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Un autre son de cloche: L'Église n'est pas ce que vous croyez
Un autre son de cloche: L'Église n'est pas ce que vous croyez
Un autre son de cloche: L'Église n'est pas ce que vous croyez
Livre électronique370 pages5 heures

Un autre son de cloche: L'Église n'est pas ce que vous croyez

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À propos de ce livre électronique

Avez-vous remarqué ? Ce sont toujours les mêmes reproches qui sont faits à l'Église :

Dans l'histoire : l'Inquisition, les conquistadors, le procès de Galilée, la Saint-Barthélémy, la condamnation à mort du chevalier de La Barre, la négation de l'âme des femmes, l'attitude de Pie XII face à Hitler, des mensonges sur le Christ (n'avait-il pas une femme et des frères ? Et puis, a-t-il seulement existé ?).
Sur les questions de société : relations avec le judaïsme et l'islam, banque du Vatican, pédophilie, conceptions sociétales rétrogrades et homophobes...

Difficile pour un catholique de n'être pas honteux de ces fautes supposées.

Mais sont-elles avérées ? Certes, l'Église n'a pas tout réussi, car la sainteté n'est pas la perfection. Mais elle fut par exemple la première institution à promouvoir l'égalité hommes-femmes, et à instaurer avec l'Inquisition une justice équitable face à celle des seigneurs.

S'appuyant sur une abondante bibliographie, l'auteur nous donne les clés qui permettent de répondre aux contrevérités, erreurs, approximations et anachronismes diffusés depuis le XVIIIe siècle par les ennemis de l'Église.

Non, les fidèles n'ont pas à rougir de l'Église qu'ils forment : par elle, le Christ a indéniablement fait progresser l'humanité.

Dans les médias
Jacques Laurentie était l'invité de « La baraque à livres », sur RCF (19/02/20) : « Jacques Laurentie en écrivant Un autre son de cloche, rétablit la vérité sur l'histoire de l'Église. Il le fait avec précision, rigueur, efficacité, dans une langue agréable, séduisante. un véritable manuel de combat pour défendre la vérité de l'histoire de l'Eglise face aux ignorants, aux malveillants et autres moutons de Panurge. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Laurentie est chef d'entreprise. Il est aussi un chrétien convaincu, pratiquant, soucieux de sa foi et de l'image de sa religion, et qui, comme tout chrétien, est régulièrement pris à parti sur des sujets de société ou historiques à charge contre l'Église.
LangueFrançais
Date de sortie17 avr. 2020
ISBN9782740322789
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    Aperçu du livre

    Un autre son de cloche - Jacques Laurentie

    attentive.

    Prologue

    Quel chrétien convaincu, pratiquant, soucieux de sa foi et de l’image de sa religion, ne s’est-il pas trouvé un jour démuni lors d’une conversation durant laquelle des sujets à charge contre l’Église sont abordés ? Ces sujets de société ou historiques sont souvent « mis sur le tapis » par un des intervenants persuadé de son fait et de son effet, alors qu’en général, il ne reprend que des poncifs distillés par certains médias depuis des décennies, qui eux-mêmes ne font que ressasser une idéologie théorisée au XVIIIe siècle et formalisée au XIXe siècle. Il est bien entendu que les informations ainsi dispensées par votre interlocuteur sont communément admises, relevant de choses sûres et acquises ne pouvant souffrir aucunement la discussion, encore moins la contestation. Ajoutons à cela le fait que les connaissances historiques et théologiques n’ont jamais été aussi faibles dans notre pays, cela à dessein, et vous obtiendrez un cocktail empoisonné qui se distille dans les esprits même bien nés !

