La proposition
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À propos de ce livre électronique
C'est donc avec stupéfaction qu'Emma constate le bouleversement qui s'opère en elle lorsqu'elle fait la rencontre fracassante d'Ethan Layne, riche homme d'affaires et donateur d'un généreux montant dont profitera son service. Sa fascination immédiate pour le charmant philanthrope et l'intérêt tout aussi manifeste qu'il lui témoigne la poussent à remettre soudainement en question la loi de célibat qu'elle s'était imposée.
Vivement tentés par l'aventure, Emma et Ethan se lancent malgré eux dans une relation aussi ardente que complexe, car chacun cache un lourd passé… Leur puissante attirance saura-t-elle faire tomber ces murs qui semblent vouloir les séparer ?
Chantale D'Amours
Chantale D’Amours est l’auteure de romans toujours enivrants, dont la populaire série Délivrance. Elle déploie à nouveau son talent pour fondre le romantique et le charnel dans cette sensuelle histoire country.
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Aperçu du livre
La proposition - Chantale D'Amours
Catalogage avant publication de Bibliothèque et
Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
D’Amours, Chantale, 1982- , auteur
Délivrance / Chantale D’Amours
Sommaire : tome 1. La proposition
ISBN 978-2-89585-952-9 (vol. 1)
I. D’Amours, Chantale, 1982- . Proposition. II. Titre.
PS8607.A544D44 2018 C843’.6 C2017-942437-8
PS9607.A544D44 2018
© 2018 Les Éditeurs réunis
Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODEC
et du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec.
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de l’aide accordée à notre programme de publication.
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PROLOGUE
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Imprimé au Canada
Dépôt légal : 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Titre.jpgJe me croyais capable de les repousser tous, mais un seul regard suffit pour qu’il m’envoûte.
1
Je me réveille dans un état de profonde lassitude. Mon sommeil a été long et réparateur, mais pas suffisamment pour que je récupère complètement de mes vingt-quatre heures de garde en obstétrique. Je roule sur le côté, remontant la couette sous mon menton, et me blottis dans le confort de mes draps fraîchement lavés. Je suis si fatiguée que j’aimerais pouvoir rester dans cette position, inerte, durant un nombre d’heures indéterminé. Sans pouvoir m’en empêcher, je me mets à fantasmer sur un merveilleux avant-midi à me prélasser dans mon lit. Je lâche un gémissement, un sourire béat remontant sur mes lèvres. Ce serait tout à fait sensationnel !
Malheureusement, c’est loin d’être ma destinée en ce lundi matin. Au contraire, j’ai une rude journée qui m’attend. Et vu l’intensité de la lumière du jour qui perce mes paupières, je présume que mon réveil se manifestera bientôt.
Avant le dîner, je dois prendre part à une conférence de presse qui a pour but d’annoncer à la population la généreuse somme amassée par la fondation de l’hôpital. Personnellement, je préférerais briller par mon absence plutôt que de me présenter devant autant de médias. Mais à ce qu’il paraît, dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut !
J’émets un long bâillement sonore, étire tous les muscles de mon corps, et profite d’une petite poussée de courage pour ouvrir péniblement les yeux. Le rideau marron tiré à demi laisse pénétrer les chauds rayons du soleil. Au-dehors, une corneille répand son chant entêté de croassements rauques et discordants.
Je suis l’heureuse propriétaire d’une petite maison de deux étages dans un quartier paisible de la ville de Québec. Je l’ai aménagée à mon goût avec de grandes bibliothèques remplies de bouquins tous rangés du plus grand au plus petit. La plupart, ce sont des livres de médecine, mais j’ai tout de même réservé un espace spécial pour les romans policiers. Ceux qui me tiennent en haleine jusqu’à la toute fin, je les dévore.
Au sous-sol, j’ai aménagé un joli studio de danse dans lequel je peux me libérer comme bon me semble à toute heure de la journée. Danser, c’est pour moi une sorte de religion. Impossible de passer plus d’un jour sans me confesser.
Enfin, à l’étage, j’ai peint ma chambre dans les teintes de taupe et de blanc cassé. Loin d’être propice aux flirts torrides, elle est parfaite pour que je puisse, dès que j’ai un congé, m’abandonner à de jouissives grasses matinées.
