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Amour, Guerre et Echecs: 16 nouvelles à couper le souffle
Amour, Guerre et Echecs: 16 nouvelles à couper le souffle
Amour, Guerre et Echecs: 16 nouvelles à couper le souffle
Livre électronique195 pages3 heures

Amour, Guerre et Echecs: 16 nouvelles à couper le souffle

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À propos de ce livre électronique

16 nouvelles sur l'amour, les échecs, le Holocaust, la Deuxième Guerre Mondiale et la Révolution Française. A couper le souffle. On ne peux pas s'arrêter de lire ce livre grandiose.
LangueFrançais
Éditeurtredition
Date de sortie1 juin 2017
ISBN9783743928626
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    Aperçu du livre

    Amour, Guerre et Echecs - Alex Günsberg

    Préface

    Ce livre est destiné à être bouquiné à votre guise. Vous pouvez lire les nouvelles dans l’ordre qui vous plaira, seulement, vous devriez lire « Mendi » après « Hedi Fischer, partie 1 » et « Ils n’y peuvent rien » après « Une visite à l’église ». Sinon, vous ne connaîtrez pas les conditions dans lesquelles Mendi a grandi et qui sont à l’origine de ses actes et vous ne saurez pas pourquoi un patriote autrichien est devenu suisse.

    La plupart des histoires de ce recueil ont pris naissance en Italie au cours de nuits passées à écrire pendant les grandes vacances de 2016, alors que les deux derniers de mes six ou sept enfants, je ne le sais pas exactement, et ma cinquième épouse s’abandonnaient à leur sommeil bien mérité après des journées épuisantes passées à la plage, dans les parcs d’attractions ou à faire du shopping. La nouvelle « La remontée » date de mes premières années d’études. Elle a obtenu le prix de littérature du canton de Bâle-Campagne en 1974 et elle a déjà été publiée. J’ai écrit « L’antihéros » et « La tentation du champion du monde » dans ma maison de Crans-Montana en Suisse, le lieu d’exil linguistique de nombreux écrivains juifs autrichiens ou de personnes d’origine juive.

    Les Suisses alémaniques ont une relation compliquée à la langue allemande. Ils possèdent leur propre langue, le suisse allemand, qui est de la même famille que le hollandais et le yiddish. Ces trois langues sont issues du moyen haut-allemand et n’ont pas effectué la deuxième mutation consonantique qui s’est produite en haut allemand. Mais à la différence des Hollandais ou des Juifs, les Suisses ne sont pas ou pas encore parvenus à s’entendre sur une écriture commune. Chacun des nombreux petits cantons, ou presque chaque village s’attache péniblement à conserver son propre accent et sa propre écriture et veille jalousement à ce que le dialecte du voisin ne soit pas reconnu comme langue écrite. Même le peuple des Rhéto-romans dans les Grisons, pourtant soixante fois moins important, a réussi à décréter l’un des quatre dialectes comme étant la langue écrite. Il n’y a qu’en Suisse alémanique que les écoliers de l’école primaire doivent apprendre le haut allemand comme langue étrangère et, tout au long de leur vie, ils ont toutes les peines du monde à le prononcer ou à l’écrire correctement, sans parler de s’exprimer de manière différenciée en haut allemand. Bien sûr il y a des exceptions, qui ne font que confirmer la règle. Friedrich Dürrenmatt, le grand dramaturge, Max Frisch, ce génie de la langue, mais aussi Gottfried Keller et d’autres en font partie. Toujours est-il que les Suisses possèdent une langue magnifique qui leur est propre. Il suffit de lire les brillants vers des Schnitzelbänke de Bâle, ces chants satiriques bouillonnant d’humour et d’esprit du temps, de se rendre dans un cabaret en suisse allemand ou de regarder un vieux film zurichois pour reconnaître l’intelligence et la beauté de cette langue. Seulement, le petit esprit cantonal tant vanté des Suisses en empêche sa codification et la naissance d’une langue suisse allemande commune reconnue. Il en découle pour le moment du moins que la grande majorité des Suisses peinent toute leur vie à discuter et à correspondre avec des Allemands et des Autrichiens en haut allemand, ce qui n’est jamais à leur avantage. Car seule une langue écrite qui se développe à partir d’un dialecte et qui est acquise par la répétition de ce qui est entendu tout au long de l’enfance peut devenir une langue maternelle maîtrisée avec automatisme. Mon récent échange d’e-mails avec le rédacteur chargé des communiqués sur la circulation routière de la Radio Suisse germanophone en livre un bel exemple. Je l’avais prié de corriger le texte standard des communiqués pour que les présentatrices n’annoncent plus le « bouchon conséquent sur l’autoroute » (bouchon entre Bâle et Olten, « en conséquence » bouchon entre Olten et Aarau), ce qui fait rire de bon cœur quiconque parle allemand normalement. Le rédacteur me répondit qu’il avait fait vérifier la formulation par un « expert en langue », qui l’avait jugée correcte. En Suisse, même un rédacteur de la radio ne comprend pas correctement le haut allemand et se considère comme un expert en la matière. En suisse allemand, un tel lapsus ne lui arriverait jamais et il n’aurait pas besoin d’avoir recours à un expert pour juger de l’exactitude d’une formulation.

