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Victoria: La croix des templiers
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Victoria: La croix des templiers
Livre électronique243 pages3 heures

Victoria: La croix des templiers

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À propos de ce livre électronique

Quand Victoria décide de passer ses vacances dans la vieille maison familiale, elle ne se doute pas qu’elle a rendez-vous avec les Templiers. Son père, historien de renom, lui a légué une énigme qu’elle va tenter de résoudre.
Elle ne sait pas encore que de graves dangers l’attendent. Un mystère plane sur la Bastide Blanche et elle devra affronter certaines personnes prêtes à tout pour s’approprier du secret de son père.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2018
ISBN9791029008542
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    Aperçu du livre

    Victoria - Jean-Marc et Sylvette Mottedo

    cover.jpg

    Victoria

    Jean-Marc et Sylvette Mottedo

    Victoria

    La croix des templiers

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    Du même auteur :

    LEA, Éditions Baudelaire, 2015 (épuisé)

    JESSICA, Éditions Édilivre, 2016

    © Les Éditions Chapitre.com, 2018

    ISBN : 979-10-290-0854-2

    Merci à Sylvette sans qui rien n’aurait été possible.

    Merci à tous ceux et celles qui, chacun à leur manière,

    m’ont apporté un soutien très précieux.

    « Quand le Bon Dieu se met à douter du monde, il se rappelle qu’il a créé la Provence. »

    (Frédéric Mistral)

    1er Octobre de l’an de grâce 1307

    Quand, aidée par le mistral, la lune ressortit de derrière les nuages, la nuit sembla s’éclairer à travers l’épaisseur de la forêt. Au loin, le hurlement des loups inquiétait les chevaux malgré le train d’enfer imposé par les cavaliers. Le chemin qui traversait la vaste étendue de bois et de broussailles était étroit et difficile, les dangers nombreux sous les sabots des chevaux, les branchages menaçaient à tout moment de désarçonner leurs cavaliers, mais la mission dont ils avaient été chargés était trop importante pour qu’ils ralentissent l’allure. Tout à coup le convoi sortit de sous les futaies. Les ombres s’allongèrent, la masse sombre de la montagne sacrée se découpait à l’horizon. La route brillait sous la lune et se déroulait, sinueuse, pour se perdre dans les replis d’une colline. Ils longèrent un moment une petite rivière tumultueuse après les premières pluies de ce début d’automne. Le martèlement vigoureux des sabots sur le chemin, ne parvenait pas à couvrir le bouillonnement de l’eau courant sur les cailloux. À l’approche du pont en pierre, qui marquait l’entrée sur les terres du marquis de Saint-Pons, le chevalier Philippe du Treil fit ralentir sa troupe. Les animaux étaient fourbus… les hommes aussi. Heureusement, le château de la Rescoule n’était plus très loin et même si la halte serait brève, hommes et bêtes pourraient enfin se reposer un moment, et se restaurer.

    Philippe du Treil se rangea sur le côté et laissa la troupe s’engager sur le pont. Une trentaine d’hommes en arme encadraient un lourd chariot bâché. Cote d’arme sur l’armure, heaume sûr la tête, leur lourde épée, « l’épée de la liberté », battant leur flanc au rythme du pas des chevaux ; les cavaliers étaient lourdement équipés. Leur longue cape blanche flottait au vent. Sur leur dos, la grande croix rouge témoignait de leur appartenance à l’ordre des Templiers.

