Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Nocturna
Nocturna
Nocturna
Livre électronique91 pages54 minutes

Nocturna

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La nuit est le champ de tous les possibles. Éclairés par la lune, les êtres, les formes prennent une dimension obscure. Lors de nuits impénétrables, des expériences éprouvantes et irréversibles se peignent à l’ombre. Sur les notes d'une musique d’Abba, en pleine période de pandémie, dans les rues de Limoges ou sur le champ de bataille de Waterloo, accrochez-vous bien, au détour d’une page, d’un mot, vous n’êtes pas à l’abri d’une chute.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Éva Barrière est originaire de Limoges. Pour elle, l’écriture a toujours été une évidence. Après Dédale, son premier livre, elle poursuit son aventure littéraire avec Nocturna.
LangueFrançais
Date de sortie4 févr. 2022
ISBN9791037746023
Nocturna

Auteurs associés

Lié à Nocturna

Livres électroniques liés

Fiction d'action et d'aventure pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Nocturna

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Nocturna - Éva Barrière

    Entre rêves

    À nos rêves insoupçonnés

    Pour la première fois, l’aigle baissait la tête.

    Victor Hugo

    Le rêve est l’aquarium de la vie.

    Victor Hugo

    2 décembre 2022 – 4 h du matin

    Elle referme la porte, un sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Dans sa petite robe noire dont les délicates dentelles dessinent de sibyllines arabesques sur la poitrine et ses collants noirs, elle semble sortir tout droit du film « Diamants sur canapé » avec Audrey Hepburn. Elle a quitté ses escarpins et, pieds nus sur le carrelage froid, un doux frisson la parcourt. Songeuse, elle colle son dos à la porte ; un gin tonic à la main, son regard se promène dans le salon salle à manger. La table, témoin muet de cette soirée d’anniversaire, ces joyeuses agapes : les coupes, les bouteilles vides, les reliefs du dîner partagé sur la nappe font penser à une insensée nature morte. Posée à même le sol, à côté du piano, cette boîte qui contenait son cadeau : une platine vinyle Audio Technica, Bluetooth. À 44 ans, ce présent est tel un boomerang qui la renvoie à son propre passé ; comme un bond dans le temps, un flash-back dans l’adolescence : quand, dans les années 80, plein d’insouciance et d’espérances puériles, on écoutait des 45 tours ou des 33 tours. Le dernier disque est toujours en train de tourner sur la platine, la musique disco emplit la pièce désormais vide ; les amis sont partis. Tandis que les premières lueurs de l’aube tentent vainement de traverser les persiennes, Léonor traverse la pièce et se couche sur le canapé. Tout en fredonnant le titre qui passe, elle pose son verre sur le carrelage : le tintement cristallin produit par les glaçons se mêle aux paroles du groupe suédois :

    « At Waterloo, Napoleon did surrender

    (...)

    — Waterloo

    — I was defeated, you won the war

    — Waterloo

    — Promise to love me forever more

    — Waterloo

    — Coudn't escape…¹ »

    Étendue sur le canapé, ses boucles brunes étalées sur l’accoudoir, elle murmure inconsciemment les paroles du célèbre titre de l’année 1974. Ses pieds surélevés suivent instinctivement le rythme enfiévré de la chanson. L’on ne sait si c’est la fatigue, l’alcool ou le trop-plein d’émotions, mais c’est sans crier gare qu’un sommeil insidieux se propage le long de ses membres alanguis comme le ferait un reptile carnivore enserrant sa fragile proie. Comme inanimée, le corps abandonné, le subtil drapé de l’étoffe, elle ferait presque songer à ces lascives statues de marbre romaines à l’apparence si réelle. Le corps assoupi, Léonor reste là en proie au sommeil : son rythme respiratoire se ralentit progressivement ainsi que l’activité cérébrale. Paradoxalement, la lenteur de son rythme cardiaque est à mille lieues du rythme effréné de la musique. Subrepticement, Léonor plonge dans les profondeurs insondables d’un sommeil paradoxal propice aux rêves auxquels elle ne pourra échapper.

    Juin 1815

    L’atmosphère est pesante, oppressante à Orsinval. Il y a maintenant une semaine, Séraphin, vêtu de sa veste d’infanterie aux boutons dorés et aux couleurs du drapeau français avec épaulettes à franges de couleur rouge, est parti. Élégant, galbé par une culotte blanche et portant de hautes bottes noires, son baudrier soutenant son épée dorée d’officier, il n’est plus ici.

    Le silence est assourdissant dans la riche demeure. Regardant par la fenêtre, le regard dans le vide, Rosemond tient encore entre ses doigts la lettre manuscrite qu’elle a reçue hier. À tant la relire, elle la connaît à présent par cœur. Les mots tracés à l’encre noire par la main de son adoré Séraphin sont un fil invisible la reliant à lui.

    « Ma douce Rosemond,

    Chaque jour passé si loin intensifie ma tendresse envers toi.

    (…) Déjà, l’agitation était palpable à la frontière. Nous sommes à présent tout près de Bruxelles, dans un hameau adossé à la grande forêt de Soignes, au sud de la capitale. Bruxelles qui, aujourd’hui, s’est muée en la base des alliés britanniques, néerlandais et allemands. Même l’armée prussienne a accouru pour combattre le tant redoutable Napoléon. Notre valeureux Empereur. »

    Ah, maudit Napoléon, toi qui, après avoir été condamné à l’exil sur l’île d’Elbe, arrogant, tu es revenu en mars pour reconquérir ton trône. Fort de tes forces retrouvées et puissant par tes armées constituées, insolent, tu veux, à présent, affronter ceux qui t’avaient une première fois vaincu. Et inévitable sera la confrontation. Cette maudite bataille aura lieu tout près de Bruxelles, à Waterloo, et tu m’as privée de mon doux

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1