice, sans pour autant être une collectionneuse de mecs. Je sais qu’elle aime plaire (après tout, quel mal à ça ?) et se mettre en valeur. Je sais aussi que c’est une personne loyale (il n’y a qu’à voir comment elle défend les membres de son équipe) et respectueuse des autres. On se connaît depuis la première année. Nous avons passé nos essais pour entrer dans l’équipe de hockey en même temps. Depuis, elle essaie gentiment de me draguer sans que je réponde à ses avances.

    — Tu es un mec bien, Joseph. Peut-être trop pour le monde du hockey.

    Je ris devant sa plaisanterie. Contrairement à la plupart des joueurs de notre équipe et des équipes adversaires, je fais preuve de beaucoup de retenue.

    — Le Saint Joseph, ajoute-t-elle en riant.

    Tout le monde me surnomme comme ça depuis la deuxième année. Mes coéquipiers ont même fait changer mon maillot. On peut maintenant lire « Le Saint » accompagné de mon numéro, plutôt que Darcy, mon nom de famille. J’ai écopé de ce surnom lors d’une fête d’après match, lorsque j’ai refusé les avances d’une groupie de la crosse. C’est ainsi que nous surnommons les fans féminines qui viennent au match pour la beauté des joueurs et non pas pour la beauté du jeu… Bref, ce soir-là j’ai osé refuser les avances de Jackie Hendersen. Depuis, mes coéquipiers me surnomment Le Saint car j’ai résisté là où d’autres se sont laissés avoir.

    — Bon, il faut que je te laisse, dis-je après avoir jeté un coup d’œil à l’horloge, j’ai un rendez-vous.

    — Ouuuh, le beau Joseph sortirait-il enfin des sentiers battus ? me nargue Kayla.

    — J’ai rendez-vous avec le professeur Hollis.

    — Ça a tout de suite moins de charme…

    Je lui adresse un dernier sourire avant de rejoindre les vestiaires. J’y prends une douche rapide et enfile la tenue que j’ai essayé de soigneusement plier dans mon sac de sport… La chemise n’est pas trop froissée, c’est un bon début. Je dois à tout prix faire bonne impression devant le professeur Hollis car je m’apprête à lui demander de me rajouter sur la liste de ses élèves. J’ai manqué les inscriptions à son cours pour la rentrée, au début de l’été, trop occupé à entraîner les Caribous de Renfrew. Or, le professeur Hollis n’est pas un homme que l’on convainc facilement et j'aimerais vraiment assister à l'un de ses cours cette année.

    J’arrive pile à l’heure au rendez-vous. Je suis un peu essoufflé, ayant accéléré le pas pour ne pas être en retard. J’espère sincèrement ne pas avoir d’auréoles sous les bras, ça ferait vraiment mauvaise impression… Je suis assez sensible à l’image que les gens se font de moi. J’aime passer inaperçu (ce qui n’est pas toujours évident lorsque l’on est un membre de l’équipe de hockey), mais ce n’est pas pour autant que je veux avoir l’air négligé, surtout pas lors d’un entretien avec un enseignant. Je rassemble mon courage et toque à la porte après avoir retrouvé un souffle régulier. La voix étouffée du professeur Hollis me parvient, m'invitant à entrer.

    — M. Darcy, bonjour.

    — Bonjour, professeur, excusez-moi je suis légèrement en retard.

    — Vous êtes pile à l’heure. Asseyez-vous.

    Je m’installe sur la chaise qu’il me désigne, déposant mon imposant sac de hockey à mes pieds. Mes mains deviennent moites à mesure que l’enseignant me regarde. Pourquoi ai-je décidé de mettre une chemise grise ? J’ai l’impression que les chutes du Niagara ont pris possession de mes aisselles, que la cheminée de Satan se trouve sur mes joues et que mon col se resserre autour de ma gorge. J’aurais dû me contenter d’envoyer un mail plutôt que d’insister auprès de son assistant pour obtenir un rendez-vous.

    — Michael m’a informé de votre souci, commence le professeur, malheureusement je ne suis pas certain de pouvoir vous aider.

    — Je suis désolé, monsieur, j’entraînais l’équipe junior de Renfrew lorsque les inscriptions pour votre cours se sont ouvertes. Je ne demande pas à être inscrit sur la liste, ce serait injuste pour toutes les personnes qui ont loupé les inscriptions.

    — Alors, que demandez-vous ? m’interrompt Hollis.

    — Je voudrais avoir le droit de participer en auditeur libre.

