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Les amours des dieux dans les peintures du Louvre
Les amours des dieux dans les peintures du Louvre
Les amours des dieux dans les peintures du Louvre
Livre électronique370 pages3 heures

Les amours des dieux dans les peintures du Louvre

Par Chirca

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À propos de ce livre électronique

Les amours des dieux de la mythologie gréco-romaine, d’Apollon à Vénus et Vulcain, racontés par 70 peintures du Louvre.
Les légendes telles qu’elles ont été transmises par les auteurs antiques : Homère, Hésiode, Ovide et beaucoup d’autres.
Des tableaux signés par des noms célèbres comme Boucher, Van Dyck, Rubens ou Titien.
Des peintures illustrées par des dessins qui laisseront intact le plaisir de découvrir les originaux dans les salles du Louvre.
LangueFrançais
Date de sortie6 avr. 2018
ISBN9782312058122
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    Aperçu du livre

    Les amours des dieux dans les peintures du Louvre - Chirca

    cover.jpg

    Les amours des dieux dans les peintures du Louvre

    À Catherine et Ernesto Landeta,

    pour un voyage de légende.

    CHIRCA

    Les amours des dieux

    dans les peintures du Louvre

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Mihaela, Cristina, Amelia et Mihai-Stefan CHIRCA

    Les amours des dieux

    dans les peintures

    du Louvre

    Des mêmes auteurs :

    La Guerre de Troie

    dans les peintures du Louvre

    Les Éditions du Net, 2013

    Illustrations et photo de couverture : MSChirca

    © Les Éditions du Net, 2018

    ISBN : 978-2-312-05812-2

    Introduction

    « L'Amour, le plus beau des dieux,

    l'Amour, qui amollit les âmes, et,

    s'emparant du coeur de toutes les divinités et

    de tous les hommes, triomphe de leur sage volonté. »

    Hésiode, Théogonie

    Existe-il sur terre quelque chose de plus divin que l’amour ? – se demandait probablement le poète grec, il y a plus de 2700 ans, en écrivant ces lignes.

    Car lorsque les Grecs ont créé les dieux à leur image, ils n’ont pas manqué de leur attribuer aussi, en les amplifiant, les qualités et les défauts des êtres humains, leurs désirs et leurs amours.

    Les dieux du panthéon grec et romain éprouvent, en ce qui concerne l’amour, les mêmes sentiments que les hommes. Rien ne leur est épargné, ni le bien, ni le mal. Les dieux connaissent l’amour réciproque, l’amour affectueux et généreux, mais également l’amour non partagé et l’amour trahi, la jalousie et l’adultère.

    Comme tous les parents, les dieux aiment profondément leurs enfants. Comme toutes les mères, les déesses sont animées d’un amour maternel à toute épreuve et essayent de protéger leur progéniture lorsque celle-ci se trouve dans une impasse.

    Quoi de plus réconfortant que de voir, lorsqu’il s’agit d’amour, les dieux soumis aux mêmes désirs et aux mêmes erreurs que les êtres humains ? Ainsi, l’homme peut se sentir, dans ce domaine au moins, l’égal des dieux.

    Les histoires d’amour racontées dans la mythologie gréco-romaine concernent presque tous les grands dieux de l’Olympe, même si Jupiter, le maître des dieux, et Vénus, la déesse de l’Amour et de la Beauté, se démarquent nettement par le nombre et l’intensité de leurs amours.

    Embellis et retransmis par les poètes antiques, les amours des dieux ont été d’inépuisables sources d’inspiration pour les artistes de tous les temps, qu’ils soient sculpteurs, peintres, poètes ou compositeurs.

    En allant des statues comme la Vénus de Milo aux tableaux comme la Vénus du Pardo de Titien, et en passant par de magnifiques tentures et porcelaines, le musée du Louvre abrite de nombreux trésors d’art qui rappellent les dieux de la mythologie gréco-romaine et leurs amours. Pourtant, le visiteur d’aujourd’hui a parfois oublié les légendes qui ont été les sources d’inspiration de ces œuvres d’art.

