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Vers Un Nouvel Écho D’Haïti
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Livre électronique337 pages4 heures

Vers Un Nouvel Écho D’Haïti

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À propos de ce livre électronique

Lheure est au dialogue avec les religions non-chrtiennes. Il nest donc plus question dtouffer le vaudou sous le sarcasme et le ridicule mais de dceler ce quil peut contenir de valable et denrichissant pour lpanouissement de lHomme hatien. Tel est lenseignement de Vers un nouvel cho dHati. Ce livre, ouvert sur un ventail de donnes socioculturelles,
politiques et religieuses, vise donner la parole au vaudou en suscitant des tentatives de rapprochement qui seront une des chances de loecumnisme en Hati, considrer le vaudou de lintrieur et examiner dans quelle mesure il pourrait aider la rconciliation du catholicisme et du protestantisme entre lesquels le foss nous parait chaque jour plus vident. Lamartine
LangueFrançais
ÉditeurXlibris US
Date de sortie25 juin 2011
ISBN9781456881283
Vers Un Nouvel Écho D’Haïti
Auteur

Lamartine Petit-M.

Lamartine Petit-Monsieur est né à Benjamin, dépendant de Saint-Louis-du-Nord, en Haïti. Il a grandi en France où il a obtenu brillamment son Doctorat et enseigné pendant de nombreuses années. Auteur de La coexistence de types religieux différents chez l’Haïtien contemporain (Suisse, NRSM, 1992) et de Vers un nouvel écho d’Haïti (USA, Xlibris, 2011), Lamartine Petit-Monsieur, un spécialiste des questions oecuméniques, est actuellement aux USA où il se prépare à publier d’autres ouvrages.

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    Aperçu du livre

    Vers Un Nouvel Écho D’Haïti - Lamartine Petit-M.

    Copyright © 2011 by Lamartine Petit-M.

    Library of Congress Control Number:       2011903529

    ISBN:         Hardcover                               978-1-4568-8127-6

                       Softcover                                 978-1-4568-8126-9

                       Ebook                                      978-1-4568-8128-3

    All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system, without permission in writing from the copyright owner.

    This book was printed in the United States of America.

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    www.Xlibris.com

    Orders@Xlibris.com

    88262

    TABLE DES MATIÈRES

    Avertissement

    Sigles Employés

    Remerciements

    Introduction

    Première Partie

    Dimension Socio-Historique Et Religieuse D’haïti

    Chapitre I. — Transplantation Des Noirs Dans Le Nouveau Monde

    Chapitre II. — Origine, Nature Et Unité Du Vaudou

    Chapitre III. — Le Rôle Du Vaudou Dans La Naissance D’haïti

    Chapitre IV. — Identité Religieuse Des Nouveaux Responsables D’haïti

    II Partie

    La Situation Du Vaudou Entre Le Catholicisme Et Le Protestantisme

    Chapitre I. — L’état Actuel Des Pratiques Vaudou

    Chapitre II. — Le Vaudou Et Le Catholicisme

    Chapitre III. — Le Vaudou Et Le Protestantisme

    Chapitre IV. — Le Catholicisme Et Le Protestantisme

    III Partie

    Le Vaudou Et L’oecuménisme

    Chapitre I. — Le Catholicisme Haïtien Et Vatican Ii

    Chapitre II. — Les Églises D’haïti Et L’oecuménisme

    Chapitre III. — Conditions D’un Oecuménisme Des Églises

    Chapitre IV. — Jalons Pour Un Dialogue Interreligieux Fécond

    Conclusion

    Notes

    Bibliographie

    Annexe

    On nous dresse à l’emprunt et à la quête; on nous apprend à nous servir du bien d’autrui plutôt que du nôtre.

    (Michel E. de Montaigne)

    AVERTISSEMENT

    Nous avons du mot Vaudou autant d’ortographes qu’il existe d’auteurs, haïtiens et étrangers, qui ont entrepris de travailler le sujet. Nous avons, par exemple, vodoun, vodun, wodu, vudu, wudu, vaudoux, voo doo, voodoo, VooDoo, voudoo, hoodoo, oodu, vodou, vaudun, vadoun, vodhoun, vôdou, vodoum, vaudous, Vous Dous, vousdous, voudou, voudeux, woodoo, budu, vôdou, voduo, vaudoum, voodoy, vodoo, vodo, voodu, vudú, vudù, vúdú, vudoo, vadium et le plus souvent VAUDOU.

