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Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !)
Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !)
Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !)
Livre électronique337 pages3 heuresConfidences d'une coiffeuse

Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !)

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À propos de ce livre électronique

Après quelques mois passablement difficiles, les neuf prochains s'annoncent magiques pour Maria. Son ennemie jurée, la ratoureuse Bianca, n'aura finalement pas réussi à briser son couple. Le foyer de la coiffeuse, plutôt que de se démanteler, accueillera bientôt un nouveau membre : un adorable petit coco chauve.

Tout est donc en place pour que Maria file le parfait bonheur. Mais pour une éternelle angoissée de sa trempe, rien n'est jamais simple… Est-ce la bedaine de Bianca – encore elle ! – qui jette une ombre sur l'allégresse de la future maman ? Alors qu'elle tente d'ignorer les commérages à son sujet et d'adopter une attitude plus positive, la jeune femme voit ses résolutions sérieusement ébranlées lorsqu'un drame vient bouleverser son existence.

Forte de l'indéfectible soutien de son entourage, l'attachante coiffeuse – toujours aussi exaspérée – parviendra-t-elle à se relever de cette épreuve et à atteindre un bien-être durable ? Ne dit-on pas que pour voir sa vie en rose, il faut entretenir sa coloration ?
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditeurs réunis
Date de sortie16 mai 2018
ISBN9782897831349
Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !)

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    Aperçu du livre

    Confidences d'une coiffeuse (éternellement exaspérée !) - Marie-Krystel Gendron

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et

    Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Gendron, Marie-Krystel, 1986- , auteur

    Confidences d’une coiffeuse (éternellement exaspérée !) Marie-Krystel Gendron

    ISBN 978-2-89783-134-9

    I. Titre.

    PS8613.E537C663 2018 C843’.6 C2018-940260-1

    PS9613.E537C663 2018

    © 2018 Les Éditeurs réunis

    Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODEC

    et du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec.

    Nous remercions le Conseil des Arts du Canada

    de l’aide accordée à notre programme de publication.

    Édition

    LES ÉDITEURS RÉUNIS

    lesediteursreunis.com

    Distribution nationale

    PROLOGUE

    prologue.ca

    Suivez Les Éditeurs réunis sur Facebook.

    Imprimé au Québec (Canada)

    Dépôt légal : 2018

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    À toi que je n’ai pas su faire fleurir

    1

    Les joies d’une première grossesse

    Dimanche 10 avril, 7 h 10

    BIP  ! BIP  ! BIBIBIP ! BIBIBIP !

    — Mmm… Maria, éteins ça, s’il te plaît.

    Mon cerveau m’ordonne d’étirer le bras pour atteindre le réveille-matin, mais je suis si étourdie que je reste étendue sur le dos, immobile. Mon corps n’a visiblement pas la force d’être en accord avec ma tête. Le bruit s’intensifie.

    BIP ! BIIIP ! BIIIP !

    — Mariaaa… Ça devient pénible ! Fais-lui fermer le clapet, je t’en supplie !

    J’arrive finalement à me retourner sur le côté, m’élance vers cette fichue pollution sonore qui est en train de ruiner mon réveil et… accroche le verre d’eau posé sur ma table de chevet au passage.

    — MERDE !

    Jean-Christophe sursaute, se lève brusquement du lit et appuie finalement sur le bouton du réveil de malheur.

    — Je t’ai déjà dit de le déposer plus loin, ton verre. Tu fais toujours des dégâts ! qu’il me reproche, exaspéré.

    — Ce n’est pas le moment de me faire la morale ! Je ne me sens vraiment pas bien.

    Soudain inquiet, il s’assoit sur le bord du lit et me touche le front du revers de la main en fronçant les sourcils.

    — T’es toute en sueur, ma belle. As-tu mal au cœur ?

    — Non. Mais j’ai les mains engourdies, par exemple. Et des palpitations.

    Ça, c’est ce qui m’arrive toujours quand je fais une crise d’anxiété. Je le sais, que mon problème se situe dans un recoin de ma cervelle mal programmée, mais je n’y peux rien. Au même rythme que mes pulsations cardiaques, ma respiration devient de plus en plus irrégulière. Un malaise qui, sournoisement, s’intensifie seconde après seconde.