    Il existe ainsi des sujets déformés depuis plus de deux cents ans, mettant en défaut la Chrétienté et plus particulièrement l’Église catholique. À l’image du féroce anticlérical Jules Michelet (1798-1874), auteur de nombreux ouvrages « historiques », où les erreurs côtoient les inventions, ce qui, comble d’incongruité, lui vaudra reconnaissance de l’État à travers notamment nombre de rues ou d’écoles affublées de son patronyme. En effet, notre histoire étant façonnée par la Chrétienté, et cela étant insupportable à certains, les faits ne pouvant être effacés, il convient dès lors de les rendre laids. De sorte que si l’on vous parle des croisades, de l’Inquisition, de la Saint-Barthélemy ou bien encore de la fameuse banque du Vatican, vous aurez tendance à baisser les yeux, ayant une vision très négative et coupable de ces choses. On vous a enseigné, ou du moins est-ce ordinairement acquis, qu’il s’agit là de « grandes fautes » de l’Église ; « preuves » de son comportement violent et de son incapacité à suivre les enseignements de Celui qu’elle est censée représenter. En tant que croyant, vous êtes comptable de cette Église-là et il convient de vous le rappeler le plus souvent possible.

    Ceci est d’autant plus vrai en ce début de XXIe siècle où, pour dédouaner les agissements de la communauté musulmane, il est de bon ton, dans les sphères parisiennes et médiatiques, de prêter aux chrétiens des actes similaires à ceux des islamistes passés ou modernes. Et ce, afin de créer la confusion dans les esprits et d’accuser les religions sans aucune distinction. C’est bien entendu faire fi du fait que le Christ est un personnage éminemment pacifiste et éclairant. Mais nous ne sommes plus à un mensonge ou à une déformation historique près. De toutes les façons, peu nombreux sont ceux en mesure de comprendre cela et d’investir en conscience ces thèmes. Or, la recherche de la vérité est un travail de chaque instant, une nécessité vitale lorsque le mensonge devient un mètre étalon dans la mesure de la grandeur d’une nation, lorsque la mémoire fait défaut.

    Il ne s’agit pas d’être candide. Tout n’est pas rose et sans tache dans l’histoire de la Chrétienté et divers épisodes ne sont pas à porter à son crédit. Il y a eu parfois faute, à n’en pas douter. Néanmoins, il est aisé d’affirmer que l’institution catholique, en deux mille ans d’existence, a eu un comportement bien plus honorable que n’importe quelle autre institution, et que les faits positifs dus à ses actions et à son influence sont infiniment plus nombreux que les mauvais actes dont elle a pu se rendre coupable. Ainsi, pour beaucoup d’événements, ce que l’on entend souvent, ce que l’on croit savoir, est au mieux déformé, au pire totalement faux. Soit les faits eux-mêmes sont pipés à des fins dogmatiques, soit l’interprétation qui en est faite l’est à l’aune de notre siècle alors qu’une analyse historique se doit de prendre en compte les mœurs et coutumes de l’époque contemporaine aux événements qui s’y sont déroulés. Mais pour cela, encore faut-il que l’esprit ait été entraîné à la critique et soit en mesure de se positionner dans une chronologie historique.

    Ce n’est pas pour rien que les cours d’histoire de l’Éducation nationale ont éliminé quasiment toute notion chronologique. Il est ainsi plus facile d’obtenir des générations incapables de se situer dans leur propre histoire et de briser de facto la notion de « transmission », notion nécessaire à la vérité. De la même façon, le traitement des faits historiques est largement biaisé dans les ouvrages scolaires afin d’effacer le roman national et donc le roman chrétien, en incitant l’esprit à dévier sur des sujets autres.

    La transmission de valeurs par l’histoire est une des forces de la religion catholique, sous réserve d’être en capacité de pouvoir tirer un trait clair et précis depuis l’an 1, pour appréhender toute l’importance de ce travail de transmission, de ce trésor. Nous ne comprenons que ce que l’on connaît, et nous ne pouvons connaître que ce que l’on nous a enseigné avec vérité et discernement.

    Cet ouvrage vous propose des clés pour connaître et éclairer quelques-uns de ces sujets, pour pouvoir répondre à ses interlocuteurs qui, en général, ne connaissent pas ou peu les faits qu’ils abordent. Nous verrons que l’on confond souvent guerre de religion et guerre politique, que l’on omet certaines vérités historiques, ce qui change tout, que l’on mélange, par ignorance ou par volonté, des faits et des périodes. Et nous comprendrons également comment nos ancêtres avaient sensiblement les mêmes aspirations et les mêmes défauts que nous mais avec une vision différente du temporel et de l’intemporel. À la lecture des éléments portés à votre connaissance et de leur mise en perspective historique, vous percevrez l’Église sous un autre jour, avec un visage plus proche de la réalité du moment, et de son œuvre d’équilibre à travers les âges.

