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Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps
Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps
Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps
Livre électronique108 pages1 heure

Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps

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À propos de ce livre électronique

Enseignement décousu de la réalité, inattention étudiante, succès académiques circonstanciels, engagement balayé du revers de la main, mépris d’une responsabilité culturelle; difficile il est de croire qu’il a fallu s’isoler pour prendre connaissance des lacunes de ces lieux de savoir que l’on nomme couramment cégeps.

Reconnaître ces lacunes, c’est prendre part au changement.

Vingt-trois étudiants et diplômés de seize cégeps différents se sont penchés sur l’idée d’une possible refonte de ces établissements à la suite de la pandémie mondiale. Leurs témoignages représentent le point de départ d’une discussion qui, tel qu’espéré, s’étalera aux quatre coins de la province.
LangueFrançais
Date de sortie1 sept. 2021
ISBN9782898310836
Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps
Auteur

Philippe Moutillet

Philippe Moutillet, cégépien dans la foulée de la crise sanitaire, est plus déterminé que jamais à repenser l’enseignement supérieur dans la province. Faisant part des enjeux des cégépiens au sein de son association étudiante, il reconnaît le pouvoir de la parole étudiante afin de concevoir le cégep de demain en un lieu engagé, inclusif et pardessus tout, à l’air de son temps.

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    Aperçu du livre

    Plaidoyer pour une refonte pressante des cégeps - Philippe Moutillet

    Introduction

    Le jeudi 15 août 2019 restera certainement pour plusieurs une date assez anodine. Autre que l’affaire SNC Lavalin, aucune nouvelle n’est venue réellement marquer les lecteurs assidus des journaux ni enflammer les cotes d’écoute des chaînes de nouvelles en continu. Sur la route, les automobilistes n’ont même pas pris pas la peine de mettre en marche leur radio. Pourtant, ce même jeudi a été à mes yeux très loin d’être insignifiant. Une nouvelle époque venait de commencer, non seulement pour moi, mais aussi pour des milliers de personnes à travers le Québec. Un évènement précis a marqué les esprits d’un auditoire, en grande partie assez jeune, mais prometteur. Une journée à se souvenir, quoi !

    Si votre mémoire laisse graduellement place à l’ignorance, au doute et à la confusion, je ne vous en tiens pas rigueur. Il faudrait être plus qu’informé pour connaître ce à quoi je fais ici référence. Bon, il suffit, l’attente a assez duré ! Pour enfin répondre à votre questionnement, ce dont il était question ce jeudi 15 août 2019, c’était la journée d’accueil des cégépiens. Ah, la journée d’accueil ! Pour certains finissants du secondaire, cette journée ne pouvait être plus cauchemardesque. C’était la fin des vacances, des voyages, des longues rencontres entre amis, des emplois d’été, mais, surtout, des grasses matinées. C’était aussi le retour des productions écrites, des présentations orales, des rencontres à 8 h le matin et, sans oublier, de l’infâme stress qui nous poursuit sans cesse. Pour d’autres, au contraire, il s’agissait d’un jour parfait pour admirer les milieux de vie étudiants, rencontrer les enseignants (passionnants qu’ils étaient ou non) et forger de nouvelles amitiés.

    Si identifiables que furent ces concepts, je les mis tous de côté. Pour moi, cette journée avait comme forte symbolique de me départir de la simple étiquette d’élève. D’être officiellement reconnu étudiant. Pénétrer dans ce monde quelque peu brumeux et mystérieux des études supérieures. Enfin, je me sentais adulte !

    Ce jeudi 15 août 2019, il n’y a aucun retard dans les transports en commun. Ma correspondance est si bien synchronisée que j’ai l’impression qu’elle est faite sur mesure. Je suis présentement face à la devanture de mon collège. Le soleil brille de mille feux, une petite brise me rafraichit le visage. Je ne peux être plus rassasié quant au bonheur et à l’optimisme. Je remarque, ici et là, de jeunes adultes pique-niquer sur le terrain du collège. Il devient alors difficile de ne pas remarquer l’énorme sourire littéralement « étampé » sur mon visage. Je me retourne à nouveau vers le pavillon dans lequel je suis censé entrer. Un pas après l’autre, je gravis les marches de béton de l’entrée de l’établissement comme si elles étaient miennes. J’ai la certitude que cette première session dans un tout nouveau milieu sera différente, incroyable !

