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Plongée chrétienne au cœur du bouddhisme Zen: Moines chrétiens en dialogue avec des moines zen japonais
Plongée chrétienne au cœur du bouddhisme Zen: Moines chrétiens en dialogue avec des moines zen japonais
Plongée chrétienne au cœur du bouddhisme Zen: Moines chrétiens en dialogue avec des moines zen japonais
Livre électronique146 pages2 heures

Plongée chrétienne au cœur du bouddhisme Zen: Moines chrétiens en dialogue avec des moines zen japonais

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À propos de ce livre électronique

En 1983, la rencontre entre moines chrétiens et bouddhistes zen paraissait très récente et surprenante (révoltante pour certains…). 40 ans plus tard, elle semble être une pratique normale pour beaucoup, qui reste tout à fait répréhensible pour les mêmes « certains ». Pourtant, même chez les spirituels chrétiens, rares sont celles et ceux qui en saisissent la nouveauté permanente et nécessaire.

Ce livre invite à mieux saisir la profondeur de la rencontre spirituelle et son importance aujourd'hui, pour suivre l’appel du Pape François au dialogue profond avec les fidèles des autres religions.

« Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux, pour peupler la terre et y répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix… Nous déclarons adopter la culture du dialogue comme chemin, la collaboration commune comme conduite, la connaissance réciproque comme méthode et critère. »


À PROPOS DE L'AUTEUR

Benoît Michel Billot, après une formation de biologiste, embrasse la vie monastique à 25 ans au Prieuré bénédictin Saint-Benoît à Étiolles (91450). Prêtre au travail pendant deux ans, prêtre en paroisse pendant 25 ans, moine avant tout. Responsable du Dialogue Interreligieux Monastique pour la France pendant 20 ans, il séjourne dans des monastères zen du Japon, et est certifié enseignant zen. Il a fondé la Maison de Tobie en 1989 : école de vie spirituelle et d'intériorité promouvant la vie spirituelle en rapport avec le corps, le psychisme et les grandes traditions. Profondément chrétien, intensément ouvert à toutes les sagesses spirituelles, Frère Benoît Billot se dédie depuis 60 ans à l'unification de l'être et à son incarnation, dans l'approfondissement de sa foi, par la rencontre réelle des autres religions et pratiques, dans le dialogue intermonastique, interreligieux, et interpersonnel.

LangueFrançais
Date de sortie19 juil. 2023
ISBN9782364529373
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    Aperçu du livre

    Plongée chrétienne au cœur du bouddhisme Zen - Benoît Billot

    Introduction

    Le livre que voici a connu, en 1987, sa première édition sous un autre nom¹. Depuis cette date, tant d’événements se sont produits que pour sa réédition il a paru nécessaire de le remanier profondément en fonction de l’évolution rapide du monde et de chacun d’entre nous. La rencontre entre moines chrétiens et moines bouddhistes zen paraissait alors être un fait très récent et surprenant (révoltant pour certains…). Quelques dizaines d’années après, elle semble être une pratique normale dans l’esprit de beaucoup. Cependant, maintenant que le temps a fait son œuvre, il est nécessaire d’en redire la force et d’en dégager la sagesse. Le Pape François n’a cessé d’appeler les spirituels de toutes traditions au dialogue profond avec les fidèles des autres religions. Pour donner un exemple du genre, et dans un contexte autre que celui de 1987, il rencontrait, le 4 février 2019, la plus haute autorité morale de l’Islam sunnite, le grand Imam Ahmad Al-Tayyeb. Ils déclaraient ensemble :

    « Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux, pour peupler la terre et y répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix… nous déclarons adopter la culture du dialogue comme chemin, la collaboration commune comme conduite, la connaissance réciproque comme méthode et critère. »

    Tout d’abord, nous le savons bien, la donne internationale a profondément changé depuis le milieu du xixe siècle. Après avoir été des objets de conquête et de colonisation, l’Orient et l’hémisphère sud sont devenus pour l’Occident une réalité avec laquelle il faut compter à tous niveaux : science, technique, commerce, armement… Mais aussi, pour ce qui concerne les domaines culturel et spirituel, un sujet de fascination. Il n’est que de comptabiliser les centres bouddhistes ou hindouistes qui se sont multipliés en Occident, et particulièrement en France, créés soit par des Occidentaux formés en Asie, soit par des Orientaux, les uns exilés de chez eux pour des raisons politiques, les autres venus en mission en Occident. Sans compter la multitude de celles et ceux qui vont explorer l’Afrique profonde et l’Amérique du Sud pour y apprendre une nouvelle sagesse de la Terre. Sagesse qui, en plus des productions vivrières indispensables, a permis à de nombreux peuples d’entrer dans une relation très profonde avec la Terre-mère.