Je me laisse bercer quelques minutes par les croassements extérieurs plus ou moins agréables. Puis, sentant une présence familière derrière moi, je roule sur le dos. Il se tient là, immobile, assis près de mon lit, le menton sur la couette. Ses deux perles noires étudient tous mes faits et gestes qui signifieraient pour lui une invitation.
Amusée, je le mate en silence avant de l’exciter, puis marmonne d’une voix rauque :
— Salut, mon gros ! Tu as bien dormi ?
Sur ces mots, il agite la queue – ou du moins ce qu’il en reste – et grimpe sur le lit avec beaucoup d’énergie, entreprenant de me lécher le visage en entier.
— Ark… Brutus ! Tu es dégoûtant !
J’ai beaucoup d’affection pour mon chien, mais je déteste son haleine à faire ressusciter les morts. Une charmante odeur de poisson agonisant au soleil depuis des mois.
— Peuh… Brutus, arrête ! Tu empestes la décomposition !
Vexé, il obéit et s’allonge sur moi de tout son poids, la tête posée sur ma poitrine.
— Bon… Voilà ! C’est beaucoup mieux.
Il est toute ma vie ce molosse. Un magnifique boxer fauve de huit ans. Le joli masque noir qu’il porte fièrement est scindé en deux par une fine ligne blanche. Partant du front et s’élargissant de chaque côté de son museau, elle descend entre ses pattes avant pour blanchir son poitrail en entier. Ses grandes oreilles tombantes n’ont pas été taillées à la naissance. Quant à sa queue, elle n’a pas connu la même chance.
J’essuie mon visage d’une main, me souvenant avoir lu quelque part que la bave de chien stimulait le système immunitaire de l’humain. Eh bien, avec ce gros toutou, aucun virus n’osera s’attaquer à moi !
Pendant que Brutus me regarde dans le blanc des yeux, déglutissant béatement à l’occasion, je le flatte doucement derrière l’oreille. Son pelage est plutôt court, mais il est très soyeux. Je ne me lasse jamais de le caresser.
Au bout d’un certain temps, je deviens inquiète. Mon réveil ne s’est toujours pas manifesté. Je donne un baiser sur le front plissé de mon chien et tords le cou pour lire l’heure.
— Quoi ? Presque sept heures ?
Je bondis hors du lit, dévale les escaliers, traverse la cuisine pour démarrer la cafetière et remonte en courant. J’accède en coup de vent à la salle de bain annexée à ma chambre et me déshabille en entrant dans la douche.
Brutus pénètre dans la pièce. Le bruit de ses griffes sur la céramique ponctue mollement son pas, comme si la vie n’était que pure sérénité. Il s’arrête sur le tapis de la salle de bain, soupire un grand coup et exécute cérémonieusement trois tours sur lui-même avant de s’y rouler en boule. Sur sa nuque, il est marqué d’une petite tache blanche en forme de cœur. C’est grâce à cette marque que l’idée contradictoire de son nom m’est venue. « Brutus », pour grosse brute. C’est un chien robuste au cœur bien tendre.
En sortant de la douche, j’enfile une robe sans manches gris sombre nouée à la taille. Son chic sportif contraste drôlement avec mes longs cheveux récalcitrants. Tous les matins, c’est à recommencer. Je dois m’armer de mon fer plat pour les coiffer. Je devrais sans doute prendre la bonne habitude de les tresser avant de me mettre au lit, mais hier, j’étais si exténuée que mon cerveau est tombé en veille sans d’abord m’en parler. Alors, ce n’était pas tout à fait le moment idéal pour commencer une nouvelle routine. J’en ai même oublié de programmer mon réveil…
Je me maquille en vitesse devant la glace, la bouche entrouverte, appliquant une légère couche d’ombre à paupières prune pour embellir mon regard vert émeraude. Dans un laps de temps presque olympique, je parviens à me rendre tout à fait présentable.
Dans la cuisine, une délicieuse odeur de café me titille les narines. Brutus est assis sur son arrière-train près de son bol, me suppliant avec sa tête de chien affamé. Il est tellement croquable que je ne peux pas m’empêcher de lui sourire en lui expédiant sa ration.