    Peu après, ils franchirent le pont-levis et rentrèrent bruyamment dans la cour pavée du château. En face de l’entrée, se dressait un donjon massif qui s’élevait bien au-dessus des remparts pour servir de tour de guet. Ils contournèrent un puits, longèrent une série de bâtiments bas, en bois, et s’arrêtèrent enfin devant une vaste maison de pierre occupant toute la moitié nord de l’enceinte : le palais du marquis de Saint Pons. La cour était déserte. Les consignes étaient strictes et aucune animation n’y régnait. Seuls quelques chiens méfiants rodaient de ci de là. S’échappant des écuries, le hennissement des chevaux excités par le bruit de la troupe se fit entendre. Ils étaient attendus et les gens d’armes restèrent à leurs postes de garde ou dans leurs cantonnements, ne se montrant pas. D’ailleurs, c’était l’heure du souper : Serviteurs, valets et laquais s’activaient, chacun s’attelant à sa tâche. Les cuisines regorgeaient de bruits et d’animation, tous se bousculaient aux fourneaux et devant les cheminées géantes où devaient rôtir des cerfs, des sangliers et des oiseaux de toutes sortes. D’autres devaient servir le maître des lieux et la centaine de convives habituels.

    Philippe sourit en imaginant cette salle immense, surchauffée par les gigantesques cheminées où se consumaient des troncs entiers… et par le vin qui coulait à flot ; ces tables où s’amoncelaient les plats en argent débordants de victuailles ; les cris, les rires, les chansons, les défis lancés d’une table à l’autre ; les femmes, plus jolies les unes que les autres, regard baissé, rougissantes sous les compliments et les plaisanteries grivoises…

    Plusieurs valets en livrée aux couleurs du marquis sortirent, portant des torches, et pendant que le chevalier du Treil se faisait introduire auprès du seigneur de ces lieux, les hommes gagnèrent les cuisines et les chevaux furent conduits aux écuries. Alors, un étrange travail commença.

    Trois heures plus tard, la troupe ressortait du château et se perdait rapidement dans les ténèbres.

    Les valets porteurs des torches regagnèrent l’intérieur du château, se hâtant car la nuit était fraîche. Celui qui fermait la marche se tourna une dernière fois pour s’assurer qu’aucune trace du passage de la troupe ne subsistait et aperçut quelque chose de brillant sur le sol. Il se baissa et découvrit un gros crucifix en or massif, magnifiquement ciselé, et serti d’éclatantes pierres précieuses. Il fut impressionné par son poids et par la grosseur de l’émeraude, au centre de la croix, qui, étincelante à la lueur de la torche, semblait le fixer comme un œil. Au moment où il allait se relever, il sentit le fer glacé d’une épée sur son cou.

    « Laisse donc cela, manant, tu voulais me voler ?

    – Non, Monseigneur, je vous le jure. Je… je voulais juste la ramasser. Dieu m’en soit témoin.

    – Donne-le moi et va rejoindre les autres aux cuisines, je vous ai fait servir du vin.

    – Mer… Merci, Monseigneur, bégaya-t-il en s’éloignant à reculons. »

    Le lendemain, les six serviteurs qui, avec leurs torches avaient éclairé le déchargement du chariot, furent retrouvés morts… On attribua cela à un excès de vin, car un tonnelet entier avait été vidé et les hommes baignaient dans leurs vomissures. Il n’y avait plus aucun témoin de la scène qui s’était déroulée au milieu de la nuit.

    Prologue

    Je vais vous raconter une histoire. Une histoire bien de chez nous. Une histoire de Bouc… Il ne s’agit ni du mâle de la chèvre, ni d’un bouc émissaire. Je ne vais pas non plus philosopher sur la petite barbiche que certains portent au menton, ni vous raconter la vie d’un bookmaker. Et il est encore moins question du boucan qui s’échappe parfois de la petite auberge, à l’heure de l’apéritif, quand l’ombre commence à s’étirer par-delà les vallons embaumés par le thym et le laurier, et qu’une douce brise de juin caresse platanes et figuiers.

    Notre Bouc est un petit village paresseux, indolent, qui s’alangui, tirant sa nonchalance sur le bord d’une petite rivière oubliée, sous le soleil du Midi. Où les habitants aiment bien profiter du pénéquet{1}, à l’ombre des oliviers, apaisés par le chant des cigales. Où les minots, rêveurs, bercés par la voix de l’instituteur, attendent avec impatience le son de la cloche pour sortir en chahutant. Où les chiens apathiques traînent leur flemme en regardant, indifférents, passer les chats arrogants et fiers. Où les vieux murs de pierres, s’effritant sous le poids des années, s’étirent à longueur de soleil et accueillent, complices, quelques lézards abrutis de chaleur. Où les chemins tortueux embaument la lavande et la farigoulette. Rien à voir, bien sûr, avec nos grandes sœurs voisines de Port-de-Bouc, ou de Bouc-Bel-Air.