    Mais parcourons très brièvement l’histoire de ces liens, vus du côté chrétien, depuis un siècle.

    1926 — Après les horreurs de la guerre mondiale de 14-18, à laquelle nombre d’Asiatiques ont été appelés à participer, et où beaucoup ont trouvé la mort, une prise de conscience commence à apparaître dans les Églises chrétiennes d’Occident. C’est ainsi que le Pape Pie XI s’adresse aux moines catholiques, massivement concentrés dans les pays occidentaux, et leur demande de fonder des communautés monastiques dans les pays non traditionnellement chrétiens, qu’on appelait à l’époque « pays de mission ». Il ne s’agissait pas, d’abord, dans son esprit, de faire œuvre de prosélytisme, mais d’y mener la même vie de silence et de contemplation qu’ils menaient dans « les pays de Chrétienté ». Il voulait en effet que l’Église soit « complète », c’est-à-dire qu’elle dispose en ces pays de ses deux poumons : actif et contemplatif. En fait, il faudra trente ans pour que l’appel du Pape soit vraiment entendu. Si, en 1950, il y avait 30 monastères hors d’Occident, il y en aura plus de 250 en 1984.

    En attendant, quelque chose de nouveau naissait dans l’Église catholique. À la base, s’établissaient des contacts simples entre moines, responsables religieux, ou laïcs des diverses religions. On n’arrivera jamais à en répertorier l’infinie diversité. Vie ensemble, prière ensemble, expériences spirituelles communes, compréhension ou incompréhension, chaque partenaire découvrait la complexité et la richesse d’une autre tradition spirituelle. Ce fut la période des grands précurseurs du dialogue, dont la vie et les écrits ont imprégné peu à peu le tissu de l’Église catholique. Ceux qui sont les plus connus en France sont Jules Monchanin, Henri Le Saux, Thomas Merton, Enomiya Lassalle, Bede Griffiths… Et comme ce travail ne manquait pas de se répercuter dans les différentes articulations de l’Église, on commençait à entendre des déclarations pontificales qui exprimaient ce nouvel état d’esprit.

    1962 — Clôture de la première période du Concile Vatican II. Le Pape Jean XXIII prend la parole et souhaite que les fruits du Concile puissent se répandre :

    « Sur la masse des Hommes qui ne sont pas encore éclairés par la lumière du Christ, mais qui se glorifient d’un illustre et ancien patrimoine transmis par leurs ancêtres. Ils n’ont rien à craindre de la lumière de l’Évangile qui pourra contribuer, comme dans le passé, à cultiver et développer les germes féconds d’esprit religieux et de civilisation qui leur sont propres. »

    1964 — Le Pape Paul VI est à Bombay. Au cours de ce voyage en Inde, il fait une expérience spirituelle, vive et inoubliable, de la rencontre avec les foules priantes de l’hindouisme. Il franchit alors une nouvelle étape dans le dialogue et déclare :

    « Votre terre est une terre de culture ancienne, berceau des grandes religions, siège d’une nation qui a cherché Dieu avec une aspiration incessante, dans la méditation profonde et le silence, avec des chants de fervente prière. Rarement un désir si ardent de Dieu s’est exprimé avec des accents aussi remplis de l’esprit de L’Avent, que dans cette parole écrite dans vos livres sacrés bien des siècles avant le Christ : « De l’irréel conduis-moi vers le Réel ; des ténèbres, conduis-moi à la Lumière ; de la mort, conduis-moi à l’Immortalité » !

    1968 — Congrès de l’AIM² à Bangkok. C’est l’acte de fondation, du côté catholique, du dialogue inter-monastique. Car les supérieurs monastiques chrétiens d’Asie, masculins et féminins, s’y rencontrent pour la première fois, et se rendent compte qu’ils sont tous déjà en état de dialogue avec les autres monachismes. Invités par Thomas Merton, un des plus célèbres participants, ils prennent contact personnellement avec les multiples monastères bouddhistes de cette ville. Dans l’acte final du congrès, on peut lire :

    « Le monachisme est, dans nos pays, l’institution de l’Église la plus proche des religions non-chrétiennes, et il peut devenir le meilleur point de rencontre avec elles. C’est pour cela que l’un des principaux objectifs des moines chrétiens en Asie est d’établir des contacts avec les moines d’autres religions. »

    1977 — Le dialogue s’institutionnalise. C’est la création, en Europe du DIM³ et, aux USA du NABEWD⁴. Il s’agit des organismes que se donnent les moines catholiques pour promouvoir le dialogue inter-monastique. En même temps, commencent des sessions, communes aux différents monachismes, sur des thèmes précis : le père spirituel, l’expérience spirituelle, la vie communautaire… sessions qui ont lieu en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Et les rencontres entre responsables de religions se multiplient.

