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Les Fabuleuses Créatures
Les Fabuleuses Créatures
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Livre électronique357 pages4 heures

Les Fabuleuses Créatures

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À propos de ce livre électronique

4 janvier 2007. Paris.

Une course contre la mort est engagée derrière de dangereuses créatures, échappées quelques semaines plus tôt d'un convoi ultra-sécurisé qui les conduisait depuis Lyon vers un centre opérationnel militaire basé en région parisienne.

Une équipe d'agents spéciaux, chargés de les récupérer, est sur les dents. La moindre faute serait fatale et lourde de conséquences pour la population environnante...

Ce roman fantastique conjugue action, expériences génétiques, enquêtes policières, sur fond d'intrigue politico-militaire.
LangueFrançais
Date de sortie1 déc. 2011
ISBN9782312006031
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    Aperçu du livre

    Les Fabuleuses Créatures - Philippe-Auguste Rosso

    cover.jpg

    Les Fabuleuses

    Créatures

    Philippe-Auguste Rosso

    Les Fabuleuses

    Créatures

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, Quai Dion Bouton – 92800 Puteaux

    Avertissement

    Ce livre est une fiction. Les noms des personnages et de certaines institutions sont des créations imaginaires de l’auteur et ne doivent pas être considérés comme réels. Toute ressemblance avec des individus ou des organisations, réels ou fictifs, existants ou ayant existé, est purement fortuite.

    © Les Éditions du Net 2011

    ISBN : 978-2-312-00603-1

    À ma famille

    À mon fils

    À mes proches qui reposent en paix

    Prologue

    ENVIRONS DE L’AN 19 000 AV. J.-C.

    Une course contre la mort est engagée depuis quelques instants sur la mer glacée du Golfe du Saint-Laurent. Une redoutable meute traque des proies qui se sont malencontreusement aventurées sur ce territoire. Elle les traquera sans relâche, le tout, sans hurlement, en ordre serré derrière leurs futurs repas.

    Si l’épaisse couche neigeuse et la glace s’avèrent être des obstacles majeurs pour les proies en grande difficulté de progression, pour la meute, bien au contraire, elles sont de véritables alliées naturelles. Dans la toundra, les proies auraient pu semer leurs poursuivants, pas dans cette zone.

    La fatigue aidant, les proies n’avancent plus, leurs pas se font lourds et n’adhèrent pas sur ce sol gelé. La meute se rapproche. Les proies se regroupent affolées, tétanisées par la peur, et se retrouvent bloquées à proximité d’un ensemble d’îles recouvertes d’un épais manteau neigeux.

    Elles la voient arriver d’un seul bloc. Le piège vient de se refermer sur elles. Les proies sont encerclées et leurs petites défenses ne servent à rien, désormais, elles sont entre les griffes de leurs prédateurs, auxquels elles n’échapperont pas, et pour cause !

    Les prédateurs pourraient utiliser leurs terribles poisons pour les neutraliser.

    En la circonstance, ils ne le feront pas. Ils ne risquent pas grand-chose face à ces jeunes proies, et ils sont en nombre, de fait, ce sont leurs longues griffes saillantes et leurs dents massives, aux bords crénelés, qui serviront à les tuer !

    Sans quoi, ils auraient craché sur les proies un de leurs poisons qui pouvaient foudroyer instantanément n’importe quel ennemi osant les affronter. Leurs sens hyper-développés font de ces animaux des prédateurs hors norme, qui appartiennent à une lignée de créatures légendaires…

    Plus loin, le chef de la meute continue sa course effrénée derrière une proie qui n’a pas suivi son groupe de congénères.

    Maintenant, ils viennent d’atteindre une petite île enneigée proche d’un archipel dressé au milieu de cette mer gelée, et sont à quelques centaines de mètres de leur tribu respective.