    Ce livre s’adresse également aux non-croyants, soucieux de la vérité, à la recherche d’un éclairage sur les faits qui font l’histoire et de la compréhension d’une institution deux fois millénaire, influençant fortement le destin des Hommes et des nations.

    Enfin, j’attire l’attention du lecteur sur le fait que l’auteur n’a pas la prétention d’avoir réalisé un travail d’historien ou de sociologue au sens académique du terme. Ce guide est un recueil de sources plusieurs fois vérifiées et comparées, une enquête destinée à rétablir factuellement certaines vérités, à donner des informations historiques passées sous silence, à faire la lumière sur des événements trop souvent oubliés ou faussés. Cet ouvrage se fonde principalement sur l’ordre des faits, leur enchaînement, leur cause et leur conséquence. Seul moyen de comprendre alors le pourquoi et le comment.

    Bonne lecture et, lors de votre prochaine altercation portant sur un de ces sujets trop souvent mis sur « le tapis », n’hésitez pas à consulter discrètement ce livre !

    Jésus, un mythe ! Le dernier argument

    Vous voilà donc invité à partager une soirée avec quelques amis. L’ambiance est sympathique, et vous profitez d’un bon verre de vin alors que diverses conversations s’engagent. À un moment donné, de manière inévitable, la discussion prend un tour sociétal. Il se trouve alors en face de vous une personne qui a fait montre d’assurance depuis le début de la soirée, et qui, pour mettre fin aux idées que vous aviez commencé à exposer, vous référant à la philosophie chrétienne, lance l’argument ultime : « Mais savez-vous que les plus sérieux historiens remettent en cause l’existence même de ce Jésus ? Il est tout de même incroyable de penser que ces gens, ces chrétiens, vivent avec un mythe depuis deux mille ans. Cela montre bien la crédulité de cette religion. Enfin, soyons sérieux ! Rien ne prouve l’existence de ce Jésus ! Un personnage inventé, voilà tout. Alors, leur vision du monde, on s’en moque. » Fermez le ban !

    Pour certains, le fait même que ce Jésus, le « fils du charpentier », ce prétendu Christ, n’a peut-être pas existé serait une aubaine ! Une idée folle qu’ils osent à peine caresser en rêve. Ils se voient ainsi, au XIXe siècle, au moment où cette chimère est lancée par quelques « intellectuels », athées convaincus qui, par des manipulations douteuses et des thèses scabreuses, ont pris leur rêve pour la réalité. L’histoire définira ce courant comme celui de la « thèse mythiste ». Nous y trouverons des personnes comme Charles-François Dupuis (1742-1809, avocat français, homme politique, astrologue), Bruno Bauer (1809-1882, historien allemand), Max Müller (1823-1900, orientaliste mystique), ou bien encore Edwin Johnson (1842-1901, historien anglais).

    De nos jours, les mythistes sont très rares parmi les historiens ou les chercheurs d’une manière générale. Mais, nous en trouvons encore quelques spécimens, souvent bien médiatisés. En réalité leur courant de pensée est devenu totalement insignifiant, que ce soit dans les universités, au CNRS ou dans toute autre cellule de recherche et ce au niveau international. La non-existence du personnage historique Jésus est si grotesque et contraire aux éléments dont nous disposons que seuls quelques idéalistes athées jusqu’au bout des ongles restent adeptes de cette idéologie.

