PLUS DE DIX ANS APRÉS, Jean-Pierre Aoustin y repense encore. Non, décidément, Une fille, qui danse, le titre choisi pour traduire le roman The Sense of an Ending (2011), de l’écrivain britannique Julian Barnes, n’allait pas. Un grand trouble, la solution qu’il avait suggérée, correspondait davantage à ce récit brumeux, où un sexagénaire se remémore le suicide d’un camarade de lycée. Mais l’éditeur – en l’occurrence Le Mercure de France – a eu le dernier mot…
L’exemple témoigne des affres de la traduction de titres étrangers. Sous des apparences simples, un exercice de haute précision quand le mot à mot ne s’impose pas. Entre impératif de fidélité à l’esprit du texte original et souci d’intriguer le lecteur, comment placer le curseur? Les difficultés sont multiples, à commencer par la grammaire. « En japonais, il y a beaucoup de groupes verbaux, alors qu’en français on aime bien les noms », relève la traductrice Alice Hureau. A , transcription littérale d’un roman de Michiko Aoyama, elle a ainsi préféré (éditions Nami), plus idiomatique. Il faut aussi tenter de combler la distance culturelle entre, titre du dernier roman de l’Américaine Lionel Shriver, dont l’histoire se déroule au Royaume-Uni, relève de la gageure. L’éditeur, Belfond, a opté pour , au risque d’évacuer la référence à la chanson des Clash et l’allusion au Brexit.