    La proie a enfin mis ses pattes sur une terre plus ferme, suivie de près par l’infatigable chasseur, tous deux s’enfoncent dans les terres, encore une trentaine de mètres à parcourir, et là, elle aura une position idéale pour se retourner et charger son poursuivant, sans patiner, mais c’est sans compter sur la ténacité et l’intelligence de son adversaire qui la rattrape et la balaye avec sa patte avant gauche.

    Elle tombe lourdement et se relève aussitôt.

    Il la regarde, posté face à elle. La frayeur la fait devenir dangereuse et inconsciente. Elle est prête à lui foncer dedans, comme il n’a plus le choix, il lui crache de puissants acides sur la trompe et les yeux, les pattes avant sont également touchés, car il sait quel endroit atteindre sur ce genre de proie.

    La douleur est vive, elle ne voit plus, ne tient plus debout et respire péniblement, les acides ont traversé tous ses points névralgiques. Elle se couche et attend… sa mort certaine.

    Son prédateur lui saute dessus et la déchiquette en s’agitant en tout sens, soudainement, le sol s’ouvre sous ses pattes et il chute la tête la première dans une profonde cavité, entraînant sa proie en lambeaux avec lui.

    Paris, 4 janvier 2007

    AU PIED DU MUR

    5 h 06.

    Dans un point de la capitale, ceux qui osent affronter l’air extrêmement glacial de cette matinée d’hiver ne viennent pas des terres polaires, non, eux sont là parce qu’ils n’ont malheureusement pas d’autres choix.

    À l’angle de la rue de la Croix-Jarry et de la rue Watt, rues situées dans le XIIIe arrondissement, quelques travailleurs et autres sans domiciles fixes se tortillent des hanches au-dessus d’un humble ‘radiateur’ urbain, tout juste déclenché voilà quelques instants.

    Ce groupe hétérogène se trouve en fait réfugié dans un vaste abribus, lequel apporte à ses occupants de passage un semblant de sauna finlandais. Le revers de la médaille, c’est qu’ils doivent s’accommoder aux effluves qui sortent des deux grilles d’égout fixées à proximité des bancs, sinon, c’est l’attente en dehors de l’abribus et au froid.

    Il est vrai qu’en cette période de l’année, nul ne viendrait se plaindre de sources de chaleur d’où qu’elles proviennent, car l’essentiel, pour ces gens, étant de pouvoir exploiter le minimum de confort calorifique qu’offre soudainement l’abribus.

    Les uns apprécient ces souffles d’air chaud en attendant leurs bus, tandis que d’autres en profitent pour se réchauffer après une nuit passée dehors.

    Accessoirement, un attroupement, impromptu ou pas, assure parfois à tout un chacun une sensation de sécurité dans le cas où un danger devait se produire, à la condition de dévisager ou de mettre un nom sur ledit danger, et ce dernier, qui se trouve juste sous leurs pieds, ne se caractérise pas exactement, mais se détermine plutôt autour du nombre…

    Pendant ce temps, d’étranges silhouettes, à l’origine des dégagements de chaleur, sont blotties en dessous de l’abribus, observant leurs proies, les sentant, attendant et tournant en rond. Elles les regardent, avec leurs yeux écarlates, se déhancher sur les grilles. L’envie de bondir dans la rue pour les dévorer est grandissante, d’autant que de nouvelles proies viennent de les rejoindre.

    En surface, l’autre catégorie d’individus, tout juste venue s’ajouter à ces badauds, ne recherche pas le réconfort calorifique, non, une motivation très différente les a conduits jusqu’ici.

    Ces deux individus appartiennent à un service assez particulier, plus exactement, ils travaillent à l’Agence centrale des opérations spéciales (ACOS) qui dépend, très secrètement, du ministère de la Défense.

    Si Pierre Chaumont et Patrice Marmet, respectivement sergent et adjudant, savent ce qu’ils cherchent, les badauds à côté d’eux et la population française dans son ensemble ne devaient être, en aucun cas, informés du type de fugitifs qu’ils traquaient. Et jusqu’à ce jour, leurs fugitifs avaient réussi à déjouer à maintes reprises le maillage satellitaire tendu par l’ACOS.