    Dans la rédaction de ce travail, nous avons préféré, entre autres orthographes, choisir cette dernière (rencontrée fréquemment dans la littérature européenne et) qui a l’avantage d’être communément admise.

    Il nous a paru opportun de laisser tous les mots d’origine africaine au singulier; de respecter dans la mesure du possible l’orthographe des auteurs cités: leur style, leur vocabulaire, etc.

    De même, en ce qui concerne le mot Vaudou en tant qu’adjectif, nous avons préféré ne pas le soumettre aux règles grammaticales régissant l’adjectif français, comme il est d’usage dans certaines publications françaises. C’est pourquoi le féminin ou le pluriel des termes comme civilisation vaudoue ou traditions vaudoues ne sera pas marqué.

    En fin de compte, afin de rendre plus intelligible pour un lecteur non initié dans le domaine linguistique les textes créoles cités dans le présent ouvrage, nous avons renoncé à utliser l’orthographe phonétique.

    SIGLES EMPLOYÉS

    REMERCIEMENTS

    Au dévoué concours de toutes celles et tous ceux à qui je dois ce travail, j’exprime ici toute ma reconnaissance.

    INTRODUCTION

    Motivation du sujet

    Vers un nouvel écho d’Haïti est issu d’un mémoire présenté pour l’obtention d’une Maîtrise en Théologie, Spécialisation Oecuménique, à l’Institut Supérieur d’Études Oecuméniques (I.S.E.OE.) localisé à l’Institut Catholique de Paris (I.C.P.), en France, dans les années 1980. Ce mémoire avait pour titre: Le vaudou et l’oecuménisme en Haïti.

    Pouquoi vous demandez-vous avions-nous choisi ce dernier titre? En effet, pour mieux comprendre ce présent travail qui cherche à traiter d’une manière vraie une question aussi importante pour notre temps, il est utile d’en connaître la motivation. Jusqu’au Concile Vatican II et cela contrairement au Conseil Oecuménique des Églises (1), le Magistère ecclésiastique n’avait parlé des autres religions que pour souligner leur insuffisance et leur fausseté. Mais depuis 1963, plusieurs déclarations doctrinales des Papes Jean XXIII, Paul VI et Benoit XVI ouvrent une perpespective en qualifiant positivement les religions et en donnant le branle à une nouvelle forme d’oecuménisme dont la théologie reste à faire. Qu’en est-il en Haïti? Il faudra, pour en savoir, nous interroger profondément là-dessus. C’est l’avenir du dialogue oecuménique qui est en jeu.

    En effet, si les études à caractère scientifique foisonnent sur le vaudou haïtien, par contre, peu d’études ont été enterprises sur le catholicisme, le protestantisme, et encore rien sur l’oecuménisme . . . Il fallait qu’un Haïtien commence, qu’il se fasse l’Apôtre du dialogue oecuménique en Haïti: ce sont là les risques et les franchises du métier de chercheur. Nous n’avons certes pas la prétention d’avoir réussi, nous vous fournissons ce que nous pouvons, honnêtement, vous donner: de substantiels indices et précieux jalons. Car notre travail, reconnaisson-le, tout en apportant un surcroît de connaissances, demeure une introduction, un excellent point de départ . . . Des travaux d’autres chercheurs devront permettre une analyse beaucoup plus approfondie du vaudou et de l’oecuménisme en Haïti. Pour le dire autrement, à la suite de cet ouvrage—fournissant des éléments d’analyse et de compréhension solidement établis—surgiront ce que Élisabeth Claverie (dans Les guerres de la vierge; une anthropologie des apparitions, 2003) appelle des interrogations, qui n’infirment pas la qualité du travail, mais pourraient faire l’objet de recherches complémentaires.