    Quoi qu’il en soit, je suis heureux de vivre en Suisse et d’être suisse, un des peuples les plus variés du monde. Les Fournier originaires de France, les Müller d’Allemagne, les Hofer venus d’Autriche, les Fiala de la Tchéquie, les Travelletti d’Italie, les Lopez d’Espagne et du Portugal, les Nagy de Hongrie, les Hayek du Liban, les Than du Vietnam et les Chen de Chine constituent une bonne partie de la population. La grande fierté du pays, l’horlogerie, les konzerns en chimie, en agroalimentaire et en génie civil ainsi que les banques ont presque tous sans exception été fondés par des immigrés. Ce qui est singulier, peut-être même caractéristique, c’est que les immigrés, à peine en possession de leur passeport suisse, s’inscrivent aussitôt au parti d’extrême droite et veulent fermer les frontières aux futurs immigrants. Mais revenons aux nouvelles de ce livre. Elles relatent des événements qui se sont vraiment produits (Hedy 1 et 2, Mendi, Tante Katto, Une visite à l’église, Ils n’y peuvent rien), ou qui sont tellement imbriqués dans des événements historiques ou des phénomènes naturels qu’ils auraient pu avoir réellement lieu (La remontée, Un enjeu de vie et de mort, Une demi-tablette de chocolat, La professeur d’anglais, Le secret du mangeur de pastèques, Une rencontre dans le train, L’antihéros, La tentation du champion du monde, Enterré vivant, L’homme de sable). Aucune d’elles présente un non-sens, qui n’aurait pas pu se produire telle qu’elle est racontée ou qui ne repose pas sur des faits réels ou des phénomènes naturels. Les bandes dessinées ou les dessins animés sans valeur, dans lesquels des extraterrestres se transforment en machines et en fraises ont toujours été une abomination intellectuelle pour moi. Je dois pourtant admettre ouvertement que je me suis permis quelques libertés poétiques dans la nouvelle Mendi, en particulier en ce qui concerne l’ordre de naissance des enfants Netzer. Mais cela ne porte pas radicalement atteinte à l’authenticité de l’histoire. En réalité, Mendi n’était pas l’aîné mais le benjamin. Si j’avais raconté cette histoire en restant fidèle à la réalité, presque personne n’aurait cru qu’à dix-huit ans à peine, il s’était glissé dans la peau d’un général de la SS, comme cela a réellement eu lieu.

    Vous vous demanderez peut-être pourquoi je n’ai pas écrit et publié la plupart des histoires plus tôt, mais seulement maintenant, à l’âge avancé de soixante-quatre ans. Eh bien, à mes tendres débuts qui datent déjà, j’étais rédacteur en chef d’un journal de collégiens, et plus tard d’un journal et je transmettais aussi mes idées et mes poèmes idéalistes à un petit public dans d’autres journaux et autres. Mais à la suite d’un premier mariage précoce et de la naissance de nombreux enfants, dont le dernier pour le moment a trente-six ans de moins que le premier, je me consacrais à gagner mon pain, je travaillais comme chauffeur de taxi, moniteur de ski et d’auto-école, professeur d’histoire, je vendais des bijoux en or italien en Autriche et construisais des maisons en Floride et en Suisse.