    Désormais, les deux sous-officiers sont au pied du mur.

    DÉTECTIONS

    Pour que le sergent Pierre Chaumont et l’adjudant Patrice Marmet arrivent à cet endroit, il a fallu dans un premier temps qu’un des satellites de l’ACOS repère leurs cibles à quelques encablures d’ici, vers le Pont National; une fois leur position verrouillée par les satellites, ce fut au tour des équipes de terrain de prendre le relais pour tenter de récupérer leurs dangereux fuyards…

    Depuis la veille au soir, une quarantaine d’hommes sont déployés dans la partie sud-est du XIIIe arrondissement et le nord-est d’Ivry-sur-Seine. Certains patrouillent en voiture avec des appareils de mesure de pointe, d’autres à pied en simple surveillance visuelle. Seules les équipes véhiculées disposent d’appareillages électroniques, car trop volumineux pour être transportés à pied sans se faire repérer.

    Comme ils circulaient en voiture, Pierre Chaumont et Patrice Marmet étaient dotés d’un bolomètre à haute résolution et d’un détecteur de mouvement à infrarouge, ultrasophistiqué, parfaite copie du système Horizon de l’armée de terre.

    Avec ce système, ils pouvaient détecter des mouvements, ainsi que des sources de chaleur fixes ou mobiles, jusqu’à 30 km de distance : leurs cibles furent automatiquement localisées au mètre près, analysées, puis classifiées en quelques fractions de secondes.

    Lorsque l’alarme du détecteur Horizon se déclencha une demi-heure auparavant, tout un processus de reconnaissance automatique des cibles s’était aussitôt mis en route et avait permis aux sous-officiers de les mener jusqu’à l’abribus.

    Étant donné qu’ils évoluaient dans un champ de recherches relativement restreint, puisque plusieurs unités étaient mobilisées à l’intérieur de ce périmètre, tous les systèmes de détection avaient été paramétrés pour un rayon d’action de 500 m. D’ailleurs, ces réglages télémétriques avaient suffi, dans le cas contraire, ils auraient élargi leur portée.

    SITUATION DE CRISE

    5 h 07.

    Maintenant, les deux militaires scrutent attentivement le cadran du détecteur qui leur affiche six formes fixes, localisées à moins de 6 m de profondeur ! Quant aux capteurs thermiques du bolomètre, ils relèvent de curieuses variations de température, oscillant entre 330°C et 700°C.

    Chaque bolomètre avait été réglé pour des sources de chaleur dépassant les 100°C, tout en les plafonnant à 900°C, vu que les radiations émises par leurs cibles se situaient autour de ces données thermiques. En s’en tenant aux analyses, leurs fugitifs avaient tout de même parcouru une distance relativement importante depuis leur entrée dans les canalisations.

    Pendant que le sergent Chaumont regardait les grilles d’égout, d’où s’échappait de préoccupantes vapeurs, grilles qui n’étaient nullement scellées… de son côté, l’adjudant Marmet commençait à sortir tout un attirail de transmission.

    – J’appelle le PC, lança Patrice Marmet.

    Les ordres du directeur de l’ACOS étaient formels « Surtout, ne les lâchez pas ! ».

    – Ce sont les consignes, mais il faudra aussi gérer ces badauds… répondit le sergent Chaumont, en faisant un signe de la tête vers leur direction.

    – Ne te fais pas de soucis pour eux, ils seront faciles à disperser, si toutefois d’autres personnes ne viennent les rejoindre pour attendre leur bus.

    Beaucoup de citadins dormaient encore, et pointer le nez dehors tenait du courage, excepté pour rapidement sortir un animal de compagnie avant de partir au travail, mais l’heure et le froid jouaient en leur faveur et permettaient encore aux agents d’agir discrètement.

