Ma famille recomposée - Moi + Toi = 5
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Avis sur Ma famille recomposée - Moi + Toi = 5
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Aperçu du livre
Ma famille recomposée - Moi + Toi = 5 - Marie-Krystel Gendron
De la même auteure
chez Les Éditeurs réunis
Ma famille recomposée, 2023
Il était une fois en décembre
1. Livia, 2022
2. Romane, 2023
Célibataire cherche animal de compagnie, 2021
Un été à l’auberge, 2020
Confidences d’une coiffeuse (éternellement exaspérée !), 2018
Confidences d’une coiffeuse (encore plus exaspérée !), 2017
Confidences d’une coiffeuse (exaspérée !), 2016
Aucun mot ne sera jamais assez fort, mais j’ai essayé fort.
À vous quatre. Ma plus grande force.
1
Avril 2023
Le souffle du vent qui entre par la fenêtre laissée entrouverte me chatouille la nuque. Étendue à plat ventre, le visage calé dans mon oreiller, j’essaie de me faire accroire qu’il reste encore des heures au compteur avant de devoir me lever. Le soleil toujours bien niché de l’autre côté du globe, je sais pourtant déjà que d’ici quinze minutes – et ça, c’est si je suis chanceuse – ma journée sera bel et bien commencée.
À ma droite, un premier mouvement suivi d’une plainte. Bientôt, ce sera une deuxième.
— Ouiiin ! se fait entendre de l’humain pour qui mon cœur s’est complètement transformé dans la dernière année.
Clairement, j’ai des pouvoirs divinatoires !
Vaseuse, je me retourne sur le côté, tente de lui apporter réconfort en lui caressant la tête.
— OUIIIN !
Je me rapproche tout doucement, me colle sur son petit corps chaud en lui fredonnant une berceuse. L’intensité augmente d’un cran.
— OUIIIIIIIIIIIN ! OUIIIN !
Clairement, je n’ai aucun talent de chanteuse !
Olivier se pointe avec un biberon, me le remet en me lançant un regard compatissant. Rapidement, je le porte à sa petite bouche en cœur et bébé s’y accroche aussitôt. Soulagée, je ferme les yeux de nouveau. Trois minutes plus tard, le son strident de son mécontentement me perfore encore une fois les tympans.
— Bon matin, mon cœur ! que je lui lance tendrement.
Son sourire parfaitement imparfait qui se dessine enfin me fait aussitôt fondre sur place. Dans un mois, nous fêterons déjà son premier anniversaire. Nostalgique, l’inspiration de la dernière scène de mon tome deux remonte de mon plexus jusqu’à ma tête, et je sens qu’il est nécessaire de l’écrire immédiatement si je ne veux pas perdre le momentum. Couchée sur le flanc, l’odeur de ses cheveux m’effleurant les narines, je souhaite que ce moment s’étire éternellement.
Pour éviter de déranger son boire, je m’empare tant bien que mal de mon cellulaire laissé sur ma table de chevet afin d’y noter quelques phrases. Ayant la fâcheuse habitude d’oublier mes idées, au moins, comme ça, elles seront en sécurité pour quand je m’y attarderai plus sérieusement.
Juillet 2021
Une vie de couple réussie. Ce concept tant de fois étudié et abordé dans les livres de développement personnel, mais encore jamais complètement élucidé jusqu’ici. « Jamais complètement » dans le sens qu’une relation épanouie, ce n’est pas toujours une mince affaire. Et pourtant, c’est ce que la majorité des gens recherchent, convoitent. Souvent, les débuts d’une relation amoureuse sont intenses et passionnés, mais la passion dure-t-elle éternellement ? Dans un tout autre ordre d’idée, il arrive que le commencement s’amorce relativement en douceur pour s’intensifier par la suite. Avec le temps. Au fil des jours qui passent. Olivier et moi nous situons, je pense, à peu près à mi-chemin entre ces deux options.