    — Mais qu’est-ce qui te stresse autant ? Tu as fait un cauchemar ? me demande amoureusement mon chum en me caressant les cheveux.

    — C’est pas ça…

    OK, faut te ressaisir, Lamoureux ! C’est quand même juste un congrès.

    — Ne me dis pas que tu paniques encore pour ton « truc » de coiffure ?

    — Je ne le fais pas exprès ! J’ai… j’ai plus envie d’y aller.

    Demain, comme tous les ans à pareille date, mes collègues et moi nous rendons au plus grand rassemblement de professionnels de la coiffure, à Montréal. Des dizaines de kiosques de compagnies de produits capillaires (détenant toutes LE meilleur fer plat à se procurer pour l’été) cherchent le plus de visibilité possible. Des coiffeuses provenant des quatre coins du Québec, qui ont passé des heures à se pomponner avant de quitter la maison, tentent par tous les moyens de faire bonne figure aux yeux de leurs rivales. Une parade ridicule de stylistes en talons hauts qui rentrent le ventre et sortent la poitrine tout en priant très fort pour ne pas croiser Jean Airoldi au détour d’une rangée. Tsé, juste au cas où elles recevraient une contravention de style… Ben oui, elles le savent que c’est vraiment kitch, leur blouson à motifs léopard… Mais elles l’ont mis pareil ! Parce que malheureusement, il faut bien l’admettre, dans ce genre d’événement, toutes les coiffeuses (et parfois même les coiffeurs) que tu vas croiser durant la journée… eh bien, ils te jugent, te dévisagent, te regardent de haut. J’exagère ? Vous devriez venir passer la journée avec nous, demain. Je ne sais jamais si un vilain bouton de la grosseur du Titanic vient de me pousser dans le front, ou bien si je me fais regarder de travers à cause de mon rouge un peu trop flamboyant. Quoi ? Je l’aime, moi, ma couleur de cheveux ! Faut être réaliste, ça attire les regards.

    — Ben voyons donc, ma chérie ! C’est ridicule. Tu y vas depuis plusieurs années, et il ne s’est jamais rien passé. Pourquoi ce serait différent demain ? De quoi t’as peur, exactement ?

    — Je… je… je suis grooosse ! que je pleurniche, en soupirant bruyamment.

    Les hormones, ce que ça peut faire… Depuis que je suis enceinte, je rêve de voir pousser ma bedaine jusqu’à ce qu’elle ressemble à un gigantesque ballon de plage. Chaque matin, je me lève en courant pour aller vérifier si ça commence à paraître. Vous allez me dire qu’à seulement douze semaines, c’est normal de ne pas avoir pris beaucoup de poids. Vous avez probablement raison.

    Jusqu’ici, j’attendais patiemment de voir ma peau s’étirer. Mais vendredi dernier, alors que je finissais ma journée chez Cosmos, ma vision des choses a complètement changé. Une cliente m’a dit que j’avais engraissé. J’aurais dû être contente, sauter au plafond, sauf que ça m’a fait l’effet contraire ; je me suis mise à paniquer. Maintenant, tout ce que j’ai en tête, c’est que les gens vont trouver que j’ai l’air d’une baleine. Mon ventre n’est pas encore assez gros pour qu’on sache qu’il y a un bébé qui pousse dedans, mais juste assez pour qu’on croie que j’ai abusé des bonnes choses. Pis là, quand je pense que je vais aller me montrer le cinq livres de gras mou devant des centaines de coiffeuses pèteuses de broue, ça me fait capoter !

    — Tu niaises, j’espère ? me lance J-C, un brin découragé.

    — J’ai l’air d’avoir une bedaine de bière !

    — Maria, Maria, Maria… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? Je pense qu’on va agrandir le cadre de porte avant que tu puisses plus passer dedans.

    — T’es pas fin !

    Mon chum éclate de rire.

    — Faut bien que ça commence à paraître quelque part. Et puis, y a du linge fait exprès pour ça !

    — Quoi ? Pour les coiffeuses obèses de presque vingt-huit ans ?

    Il lève les yeux au ciel.

    — Ça fait des semaines que je t’entends chialer parce que tu as hâte que les gens te posent des questions sur ta grossesse, pis là…

    — Je le saiiis ! Ça me tente plus, bon !