    Même si tous deux appréhendaient de se retrouver nez à nez face aux étranges silhouettes, ils n’avaient pas d’autre alternative que de détourner le danger et préserver des vies jusqu’à l’arrivée des renforts, car l’imminence d’une attaque planait.

    La topographie des lieux ne prêtait guère à une opération militaire. Il était hors de question d’envisager un tir de missile, ou autre frappe militaire dite « chirurgicale » dans ce coin du XIIIe, certes, peu habité et portant encore les vestiges d’anciennes cimenteries, mais tout de même !

    Leur restait à évacuer les badauds de l’abribus en trouvant une parade, ensuite, entrer dans le vif du sujet avec les silhouettes du sous-sol…

    Une idée vint à l’esprit de l’adjudant : se faire passer pour des employés chargés de l’entretien des canalisations de gaz et des eaux usées, de fait, il n’aurait qu’à déplacer ces personnes plus loin afin de vérifier les conduites souterraines en toute sécurité.

    Une fuite de vapeur ? Pourquoi pas, après tout, il s’agissait bien de colonnes vaporeuses qui s’échappaient du sol. Et pour mieux se fondre dans le tissu urbain, les deux militaires s’étaient revêtus de bleus de travail.

    Mais avant d’appeler le PC du 6ème Bureau, l’adjudant Marmet se dirigea d’un pas décidé vers les civils.

    – Mesdames et messieurs, pourriez-vous, s’il vous plaît, vous mettre de l’autre côté de la rue ? Nous devons vérifier les conduites de gaz et d’eaux usées sous cet emplacement.

    CBM–4 de Lyon, 24 juin 2003

    Ce complexe biomédical militaire, qui bénéficie d’un très haut niveau de sécurité (P4), est classé secret-défense.

    Les chercheurs du CBM-4 de Lyon étudiaient habituellement les virus de classe militaire, ainsi que certaines maladies infectieuses, mais au cours de l’année 2002, suite à une décision du ministre de la Défense, ils durent se détourner de leurs travaux pour se consacrer à un nouveau programme expérimental…

    PHASE PROCRÉATIVE

    13 h 12.

    Une femelle varan, endormie et étendue sur le lit d’une salle de laboratoire, transformée pour la circonstance en mini bloc opératoire, s’apprête à recevoir une micro-injection. Ce varan mesure près de 3 m de long et pèse environ 140 kg.

    Autour d’elle, trois hommes en combinaison étanche orange et stérilisée se préparent à lui réimplanter des ovocytes afin d’obtenir, au terme d’un développement normal, un ou plusieurs animaux transgéniques.

    La technique de la transgénèse avait donné des résultats concluants sur cette femelle, contrairement à une autre femelle varan sur laquelle la même expérimentation s’était soldée par un échec.

    Cette technique consiste à injecter un gène, ou un fragment d’ADN étranger contenant plusieurs gènes, dans les ovocytes fécondés d’une femelle, préalablement soumise à une super-ovulation. L’ADN étranger est injecté dans un pronucléus mâle (noyau issu du spermatozoïde, avant sa fusion avec le noyau de l’ovule); l’intégration de l’ADN étranger s’effectue au hasard; les ovocytes sont ensuite réimplantés dans une femelle réceptrice, si l’intégration se réalise.

    L’intégration ayant abouti, une réimplantation était en cours sur le sujet endormi.

    Quant à cet ADN étranger, il provenait d’un animal fossilisé retrouvé et exhumé dans un bon état de conservation quatre années auparavant.

    Mais la journée qui doit s’annoncer exceptionnelle ne restera gravée que dans certaines mémoires, soit, celles du cercle de scientifiques œuvrant dans le CBM-4. Et pour cause !

    Deux généticiens, accompagné du capitaine Olivier Menant, vétérinaire, par ailleurs, professeur de médecine générale, vont tenter de procréer des êtres qui semblent destinés à devenir dangereusement hybrides.

    – Est-ce que le directeur se trouve dans son bureau ? demanda le capitaine Olivier Menant.