Nous nous sommes rencontrés à un moment de ma vie où je n’étais émotionnellement pas tellement disponible. Dans une période où mon ex-petit copain occupait une place encore trop importante dans mon cœur. Malgré cela, je n’ai pas pu m’empêcher de céder au feu qui m’animait de découvrir Olivier sous tous ses angles. Les plus reluisants, comme les moins séduisants. Tomber amoureuse d’un homme avec lequel tu ne peux passer qu’une fin de semaine sur trois en tête à tête, ça aurait pu nous décourager. Néanmoins, nous nous sommes accrochés l’un à l’autre et nous ne nous sommes jamais lâchés.
Une vie de couple épanouie.
Sommes-nous arrivés à la construire, Olivier et moi, depuis les trois dernières années ? J’aime croire que oui, seulement il faut être réaliste, ça n’a pas toujours été facile. Et des moments moins glorieux, il s’en produit encore. Il faut dire qu’on est partis sur des bases assez précaires merci, tous les deux ! Sont-elles plus solides aujourd’hui qu’à l’époque ? Évidemment ! Mais sont-elles inébranlables ? Rien n’est moins sûr. Même si je rêve de pouvoir affirmer que oui, la réalité est que personne n’est jamais à l’abri d’un effondrement. On voudrait tous que NOTRE couple soit indestructible, mais la vérité est qu’aucun ne l’est vraiment.
— À quoi tu penses ? me questionne Olivier, qui revient d’une balade en planche à pagaie sur la rivière au bord de laquelle nous habitons.
— Au concept du couple épanoui ! que je réponds en relisant la dernière phrase que j’ai tapée sur mon clavier.
— T’écris notre biographie ? plaisante-t-il en venant zieuter par-dessus mon épaule.
— Oh, parce que tu nous trouves entièrement épanouis, toi ?
Olivier prend un temps d’arrêt pour s’entendre penser.
— Je pensais que oui, mais j’ai comme l’impression que ce n’est pas la bonne réponse ! poursuit-il d’un ton blagueur. Es-tu en train de me dire que tu es malheureuse ?
— Mais non, voyons ! que je le rassure aussitôt. Je suis heureuse, mais pleinement épanouie par contre… Ça, c’est dur à dire.
Si je m’arrête un instant pour réfléchir, je dois admettre que je suis plutôt choyée. Mon homme, il m’a choisie et, malgré les tempêtes, il est resté. Et quelles tempêtes on a traversées tous les deux ! Parfois, je me demande si à sa place j’aurais persévéré. Je veux dire, commencer une relation avec un ex dans le décor, c’est loin d’être attrayant.
— OK, prononce-t-il en se grattant le menton. Que te faudrait-il pour l’être ?
Je n’ai pas le temps de répondre à sa question qu’il lève un doigt en l’air.
— Ne dis rien, j’ai deviné ! s’exclame-t-il en tirant ma chaise pour me ramener vers lui.
— Qu’est-ce que tu fais ? que je proteste rien que pour la forme. Je dois travailler !
— Je m’arrange pour te donner la seule chose qui manque à ton épanouissement au sein de notre couple pourtant si équilibré !
— C’est-à-dire ?
Il entreprend de déboutonner sa chemise en effectuant deux-trois pas de danse qu’il espère sensuels, mais qui me font éclater de rire.
— Tu désires avoir un enfant, je vais t’en faire un ! lance-t-il en même temps que sa chemise à bout de bras.
Conquise, je ferme mon ordinateur et l’embrasse sans plus attendre. Sans le vouloir, des questions reviennent s’immiscer dans mon esprit. Suis-je aussi dévouée à mon homme qu’il l’est envers moi ? Suis-je une assez bonne partenaire de vie pour lui ? Parfois, j’ai l’impression que je ne le mérite pas. Qu’il aurait peut-être été plus heureux avec quelqu’un d’autre.
Et voilà mon esprit qui repart dans ses éternelles et trop intenses réflexions !
En cette après-midi de canicule, la rivière grouille de gens qui se la coulent douce sur des matelas gonflables. Certains se déplacent en kayak, d’autres en pédalo alors que la berge est animée d’enfants qui s’adonnent à la baignade. Les voisins de l’autre côté de la maison de Mme Brassard, ma gentille voisine, s’amusent à créer des sculptures de sable et, moi, je suis complètement crevée. Affalée dans ma chaise hamac, je m’amuse à compter les nuages.