    J’ouvre une des trois portes qui s’offrent à moi, puis, sans étonnement, je me retrouve face à une foule composée de gens de mon âge. « Mes futurs collègues de classe », me dis-je alors. Revenant à une dure réalité, c’est avec un brin de déception et encore une fois sans surprise que je remarque qu’une importante partie de celle-ci est composée de corps immobiles et de têtes rivées sur des écrans. Après le cellulaire, les activités les plus pratiquées y sont la conversation, la marche, les hurlements et la lecture. Oui, les hurlements viennent avant la lecture. Ne me demandez surtout pas pourquoi.

    À vos yeux, cela peut sembler assez chaotique, mais ne soyez pas confus, je m’y sens comme à l’école secondaire. La routine habituelle, quoi ! Le déroulement des activités organisées, quant à lui, me laissera plutôt sur ma faim. Le même jour, en fin d’après-midi, seules deux rencontres avec des collègues de classe m’auront réellement marqué. Les dialogues avec les enseignants et les membres du personnel n’auront pas été si remarquables. Les lieux de vie étudiante suivent les trois normes esthétiques des autres écoles publiques québécoises : omniprésence de béton, couleur beige et ambiance froide. Même les activités organisées pour la rentrée des classes ne m’auront pas tant enchanté, sinon inspiré d’un sentiment de nostalgie pour mon école secondaire. De retour chez moi, à la suite de cette journée assez particulière, je me répète avec assurance que je ne peux laisser cette première impression dicter mes études collégiales. En aucun cas, je ne permettrai ce pessimisme influencer mes actions pour mes deux prochaines années d’études.

    Chose dite, chose faite. Le lundi de la semaine suivante, je commence à assister à mes premiers cours en essayant d’oublier toutes les conceptions que je m’étais construites précédemment. Une première semaine de cours s’écoule avec banalité, suivie d’une deuxième, puis d’une troisième. Rien de particulier ne vient profondément me marquer, voire me choquer. Toutefois, je ne peux mettre de côté cette constatation : la similitude entre l’école secondaire et le niveau collégial est plus que prononcée, elle est remarquée par toutes et tous. Le processus éducatif reste le même ; des cours magistraux, des notes de cours, puis une évaluation théorique. C’est la méthode classique qui se répète continuellement, sans application, sans concrétisation. Ce serait mentir d’ailleurs si je disais que je n’ai aucune réserve concernant cette méthodologie éducative.

    « Comment atteindrai-je un épanouissement personnel et professionnel si je ne fais que m’asseoir et écouter ? », pensai-je alors avec consternation. À mes yeux, ça ne peut être plus évident, je ne peux laisser ce motif représenter l’entièreté de mon cursus scolaire. Il faut que je pousse mes études encore plus loin, que j’atteigne ce qui ne peut porter autrement que le nom de succès académique.

    Je prends ainsi la décision, à partir du mois d’octobre, de commencer à m’impliquer dans la vie étudiante de mon cégep. Le tutorat, les simulations politiques, les débats et autres activités parascolaires se succèdent ainsi jusqu’à la fin de ma première session d’études, en décembre 2019. Mon implication dans la vie étudiante de mon collège se poursuit également lors de ma deuxième session, plus précisément au courant des mois de janvier et de février 2020.

    Vous vous demandez certainement quel est le résultat de cette implication. Je vais vous répondre avec franchise : ma vision du cégep a totalement changé, et pour le mieux. Après six mois d’études, qui m’ont paru assez courts, j’ai découvert l’utilité des cégeps et, par-dessus tout, leur nécessité. J’arrive à la conclusion pressante que les collèges d’enseignement général et professionnel ne peuvent porter les noms d’écoles secondaires 2.0 ou encore d’établissements inutiles, de zone pour les incertains ou même de perte de temps. Les cégeps sont des milieux d’échanges, des lieux de création et, par-dessus tout, une réponse à nos questionnements quant à notre avenir professionnel et personnel. J’y ai plus grandi en deux sessions d’études qu’en cinq années à l’école secondaire. Non seulement j’ai su assimiler les matières qui m’y étaient imposées, mais j’y ai aussi appris à devenir un citoyen engagé. J’ai même osé espérer, me retenant d’être certain, que je n’étais pas le seul étudiant dans

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