    En France, le plus emblématique des mythistes reste le très médiatique philosophe Michel Onfray, il manque d’ailleurs rarement une occasion, à la télé ou à la radio, de rappeler cette thèse. Thèse qu’il reprendra à travers diverses conférences, et dans son dernier ouvrage Décadence sorti en 2017. Pour lui, Jésus est un concept. Le problème est que, Michel Onfray, qui ne cache pas son athéisme militant pour y avoir consacré plusieurs ouvrages, fait ici montre d’un manque total d’impartialité et de rigueur dans ses recherches. C’est ce que disent divers historiens spécialistes, eux, du Ier siècle. Dont le professeur Jean-Marie Salamito, normalien, agrégé de lettres classiques, et professeur d’histoire du Christianisme à la Sorbonne, qui en réponse au philosophe, a édité un livre intitulé Monsieur Onfray au pays des mythes¹ où il démonte les arguments avancés. Malheureusement, M. Salamito ne dispose pas de la même couverture médiatique que M. Onfray.

    Dans les faits, nous pouvons distinguer plusieurs concepts mythistes. Ceux pour qui Jésus n’a jamais existé, ceux pour qui Jésus a bien existé mais était un simple illuminé et autour duquel ses adeptes ont construit une fausse histoire pour le glorifier, ceux pour qui le personnage Jésus était un « simple » Juif parmi les Juifs utilisé à des fins partisanes, et quelques autres variantes encore. À travers toutes ces thèses, les mythistes se cherchent.

    Tout cela est-il sérieux ? Pour l’historien Pierre Geoltrain², un des plus grands spécialistes des premiers siècles :

    Nul n’oserait plus, de nos jours, écrire une vie de Jésus comme celles qui virent le jour au XIXe siècle. L’imagination suppléait alors au silence des sources […]. Quant à l’entreprise inverse, quant aux thèses des mythologues qui, devant les difficultés rencontrées par l’historien, ont pensé les résoudre tout en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire³ ou un drame sacré purement symbolique, elle ne résiste pas à l’analyse. L’étude des Évangiles permet de dire, non seulement que Jésus a existé, mais encore bien plus.

    Contrairement à la tirade de votre « opposant » d’un soir, il existe bien de la « matière » sur le personnage historique Jésus. Et si nous renversons l’argumentation, rien sous l’Antiquité ne prouve sa non-existence. Aussi, bien qu’aucun doute ne soit aujourd’hui sérieusement permis, il est intéressant d’étudier quelques éléments à notre disposition, les éléments archéologiques et intellectuels qui assoient l’existence de Jésus comme personnage historique.

    Au Ier siècle de notre ère, la Judée est une contrée située au fin fond de l’Empire romain, à l’extrême bordure est de sa zone d’influence. Conquise par Rome en l’an 63 avant J.-C., cette zone géographique n’est pas au cœur des préoccupations de Rome. Elle est à cette époque, très clairement, une couronne secondaire sans grand intérêt. Elle fonctionne même en autogestion, sous contrôle romain, mais avec son propre roi et ses prêtres juifs. Suite à diverses querelles de pouvoir, Rome prendra un peu plus de responsabilités dès l’an 6, puis un contrôle presque total vers l’an 25 avec la nomination du procurateur Ponce Pilate. À ce sujet, vers 1850, les mythistes remettaient aussi en doute l’existence de ce Ponce Pilate, jusqu’alors cité uniquement dans les Évangiles et dans aucun autre texte connu. Et pourtant, en 1961, des archéologues mettront à jour, lors de fouilles dans le théâtre romain de Césarée, une pierre avec la mention « Ponce Pilate, préfet de Judée » (ou procurateur selon les traductions). Cette pierre, datée entre les ans 26 et 36, est conservée aujourd’hui au musée de Jérusalem⁴. Ajoutons également la découverte en 1969 en Cisjordanie d’une bague portant le nom de Ponce Pilate⁵.

    À cette même époque, les prêcheurs étaient nombreux dans le pays. Alors le fait qu’un parmi d’autres ait été condamné à mort, même dans des circonstances inhabituelles, ne justifiait pas une trace spécifique pour les élites de ce Ier siècle. Enfin, les siècles passant, le corpus complet de cette époque qui nous soit parvenu intact est très faible. Il n’y a ainsi rien d’étonnant à ce que l’on ait aujourd’hui peu de textes mentionnant Jésus.