Depuis que j’ai terminé l’écriture de mon roman, je vis avec un sentiment d’anxiété généralisé qui ne semble pas vouloir s’estomper. Faut dire que les tourments et moi, c’est une histoire de longue date ! Et bien que j’y sois habituée, mes instables émotions m’épuisent plus que d’habitude dernièrement. À demi assoupie, j’entends la porte moustiquaire s’ouvrir, mais pas se refermer. Les yeux mi-clos, je compte les secondes jusqu’à ce que je me redresse mollement.
— Les maringouins ! que je crie à l’intention du fautif.
Le visage rieur de ma belle-fille apparaît soudain. LA fautive, j’aurais dû dire. Des verres colorés en plastique dans les mains, elle s’empresse de les déposer sur la table extérieure et de refermer la porte.
— J’ai préparé des cocktails pétillants ! s’écrie-t-elle en me rejoignant au bord de la rivière.
Touchée, je la remercie d’un énorme câlin avant de goûter à la boisson qu’elle a soigneusement concoctée. Une limonade aux citrons frais ajoutée à une eau pétillante avec un soupçon de jus d’orange : un délice.
— Tu le sais que t’es la meilleure belle-fille du monde, hein ?
Charlotte bombe le torse de fierté et vient me plaquer un bisou sur la joue.
— Qu’est-ce qu’ils font, papa et Sacha ? que je l’interroge en remettant de peine et de misère mes deux pieds sur la terre ferme.
— Un modèle à coller.
— Que dirais-tu si on s’improvisait une petite séance manucure ? que je lui propose.
Ses grands yeux noisette s’écarquillent et elle se lève d’un bond en tapant des mains.
— Je reviens !
Déjà, je sais qu’elle reviendra dans quelques minutes avec toutes les couleurs de vernis imaginables, et que ça lui prendra au moins vingt minutes avant de choisir LA teinte dont elle a envie. J’en ris tout bas, et admire le panorama qui s’offre à moi. Soudain, ma montre intelligente vibre sur mon poignet. Certaine qu’il s’agit d’une notification sur mes réseaux sociaux, j’y jette un œil distrait. Lorsque je réalise que c’est plutôt l’application de mon cycle menstruel qui m’indique que je commence ma période d’ovulation, mon cœur s’emballe et je prie ma mémère de bien vouloir m’apporter son aide pour qu’un petit trésor accepte de s’accrocher à mon utérus.
— Comment ça se fait que j’avais oublié ça, moi ?
Depuis que nous avons pris la décision d’essayer de fabriquer un petit être humain, je reste à l’affût de ma prochaine période d’ovulation comme si ma vie en dépendait. Intense ? Pas du tout ! OK… peut-être un peu. Mais Olivier trouverait la vie foutrement plate sans moi. De la prétention ? Pantoute ! À ce qu’il paraît, je suis divertissante. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui ! Il est vrai que cette décision, nous l’avons prise il n’y a que deux semaines… Sauf que je n’ai pas le temps de perdre mon temps ! Mes trente-cinq bougies, je les ai soufflées depuis assez longtemps maintenant et plus on attend, plus je risque d’enfanter dépassé le cap de la quarantaine, et ça, c’est hors de question ! Les risques liés à une grossesse tardive m’angoissent terriblement ! Bien sûr, je sais que plusieurs l’ont fait avant moi, mais reste que mon plan de match, il ne ressemble pas à ça. Laura Boulay, elle va accoucher avant son trente-sixième anniversaire, un point c’est tout. Ce qui nous laisse grosso modo encore deux mois pour réussir à ce qu’un poids plume se niche dans ma bedaine.
— Ça va ? demande Olivier, ce qui me fait sortir de mes rêveries.
— Hein ?
— Ton air !
— Quoi mon air ?
— Bah… il a l’air de dire qu’un truc te chicote !
Au même moment, Charlotte se pointe avec sa panoplie de vernis à ongles, son immense sourire qui me fait toujours autant fondre affiché sur son joli minois.
— Je sais que tu préfères les tons de vert, mais j’aimerais utiliser celui-là ! dit-elle en sortant une bouteille de teinte rosée.
J’acquiesce en souriant à mon amoureux qui, me connaissant trop bien, est convaincu que je lui cache quelque chose. Ma belle-fille étale son attirail sur la table de jardin en fredonnant.