Après avoir rangé dans ma mallette en cuir marron, sans laquelle je ne pars jamais travailler, mes rapports de laboratoire qui ont jonché la table à manger tout le week-end, je sors.
Dehors, le soleil est aveuglant et chaud comme je l’aime. Blouson de jean entrouvert, je descends les marches du perron, ma précieuse mallette dans une main et mon gobelet à café dans l’autre.
Enfin, « descends » n’est peut-être pas le mot approprié. Je dégringole l’escalier dans un vacarme étourdissant, accrochant au passage un arbuste parsemé de rosée, tout en essayant de sauver l’intégralité de mon café. Un « Ouf ! » m’échappe alors que je me redresse avec une certaine agilité, puis, j’atteins, indemne, ma Passat.
En ville, c’est l’heure de pointe. Les boulevards sont bondés d’automobilistes impatients et les voitures avancent très lentement. TROP lentement.
— Poussez-vous, je suis en retard ! Allez, poussez-vous !
Je change de voie, essayant de trouver une issue pour rouler plus vite, et sans aucune raison, la voiture devant moi s’arrête à un feu vert. J’enfonce violemment la pédale de frein et fais jaillir le klaxon dans une symphonie de points d’exclamation.
— Allez, vieille mitaine, avance ! fulminé-je entre mes dents. Mais qu’est-ce que tu attends ?
Un autobus de ville me dépasse par la voie réservée, son vrombissement m’irrite encore plus, puis la lumière passe du vert au jaune. Mes épaules se crispent d’exaspération. Si mon père était assis avec moi en ce moment, sans doute m’imposerait-il son air placide pour me ramener à la raison. Hélas ! il est absent. Alors, je dois serrer les dents et me mettre à compter mentalement jusqu’à quinze pour m’empêcher d’aboyer des insultes par la fenêtre et d’ainsi paraître une femme mal embouchée. Enfin calmée, je farfouille dans mon sac et en sors un gloss aromatisé aux cerises, que j’applique minutieusement sur mes lèvres pour les rendre pulpeuses à souhait.
Le feu rouge s’éternise, j’en profite donc pour répéter le court discours que je devrai prononcer à la conférence de presse. À mon grand étonnement, je parviens à le formuler sans trop de difficulté, et ce, même si mon texte reste précieusement rangé dans ma mallette.
Le Centre hospitalier général de Québec – ou CHGQ pour les habitués – est l’endroit où je travaille ; un gigantesque établissement de six étages. Et bien que ce centre soit spécialisé en périnatalité, il offre aussi des services d’oncologie et de gériatrie.
Je traverse le stationnement de l’hôpital au pas de course et, considérablement irritée par mon retard, je m’engouffre dans la porte à tambour. De l’autre côté d’une épaisse vitre blindée, Noah s’écrie :
— Bonne journée, Doc !
Je lui adresse un sourire navré, passant en trombe devant son local d’agent de sécurité.
Noah est un grand blond baraqué aux yeux verts. Il est devenu un excellent ami par l’entremise de Sara, ma meilleure amie. Et même s’il est le type d’homme qui use de son charme lorsqu’il croise une femme, Noah ne deviendra jamais plus qu’un simple copain. Et il le sait. Il est très protecteur envers Sara et moi et prend son rôle d’agent de sécurité très au sérieux, surtout lorsque nous passons des soirées entières à festoyer dans les bars. Chez Jules, plus précisément. C’est toujours là que nous allons fêter.
Je redouble mon pas, prenant conscience que notre dernière virée Chez Jules remonte à de nombreuses semaines déjà. Sara et lui me manquent terriblement…
L’esprit tendu vers ma vie syncopée, je grimpe deux séries de marches et tourne dans l’aile de droite. C’est là que mon visage percute violemment le thorax bien ferme de quelqu’un. Plissant le nez, je sens mes yeux s’embrouiller par un réflexe automatique, et une chaleur intense se répand étrangement sur mon sein droit. Oh non ! mon café ! Il s’est déversé sur ma robe et, autour de moi, tous mes documents sont éparpillés.
— Eh merde ! grogné-je contre moi-même.