    Naturellement, les historiens s’appuient sur la réalité des faits et leurs conséquences dans un espace géographique, temporel et social. Ainsi, une communauté peut difficilement s’être créée et avoir autant prospéré, sans un fondement solide et réel. Sans le personnage historique, Jésus dit « Le Christ » (l’Oint du Seigneur), point de chrétiens, point d’Église. Il est effectivement impossible d’expliquer, historiquement ou socialement, la présence des premières communautés chrétiennes ainsi que leur expansion, sans une origine physique, sans une présence réelle, incarnée, sans un fondateur pour impulser ce mouvement et donner la direction à suivre. Nul mouvement de ce genre dans l’histoire de l’humanité n'est né sans origine humaine, sans une personne ou un groupe de personnes à la genèse d’une idée, d’un concept, d’une religion ou encore d’un parti politique.

    Mais, les historiens s’appuient également sur les non-faits. Ainsi, si des écrits contemporains à un événement donné ne s’opposent pas à une version, c’est donc que pour l’époque les faits étaient évidents et qu’il ne serait venu à l’esprit de personne de s’inscrire en faux. Il ne se trouvera ainsi aucun chroniqueur de la fin du XVIIIe siècle pour soutenir que Robespierre n’a pas existé, qu’il ne s’agissait que d’un personnage fictif ayant permis de perpétrer des massacres sous couvert d’une idée, d’un concept. Et pourtant nous ne disposons que de textes « a priori » écrits de sa main (sans certitude absolue donc) et de descriptifs de contemporains, parfois de ses amis parfois de ses ennemis.

    Cette invention de la non-existence de Jésus interviendra très tardivement, mille huit cents ans après sa naissance et dans un contexte très anticlérical. Ce mouvement du XIXe, initié au XVIIIe, partant du postulat qu’il n’existe aucune trace de la vie du Christ, s’appuie lui-même sur…. aucun écrit, aucune trace tangible. Car il n’existe aucun élément historique évoquant le fait que Jésus n’ait pas vécu. Ceci est paradoxal. En effet l’existence de Jésus n’a jamais été contestée dans l’Antiquité par ses adversaires. Au Ier siècle, alors que la « secte des Chrétiens », comme ils étaient surnommés, s’étend dangereusement dans l’Empire, aucun écrit juif ou romain ne remet en cause l’existence de Jésus. Pourtant, il existe à l’époque une très forte opposition à ce mouvement naissant. Il aurait été très facile pour les autres communautés, et pour le pouvoir, d’indiquer que le Jésus que suivent ces fous n’avait jamais existé. Mais les disciples étant encore vivants, ainsi que de nombreuses personnes guéries par le Christ ou l’ayant vu, il eût été en conséquence très compliqué de soutenir la non-existence de l’homme Jésus par un de ses contemporains. De même que, plus tard au VIIe siècle, aucun écrit musulman ne remettra en cause l’existence de Jésus, la tradition séculaire n’ayant jamais effleuré sa non-existence puisque tel n’était pas le cas. Le contraire se produira même puisqu’un certain Issa (Jésus) fils de Marie sera cité dans le Coran comme un « simple » prophète⁶.

    Concernant les événements factuels, il existe bien des sources parlant de Jésus et de ses adeptes, et ce, à plusieurs époques différentes et dans divers lieux. Il ne peut y avoir une telle concordance des faits sans une source véridique à l’origine.

    Tout d’abord, nous trouvons les lettres de Paul de Tarse, datées pour les premières de l’an 50, sans aucune remise en question de leur existence. Quelques spécialistes parlent même de l’an 40, mais cette date prête encore à débat. Or, si Paul n’a pas rencontré physiquement ce Jésus, il évoque plusieurs entretiens avec les apôtres. Il relate donc des faits qu’il tient de témoins oculaires. Ce même Saint Paul sera mis à mort, sans jamais renier ses dires, en l’an 67 et dans des conditions dramatiques.