    Je le vois hausser les sourcils et se redresser sur sa chaise. Il se gratte le menton, réfléchissant probablement à ma proposition.

    — En auditeur libre, dites-vous ?

    — Oui, je veux simplement participer à vos cours.

    — Quel cursus suivez-vous, M. Darcy ?

    — Je suis un cursus éducatif, je souhaiterais devenir professeur.

    — Professeur de…

    — De sport.

    Je complète sa phrase en triturant mes doigts, mal à

    l’aise.

    — Et en quoi mon cours de littérature vous aiderait dans votre parcours ?

    Voilà, nous y sommes. Le moment où je vais devoir me montrer convaincant pour pouvoir accéder à ce cours qui me fait envie depuis mon entrée à l'université, mais dont je loupe immanquablement les inscriptions au début de chaque semestre.

    — Je pense qu’il est primordial de s’intéresser à plusieurs domaines. Je lis depuis mon plus jeune âge, je n’imagine pas vivre dans un monde sans livres.

    Il me regarde de manière assez surprise, comme s’il ne croyait pas un seul mot qui sort de ma bouche. J’avoue avoir un petit pincement au cœur, je n’aime pas passer pour un sportif écervelé.

    — L’analyse de la littérature est un bon moyen d’analyser une situation sur le terrain, de comprendre le comportement des uns et des autres.

    Le professeur Hollis ne répond pas tout de suite, se caressant une fois de plus le menton. De mon côté, je frotte mes paumes moites sur mon pantalon, essayant de cacher ma nervosité.

    — D’accord.

    Je relève brusquement la tête — je n’avais même pas remarqué que j’avais baissé le regard — et dévisage le professeur Hollis, ai-je bien entendu ? Est-ce que ce d’accord signifie bien que je suis pris comme auditeur libre dans son cours ?

    — Je suis pris comme auditeur libre ?

    Je suis obligé de poser la question, incertain de ce que ce simple « d’accord » signifie.

    — Non.

    Douche froide, je ne comprends plus rien.

    — Je ne vous prends pas comme auditeur libre, continue l’enseignant, je vous prends comme étudiant sur ma liste. Vos résultats sont excellents dans toutes vos matières, vous êtes un joueur impliqué dans notre équipe de hockey et vous semblez être volontaire. De plus, il me manque un élève suite à un désistement pour pouvoir former des binômes lors de session de travail.

    Je me contente de hocher la tête, peinant à croire à ce qui m’arrive. Je suis tellement content de rejoindre le cours ! Je pourrai presque faire des bonds de joie. Ce qui, je le conçois, serait totalement déplacé en cet instant.

    — Nous nous verrons donc dans deux semaines, M. Darcy, conclut le professeur.

    Je le salue poliment et me lève, attrapant mon sac de sport avant de quitter les lieux sur un petit nuage.

    *

    Lorsque j’arrive à la maison que je partage avec trois de mes coéquipiers — Narcisse, Colin et Lorenzo — un silence inhabituel règne sur les lieux. Dans une demeure pleine de joueurs de hockey, il y a toujours du bruit. Soit ils ramènent des filles, soit ils ramènent leurs amis qui ne font pas partie de l’équipe, soit ils glandent devant la télé tous les trois. Quoiqu’il en soit, la maison n’est jamais silencieuse. Jamais. Je suis sûr que ça cache quelque chose de louche.

    Je découvre le pourquoi du comment quand j’arrive dans la cuisine après avoir déposé mon sac dans l’entrée, avoir enlevé mes chaussures et pendu mon manteau sur le crochet de la porte d’entrée.

    Mes trois amis sont subjugués par une vidéo qu’ils regardent sur internet. Pas n’importe quelle vidéo : celle d’un match de hockey. Notre saison n’a pas encore commencé, je suis assez surpris qu’ils regardent déjà des retransmissions de match pour analyser le jeu des autres équipes… Je comprends mon erreur lorsque je me penche à mon tour sur l’écran. C’est bien un match de hockey qu’ils regardent, mais c’est une équipe féminine.

    — Pourquoi vous regardez du hockey féminin à cette heure-ci ?

    — Parce que les nouvelles recrues arrivent tout à l’heure, pour la réunion des équipes, me répond Colin sans décrocher de l’écran.

    J’avais oublié que c’était aujourd’hui.

    — Et alors ? Vous ne les regardez jamais d’habitude.

    Je fronce les sourcils, c’est louche.

    — Pause ! C’est elle ! s’exclame alors Lorenzo, mon ailier gauche.