    Nos Boucains sont les plus heureux. Les saisons s’écoulent tranquillement au gré de la chasse, la pêche, les champignons, les olivaisons, les récoltes et les vendanges… Après celles-ci, quand les cigales s’endorment et que le soleil tarde un peu à se lever, chacun range ses outils, rentre son bois et prépare bocaux et conserves pour l’hiver. Car nous aussi nous avons nos hivers. Bien timide, il est vrai. C’est juste pour faire comme tout le monde et ne pas trop attirer la jalousie des parisiens. De toute façon, les parisiens sont rares par ici, peuchère, ils n’aiment pas le chant de nos cigales. Mais, salette, quand janvier et février pointent leur nez et que le mistral décide de jouer un peu avec la cime des arbres et de vous caresser l’esquine, mèfi ! Rentrez femmes et enfants, et installez-vous devant une bonne flambée.

    Malgré le départ de beaucoup de jeunes, qui ont préférés l’aventure citadine, le formica et le poulet aux hormones – Non je ne cherche pas à plagier Jean Ferrat – d’autres sont venus, fuyant l’activité trébuchante des grandes villes. Oh, bien sûr, eux ne rentre que le soir, tondent leurs pelouses le dimanche matin avant la messe, organisent des barbecues entre eux, et, sacrilège, ne boivent que du whisky. Ils ne font pas totalement partie de notre petite communauté. Mais ainsi le village a su garder sa vie, avec sa petite épicerie sur la place, près de la fontaine qui fait entendre en permanence son joyeux gazouillis.

    C’est là que trône Mireille, dominant son comptoir de ses fortes proportions. Elle connaît tout et tout le monde et, en bonne vieille commère qui se respecte, vous fera partager toutes les informations locales. Prenez votre temps, ne soyez pas impatient d’être servi, ici, nul n’est pressé. Si, pour nous la nonchalance est un art de vivre, la précipitation est un manque de respect. Mais laissez traîner vos oreilles.

    Vous ne serez pas déçu en écoutant les petites anecdotes, souvent cocasses, qui font le quotidien de nos chers concitoyens.

    « Les ragots ne sont-ils pas colportés par le chuchotement du vent ? Aime-elle répéter en riant. Et ne suis pas, moi-même, la création de Mistral ? Chacun aime à me raconter, discrètement, ce qu’il sait, et attend, en retour, de savoir ce qu’il ignore… et même le reste. »

    Le matin une agréable odeur de pain frais et de brioches s’échappe du fournil de notre boulangerie. C’est un couple de jeunes gavots, presque des estrangers, qui ont repris ce commerce fermé depuis que le vieux Basile a eu la fâcheuse idée de rejoindre le Bon Dieu. On leur a donc pardonné de n’être pas tout à fait de chez nous. Après tout, ne sommes-nous pas tous de fervents supporters de l’OM ? Et n’avons-nous pas le même accent traînant et chantant de la Provence, terre éternelle et berceau des dieux et de la vie ? Les santons, dans nos crèches, murmurent même que le Petit Jésus serait né chez nous. Mais là je m’égare. Arrêtons la galéjade et retournons à Bouc.

    L’école primaire n’est pas loin, menacée de fermeture année après année. Heureusement, les gars de chez nous se dévouent volontiers pour assurer la pérennité de l’éducation de nos minots, et chaque année, une ou deux nouvelles têtes blondes font leur apparition dans la cour de récréation. C’est là, entre tables de multiplication et conjugaisons qu’ils apprennent que Bouc est un mot d’origine Ligure signifiant promontoire.