    Je n’ai jamais complètement abandonné l’écriture, je rédigeais deux romans (Le joueur d’échecs et Arambas) et le scénario d’un film d’époque pour le cinéma (L’affaire Eisenstadt). Il s’agit d’une saga familiale hors du commun qui se déroule en France, en Allemagne, en Autriche et en Israël entre 1938 et 2004. Les gens du cinéma qui avaient commandé ce livre ne me versèrent pas un sou, allant jusqu’à affirmer que l’histoire avait trop d’envergure et que le film était bien trop coûteux. Seul un Steven Spielberg pouvait produire ce genre de choses. Mais celui-ci recevait plus de cent propositions de film par jour, son équipe ne pouvait même pas toutes les lire. Si la vie m’en laisse le temps, je transformerai le scénario en roman pour le publier. Dans les années 80, j’ai lu des extraits du Joueur d’échecs dans le cadre de lectures que j’organisais moi-même dans les principaux tournois suisses, au festival d’échecs de Bienne, aux Opens internationaux de Zurich, Bâle, Lucerne, Berne et, Bad Ragaz, et également pendant les championnats nationaux de Lenk et de Silvaplana, et j’ai reçu près de mille commandes du roman de la part des auditeurs qui l’avaient visiblement apprécié. Un éditeur suisse était prêt à le publier, mais il ne voulait imprimer que les mille exemplaires que j’avais moi-même vendus et il voulait pour cela quatrevingt-douze pour cent du produit de la vente. Il ne voulait rien savoir du risque entrepreneurial que seul justifiait un tel bénéfice. En sortant de son bureau, je lui claquais la porte au nez, ou plutôt derrière le nez. Pour Arambas, que j’avais envoyé à une maison d’édition en Allemagne, la lectrice critiqua la longueur de mes phrases et l’emploi trop fréquent d’adjectifs. La grande majorité des lecteurs ne s’intéressait plus aux belles-lettres. Ce qui était demandé aujourd’hui, c’était une lecture rapidement consommable dans le train, au lit, sur la plage ou au bord d’un lac entre une canette de coca-cola et un hamburger, avec des phrases courtes et un contenu facile à digérer, sans considérations philosophiques ni digressions historiques. Lorsque je lui demandais pourquoi Hemingway, Saul Bellow, Victor Hugo, Thomas Mann, Stefan Zweig et d’autres avaient alors toujours autant de succès, elle répondit qu’il s’agissait de grands noms dont les œuvres se vendaient toujours. Après cela, j’ai longtemps conservé mes manuscrits sous clé.

    Le temps a désormais pansé les blessures et je refais mon apparition en public. J’espère que les nouvelles de ce recueil vous procureront du plaisir ou stimuleront votre réflexion. Si tel n’est pas le cas, la première corbeille à papier n’est certainement pas loin !

    Alex Günsberg

    P.-S. : Si vous avez des suggestions ou que vous souhaitez m’écrire, ce qui me ferait très plaisir, mon adresse e-mail est la suivante alex.guensberg@gmail.com.

    La professeure d’anglais

    Elle passait les grandes vacances en Italie avec deux amies et leurs maris. C’était formidable, d’autant plus qu’il n’y avait pas d’enfants à surveiller. On profitait de la dolce farniente sur la plage de Viareggio, on sirotait de la bière agréablement fraîche à la terrasse de l’hôtel en regardant le soleil disparaître dans la mer, on se changeait pour sortir le soir, on flânait devant d’innombrables magasins et boutiques, achetant ici un chemisier et là un parfum, on mangeait des spaghetti aux fruits de mer dans un excellent restaurant à ciel ouvert dans le centre-ville noir de monde, on passait la nuit dans des bars et discothèques et on se rafraîchissait d’une délicieuse glace avant d’aller se coucher au petit matin. Elle, c’était Helen Weber de Hambourg. Elle s’appelait en réalité Elena Weberova et était originaire de Saint-Pétersbourg, mais elle avait changé de nom aussitôt après son immigration en Allemagne dix ans plus tôt, alors qu’elle avait dix-huit ans et qu’elle suivait des cours de langues. Elle parlait désormais l’allemand parfaitement et enseignait l’anglais au lycée de la Hanse. Elle avait presque entièrement perdu son accent russe. Ses amies Olga et Natalia, russes de naissance elles aussi, s’étaient mariées avec des Allemands. Helen, quant à elle, ne s’était plus engagée dans une relation avec un homme depuis sa dernière déception amoureuse. Les rares fois où il plut, ils visitèrent Pise et Arezzo, montèrent sur la tour penchée, prirent des photos souvenirs de palais de marbre, de statues et de cathédrales et burent un café sur la piazza. Tout aurait suivi son cours normal, ils seraient tous les cinq rentrés sans tourment à Hambourg au bout de deux semaines, si Helen ne s’était pas assise un soir au piano de l’hôtel. Elle avait appris le piano en Russie dans son enfance, auprès des meilleures professeures de Saint-Pétersbourg. Ses doigts volaient comme par magie sur le clavier, sautaient de-ci de-là comme des cabris. Elle adaptait la mélodie de la Danse du sabre d’Aram Katchatourian. La musique entraînante résonnait dans le hall de l’hôtel. Elle fut vite entourée de spectateurs, même les joueurs de cartes et d’échecs interrompirent leurs parties pour écouter cette magnifique prestation. Helen portait une minijupe courte, comme la plupart des jeunes femmes l’été en Italie. Ses cuisses nues et satinées vibraient au rythme endiablé de la Danse du sabre. L’un des auditeurs lui déposa un verre de prosecco sur le piano. Elle leva les yeux un court instant et aperçut un homme mince et élancé d’âge moyen. Il portait un jean bleu et un léger chandail blanc à même la peau. Ses boucles châtain clair et son sourire lui plurent. D’un clin d’œil, elle le remercia pour le verre. Il s’adossa au piano sans détacher son regard d’elle. Bien qu’elle se concentrât sur le clavier, elle le remarqua et rougit. Une fois sa prestation terminée, les gens applaudirent avec enthousiasme. Elle se leva et les remercia d’une petite révérence. L’inconnu, lui, avait disparu. Elle en fut quelque peu déçue, mais sans penser toutefois plus longtemps à lui ; elle passa le reste de la nuit avec ses amis. Le lendemain, ils ne se rendirent à la plage que vers onze heures. Olga, Natalia et leurs hommes se baignaient. Elena prenait un bain de soleil, allongée à plat ventre sur une chaise longue rabattue, lorsqu’un homme à la voix grave s’adressa à elle avec un accent français : « Madame, vous allez attraper un coup de soleil. Il vaudrait mieux vous mettre de la crème ! »