    Il importe de retenir qu’on a assez longtemps pensé nos problèmes pour nous, sans nous, et malgré nous: il arrive qu’au nom de l’oecuménisme, des réunions soient organisées, auxquelles participent des représentants des diverses confessions. Il est rare que l’animisme (le vaudouisme) ait son mot à dire ou alors les bons sauvages sont représentés par des gens qui ne les connaissent que par ouï-dire, ou qui même n’hésitent pas à en donner une image défigurée ( . . . ). (2)

    L’heure est au dialogue avec les religions du Tiers-Monde, voire non-chrétiennes, nommément le vaudou. Ce sera une erreur grossière si ce dialogue tourne au monologue, c’est-à-dire, dans le meilleur cas, en séance de travail où l’inter-locuteur normal, le vaudouisant, n’est pas admis.

    Ce travail vise non seulement à donner la parole au vaudou en suscitant des tentatives de rapprochement qui seront une des sources, chances, de l’oecuménisme en Haïti, mais encore à considérer le vaudou de l’intérieur, à examiner dans quelle mesure il pourrait aider à la (ré)conciliation du catholisme et du protestantisme entre lesquels le fossé nous paraît chaque jour plus évident.

    Notre souci, au fil du développement de ce travail, est non seulement de préserver le vaudou, qu’il puisse permettre une incarnation véritable de l’Évangile, une invitation aux frères séparés qui s’honorent du nom de chrétiens à pouvoir revenir au troupeau universel dont le Christ a voulu sans retour confier la direction et la garde à Saint Pierre(3), mais aussi d’écarter de nous, ce que le Pape Jean Paul II dans son Encyclique Ut unum sint (1995), appelle la tiédeur dans l’engagement pour l’unité et plus encore l’opposition préconçue ou le pessimisme qui tend à tout voir négativement.

    Voilà en bref la motivation du travail antérieurement intitulé Le vaudou et l’oecuménisme en Haïti et qui se veut être une contribution à la compréhension de l’Haïtien mis à l’épreuve de ce que le professeur Kwas François appelle du pluralisme religieux. Mais il faut d’abord nous expliquer.

    En effet, lorsque le 11 octobre 1962, le Pape Jean XXIII ouvrait le Concile Vatican II: Il faut, dit-il, que l’Église se tourne vers les temps présents qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ménagent de nouvelles voies à l’apostolat catholique.(4) Quel sens donner à ce fait nouveau? Il ne fait guère de doute qu’aux yeux du Tiers-Monde, le Pape Jean XXIII occupe une place importante dans l’histoire du Catholicisme du XXe siècle. Ces temps présents, ce me semble, c’est l’éclatement des barrières culturelles à l’intérieur même des Églises locales, c’est la rencontre des cultures dans un climat d’écoute, de dialogue, de franche collaboration et de respect. La mission assignée par le Concile Vatican II est bien celle de passer les frontières pour aller chez l’autre, pour lui demander l’hospitalité, pour exposer le message sur le terrain même où se déploie sa liberté. Cette supranationalité de l’Église parce que catholique est fondamentale. De même que cette Église doit entretenir des rapports avec toutes les cultures, de même nous devons, nous aussi, étudier nos propres cultures pour discerner ce qu’elles ont de bon et de vrai et leur donner une dimension nouvelle. Qu’il suffise de lire Ad Gentes 22 où il est demandé que dans chaque grand territoire socio-culturel, une réflexion théologique soit encouragée par laquelle, à la lumire de la tradition universelle, les faits et les paroles révélées par Dieu, consignées dans les Saintes Écritures, expliquées par les Pères de l’Église et le Magistère, seront soumis à nouvel examen. De cette manière, toute apparence de syncrétisme et de faux particularisme sera repoussée et les traditions particulières faites des qualités propres de chaque famille de nation seront assumées dans l’unité chrétienne. L’évangélisation doit donc s’auto-inculturer, c’est-à-dire emprunter les chemins culturels pour vraiment se signifier aux hommes d’un temps et d’un milieu donné.