    Les opérations postales, les plus courantes, se font encore dans cette salle du rez-de-chaussée de la mairie. La préposée, mademoiselle Ernestine, assure elle-même la distribution du courrier. De la fenêtre, on peut apercevoir la petite entrée du cabinet du Docteur Dutilleul qui, malheureusement, ne va pas tarder à faire valoir ses droits à la retraite. Il est vrai que cela fait plus de trente ans que sa plaque étincelle au soleil, après avoir succédée à celle de son père. Son fils ne prendra pas la relève, le traître a préféré les études de droit, et s’est installé à Aix.

    Mais traversons la rue ! C’est au fond de cette cour, que s’est installé Baptiste, notre garagiste. Garagiste est peut-être un bien grand mot, car cela fait bien longtemps qu’il ne répare plus que les tracteurs et les vieux clous que possèdent encore nos paysans. Vous trouverez tout le matériel nécessaire pour retaper votre 4L, votre « deuche », ou votre Ami 8. Les nouveaux arrivants, eux, préfèrent les concessionnaires des grandes villes plus aptes à mettre le nez dans les circuits électroniques que dans le cambouis.

    Son voisin, en remontant légèrement la rue, c’est la droguerie-quincaillerie. En fouillant bien, parmi son bric-à-brac, vous finirez forcément par trouver le clou ou le boulon qu’il vous manque ; Ou le produit miracle qui vous débarrassera des mauvaises herbes ou des limaces qui envahissent votre potager et empoisonnent la vie de vos salades. Mais n’espérez pas y trouver la dernière invention de la technologie moderne qui fait tout le travail à votre place. Ange est fâché depuis longtemps avec tous ces objets de torture où il faut sortir de polytechnique pour en apprendre le fonctionnement.

    Nous avons aussi notre brocanteur, qui ne s’appelle pas Louis, mais Germain. Il passe son temps à fouiller caves et greniers, granges et dépotoirs, pour trouver l’objet rare, celui dont on ne pourra se passer mais qui finira malgré tout oublié au fin fond d’un placard. Le plus étonnant, c’est qu’il arrive toujours à vendre ses ravans, sales, rouillées et cabossées, dans les brocantes ou vide-greniers de la région. On vient même admirer son bric-à-brac des quatre coins du département. Allez y comprendre quelque chose !

    Notre curé est un brave homme, vieillissant lui aussi. Il se partage entre plusieurs petites paroisses, dispensant son message d’espoir, prônant l’amour et la générosité au gré des kilomètres, sur les petites routes du canton. Ne le répétez pas, mais le saint homme est un horrible tricheur qui n’hésite pas à pousser discrètement sa boule de pétanque avec le pied, ou à contester pendant des heures un point perdu, en buvant avec ses ouailles son petit verre de Kir, car un curé ne boit pas de pastis, cela se sait ! Et puis, le Kir, n’est-ce pas une boisson divine, concoctée par un chanoine ? Voilà une vérité qui ne s’invente pas. Du moins se plait-il à le dire.

    Son ennemi préféré est bien sûr le gros Marcel, notre Maire. Celui-ci est un athée convaincu, qui n’invoque la « Bonne Mère », le Bon Dieu ou ses saints que dix fois par jour. Les querelles entre les deux hommes sont mémorables, chacun prêchant pour sa « paroisse » pendant que l’auditoire, amusé, compte les points.

    Voilà, allez-vous dire, il nous fait le remake de Don Camillo ! Mais non ! Chez nous, ce serait plutôt l’inverse. Le curé de gauche et le maire de droite. Mais, ici, les tendances politiques n’ont aucune valeur, aucun intérêt. Nous laissons cela aux grandes villes. Nos seules emboucanades municipales, tournent autour de l’entretien de l’éclairage municipal, de l’élagage des arbres, de l’agrandissement du chemin communal qui mène au cimetière, ou des sommes allouées à l’entretien du vieux lavoir, qui représente, pour nous, la mémoire du souvenir. Car chez nous, aucun de nos enfants n’a eu l’honneur de mourir pour la France. Nous commémorons malgré tout le 11 novembre avec un petit défilé entre la mairie et l’église où nous déposons une petite gerbe de fleurs. Ce cortège de dix minutes, dans la franche rigolade, nous permet d’avoir la conscience tranquille.