    – Non. Mais je vais le faire appeler pour lui signaler que nous sommes prêts ! répondit l’un des généticiens.

    Une voix nasillarde qui sortait des haut-parleurs, disséminés en plusieurs points, retentissait dans tout le complexe, appelant le directeur à se présenter rapidement au laboratoire de biologie moléculaire : il faisait office de bloc opératoire pour la circonstance.

    À l’heure prévue, le directeur ordonna le lancement de l’insémination artificielle. Il consigna sur un registre, la date et l’heure de l’insémination, ainsi que les noms des scientifiques présents pour l’opération. Le tout étant bien entendu filmé.

    SURVEILLANCE MÉDICALE

    Quatre heures plus tard, avec une insémination artificielle qui se passa conformément à leurs attentes, le varan femelle fut ramené dans une pièce truffée de caméras et placée sous la surveillance du vétérinaire du centre.

    Celui-ci ne s’alarmerait que dans plusieurs semaines, à condition toutefois que cette femelle puisse féconder normalement, et surtout, supporter la fécondation.

    Mais si une telle expérience réussissait, alors, ces alchimistes créeraient une race d’animaux exceptionnels et verraient différemment leur futur… financièrement parlant, en tout cas, ils ne pourraient pas compter sur la reconnaissance du corps médical dans son ensemble, ni d’une notoriété qui les accompagnerait pour le restant de leur vie, puisque l’opération était tenue sous le sceau du secret, voire sous celui du top-secret.

    Retour vers un passé légendaire

    LE JOUR OÙ TOUT A COMMENCÉ…

    POUR LE PROGRAMME SCIENTIFIQUE

    Ce 27 juillet 1997, quatre marins pêcheurs français, originaires de Saint-Pierre, firent une découverte accidentelle au cours d’une escale forcée sur une île située en plein milieu du Golfe du Saint-Laurent.

    Alors que ces marins pêcheurs regagnaient l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, après plusieurs jours de pêche à la morue au large de Terre-Neuve-et-Labrador, une avarie moteur, survenue sur le chemin du retour pendant qu’ils traversaient le Golfe du Saint-Laurent, les avait obligés à dérouter leur terre-neuvier vers une petite île proche de l’archipel de la Madeleine afin de remédier leur panne à l’abri de ce couloir de navigation maritime.

    Durant leur halte, ils en avaient également profité pour se détendre sur la terre ferme, et c’est en s’aventurant non loin du rivage qu’ils virent une crevasse au fond de laquelle reposaient deux animaux, morts depuis plusieurs milliers d’années.

    Cette crevasse de plus d’une dizaine de mètres de profondeur était pratiquement à pic, la lumière du jour ne pénétrait jamais le tréfonds de la cavité, d’autant plus qu’il était impossible d’y descendre sans matériel adéquat.

    La curiosité aidant, avec l’envie de jouer les explorateurs pour casser la monotonie, avait poussé l’un des pêcheurs à retourner au terre-neuvier pour récupérer deux lampes torche.

    Une fois équipés de torches électriques, ils entamèrent leur inspection, et grâce au faisceau de lumière, ils purent les entrapercevoir depuis le haut de la crevasse.

    Du peu qu’ils avaient vus de leurs parties visibles, l’une des bêtes ressemblait à un mammouth : le dessus de son crâne poilu sortait de la terre, tandis que l’autre semblait tout droit sortir de l’âge des dinosaures. Pour ce dernier, les pêcheurs ne virent qu’une partie d’un dos ayant la forme d’une carapace de couleur noire.

    En d’autre endroit, ces fossiles n’auraient échappé à personne, seulement, là, ils étaient flanqués au fond d’une crevasse d’une petite île déserte, elle-même placée dans un couloir maritime normalement fréquenté qu’entre avril et novembre, au mieux. Passée cette période, la navigation devenait difficile, car nul bateau n’osait s’aventurer sans que des brise-glaces n’ouvrent la route, ce qui amenuisait les chances de tomber par hasard sur ces fossiles… jusqu’à ce jour.