Honteuse, je lève le regard pour constater les dégâts sur l’autre personne, mais tout ce que j’arrive à faire, c’est prendre conscience de sa… virilité. Jean griffé, chemise immaculée, gilet gris plomb fièrement boutonné et veston noir entrouvert, c’est d’un chic décontracté à faire baver. Je mords ma lèvre, comme si c’était la première fois depuis des années que je voyais un homme aussi bien habillé, et même si le corps dissimulé sous ces vêtements ne laisse aucun doute sur sa perfection, ce n’est qu’au moment où mes yeux se posent sur le visage de l’inconnu que je reste interdite.
Cet homme possède un charisme à faire dresser les seins d’une sainte !
Les traits de son visage sont à la fois doux et masculins, et ses cheveux portent la couleur du délicieux chocolat noir. Plus longs sur le sommet de la tête et légèrement coiffés sur le côté, ils retombent indisciplinés sur le bout de ses oreilles et lui donnent un look naturel bien dosé.
Contemplative, je suis du regard la ligne légèrement carrée de sa mâchoire et découvre la richesse de sa bouche. Ses lèvres sont si bien définies, je me surprends à envisager la possibilité de les caresser avec mon pouce. Son joli nez est étroit et légèrement pointu. Mais ce qui me fascine le plus, ce sont ses yeux en forme d’amande. Ils sont d’un bleu pur si profond qu’on dirait l’océan Pacifique dans toute son immensité.
Encore figée d’admiration face à ce diamant brut, j’entrouvre la bouche, tentant vainement de respirer normalement ; j’ai carrément le souffle coupé. De ma vie, je n’ai jamais vu un homme qui frôle d’aussi près mon idéal.
— C’était tout un impact ! rigole-t-il doucement. Est-ce que tout va bien ? Je vous ai blessée ?
Seigneur, quelle voix ! Un peu grave, elle est impérieuse et chaude et pourrait certainement arriver à réconforter tous les chagrins de cette terre.
Nageant en plein brouillard, j’humecte mes lèvres soudainement sèches et balbutie :
— Hum… dé… désolée.
Je fronce les sourcils, choquée par l’état pitoyable de mon langage. Ce n’est jamais qu’un homme ! En théorie, je devrais l’envoyer paître poliment, pas bafouiller comme un bébé devant lui !
— Non, c’est moi qui suis désolé. Je vous aide à tout ramasser.
Nous nous inclinons simultanément et d’un mouvement sec, nos têtes se cognent violemment l’une contre l’autre, m’arrachant un petit son étouffé de douleur et de surprise. De plus en plus honteuse, je m’agenouille en risquant un œil incertain vers l’inconnu. Il pince les lèvres, réprimant clairement un éclat de rire, ce qui fait apparaître une jolie fossette sur sa joue.
Manifestement, il s’amuse beaucoup ! Et ce, à mon détriment…
— Ça va ?
— Oui. J’ai été surprise, c’est tout, marmonné-je, vexée.
Je récupère quelques rapports et, tout en douceur, avec le courant d’air créé par les gens qui nous contournent, une délicieuse odeur de gel douche – le sien, probablement – remonte jusqu’à mon nez. C’est un arôme subtil, mais incroyablement enivrant. Incapable d’y résister, je ferme les paupières et en prends une grande bouffée. Quelques respirations me suffisent pour me faire perdre partiellement le contrôle de moi-même.
À demi ébranlée, je range négligemment ma paperasse dans ma mallette et remercie l’inconnu sans oser le regarder.
— Il n’y a pas de quoi, répond-il en se redressant souplement. C’était le moins que je puisse faire.
Je referme ma mallette et me lève à mon tour.
— Vous avez du café sur votre tenue, m’informe-t-il en tirant un mouchoir de soie gris pâle qui dépasse de la poche de son veston. Tenez. Prenez-le pour vous nettoyer. Vous êtes madame ?
— Gravel, Dre Emma Gravel. Merci, mais ce n’est pas nécessaire.
— J’insiste. J’étais distrait, tout est de ma faute, docteure Gravel, s’excuse-t-il en remuant le bout de tissu.
Je baisse des yeux méfiants sur le mouchoir, hésite un petit instant et l’accepte à contrecœur. Lorsque ses doigts frôlent les miens, un doux frisson traverse ma colonne vertébrale, hérissant le fin duvet de ma nuque. Mon cœur s’affole.