    Saurais-je terminer sans vous parler de la belle Manon qui, tous les jours, amène son troupeau de chèvres brouter sur les collines environnantes ? Son surnom de « belle » Manon lui vient du fait que nous n’avons pas de source du côté de chez nous, et qu’elle fut d’une remarquable beauté, dans sa jeunesse… quelques cinquante années plus tôt. De cette beauté, il ne reste plus grand-chose, le temps efface tout et fane les plus belles fleurs, mais le nom, lui, est resté. Manon fabrique elle-même son propre fromage, spécialité locale qui comble les papilles de tous ceux qui ne sont pas trop regardant sur l’absence de certaines règles d’hygiène imposées par Bruxelles. Mais bon… ! Il parait même que c’est cela qui donne cet arome particulier à ses produits. « Et puis, Le Rove n’est pas très loin, avec ses chèvres uniques au monde, et sa brousse exceptionnelle, aime-t-elle à répéter, tandis que Bruxelles, je ne sais même pas où c’est. » Les chèvres, me direz-vous, on n’en trouve pas que dans nos collines. Il y en a aussi, parait-il, sur certains stades de foot, même sur le plus grand et le plus connu de notre grande voisine. Vous voyez à quoi je fais allusion ? Mais bon, ne parlons pas de ce qui fâche.

    Pour les plus chanceux, je veux dire pour ceux qui possèdent une voiture, le supermarché, à quelques kilomètres, propose tout ce que la vie moderne a à offrir, hormis la gentillesse de la brave Mireille. Car Bouc, bien qu’à l’écart des grands axes, n’est pas complètement isolé. On n’est pas très loin de la ville après tout. Marseille, Aix et Aubagne font pratiquement partie de notre banlieue.

    La cave coopérative, elle non plus, n’est pas très éloignée. C’est là que se retrouvent, cubitainer à la main, tous les amateurs de nos vins de pays… C’est à dire la totalité du village.

    C’est ainsi que nos bons vieux villageois, tirent leur vie, entre leurs occupations habituelles, les parties de pétanque, et leur sacro-saint apéritif. Ici aussi le pastaga fait partie de la culture. Si par un incroyable prodige, quelques gouttes de pluie viennent déranger une partie de boules, tout le monde se retrouve chez Victor, et la grande salle de son auberge s’emplit rapidement de bruit, autour d’une partie endiablée de contrée, au milieu des volutes de fumée. Car Victor avait juré de fermer son auberge si l’on interdisait à ses clients de fumer. Du coup, même les gendarmes ferment les yeux quand ils viennent discrètement boire un petit coup chez nous. Mais attention, tous nos braves concitoyens savent, malgré tout, que fumer nuit gravement à la santé.

    J’oublie de vous parler de bien d’autres personnages, hauts en couleurs, qui partagent notre vie paisible. Sur les cent cinquante-huit habitants, dont un en préparation, il est normal que j’en oublie quelques-uns. Mais venez nous rendre une petite visite et sûrement les rencontrerez-vous au détour d’une ruelle, ou à l’heure de l’apéro.

    Le dimanche, tout le monde se retrouve à l’heure de la messe. Les femmes à l’église, les hommes au bistrot. Ne faut-il pas respecter les bonnes vieilles traditions ancestrales ? C’est là, à l’heure volubile du petit jaune, que l’on apprend les dernières nouvelles importantes du village : La naissance du veau de « La Roussette » ; le nouveau tracteur, flambant neuf, du père Castille, qui refusait obstinément de démarrer jusqu’à ce qu’il comprenne que lui aussi avait besoin de carburant ; ou les oreillons du caganis de la Francine.

    Le soir, à la belle saison, chacun sort sa chaise et se retrouve sur la place

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