    Thallus, un historien païen grec, a écrit divers ouvrages dans les années 50-60 qui malheureusement ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Nous disposons néanmoins d’un écrit, Histoire du monde, laissé par Jules l’Africain⁷, qui cite Thallus à propos de l’obscurité qui a eu lieu lors de la crucifixion de Jésus : « Thallus, au troisième livre de son Histoire explique cette obscurité par une éclipse, ce qui me paraît inacceptable ! » Nous constatons ici qu’un auteur des années 50, soit plus ou moins vingt ans après la mort de Jésus, évoque le fait qu’il s’est produit un phénomène étrange d’obscurité, en plein après-midi, lors de la mise à mort de cet homme. Thallus, contemporain de Jésus, ne débat nullement du fait de savoir si cette mise à mort a bien eu lieu mais cherche une explication logique au phénomène qui l’a accompagné. On notera que ce phénomène est également rapporté par l’évangéliste Luc, ainsi qu’Eusèbe de Césarée⁸, théologien et historien du IIIe siècle.

    En l’an 64, l’empereur Néron (37-68) fait mettre le feu à Rome et accuse les chrétiens. Suétone, auteur contemporain, dans son ouvrage sur la vie de Néron, rapporte l’événement en ces termes : « On livre au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse. » Nous nous situons là trente ans après la mort de Jésus ; et les chrétiens sont déjà suffisamment nombreux pour que l’État s’en inquiète. D’où viennent-ils, si ce n’est du mouvement initié par un homme appelé Christ ?

    Toujours concernant cet événement, Tacite, dans ses Annales XV, écrira en l’an 65 :

    En conséquence, pour étouffer la rumeur, Néron produisit comme inculpés et livra aux tourments les plus raffinés des gens, détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait « chrétiens ». Ce nom leur vient de Christ, que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice ; réprimée sur le moment, cette exécrable superstition faisait de nouveau irruption, non seulement en Judée, berceau du mal, mais encore à Rome, où tout ce qu’il y a d’affreux ou de honteux dans le monde converge et se répand. […] À leur exécution on ajouta des dérisions, en les couvrant de peaux de bêtes pour qu’ils périssent sous la morsure des chiens, ou en les attachant à des croix, pour que, après la chute du jour, utilisés comme des torches nocturnes, ils fussent consumés.

    À cette époque, la vie et la mort de Jésus étaient connues par une partie de ses contemporains et par l’État. Ils savaient qu’il avait été condamné au supplice de la croix, d’où, par moquerie, le fait de crucifier également ses adeptes. Sinon, quel intérêt de les tuer ainsi ? Tacite évoque bien un personnage appelé Christ supplicié par le procurateur représentant de Rome, il n’essaye pas de s’interroger sur l’origine du mouvement réprimé, car encore une fois les faits étaient établis.

    Nous disposons également d’une lettre datée de l’an 73, dont l’en-tête est celui d’un certain Mara bar Sérapion⁹, syrien, destinée à son fils. Cette lettre a été découverte au XXe siècle par des historiens dans un ensemble de textes qui appartenaient à la bibliothèque du monastère des Syriens dans l’Ouadi Natroun, en Égypte, acquis en 1843 par le British Museum (elle y est toujours archivée). Nous y trouvons la mention suivante :

    Que devons-nous dire quand les sages sont conduits de force par des tyrans ? […] Quel bénéfice les Athéniens ont-ils tiré de la mise à mort de Socrate, vu qu’ils ont reçu comme rétribution la famine et la peste ? Ou les habitants de Samos en brûlant Pythagore, vu qu’en une heure tout leur pays a été couvert de sable ? Ou les Juifs du meurtre de leur Roi sage, vu que de ce moment même ils ont été privés de leur royaume ?

    Or, la mention de « Roi des Juifs » renvoie directement à Jésus, il n’y avait pas de roi des Juifs au sens religieux ou politique du terme à cette époque. Cette lettre est très intéressante car elle est issue d’un non-chrétien, rédigée dans le cadre d’un courrier privé et utilisant un terme précis qui n’a pas pu être inventé : « grand prêtre », « rabbi », « opposant », « dissident », etc. auraient été des qualificatifs classiques, mais « Roi des Juifs » fait directement écho à cet homme mis à mort avec cette appellation.