    Elle se retourna et reconnut l’inconnu de la veille. Il portait un maillot de bain noir et des claquettes, une serviette passée autour du cou. Son corps bronzé luisait au soleil.

    « Encore vous !, dit-elle. Cela ne regarde que moi que j’attrape ou non un coup de soleil.

    — Pas tout à fait, répliqua l’inconnu. Il est peu probable que vous puissiez jouer du piano ce soir avec le dos en feu, et ce serait vraiment dommage pour les clients de l’hôtel, et pour moi en particulier. J’ai vraiment beaucoup apprécié votre musique hier.

    — Merci, mais qui vous dit que je rejouerai ce soir ?

    — Qui me le dit ? Mon intuition. Quelqu’un qui joue du piano avec autant de passion et qui le maîtrise comme vous le faites ne peut s’en passer très longtemps. »

    Elle était restée allongée sur sa chaise longue alors qu’il se tenait debout devant elle.

    « Écoutez, elle désirait clore cette conversation, j’aimerais bien que vous me laissiez continuer à profiter du soleil. »

    Mais l’inconnu n’abandonna pas : « Seulement si vous me promettez de vous passer de la crème.

    — D’accord, je vais le faire, mais ensuite vous me laissez tranquille », répliqua-t-elle, regrettant aussitôt d’avoir peut-être été trop loin. L’inconnu ne semblait toutefois pas s’en offusquer.

    « Naturellement, Madame, dit-il, je suis déjà parti. »

    Il s’en alla, mais ne fit que quelques mètres. Sa chaise longue était presque en face de la sienne. Il s’y allongea à plat ventre lui aussi, et ferma les yeux. Elena vit bien qu’il ne les avait pas complètement fermés. Elle prit la crème solaire, s’en enduisit le ventre et les épaules, essaya de se l’étaler dans le dos, sans y parvenir bien sûr. Elle regarda en direction de l’inconnu. Il avait les yeux ouverts et se méprit sur son regard. Il se leva et dit :

    « Bien, j’arrive. »

    Avant même qu’elle ait pu répondre, il se tenait devant elle et lui prenait le tube des mains. Elle voulait refuser, mais quelque chose l’en retint. Elle lui tourna le dos en disant : « Mais n’appuyez pas trop, mon dos commence déjà à me brûler.

    — Alors vous devez vous mettre immédiatement à l’ombre, et ce n’est pas de la crème solaire, mais de l’après-soleil qu’il vous faut appliquer. Attendez, j’en ai là. »

    Il alla vite le chercher, enleva la chaise longue d’Elena du soleil pour la mettre à l’ombre d’un parasol et l’invita à s’allonger. Hier encore, jamais elle n’aurait

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