    — Vois-tu ta psy bientôt ?

    — C’est quoi le rapport ? que je demande, insultée.

    Sachant trop bien qu’il a raison, je m’offusque seulement pour la forme. Mon trouble anxieux n’est pas encore tout à fait disparu. Mes problèmes avec Bianca me font beaucoup moins angoisser qu’avant, mais d’autres préoccupations sont venues s’incruster entre mes deux oreilles. J’imagine que toutes les futures mères se sont déjà retrouvées dans la même situation que moi, que je ne suis certainement pas la seule à me poser mille et une questions. Mais disons qu’il serait bénéfique pour ma santé mentale (et celle de mes proches) que j’apprenne à contrôler un peu mieux mes émotions. Ouais… je vais assurément prendre rendez-vous avec Mme Belhumeur sous peu. Mais je ne le dirai surtout pas à Jean-Christophe… Pas question de lui donner raison !

    — T’es super belle, mon cœur ! Enceinte, pas enceinte, cinq livres de plus ou de moins, t’es parfaite.

    Bon ben, je n’ai pas d’autre choix que de fondre, hein ?

    — Je t’aiiime !

    Petit dérèglement de l’humeur, vous dites ?

    — Je te comprends tellement ! qu’il me répond, amusé.

    Je grimace, recommence finalement à mieux respirer. Ma crise est passée. Oui, oui, vite de même ! Bon, allez ! On se botte le derrière et on se lève.

    Aujourd’hui, je vais bruncher avec les filles. Cassie et Marie-Noël sont descendues dans mon petit patelin pour la fin de semaine, et comme elles avaient chacune des trucs prévus dans leur famille respective, nous n’avons pas vraiment encore eu le temps de nous voir. Pas question qu’elles retournent à l’autre bout du monde sans avoir vu mon petit gras mou de bedaine de fille qui n’a pas l’air si enceinte que ça ! Bon, j’exagère… elles n’habitent pas si loin, mais suffisamment pour qu’on ne puisse pas se voir aussi souvent qu’on le voudrait.

    Je referme doucement la porte de la chambre derrière moi, laisse mon chum se rendormir. Opération « transformation », maintenant ! Certains disent que la grossesse rend pétillante, que le teint devient plus lumineux, les cheveux étincelants. Ben… pas dans mon cas ! Comme j’ai de la difficulté à dormir parce que je passe mes nuits à me poser des questions, j’ai plutôt l’air d’un zombie, ces derniers temps. Avec toutes les fichues crèmes anticernes que j’achète chaque semaine, je fais vivre à moi seule le Familiprix de mon quartier.

    Je saute dans la douche, me lave les cheveux, laisse couler l’eau tiède sur mon visage pendant dix bonnes minutes. Et pis fuck le rasage de jambes ! Avoir l’air d’un ours est la dernière de mes préoccupations en ce moment. En sortant, j’enroule mes cheveux dans une serviette propre, essuie l’humidité sur le miroir, et là… HORREUR !

    — NOOON !

    Mon chum arrive en courant, paniqué.

    — Qu’est-ce qui se passe ?

    — Regarde-moi la face ! que je réponds, les yeux complètement exorbités.

    — Quoi, ta face ?

    Je pointe l’intrus en question en serrant les dents.

    — Tu viens de gueuler de même pour un minuscule bouton ?

    — T’appelles ça « minuscule », toi ? Va falloir t’acheter des lunettes, bordel !

    Il sort de la salle de bain aussi vite qu’il y est entré, en soupirant. Sincèrement, je ne sais pas comment il fait pour m’endurer. J’ai moi-même de la difficulté à me supporter. Je tente donc de camoufler le monstre avec du fond de teint, mais rien n’y fait ; on dirait même que j’empire mon cas ! Une bonne idée me vient soudain en tête. Ouin… en fait, je ne suis pas si certaine de mon coup, mais il faut ce qu’il faut. Et la maudite luminosité qui m’aide pas pantoute, en plus. Dans notre nouvelle maison, je vous jure qu’il va y en avoir, des luminaires !

    Quand mon nouveau look et moi sortons de la salle de bain, Jean-Christophe est en train de se servir un bol de céréales.