    L’historien romain Suétone (69-122) écrira dans son ouvrage Vies des douze Césars : « Comme les Juifs se soulevaient continuellement, à l’instigation d’un certain Chrestos, l’empereur Claude les chassa de Rome. » L’histoire de ce Christ qui souleva les foules et a ainsi nui à l’ordre public du point de vue de Rome est un événement admis pour les contemporains et qui fait partie de l’histoire de l’Empire, même si cela ne revêt pas un caractère extraordinaire et encore moins divin.

    Nous pouvons aussi citer un auteur juif, célèbre de son vivant, Flavius Josèphe (37-100) qui dans les Antiquités judaïques, livre XX, écrit vers l’an 90 : « Anan convoqua une assemblée de juges et fit amener le nommé Jacques, frère de Jésus soi-disant Christ, et quelques autres, les accusa d’avoir transgressé la Loi et les livra à la lapidation¹⁰. » Ce texte relève de la vision contemporaine d’un non-chrétien.

    Ce même Flavius Josèphe écrira dans le livre XVIII, citant Jean l’apôtre mort en l’an 101 à Éphèse :

    À cette époque fut Jésus, homme sage, si du moins il faut l’appeler un homme. Il était l’auteur d’œuvres extraordinaires et le maître d’hommes qui recevaient la vérité avec plaisir ; il attira beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs. Il était le Christ, et sur la dénonciation des premiers des nôtres, Pilate le condamna à la croix, mais ceux qui l’avaient d’abord aimé, ne cessèrent pas de le faire. Il leur apparut, en effet, le troisième jour, de nouveau vivant ; les divins prophètes avaient prédit ces merveilles et beaucoup d’autres encore à son sujet. Encore aujourd’hui la race des chrétiens qui tirent leur nom de lui n’a pas disparu.

    Nous avons donc ici un auteur juif, historiographe romain d’origine judéenne, comptant parmi les plus importants de son époque et non connu pour être favorable à la doctrine chrétienne, qui évoque ce Jésus.

    Pline le Jeune (61-114), proconsul de Bithynie en Asie Mineure, dans une lettre à l’empereur Trajan, demande conseil à ce dernier quant au comportement qu’il doit adopter face aux chrétiens, précisant que « toute leur faute ‒ ou leur erreur ‒ s’était bornée à avoir l’habitude de se réunir à jour fixe, avant le lever du soleil, de chanter entre eux alternativement un hymne au Christ comme à un dieu¹¹ ». Notons au passage que cela remet en cause l’affirmation de certains courants intellectuels évoquant le fait que la divinité de Jésus est une invention tardive, mais là n’est pas notre sujet. Pline écrit donc à son empereur un courrier diplomatique officiel, alors qu’il aurait était simple pour lui d’indiquer que ces gens étaient fous et qu’ils rendaient un culte à un homme dont personne n’avait jamais entendu parler. Comme beaucoup d’autres, il s’inquiète de savoir comment gérer cette traînée de poudre qui se répand à travers tout l’Empire concernant ce fameux Jésus au sujet duquel il a nécessairement obtenu des informations véridiques.

    Un autre texte se révèle aussi fort intéressant, celui de Justin de Naplouse (100-165), plus connu sous le nom de Justin Martyr car il mourut effectivement décapité en qualité de chrétien, s’étant converti au christianisme à la fin de sa vie. Philosophe grec, il écrit une lettre à l’empereur Antonin vers l’an 150, dans laquelle nous pouvons lire : « Vous pourrez facilement vérifier qu’il a réellement accompli ces miracles en lisant les actes de Ponce Pilate¹². » Malheureusement, les « Actes de Ponce Pilate » ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Mais, nous voyons ici que cet homme qui jouissait alors d’une excellente réputation et qui s’entretient avec son empereur évoque nécessairement une source consultable et fiable. Il serait en effet difficilement compréhensible qu’un personnage de haut rang envisage d’affabuler dans un courrier adressé à un empereur. Nous avons donc une trace prouvant que le préfet Ponce Pilate avait fait état de ce qu’il avait vu, ce qui semble logique.

