En tant que professeur d’histoiregéographie qui enseigne à Saint-Denis depuis des années, êtes-vous surpris de ce qui arrive aujourd’hui?
Iannis Roder Oui et non. Je ne m’attendais pas à ce que ce déferlement de violences arrive nécessairement maintenant. En même temps, dès la mort de Nahel connue, je me suis dit un peu comme tout le monde qu’on aurait des émeutes, et je ne suis pas étonné qu’une partie de la jeunesse se mette à casser sans que cela ait nécessairement un lien avec cet événement tragique. Plusieurs éléments nous permettaient de penser que ce type de déchaînement pouvait arriver. Je ne parle pas ici de la réaction face à la mort d’un jeune tué par un policier, je parle des destructions.
Quels sont ces éléments annonciateurs que vous évoquez?
Il faut accepter de regarder ceux que l’on a en face de nous. Je dis bien « en face de nous » et pas « avec nous »! Il s’agit de jeunes devenus rétifs à l’autorité quelle qu’elle soit. Nous payons aujourd’hui une absence générale d’autorité, de celle qui permet aux enfants de se construire des limites et qui permet la vie en société. Pour cela, chaque enfant doit être cadré par les différentes figures d’adultes qu’il rencontre, à commencer par les parents, afin d’apprendre à apprivoiser ses frustrations. Or, voilà bien