    Narcisse, qui est aux commandes, s’empresse de mettre la vidéo sur pause et ils se penchent un peu plus sur l’écran, détaillant la fille qui apparaît alors. Ils mettent ensuite la vidéo au ralenti et rejouent l’action.

    — Wahou, siffle Lorenzo, elle est incroyable.

    J’avoue que ce que vient de faire cette fille est fou. Elle patine plus vite que son ombre, elle a réussi à contrer une attaque tout en bloquant le palet avant de dégager le terrain et de marquer un but. Pendant ce temps, les autres joueuses ont à peine eu le temps de respirer.

    — Qui est-ce ?

    — Adélaïde Fitzwilliam, répondent mes coéquipiers en cœur.

    Je ne peux m’empêcher de sourire devant leur air béat. C’est assez rare de les voir ainsi s’émouvoir sur les joueuses. Ils apprécient leurs qualités et, comme moi, assistent à tous les matchs s’ils le peuvent, mais ils se contentent de s’extasier sur leur physique d’habitude. Du moins, avant de les connaître.

    — C’est sûr, cette année, les filles vont remporter le championnat, déclare Colin, sûr de lui.

    — Attendons de voir ce que les autres joueuses ont dans le ventre, temporise Narcisse.

    — Je suis sûr que Kayla les fera travailler sans relâche pour gagner. Ça fait deux ans que le titre leur passe sous le nez, elle ne le laissera pas faire cette année, surtout que c’est la dernière fois qu’elle peut le jouer.

    — Mouais, tu as sans doute raison, concède Narcisse en se grattant la joue.

    Mes amis semblent alors me remarquer et me saluent comme il se doit. Nous nous sommes à peine vus hier soir, lorsqu’ils sont arrivés de chez leurs parents.

    — Tu étais déjà parti quand on s’est levés, s’excuse Lorenzo. Tu aurais dû me réveiller pour que l’on travaille nos passes.

    — Tu sais très bien que tu m’aurais envoyé chier à la seconde où j’aurais ouvert la porte de ta chambre à cinq heures pétantes.

    — C’est vrai, répondit-il en souriant. Il n’y a qu’un saint pour s’infliger un tel entraînement alors que la saison n’a pas encore commencé.

    — C’est ce qui fait la différence entre toi et moi, mon vieux.

    — Qu’est-ce que ça sous-entend ?

    — Que je suis meilleur, et de loin !

    — Mon cul !

    Lorenzo se jette sur moi et tente de me plaquer au sol, certainement pour me prouver qu’il a raison. Il réussit simplement à me faire reculer de quelques centimètres avant que je ne parvienne à le soulever de plusieurs centimètres et à le repousser gentiment.

    — Tu vois ? Je suis plus fort que toi.

    Lorenzo marmonne quelque chose que je ne discerne pas avant de reporter son attention sur moi.

    — Pourquoi t’es sapé comme un prince ?

    — Je ne suis pas sapé comme un prince, je réponds en levant les yeux au ciel, j’ai juste mis une chemise avec un jean propre.

    — C’est louche, déclare Narcisse la bouche pleine de céréales.

    — T’avais un rencard ? enchérit Colin.

    — À onze heures du mat’ ? demande Narcisse, nan c’est pas une heure pour un rencard.

    — Avec lui, on est sûr de rien, répond Colin en haussant les épaules.

    — Mais non ! Je sais ! s’exclame Lorenzo. C’était son entretien pour son cours de littérature !

    Colin et Narcisse me regardent avec des yeux

    ronds.

    — Alors, comment ça s’est passé ? m’interroge Lorenzo.

    — J’ai été pris !

    Lorenzo explose de joie, comme lorsque l’on gagne un match et se jette sur moi. Il me porte et fait quelques tours sur lui-même avant de me reposer. Il a toujours était très démonstratif et tactile. Les autres me félicitent également, avec un peu plus de retenue cependant. Ils savent à quel point ce cours est important pour moi. Je ne saurais l’expliquer, j’ai toujours voulu assister aux cours du professeur. La littérature — sous toutes ses formes — occupe une place très importante pour moi. Certainement parce que ma mère est auteure et que j’ai toujours grandi entouré de romans. C’est l’une des choses qui me relie à elle, peu importe où elle se trouve. Elle a rencontré un certain succès avec l’un de ses romans et depuis, les librairies se l’arrachent pour des séances de dédicaces. Elle participe également à de nombreux séminaires autour de l’écriture et

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