    Dans le cadre de Haïti, qu’avons-nous fait de tout cela? L’Église européo-américaine a-t-elle réussi à prendre forme en de nouvelles cultures? Quelle Bonne Nouvelle avons-nous annoncé à nos peuples? Quel sens cette Bonne Nouvelle a-t-elle eu hier, a-t-elle aujourd’hui et pourra-t-elle avoir demain dans la vie des haïtiens? En vérité, quel Évangile avons-nous vécu dans nos propres Églises? Faut-il en conclure que le Décret sur l’Activité Missionaire appartienne au passé et soit désormais sans object? Qu’a donc saisi l’Église d’Haïti de sa propre structure? Que répond-elle à l’interrogation que lui pose le vaudou? Sommes-nous sortis du temps où l’on traite de singeries et de sottises toute manifestation religieuse du Noir? L’Haïtien, comme l’aurait dit N. E. Butweiku, dans 500 years of European Behavior, Its Effects on Afrika and African People (2001), peut-il être chrétien, catholique ou protestant, sans renier son patrimoine culturel: le vaudou? Un dialogue oecuménique en Haïti avec le vaudou est-il possible et de quelle façon? Quel serait l’effort de chacune des confessions (catholique, protestantes) pour la réalisation d’un tel dialogue? Toutes ces questions méritent d’être posées si nous voulons vraiment créer au moins un climat nouveau en Haïti.

    Division du sujet

    Il s’agit pour nous, à travers Un nouvel écho d’Haïti, d’étudier Le vaudou et l’oecuménisme en Haïti. Ce dernier titre, qui risque de faire sursauter certains, voire de susciter de vives polémiques, indique bien l’optique, le point de vue que nous nous proposons d’élucider sur un sujet aussi difficile et délicat. Il importe donc de l’analyser sur le double plan de l’histoire et de la sociologie religieuse à la faveur d’un dialogue où se répondent dans le respect et la compréhension mutuels le catholicisme, le protestantisme et le vaudouisme. Nous verrons ainsi à l’oeuvre les trois religions dans leur affrontement et leur fonctionnement socio-historique et culturel. Dans ce contexte, quel est le rapport du vaudou, ce lieu où l’Haitien se re-crée, façonne son identité culturelle, avec les autres confessions religieuses locales? Á quelle époque remonte sa présence en Haïti? Pourrait-on alors définir son identité respective? Quelle serait sa place dans le cadre d’un dialogue de type oecuménique actuel? Pour répondre à de telles interrogations ayant trait au dynamisme religieux en Haïti, notre recherche se fera en trois grandes parties, c’est-à-dire:

    I)   La dimension socio-historique et religieuse d’Haïti

    II)   La situation du vaudou entre le catholicisme et le protestantisme

    III)   Le vaudou et l’oecuménisme.

    Nous chercherons dans la première partie de notre travail à remonter bien au-delà de l’introduction des premiers africains à Saint-Domingue, en 1501, pour fouiller, si modeste soit-il, dans les décombres du passé du Noir et essayer de cerner la dimension socio-religieuse d’Haïti. Quel fut le rôle exact de l’Église en Haïti? Quand et pourquoi est-elle venue en Haïti? Quel rôle a-t-elle joué dans le processus historique qui a modelé et façonné le continent latino-américain? Quelle est la dimension historique générale du vaudou, son inculturation depuis le XVIe siècle jusqu’à la première moitié du XXe siècle: 1957, année au cours de laquelle le vaudou est sorti de la clandestinité la plus totale pour devenir aujourd’hui la religion sociale, populaire, de quelque manière transnationale, voire universelle (5), d’une part, et patrimoine culturel, d’autre part?

    Cette première partie, après avoir exploré de façon chronologique le passé de la religion-vaudou et exposé une réflexion sur la situation historique de l’Afro-haïtien et sur la nécessité de tenir compte de l’histoire à l’intérieur de toutes les élaborations socio-politico-religieuses haïtiennes, montrera notre désir de réalisme dans ce travail qui doit permettre de dessiner la figure et d’évaluer les chances d’avenir du vaudou en diaspora américaine, sa persistance à travers les siècles malgré les luttes antagonistes, les douloureux conflits avec les religions rivales: catholicisme et protestantisme: 1896, lutte anti-vaudou; 1938-1942, campagne dite anti-superstitieuse ou de rejet; 1960 à nos jours, explosion des mouvements pentecôtistes et évangéliques ne cessant de traiter le vaudou de religion du diable. L’on se rendra compte que les masses vaudouisantes se trouvent encerclées de tous les côtés: par l’État qui utilise le vaudou pour mieux consolider son régime, par le catholicisme qui maintient une position de puissance sur le vaudou, par le protestantisme américain qui assiège de force les classes basses pour mieux les contrôler, et par l’élite et la classe bourgeoise qui sont dominées par les idéologies occidentales et qui voient dans le vaudou, soit une situation primitive appelée à être dépassée sous l’influence de la modernité, soit un folklore qu’on peut mettre en vitrine et offrir à la soif d’exotisme des étrangers. Mais telle une ville assiégée, le vaudou se débat. (6)