    1979 — En Septembre, cinquante Japonais (moines, moniales et laïcs bouddhistes) arrivent en Europe pour une durée d’un mois. Le voyage est organisé principalement par l’université catholique Nanzan, de Nagoya. L’AIM-DIM participe à l’organisation du voyage. C’est le premier « échange spirituel Est-Ouest ». Les voyageurs passent trois semaines, par petits groupes, dans divers monastères catholiques, puis une semaine à Rome où ils sont reçus par le Pape Jean-Paul II.

    1983 — Très touchés par ce premier échange, et fortement concernés par le dialogue inter-monastique, les moines japonais (et particulièrement les moines zen) organisent le « second échange spirituel Est-Ouest ». Ils invitent leurs homologues catholiques européens à passer cinq semaines au Japon. C’est cette rencontre que relate en partie les premiers chapitres de ce livre, rédigés à partir des notes de tous les participants. La totalité du dossier se trouve dans la première édition, celle de 1987. Les photos qui émaillent ce récit, prises par des professionnels, ont été, pour la plupart, gracieusement mises à notre disposition.

    Le présent ouvrage est divisé en deux parties principales. La première est plutôt narrative et présente en trois chapitres l’essentiel de ce qui s’est passé, et la façon dont cela a été vécu par les participants. C’est pourquoi elle s’intitule : L’EXPÉRIENCE DE 1983.


    ¹ Voyage dans les monastères zen, Éd. Desclée de Brouwer, 1987.

    ² AIM : Aide-Inter-Monastères, 7 rue d’Issy, 92170 Vanves, France. L’AIM fut fondée à l’instigation du bénédictin Jean Leclerc, pour établir un vivant lien entre les monastères chrétiens de tous continents.

    ³ DIM : Dialogue Interreligieux Monastique, 1 allée de Clerlande, 1340 Ottignies, Belgique.

    ⁴ NABEWD : North American Board for East-West Dialogue. Le NABEWD deviendra le MID.

    L’expérience de 1983

    1. Le Sogen-ji

    8 octobre 1983, après-midi

    Il pleut ! À travers les vitres brouillées du car, nous avons vu défiler une partie du Japon du Sud. Autoroutes qui se faufilent entre les collines boisées ; murs anti-bruit qui nous masquent les villages ; cultures de riz et de thé ; usines, parkings ; multitude de camions, conduits par des chauffeurs en gants blancs : malgré les nuages bas et la pluie incessante, le pays éclate de santé.

    Lorsque nous avons atterri à l’aéroport d’Osaka mercredi dernier⁵, accueillis par les responsables religieux du bouddhisme zen, photographiés et télévisés sous toutes les coutures, nous étions bien fatigués du voyage, et l’Europe nous paraissait loin. À la fois, tout était semblable à nos pays : aéroports, villes, routes… et tout cependant était différent. Aussi les quatre jours passés dans l’hospitalière communauté des Passionnistes de Takarazuka nous ont permis de nous préparer à ce qui commence maintenant.

    Seize heures ! Kotoku Noritaké, l’un des moines zen qui nous accompagnent depuis notre arrivée ici, s’est dirigé vers l’avant du véhicule, a pris le micro et s’est mis à parler en japonais. Le Père Van Bragt, prêtre belge qui réside au Japon depuis longtemps et enseigne à l’université catholique de Nagoya fait la traduction : on n’est pas loin du but ! Puis il explique que nous traversons la ville d’Okayama et que le monastère du Sogen-ji, où nous allons connaître notre premier temps fort, est situé à la périphérie. À cette heure-là, des foules d’enfants en uniforme, sac d’écolier sur le dos, encombrent les trottoirs. Le car s’engage dans des faubourgs aérés, petites maisons et petits jardins, pour venir s’immobiliser sur une placette. Elle est bordée par une superbe porte de monastère située derrière un fossé rempli d’eau, qu’un petit pont franchit. Un groupe de moines zen en grand habit sombre nous attend, surmonté d’une forêt de parapluies.

    Une fois de plus nous sommes pris de fou rire en descendant du véhicule, car nos hôtes ont fait tailler à notre mesure et nous ont revêtus de la hakama. C’est une sorte d’habit monastique simplifié, très anciennement

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