    — T’es pas retourné te coucher ?

    — Avec le vacarme que tu fais…, me taquine-t-il en se retournant.

    Son expression faciale qui, en temps normal est plutôt facile à déchiffrer, m’apparaît soudain plutôt incertaine.

    — Quoi ? Qu’est-ce que j’ai ? que je demande, promptement.

    — Rien. Je suis juste… surpris ?

    Ça y est, il trouve ça laid. Moi pis mes coups de tête, aussi !

    — Ben là, tu pourrais trouver quelque chose de mieux à dire !

    Il reste statique, à me fixer en silence. Puis, il éclate de rire.

    — C’est quand même pas la première fois que je me fais un toupet ! que je m’exclame, insultée.

    Si mes yeux pouvaient lancer des grenades, il serait déjà mort.

    — Non, mais un comme ça… OUI !

    Et il repart de plus belle.

    — Ben là ! C’est si pire que ça ?

    Je retourne en courant devant le miroir de la salle de bain. En observant un peu mieux mon reflet, je crois finalement comprendre la raison de son fou rire. Mais c’est tellement sombre que je peux bien ne pas m’en être rendu compte.

    — Il est ben correct, mon toupet, OK ! que je lance à voix haute.

    — Je t’ai jamais dit le contraire ! qu’il me répond, toujours en riant.

    — C’est à cause de mon fond de teint, que t’es crampé de même ? que je demande en revenant à la cuisine.

    — Qu’est-ce que t’en penses ? qu’il me nargue en me pointant le miroir dans l’entrée.

    Avec la clarté du jour qui rentre à pleines fenêtres, je réalise vite de quoi j’ai l’air. Donald Trump peut aller se rhabiller : c’est moi qui gagne haut la main le concours du teint le plus orangé. On dirait que je me suis étendu un sac de crottes au fromage dans le visage, que je me suis roulée dans le spray tan, que j’ai fait un face à face avec Youppi !

    — Ouin… j’vais dire comme toi…

    Incapable de me retenir plus longtemps, je pouffe à mon tour.

    Après m’être lavé le visage deux fois plutôt qu’une, je suis enfin prête à partir. Mon bouton est bien camouflé sous mon nouveau toupet, et Jean-Christophe m’a dit que ma bedaine ne paraissait pas sous ma camisole noire picotée blanche. Je le sais, qu’il ment. Mais vous savez quoi ? Ça me convient. Mon anxiété vient de se calmer.

    — Je reviens vers midi !

    — Pas de câlin ? me demande J-C, en faisant la moue.

    — Non ! Tu as voulu rire de moi… ben sèche !

    Tout juste avant que j’aie eu le temps d’ouvrir la porte, il m’agrippe par la taille, m’attire vers lui.

    — Viens ici, « miss Baboune » !

    Impossible de lui résister, ses yeux sont bien trop bleus !

    — Je vous aime, mademoiselle Lamoureux.

    Je lui souris, l’embrasse tendrement.

    2

    Le grand dévoilement

    Lorsque j’arrive au petit café, Cassie et Marie-Noël sont déjà installées à une table, tout au fond. Elles discutent en riant. Quand elles m’aperçoivent, elles se lèvent en sautillant pour m’accueillir.

    — Hiii ! Montre-nous ça, cette belle bedaine-là ! s’exclament-elles en chœur.

    — Pas ici…, que je chuchote, gênée.

    — Ben voyons donc ! Depuis le temps que tu dis que tu as hâte de la voir grossir… arrête de niaiser pis lève ta camisole ! m’ordonne Cassie.

    — OK, OK !

    Comme chaque fois qu’une femme enceinte se fait tâter l’abdomen en public par ses amies beaucoup trop énervées, tous les visages se tournent vers nous. Des yeux brillants, des yeux attendris, des yeux exaspérés, aussi. Ben oui, c’est le genre d’attitude que j’avais avant. Quand je voyais ce genre de scène, j’avais automatiquement le réflexe de rouler les yeux en soupirant. Je trouvais donc ça niaiseux, de voir des filles s’extasier pour si peu. Mais aujourd’hui, même si je suis timide du bedon, ça me fait tout chaud au cœur de me faire flatter le gras mou.