— They say oh my god i tee tha wee wo shy ! Take or ham, my fear, and peace that both in my !
Comme chaque fois qu’elle se laisse aller à nous chanter sa chanson fétiche de l’heure – Dance Monkey de Tones And I – en étant certaine de bien prononcer les paroles, je pouffe de rire.
— Quoi ? s’offusque-t-elle aussitôt.
— Rien, rien ! que je m’empresse de rétorquer.
— Ce sont les bonnes paroles, OK ! lance-t-elle. Je la connais par cœur cette chanson-là !
Et parce que je ne veux surtout pas la froisser davantage, j’approuve d’un signe de tête en retrouvant mon sérieux. De son côté, Olivier ne peut s’empêcher de rigoler.
— Papa ! s’écrit-elle, pourquoi tu ris de moi ?
— Je ne ris pas de toi, mon cœur, je ris AVEC toi, corrige-t-il.
— C’est parce que je ne suis pas en train de rire, là !
Aussitôt, son père et moi nous esclaffons et, insultée, elle se renfrogne en faisant la moue.
— Voyons, ma chérie, pourquoi tu te fâches ? que je lui demande.
— Je ne suis pas fâchée !
— Eh bien, il faudrait peut-être en parler avec ton visage ! en rajoute Olivier.
Cette fois, c’est à mon tour de le dévisager. Charlotte a beau n’avoir que huit ans, son caractère indique clairement que l’adolescence sera à nos portes plus tôt que tard.
— OK, OK, que je m’exclame en m’assoyant. On leur refait une beauté, à ces ongles-là ?
Elle retrouve rapidement son sourire et s’installe à son tour.
Mon amoureux décide de nous laisser entre filles, mais juste avant de retourner à l’intérieur il se penche à mon niveau et me chuchote à l’oreille.
— Tu ovules ?
Surprise, je lui renvoie un air interrogateur.
— Moi aussi, je le surveille ce cycle-là, lance-t-il tout bonnement.
— Quel cycle ? questionne ma belle-fille.
— Rien, répond Olivier. C’est un truc de grand !
Ne nous accordant déjà plus d’importance, Charlotte s’emploie à me limer les ongles consciencieusement, alors que mon homme m’envoie un clin d’œil prometteur avant de rejoindre Sacha dans la maison.
— Vous essayez vraiment de fabriquer un bébé ? me prend-elle au dépourvu.
Comment peut-elle avoir deviné que c’est ce à quoi son père faisait référence ?
— Hum… Oui ?
— En tout cas, j’espère que si un bébé s’installe dans ton ventre, ce sera une fille ! lance Charlotte en soufflant la poussière accumulée sur la table.
— Comment ça ?
Elle hausse les épaules alors qu’un mini-stress monte en moi. Bien qu’anodine, sa remarque me force à m’interroger.
— Tu ne serais pas contente d’avoir un petit frère ?
— Oui, mais je préférerais vraiment beaucoup plus avoir une petite sœur !
— Mais tu sais qu’on ne choisit pas ces choses-là, hein, mon cœur ?
Plongeant ses grands yeux expressifs dans les miens, Charlotte adopte un air réconfortant.
— Je vais l’aimer quand même, cherche-t-elle à me rassurer, sauf que j’aimerais beaucoup jouer à des jeux différents que ceux qui intéressent Sacha.
— Comme quoi, par exemple ?
Un soupir interminable s’ensuit.
— J’aime ça construire des Lego, lance-t-elle. Et le baseball, c’est le fun aussi, mais pas tout le temps ! Ce serait bien d’avoir quelqu’un avec qui faire du bricolage ou des défilés de mode, de temps en temps !
Attendrie, je lui caresse les cheveux de ma main libre.
— Tu sais, ma chérie, que tu aies un nouveau petit frère ou une nouvelle petite sœur, peu importe son genre, il ou elle pourra avoir les mêmes intérêts que toi ou alors pas du tout ! Un petit frère pourrait avoir exactement le même côté artistique que toi alors qu’une petite sœur pourrait complètement détester les vêtements ou le maquillage !