    Combien d’autres marins pêcheurs, d’habitants de l’archipel voisin, ou de voyageurs étaient passés à côté de ces vestiges d’un lointain passé, sans jamais les remarquer ? Ils n’avaient pas la réponse et ne s’éterniseraient pas à réfléchir sur la question.

    Si la neige et la glace avaient disparu du paysage, la fraîcheur était bien présente, avec une température matinale qui avoisinait les 10°C à la surface de l’île.

    Suite à ça, les pêcheurs prévinrent par radio la capitainerie de Saint-Pierre, leur port de rattachement et chef-lieu de l’île du même nom pour faire part de leur étrange trouvaille. En l’état, elle ne demeurait qu’une trouvaille à la fois originale et unique : le côté très étrange n’avait pour l’heure était constaté.

    Toujours est-il qu’ils venaient d’ouvrir une boîte de Pandore qui allait leur réserver un avenir incertain.

    Après cet appel, qui semblait important de par l’intonation enthousiasmée du capitaine du terre-neuvier et par les descriptions qu’il avait faites, sans s’étendre sur le deuxième animal, les autorités portuaires informèrent immédiatement des membres du conseil général de Saint-Pierre-et-Miquelon.

    Quelques heures plus tard, les pêcheurs reçurent des instructions, par le biais de leur capitainerie, leur demandant de laisser telle quelle la cavité et de baliser la zone par GPS.

    Ça, ils pouvaient faire.

    Avec un moteur réparé et l’envie pressante de rentrer au bercail, vu qu’ils ne resteraient évidemment pas à attendre la venue d’une équipe spécialisée, ils suivirent les consignes et repartirent en mer le lendemain.

    COOPÉRATION MINISTÉRIELLE

    Dans la journée du 6 août, le président du conseil général recevait les pêcheurs à son bureau et les remercia pour leur bon sens en ayant prévenu les autorités maritimes. Il leur expliqua que leurs noms seraient probablement associés à cette découverte : somme toute, ils en étaient un peu les parrains…

    Une semaine après cette entrevue, le président de ce même conseil général envoya un rapport au chef de cabinet du ministre français de la Culture. Son rapport mentionnait que des ossements de mammouth et d’un animal très ancien avaient été trouvés près de l’archipel de la Madeleine par des pêcheurs français, tout en précisant leur géolocalisation : l’île Brion.

    Début septembre, le ministre de la Culture informa son homologue canadien de la trouvaille accidentelle faite par les marins pêcheurs français.

    Étant donné que des français avaient découverts les animaux en territoire canadien, par conséquent, ce sont les ministères des Affaires étrangères des deux pays qui s’occupèrent de traiter le volet international du dossier.

    Par la suite, le ministre canadien des Affaires étrangères, en personne, donna son approbation afin que des chercheurs français, ceux qui seraient amenés à fouiller sur l’île, puissent travailler sans contraintes administratives. Ne restait qu’à déterminer le nombre de visas d’entrée et de permis de travail à délivrer, tous reconductibles, avec une date de démarrage du chantier de fouilles, et à attendre qu’une équipe vienne évaluer le chantier.

    Son geste de vouloir laisser les français maître d’oeuvre du projet était destiné à leur rendre la pareille… par pur souci diplomatique.

    Le ministre canadien n’envoya aucun inspecteur sur l’île Brion pour vérifier cette découverte, ni d’agents pour protéger l’endroit d’éventuelles dégradations ou de fouilles entreprises illégalement par des particuliers.

    À vrai dire, qui irait là-bas ? Elle fut jusqu’à présent isolée du reste du monde, il n’y avait aucune raison que cela change, et vu la petite superficie de l’île, les recherches que les français allaient entreprendre ne seraient pas de grande ampleur et ne bouleverseraient point l’histoire…

    Ça, c’était ce que le ministre canadien pensait.