Je m’arrête net et lève la tête d’un air ébahi. Nos regards se verrouillent. Intensément. Et je réalise que ses yeux ne sont pas seulement profonds, ils sont perçants et possèdent un pouvoir excessivement puissant sur moi. Ils m’envoûtent. Littéralement.
Tout d’un coup, l’expression de son visage devient très mystérieuse. Il plisse les yeux, pince les lèvres, puis recule prudemment d’un pas. Abrutie par le charisme fou de cet homme, je ne peux détacher mes yeux des siens. Il penche la tête joliment sur le côté, dissimulant lentement ses mains dans les poches de son jean. Le bras encore en suspens devant lui, je l’observe prendre la meilleure posture qui soit pour me faire craquer. Ainsi installé, les épaules un peu rehaussées, il ressemble à un dieu tombé directement du ciel.
Confuse, j’entreprends de faire partir la tache de café sans trop réfléchir à mon geste. Mais au bout d’un moment, j’en prends conscience et je m’enflamme d’humiliation. Je suis en train de frotter énergiquement le bout de mon sein sous le regard attentif d’un homme que je ne connais pas ; la pire idiotie de la matinée ! Le mouchoir sur ma poitrine, je m’immobilise, ne sachant trop quoi faire pour me sortir de ce pétrin. Puis, je risque un œil réticent sur lui. Amusé, il se passe un doigt sur les lèvres, étouffant un rire grossier.
Lasse de cette situation, j’expire furieusement par le nez, récupère ma mallette, contourne l’inconnu et continue mon chemin d’un pas déterminé.
— Êtes-vous certaine que ça va aller ? lance-t-il derrière mon dos.
Trop choquée pour me retourner, je me contente de répondre par un frénétique signe de la main.
Plusieurs enjambées plus loin, je pousse la porte des toilettes et m’assure que toutes les cabines sont désertes avant de fermer. Je ressens l’étrange besoin d’être seule et j’ignore pourquoi. Ce n’est qu’en voyant mon reflet dans la glace que je comprends. J’ai l’air troublée et si je me pointe au département avec cette tête, il est clair que je me ferai bombarder de questions. Surtout si Sara travaille aujourd’hui.
J’entreprends de nettoyer ma robe avec un bout de papier, de l’eau et un jet de savon, puis démarre le séchoir à mains dans un rugissement féroce afin de tendre le tissu humide sous la puissante sortie d’air chaud.
La réaction physique troublante que j’ai éprouvée lorsque mes doigts ont frôlé ceux de l’homme ne me quitte pas. Est-ce mon manque de sommeil qui m’a rendue aussi fragile devant lui ? J’espère que je n’en développerai pas une fâcheuse habitude, sinon je devrai redoubler d’efforts pour rester indifférente à la gent masculine chaque lendemain de garde. Ou alors est-ce un mauvais tour de mes hormones ? Je suis en pleine période d’ovulation, c’est possible que je sois plus sensible. Dans tous les cas, je dois faire une croix sur cet événement et espérer qu’il n’y ait pas de récidives.
Tapotant nerveusement mes joues devant la glace pour me ressaisir avant d’aller rejoindre mes collègues, je m’aperçois que je tiens encore fermement le mouchoir de l’homme au creux de ma main. Son odeur envoûtante me tourmente une fois de plus et, bien que je m’efforce depuis tout à l’heure de ne pas revoir mentalement la beauté de ce spécimen fort séduisant, ma mémoire olfactive n’en voit manifestement aucun inconvénient !
Exaspérée, je secoue la tête, fais disparaître le mouchoir endiablé dans la poche de ma veste de jean et fonce vers le département d’obstétrique où l’on m’attend avec impatience.
— Dieu merci, vous êtes saine et sauve ! me lance avec soulagement une infirmière lorsque je m’engouffre dans le local réservé au personnel. On appréhendait tous qu’il vous soit arrivé malheur.
— Bon matin tout le monde ! Je suis vraiment désolée, plusieurs mésaventures m’ont retardée.
— Rien de grave j’espère ?
— Non, ne vous en faites pas pour moi.
Tel que je l’appréhendais, Sara est là et remarque immédiatement mon air hagard. Habillée de vert, elle vient à ma rencontre, le front soucieux.