Je la vois réfléchir, puis une lumière s’éclairer au-dessus de sa tête.
— Dans le fond, on s’en fout !
— Quoi ça ?
— Que ce soit l’un ou l’autre, je vais l’aimer de tout mon cœur !
Le mien fond comme neige au soleil, et je m’efforce de ne pas laisser transparaître ma vulnérabilité.
— LAURA PLEURE ENCORE ! crie-t-elle à l’intention de son jumeau et son père en riant. Ses yeux sont tout mouillés !
— Je ne pleure pas ! que je rétorque en riant jaune.
— Oui, tu pleures, s’esclaffe-t-elle de plus belle. Mais on est habitués, me taquine-t-elle. On a une belle-maman ultrasensible et on ne l’échangerait pour rien au monde !
Touchée jusque dans le fond de mon âme, je me lève – lui faisant du coup perdre sa grippe sur mon pouce, provoquant alors le débordement du vernis – et viens l’étreindre affectueusement.
Le soir venu, les enfants insistent pour faire du camping dans le salon.
— Allez ! supplie Sacha. Dites ouiii !
Je meurs d’envie de flancher, mais… J’OVULE ! Ce qui implique que cette nuit, je dois absolument la passer dans les bras de mon homme et disons que ce serait préférable qu’on ait notre intimité.
— Pas ce soir, tranche Olivier, qui me voit hésiter.
— Mais lààà ! se plaint Charlotte. Ça fait hyper longtemps qu’on n’en a pas fait !
Une moue d’insatisfaction se dessine sur son visage et, mécontente, elle croise les bras sur sa poitrine.
— Ce n’est pas de cette façon que tu me feras changer d’idée ! la gronde son père. Alors là, vraiment pas !
Voyant qu’ils ne réussiront pas à obtenir ce qu’ils désirent, les jumeaux se tournent vers moi. Argh, je déteste être aussi peu rigide ! Juste à leurs petits airs suppliants qui m’implorent d’accepter, je me sens ramollir. Déjà, j’ai envie de me rétracter et de commencer à faire une cabane de couvertures, mais si je fais ça, mon amoureux va m’en vouloir et on risque de manquer le bateau. On ne sera pas plus avancé !
— Que diriez-vous d’en faire demain, plutôt ? que je propose comme compromis. Et j’irai acheter des sucreries en prime ! Vous savez, pour faire une vraie soirée cinéma ?
Soudain excités, mes beaux-enfants sautillent et se résignent à prendre leur mal en patience. Si devenir belle-maman me faisait peur au départ, je dois admettre que je suis extrêmement bien tombée lorsque j’ai répondu à cette demande d’amitié il y a un peu plus de trois ans. J’entends tellement d’histoires compliquées, tellement d’embrouilles au sein de familles recomposées alors que dans la nôtre, tout va comme sur des roulettes. Oh, il y a bien sûr des petits moments plus difficiles que d’autres et tout n’est pas toujours rose, mais en général, c’est l’harmonie. Et pour ça, j’en remercie la vie tous les jours !
Tout de suite après la routine collation, douche, et brossage de dents, les jumeaux demandent une petite extension à l’horaire habituel avant le dodo.
— Pour écouter au moins une émission de Ridley Jones ! explique Charlotte à son papa, qui accepte à condition qu’il n’y ait aucune autre protestation lors du coucher.
Aussitôt, les enfants s’installent devant la télévision alors que mon homme me lance une œillade suggestive.
2
Avril 2023
Concentrée sur mes recherches, je ne réalise pas que ça fait déjà au moins une heure que je n’ai rien écrit. Plus intéressée par les décorations de ce premier anniversaire qui arrive à la vitesse de l’éclair que par mon texte, j’avance beaucoup trop lentement dernièrement. Anita, mon éditrice, doit commencer à s’impatienter. Moi qui lui avais promis la remise du manuscrit pour le 31 mars, me voilà bien en retard sur mon échéancier. Ce qui, inévitablement, me cause une anxiété que j’ai de moins en moins de facilité à gérer.
— C’est nous ! s’annonce Olivier, qui revient de faire l’épicerie.
Impatiente de les retrouver, je laisse mon ordinateur en plan et sors en trombe de mon bureau.