    En outre, les autorités canadiennes n’avaient pas sollicité la contribution de l’U.N.E.S.C.O. (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la Culture) pour suivre les français dans leurs recherches, bien que l’une des vocations de cet organisme onusien étant de protéger les biens culturels ou patrimoniaux d’un pays, entre autre.

    EXPLORATION

    Matin du 14 octobre 1997.

    Les trois chercheurs français de la Direction du patrimoine (service qui dépendait du ministère français de la Culture) savaient déjà où chercher sans avoir à inspecter la petite île dans son entier, lorsqu’ils foulèrent le sol humide sous un épais brouillard. Les falaises alentours et les quelques dunes environnantes donnaient un petit air de paysage normand.

    Mais les deux archéologues et le paléontologue n’étaient pas venus ici pour contempler le paysage ou étudier des vestiges marins, non, eux avaient été mandatés pour étudier un endroit précis, un sous-sol, afin d’enregistrer la position de deux lointains animaux et estimer les moyens appropriés en vue d’organiser le chantier de fouilles à venir.

    Pour cette mission, les canadiens ne leur avaient pas imposés de passage par la douane pour satisfaire leurs reconnaissances, c’est pourquoi, les trois hommes arrivaient directement de Saint-Pierre-et-Miquelon par hydravion. Les formalités douanières furent déjà réglées en coulisse.

    Et comme le site avait été découvert fortuitement, ils n’eurent aucunement besoin d’effectuer des travaux de prospection à grande échelle (moyens satellitaires, documentation, etc.), en fait, ils prirent des photos de fragments qui dépassaient du sol, ainsi que différentes mesures de la crevasse.

    Le fond de la cavité s’étendait sur 20 m de long et 7 m de large. En surface, l’ouverture était beaucoup plus longue et plus large d’un mètre, ce qui donnait à l’ensemble une forme d’entonnoir d’une profondeur de 14 mètres.

    La température, au fond de la cavité, avoisinait les 2°C au moment de leur relevé.

    Concernant les relevés métriques, ils utilisèrent des instruments électroniques; quant à la mesure de la température, il fut plus rudimentaire : un thermomètre avait été accroché à un fil et descendu jusqu’au fond, tout simplement.

    Aussi, les trois chercheurs étaient intrigués par le dos noir de l’étrange mastodonte, au-dessus duquel ils s’attardèrent longuement sans définir son type d’espèce, suscitant nombre d’interrogations. Avec une petite portion du dos comme partie émergeante du sol, il était difficile de l’identifier clairement tant qu’il ne serait pas tiré de l’oubli…

    De retour en France, le 22 octobre, ils remirent leurs études à une commission spécialisée en matière de fouilles qui, trois semaines plus tard, programma les travaux vers le milieu d’année 1998, ce qui leur laissait du temps pour constituer une équipe et acheter du matériel grâce aux subventions, tout en échappant au froid hivernal de la région.

    Indubitablement, il était préférable pour l’équipe de démarrer les fouilles dans de bonnes conditions, d’autant plus que leurs deux fossiles reposaient là depuis des millénaires, et pouvaient encore y sommeiller des mois.

    RÉSURRECTION

    Neuf archéologues et trois paléontologues, tous français et travaillant au sein de différents ministères, achevaient leurs travaux d’excavation après deux années de fouilles commencées au mois de mai 1998, grâce au concours de la Commission des fouilles du ministère français des Affaires étrangères qui finançait le chantier.

    Après un long et minutieux travail, souvent stoppé à cause de conditions climatiques particulièrement rudes, leur labeur fut récompensé avec l’exhumation des deux animaux.

    Le deuxième animal était pratiquement intact, entier, et figé dans son voile glacé, tel un glaçon renfermant un insecte, contrairement au malheureux mammouth dont certains restes, disséminés çà et là autour de l’animal pétrifié, demeuraient encore incrustés dans le sol : d’autres parties du corps du mammouth avaient déjà été déterrées et mises en conservation dans des bacs prévus à cet effet.

    Et pendant des

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