    L’Église, cette Église incessamment combattante vis-à-vis du vaudou associé malhonnêtement à des pratiques de satan, de sorcellerie . . . , devra faire face au problème fondamental qui naît pour elle d’une ambition missionnaire qu’elle ne peut pas renier et d’une faiblesse qu’elle n’en peut pas ne pas avouer. Si malgré les persécutions les plus odieuses, malgré le mépris qu’affectent à son égard ses adversaires, le vaudou a resisté à toutes ces intempéries, à quoi faut-il l’attribuer? Serait-ce à l’Église elle-même qui, trop identifiée aux dimensions coloniales qui la favorisaient, n’a pas pu évangéliser réellement, en profondeur?

    L’Haïtien, ce peuple qui a su résister à toutes les pressions et conserver vivante une tradition multi-séculaire, est tel que le fait sa culture et sa religion vaudou. Privé de cette culture religieuse, il serait un handicapé, un malheureux atteint d’une infirmité: vide culturel, perte de la joie de vivre, etc.

    Ce sera donc avec des yeux neufs qu’il conviendra de se pencher sur le vaudou sans pourtant méconnaitre les travaux publiés ou inédits des premiers observateurs, missionaires catholiques ou protestants, marins, voyageurs, administrateurs qui, parfois relatent dans leurs écrits des points et des données aujourd’hui disparus. De ces écrits dont la plupart sont faits de clichés stéréotypés, de préjugés défavorables, d’observations trop hâtivement effectuées, nous cherchons surtout à dégager le vaudou de sa gangue fétichiste, cannibaliste, superstitieuse ou magique et nous montrerons que, dans sa pureté première, cette religion primitive à caractère monothéiste, exprime, elle aussi, la suprême aspiration de l’âme (haïtienne) vers l’Infini. Le lecteur découvrira lui-même l’abondance, l’importance, des matériaux mis en oeuvre et que le simple usage de la bibliographie suffira d’ailleurs à révéler. (7) Á partir de ces faits se dégageront quelques principes qui, dans la deuxième partie, mettront trois entités en présence: le vaudou, le catholicisme et le protestantisme.

    Dans cette seconde partie nous essaierons, après une étude générale de l’état actuel des pratiques vaudou, (qui, d’une mosaïque ethnique très variée ầ l’origine est devenu de nos jours un ensemble culturel très unifié) de dégager le rapport entre le vaudou et le catholicisme, le vaudou et le protestantisme, le catholicisme et le protestantisme, les positions de l’un par rapport à l’autre, en vue d’un dialogue de type oecuménique, ou, mieux, à caratère triangulaire au sein duquel l’oecuménisme sert de conciliabule, de point central, etc. Nous nous interrogerons sur ce que Roger Bastide appelle l’existence d’une culture originale et vivante en Haïti puisqu’il est quand même difficile de rencontrer Jésus Christ dans la culture de l’autre. Bien des mailles manqueront à l’écheveau d’une telle communication. En effet, comment un peuple sans culture propre, pour emprunter une expression du Pape Jean Paul II, peut-il être évangélisé?