    — Hooon ! T’es tellement belle ! Toute rayonnante, me complimente Marie-Noël.

    — N’exagère pas ! Je le sais, que j’ai juste l’air d’avoir mangé deux douzaines de beignes. Pis j’ai la face pleine de boutons, par-dessus le marché !

    — Tu capotes ! lance Juliette, qui arrive sur ces entrefaites.

    La dernière arrivée nous fait la bise à tour de rôle, et nous nous assoyons, prêtes à nous raconter mille et un potins.

    — C’est moi qui détiens le plus croustillant, promet Cassie.

    — Pas si sûr que ça, que je renchéris. Mais… vas-y, commence. De toute façon, le mien ne peut être consommé sans d’abord avoir avalé un premier verre de lait au chocolat.

    Notre plus grand point en commun, à toutes les quatre, c’est notre amour démesuré pour le chocolat. Vous direz sans doute qu’il ne s’agit pas de la base la plus solide pour une amitié sincère, mais pour nous, c’est bien assez. On s’aime depuis toujours, sans même savoir pourquoi et, moi, je pense que c’est suffisant. OK ! Le fait que nous ayons partagé plus d’une fois la même cuvette pour évacuer nos excès lors de soirées bien arrosées, qu’on se soit toutes déjà vues au réveil, démaquillées, des restants du souper de la veille dans les cheveux, et qu’on réussisse toujours à se faire rire – même dans les pires moments –, ça aussi, ça renforce une amitié.

    La serveuse vient prendre nos commandes. Comme à mon habitude, je fais semblant de regarder le menu, mais je sais très bien ce que mon estomac réclame. Chez Goûts et délices, mon restaurant à déjeuner préféré, les gaufres choco-bananes vous font systématiquement monter au septième ciel. Ça doit bien faire un mois que je n’en ai pas mangé, alors pas question de m’en priver.

    Une quinzaine de minutes plus tard, après avoir échangé à propos de la pluie et du beau temps, Cassie annonce :

    — Bon ! Vous voulez le connaître, mon potin du siècle ?

    Marie-Noël, Juliette et moi tendons attentivement l’oreille.

    — Là, Maria, je ne veux pas de crise de panique, OK ?

    Je lui fais les gros yeux. Comme si je faisais juste ça, moi, « paniquer » !

    — Envoye ! Shoot !

    — Paraît que « Bibi manicotti » est enceinte !

    Mes deux autres amies ont les yeux ronds comme des billes, la langue qui pend presque à terre. De mon côté, je reste de glace.

    — Hein ? De qui ? Combien de semaines ? Comment tu sais ça ? demande Juliette, visiblement excitée.

    — Elle l’a annoncé sur Facebook, mais j’en sais pas plus…

    Les trois filles se retournent vers moi, attendant visiblement une réaction de ma part.

    — Quoi ? Pourquoi vous me regardez de même ?

    — Ben là ! Je viens de t’annoncer que ta pire ennemie a un polichinelle dans le tiroir en même temps que toi, pis tu ne réagis pas plus que ça ?

    Feignant l’indifférence, j’affiche un air suffisant. Mes amies me dévisagent, s’impatientent rapidement.

    — Yiouuu ! Y a quelqu’un là-dedans ? me nargue Cassie en me tapotant la tête de son index.

    — C’est parce que je le savais déjà, figure-toi donc !

    — Pis tu ne nous en avais pas encore parlé ? s’indigne Juliette.

    — C’est justement ce que je m’apprêtais à faire après le potin de Cass.

    — Et tu sais qui est le père ? demande Marie-Noël.

    Question de les faire languir, je me contente de leur sourire malicieusement.

    — Crache le morceau, Lamoureux ! Tu sais bien que tu vas finir par nous le dire, s’impatiente Cassie.

    — OK, OK ! C’est Joseph.

    Comme si je venais de leur dévoiler le secret de la Caramilk, trois paires d’yeux viennent se braquer dans le blanc des miens. Faut dire que je les comprends. Mettons que j’ai aussi été assez secouée quand Joe est venu nous apprendre ça, le mois dernier.

    — Tu nous fais marcher ! avance Juliette.

    — Non. C’est la pure vérité, que j’ose me

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