— Tu en fais une drôle de tête, chuchote-t-elle à mon oreille. Est-ce que tout va bien ?
Sara Wolfe n’est pas seulement ma meilleure amie, elle travaille aussi dans mon équipe d’obstétrique. Je la connais depuis toujours. C’est une machine, cette fille ! Même lorsqu’elle travaille des tonnes d’heures supplémentaires, son sourire reste radieux. Toujours bien arrangée avec ses courts cheveux roux, il n’y a que ses yeux qui la trahissent. Ils changent de couleur avec son niveau d’énergie. Normalement, ils sont bleus, mais en ce moment, ils paraissent plutôt gris.
— Tu fais encore un quart supplémentaire, la sermonné-je.
— Oui, madame ! acquiesce-t-elle fièrement. Mais tu changes de sujet. Compte-toi chanceuse qu’on soit débordés, parce que tu serais passée à l’interrogatoire. Tu viens ? On prend le rapport de nuit.
— Je dépose ma mallette et j’arrive tout de suite. Va falloir que tu fasses un peu plus attention à ta santé, Sara, tu ne pourras pas travailler ainsi toute ta vie.
— J’en prends bonne note, Doc ! Mais parle pour toi, tu travailles autant !
Je la considère longuement, dubitative.
— Mouais, fais-je enfin. Tu n’as pas tort.
Elle m’adresse un clin d’œil imparfait et retourne auprès de ses collègues. Sara n’a jamais été bien douée pour les clins d’œil. Elle est incapable de fermer une seule paupière à la fois, ce sont les deux qui clignent en même temps, comme les oiseaux de proie.
Sur quatre patientes en contraction, une seule sera bientôt prête à pousser. Sans tarder, je revêts un uniforme vert de l’hôpital et file remplacer Dre Martin qui est vraiment très heureuse de me voir franchir la porte de la salle d’accouchement. Il y a vingt-quatre heures qu’elle n’a pas fermé l’œil, alors elle est exténuée. Évelyne, la résidente, est déjà installée entre les jambes écartées de la patiente afin d’accueillir le bébé.
L’écho du cœur fœtal jaillit du moniteur et résonne comme un galop dans la pièce. J’y jette un œil vigilant pour m’imprégner de données importantes, puis me présente à la patiente qui subit de grosses douleurs depuis moult heures déjà. Son conjoint semble un peu démuni de la voir aussi souffrante, mais il reste à ses côtés et lui tient la main malgré ses craintes. Après avoir fait un signe à Évelyne pour l’informer que j’arrive dans une minute, je traverse la salle de brossage où je me savonne vigoureusement les mains, tout en écoutant attentivement Dre Martin me transférer le dossier.
Lorsque je reviens dans la salle d’accouchement, la patiente est en train de pousser avec beaucoup de conviction, relâchant à l’occasion un hurlement plaintif. Son laborieux travail semble extrêmement efficace.
Pour devenir médecin, Évelyne doit suivre un stage postdoctoral de cinq ans. Elle a commencé sa première année de résidence avec nous il y a tout juste un mois. Elle est super compétente, mais je préfère être prête à intervenir en cas de complications.
Stérilement vêtue et gantée, je m’incline pour lui chuchoter à l’oreille :
— Est-ce que tout se passe comme tu veux ?
Elle tourne ses yeux noisette vers moi.
— Oui, la tête est sur le point d’émerger. Je crois bien que la prochaine poussée sera la bonne.
— Super ! Je te laisse aller.
Je recule de quelques pas pour me faire plus discrète et comme de raison, à la poussée suivante, la vulve s’ouvre grand et le petit garçon glisse hors de la mère, hurlant sa joie de venir au monde. La mère relâche un énorme cri de délivrance.
Maculé de vernix – une substance blanchâtre qui recouvre tous les nouveau-nés –, le bébé s’anime dans les mains gantées d’Évelyne.
— Oui ! m’exclamé-je d’une voix douce et enfantine en m’approchant. Bienvenue, petit costaud !
2
— Em, on peut dîner ensemble ? me demande Sara en m’agrippant par le coude alors que je sors de la chambre d’une patiente. J’aimerais que tu me racontes ce qui s’est passé ce matin pour que tu aies cette tête.