    Nous ne répondrons pas de façon directe à toutes les interrogations que la première partie aura fait jaillir. Notre but, en cette seconde partie, sera surtout d’établir un point de départ exact et de démontrer à travers l’exemple à quatre volets suivants:

    (a)   que ce sujet même limité à l’oecuménisme nécessiterait un plus grand développement;

    (b)   que le vaudou haïtien contrairement à ce qu’on pourrait penser n’est pas du syncrétisme;

    (c)   que nos vaudouisants ont, au départ, suivi et suivent encore avec empressement la vie chrétienne, mais à l’intérieur même de leur houmfor (temple-vaudou, symbole de l’unité) conservent le discours qu’ils ont ramené d’Afrique tant sur Dieu, sur le monde, que sur l’Homme et son histoire;

    (d)   que tout en rejetant certains points de la dogmatique chrétienne telles la christologie, la trinité, etc., les vaudouissants insèrent dans leur orthodoxie la pratiqe du Baptême, de l’Eucharistie, etc., comme condition d’accès dans le vaudouisme.

    Á cette fidélité aux cultes négro-africains, assez bien conservés en dépit de leur conversion plus ou moins franche au catholicisme, les vaudouisants se servent donc du catholicisme et ce n’est pas le catholicisme qui les pénètre. Ce qui suppose qu’en plusieurs siècles l’Église a réussi à européaniser, voire à planter les missions étrangères, non à planter l’Église. Par contre, le protestantisme, auquel la conversion des vaudouisants n’est motivée par aucune raison théologique, doctrinale, assimile des quantités infinitésimales du vaudou. Le catholicisme-institution ignore non seulement le vaudou mais encore, lance des anathèmes contre le protestantisme dont certaines sectes s’excommunient entre elles. L’Haïtien, qu’il soit catholique, protestant ou catholico-protestant, ne peut abandoner le vaudou. Il considère ce dernier comme faisant partie de son être même, de la sauvegarde de son identité. Il faudra pour cela que les Églises missionaires du Tiers-Monde apprennent à tolérer les autres cultures et à comprendre que celles-ci ont aussi le droit d’être considéré comme sacrées. Sans la tolérance qu’apporte cette compréhension, l’homme [ à l’image du télévangéliste et ancien candidat à la présidence américaine (1988), Pat Robertson, un coutumier bien connu des déclarations fracassantes, du belgo-congolais, Albert Kisonga Mazakala, lumumbiste et ancien Ambassadeur, du compatriote et Consul Haïtien à Sâo Paulo, Brésil, Georges Samuel Antoine (8) . . . dans leur commentaire haïtianophobique, haineux, violent, du séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier 2010 et fait plus de 300 000 morts] aura toujours tendance à regarder le Dieu de son voisin comme l’incarnation du mal . . . Que comprendre de ces sus-dits et éminents responsables, aurait dit le Fovis (Foyer pour l’intégration sociale des vaudouisantes et vaudouisants), qui tout en se réclamant du Christ prêchent amèrement la haine contre leurs semblables.

    Jésus, dit le Pape Jean Paul II aux aborigènes d’Australie, ne vous appelle-t-il pas à accepter ses paroles et ses valeurs à l’intérieur de votre propre culture (A.A.S. 79 (1987) p. 977). Donc, il n’y a pas de sous-culture: les données de la foi doivent être traduites dans toutes les cultures. En effet, si l’Occident a pu devenir chrétien tout en demeurant lui-même, pourquoi ne pourrions-nous pas, nous aussi, devenir chrétiens et rester haïtiens? Comme le souligne L. et A. Rétif au lieu d’étudier et de respecter les vieilles cultures au glorieux passé, porteuses de valeurs humaines incontestables et bien souvent complémentaires de l’aspect occidental, le messager de l’Évangile a trop souvent été tenté de faire table rase des formes de penser, de sentir, de s’exprimer qu’il trouvait dans les terres où il débarquait et à imposer les structures intellectuelles de l’Occident au même titre que la Parole de Dieu. (9) Il faut bien avouer que ce messager de l’Évangile a le plus souvent considéré les croyances, rites et pratiques des peuples abordés comme lacunes, erreurs ou vices, c’est-à-dire obstacles à l’évangélisation, alors qu’une meilleure ouverture lui aurait fait découvrir, ce qu’on appelait d’il y a peu, de précieuses pierres d’attente du chritanisme. Évangéliser, est-ce nécessairement porter atteinte à la liberté religieuse des peuples, notamment des peuples du Tiers-Monde?

    Le vaudou, ce qui reste après que le vaudouisant ait tout abandonné, demeure en toute certitude l’arbre haïtien sur lequel

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