    Connaissez-vous la Didachè ? Ce mot grec signifiant « enseignement » est un texte daté à la charnière du Ier et du IIe siècle, qui porte le titre de Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres. Ce manuscrit, cité au IIIe siècle par Athanase d’Alexandrie, a été trouvé en 1873 par Philothée Bryennios de Nicomédie, est actuellement conservé dans la bibliothèque du patriarcat grec de Jérusalem. Ce document, rédigé en grec, langue des élites et de l’administration des premiers siècles, est considéré par les historiens et théologiens comme une sorte de manuel pour les nouveaux convertis. La structure des textes, la tournure des phrases, la construction du document amènent à penser qu’il a été rédigé par une ou des personnes qui ont vécu à l’époque des apôtres et ont eu connaissance de leur enseignement. Ce manuscrit archéologique constitue une trace prégnante de l’existence et de l’enseignement des apôtres et donc du personnage Jésus.

    Plus tardivement, vers la fin du IIe siècle, des auteurs comme Clément d’Alexandrie (150-215) ou Tertullien (150-220) parlent des communautés chrétiennes à travers différents pays. Le philosophe Celse, quant à lui, évoque les chrétiens et leur prédicateur Jésus vers 175, à travers le Discours véritable appelé aussi Discours contre les chrétiens.

    Lucien de Samosate (120-185), dramaturge grec, écrira dans son ouvrage La mort de Pérégrinos :

    Ces pauvres chrétiens se croient immortels et s’imaginent que l’éternité les attend. Ils se moquent pas mal des supplices et se jettent avec courage dans les bras de la mort. Celui qui fut leur législateur les convainquit que tous les hommes étaient frères. Une fois convertis, ils mettent au rebut les dieux des Grecs, pour vénérer ce sophiste mis en croix dont ils suivent à la lettre les moindres préceptes. Les biens et les richesses leur font horreur, et ils partagent tout, se conformant à une tradition sans fondement doctrinal. La conséquence de ces pratiques, est que le premier aigrefin venu, s’introduisant parmi eux, pourvu qu’il soit un peu retors, n’a pas grand mal à s’enrichir à leurs dépens, non sans rire au fond de lui-même de la naïveté de ces gens.

    Les faits, là encore, étaient admis et connus, l’information avait circulé, les gens savaient qui était ce Jésus et considéraient ses adeptes comme de pauvres fous. Nul ne pensait alors à parler de mythe.

    Les Évangiles eux-mêmes, datés sur une période allant des années 50 à 95 selon les écrits, sont une preuve à part entière. Si ce n’est que, pour les mythistes ces textes religieux ne sont pas dignes de foi car considérés comme partiaux. Dans ce cas, il conviendrait de ne pas retenir tous les textes ayant un caractère doctrinal et parlant de grands personnages dans l’Antiquité. Cette position poserait de sérieux problèmes ! La guerre des Gaules, ouvrage écrit par Jules César, et partial dans son analyse des faits, ne devrait pas être retenu à son crédit, d’autant que les textes qui nous sont parvenus en sont des copies tardives et peu nombreuses. Nous disposons de moins de copies de La guerre des Gaules que des Évangiles, preuve de l’importance et donc de la véracité de ce texte pour les communautés d’alors.

    Comment des textes auraient pu ainsi être diffusés et pris au sérieux à un tel point que, deux mille ans après, nous les avons conservés, si les hommes et les femmes du Ier siècle avaient eu affaire à une supercherie ? Et nous savons que les quatre Évangiles et les lettres de Paul étaient lus au sein des communautés des premiers chrétiens (cf. chapitre suivant), et que parmi eux certains connurent Jésus. Nous pourrions évoquer également les Évangiles apocryphes, bien que la majorité d’entre eux fut tardive (IVe siècle) quelques textes sont datés du IIe siècle.

    Il s’agit donc de textes de différents auteurs, écrits dans différentes zones géographiques et qui relatent une histoire identique. Est-il possible d’avoir une telle cohérence sans une source fiable et véridique ?

    Concernant les textes sacrés chrétiens tels que les Évangiles et les Épîtres, il doit très probablement s’agir des écrits les plus analysés de toute l’histoire de l’Humanité. Et plus nos civilisations progressent dans la connaissance, plus nous identifions des faits bien réels. Par exemple, récemment, les restes archéologiques de la piscine de Béthesda à Jérusalem

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