— Je me suis tellement ennuyée ! que je m’exclame en le débarrassant de notre petit paquet d’amour pour lui retirer son manteau.
— On est partis seulement une heure !
— Et c’était déjà trop !
Sur ses joues rosies par la fraîcheur du vent extérieur, je dépose un doux baiser en humant son parfum. Mon préféré. Celui dont je ne me lasserai jamais. Les bébés sentent toujours bon. OK, pas toujours, je l’admets !
— Il y a beaucoup de sacs ? que je demande concernant l’épicerie.
— Quand même, oui.
— Laisse, que je lui indique quand je le vois se préparer à retourner à la voiture. Je m’en occupe !
Reconnaissant, mon homme porte une main à sa jambe en grimaçant.
— Je vais avoir besoin d’un relaxant musculaire !
Désolée, je lui adresse un sourire compatissant et pars récupérer nos provisions dans le VUS. Quand je termine le rangement du garde-manger, ils se sont tous les deux assoupis sur le divan. Charmée par l’image, j’en profite pour immortaliser le moment. Sans faire de bruit, je m’approche et prends une photo.
Ce qu’ils sont mignons !
Tirant profit du calme qui règne dans la maison, je retourne à mon clavier en me promettant de ne plus me laisser distraire par des ballons hors de prix.
Juillet 2021
Après m’être immergée dans un bain tiède afin de me raffermir la peau, au moment où je rejoins Olivier sous les couvertures, je réalise… qu’il s’est endormi.
— Eh merde, que je murmure en soupirant, remontant le drap fin jusque sous mon menton, un peu contrariée je m’en confesse.
Alors que je fixe le vide, une minute passe et puis deux. Jusqu’à ce que je me décide à ouvrir mon cellulaire pour surfer sur mes réseaux sociaux.
— Tu penses faire quoi, toi là ? me fait sursauter la voix grave de mon homme qui se retourne prestement sur le côté, m’agrippant au passage afin de me rapprocher de son corps chaud.
— Niaiseux !
— Un niaiseux qui a envie de…
Lentement, il descend une main vers ma cuisse.
— … ceci.
Émoustillée, je profite un moment de ses caresses et, rapidement, je passe aux choses sérieuses.
— Avoir su que t’étais si pressée, rigole-t-il alors que je lui retire son sous-vêtement, je t’aurais fait languir en acceptant un autre épisode de Ridley Jones !
— Chuuuut, que je lui glisse dans le creux de l’oreille avant de poser langoureusement mes lèvres sur les siennes.
Aussitôt, il se tait et s’anime de tous ses membres.
Pendant que je concocte un super smoothie vitaminé censé optimiser mon niveau de fertilité – recette non confirmée par les médecins, mais trouvée sur Internet alors j’y crois – je lis la première ébauche de l’article que m’a envoyé Flavie hier soir. Celui dans lequel elle expose avec tant de finesse et d’honnêteté mon rôle de belle-maman. Je dis honnêteté parce qu’elle y va dans les détails de mes interrogations, et il faut bien le dire, ce rôle, il n’est pas toujours simple à endosser. Même si j’ai les meilleurs beaux-enfants que la Terre ait portés, ça égratigne l’égo un brin par moments, ce beau rôle-là !
— Être un bon beau-parent, qu’est-ce que c’est au fait ?
Sourire en coin, je lis les mots de mon amie à voix haute au beau milieu de ma cuisine.
— Car si on peut facilement tomber en amour avec les enfants de l’élu de notre cœur, il n’en reste pas moins qu’une belle-maman passera toujours en deuxième ! Pensez-y, les bricolages destinés aux parents que les enfants se plaisent à créer durant les heures de classe… Ajoutons à cela ce réconfort que tout enfant préfère recevoir de son parent plutôt que de n’importe qui d’autre ! Et c’est tout à fait normal. Seulement, il n’en reste pas moins que ça peut écorcher le cœur.
Absorbée par ma lecture, j’ouvre le robinet de l’évier, installe le bouchon afin qu’il se remplisse et ainsi laver les quelques couverts qui traînent sur le comptoir. Je ne partirai certainement pas le lave-vaisselle pour si peu ! M’adossant à l’îlot, je prends