J’enroule mon stéthoscope autour de mon cou en souriant.
— Ce n’est pas la peine de t’énerver, je suis en période d’ovulation, c’est tout.
Elle fait une moue perplexe, ne voyant visiblement pas où je veux en venir.
— Oh, laisse tomber, dis-je avec nonchalance, c’est trop long à expliquer. Viens me rejoindre à la cafétéria, je te raconterai tout.
— Promis ?
— Oui, oui, promis. Je ne me défilerai pas. À moins d’une urgence.
— Bien ! s’exclame-t-elle, satisfaite. Tu sais que tu m’inquiètes, toi !
Quelques minutes plus tard, j’entre dans le bureau des médecins en pensant tristement à Sara. Notre dernier souper de potinage remonte déjà à plus d’un mois, c’est fou ce que nos discussions me manquent. Même si nous dînerons ensemble tout à l’heure, je sais que ce sera trop peu. Nous mangerons à la sauvette sur le coin d’une table en débitant nos vies à toute vitesse de peur que mon téléavertisseur nous interrompe au beau milieu d’une conversation croustillante. Je relâche un long soupir nostalgique en déposant mon dossier à côté du clavier d’ordinateur. Par chance, dans quatre semaines, nous passerons un week-end entre filles au mariage de sa cousine. Ce sera un séjour bien mérité et vachement opportun.
Je m’assois en ouvrant ma mallette à la recherche du discours écrit que je devrai bientôt prononcer. Je l’ai malheureusement égaré depuis ma collision fortuite de ce matin. Fouillant, la tête la première dans ma petite valise, je tasse énergiquement les rapports, mais je ne le vois nulle part. Pourtant, il est certainement là, dans ce fouillis !
Craignant d’être en retard, je jette un œil rapide à ma montre et replonge le nez dans ma mallette, fourrageant ses moindres recoins.
Parfois, je me demande pourquoi j’ai accepté d’être présente à cette conférence de presse. Tous les médias y seront, et je les fuis comme la peste. Par contre, je dois admettre que M. Vézina, le président de la fondation, ne m’a pas vraiment laissé le choix. Pour lui, la moindre des choses c’est que, en tant que chef de département, j’aille remercier de vive voix les gens qui nous permettent d’améliorer le service de mon unité. M. Vézina est un homme bon qui tient à ce que la qualité des soins offerts par le CHGQ soit impeccable. Et ce sont les dons recueillis par la fondation qui nous permettent de maintenir cette qualité.
— Ah, voilà ! Oh, non… ce n’est qu’une contravention…
Dépitée par ma recherche infructueuse, je m’adosse en soupirant. Comment vais-je arriver à discourir sans mon texte tout en gérant ma trouille des médias ?
Constatant qu’il est temps pour moi de partir, je me résigne à quitter mon bureau, les mains vides… Après tout, ce matin j’ai pu le réciter par cœur, alors tout devrait bien aller malgré mon trac.
« C’est pour l’hôpital. Je fais tout ça pour le bien de l’hôpital », me dis-je à répétition.
— Tu peux contacter l’anesthésiste pour moi s’il te plaît, demandé-je à Sara en m’arrêtant à son poste. Mme Lauzon a besoin d’une anesthésie épidurale. Je n’ai pas le temps de l’appeler moi-même, je dois me rendre tout de suite à la salle de conférences.
— Sans problème, je le contacte illico, répond-elle en décrochant le téléphone.
— J’ai mon téléavertisseur, appelle-moi en cas de besoin.
— Pars l’esprit tranquille, Em. Et bonne chance pour ton discours.
— Oui, j’en aurai besoin.
Un peu nerveuse, je quitte le département et descends les deux étages qui me séparent de la salle de conférences. Je consulte ma montre en y pénétrant. Dix heures quarante-cinq tapant. Pour une fois, j’ai une légère avance. J’aurai peut-être le temps de gribouiller de mémoire mon discours sur un bout de papier avant de monter sur la scène.
Je souris, ravie. Mais lorsque je lève la tête, toutes mes sensations de ravissement s’évaporent. Devant la scène, l’homme de ce matin est en train de discuter calmement avec