    Ce livre présente les histoires des amours des dieux de la mythologie grecque et romaine, telles qu’elles sont représentées dans soixante-dix peintures du musée du Louvre réalisées entre 1470 et 1844.

    Parmi les auteurs de ces peintures se trouvent des noms célèbres comme l’Albane, Boucher, Carrache, Corrège, Van Dyck, Fragonard, Le Brun, Mantegna, Poussin, Rubens, Tiepolo, Titien, Van Loo ou Watteau.

    Bien que la plupart des histoires concernant les amours des dieux trouvent leur source dans la mythologie grecque, les titres des tableaux du Louvre contiennent presque toujours les noms latins des dieux. Pour conserver l’unité de l’ouvrage, les légendes ont également été racontées en utilisant les noms latins des dieux.

    Les histoires des amours des dieux présentées dans ce livre sont étayées par des citations issues des auteurs antiques, d’Homère, Hésiode et Euripide, à Virgile, Ovide, Apulée ou Pausanias le Périégète.

    Avant de débuter la visite des salles du Louvre à la recherche des amours des dieux, ajoutons à ces citations cette prière fondamentale que Junon adresse à Vénus dans la 14e rhapsodie de l’Iliade d’Homère :

    « Donne-moi l'amour et le désir à l'aide desquels tu domptes les dieux immortels et les hommes mortels. »

    Note

    Les peintures présentées dans ce livre sont accessibles sur Internet, principalement dans trois bases de données :

    – la base Atlas des œuvres exposées dans le musée du Louvre

    http://cartelfr.louvre.fr/ ;

    – la base Joconde, le portail des collections des musées de France

    http://www.culture.gouv.fr/

    documentation/joconde/fr/ ;

    – la base Images d’Art des œuvres des musées français

    http://art.rmngp.fr/fr.

    Apollon

    « Le puissant Apollon,

    qui écarte le malheur. »

    Homère, Odyssée

    Apollon, fils de Jupiter [Zeus, pour les Grecs] et de Latone [gr. Léto], est le frère jumeau de Diane. Il est le seul dieu de l’Olympe que Grecs et Romains désignent par le même nom. Parfois on ajoute l’épithète Phébus – le Brillant Apollon.

    Dès sa naissance, Apollon demande :

    « Qu'on me donne une lyre harmonieuse et des arcs recourbés et désormais je révélerai aux hommes les oracles certains de Jupiter{1}. »

    Apollon est habituellement représenté comme un jeune homme fort et beau, imberbe mais avec une très belle chevelure. Il porte souvent une lyre et parfois un arc et un carquois.

    La lyre rappelle qu’Apollon est principalement le dieu de la Poésie et de la Musique, car « les Muses et Apollon, qui lance au loin ses traits, font naître sur la terre les chantres et les musiciens{2} ».

    L’arc et les flèches évoquent surtout l’épisode du monstrueux serpent Python, tué par Apollon{3}.

    Certains disent que Python était le monstre qui avait poursuivi et effrayé la mère d’Apollon, Latone, pendant sa grossesse{4}.

    D’autres affirment que Python était un dragon qui protégeait un vieil oracle de Delphes, empêchant Apollon « de s'approcher des fissures par lesquelles s'exhalaient les prophéties{5} ». Apollon, qui voulait établir là son propre oracle, tue Python et délivre ensuite ses prédictions par la voix d’une prêtresse nommée Pythie.

    Apollon se présente lui-même dans une lumière extrêmement favorable :

    « Par moi tout ce qui est, fut et doit être, se découvre aux mortels. Ils me doivent l'art d'unir aux accords de la lyre les accents de la voix. Mes flèches portent des coups inévitables. […] Je suis l'inventeur de la médecine. Le monde m'honore comme un dieu secourable et bienfaisant{6}. »

    Au-delà de cette apparence rassurante, Apollon se montre parfois cruel et capable de terribles vengeances. La fin tragique de Marsyas en est une preuve{7}. Marsyas ose défier le dieu de la Musique, affirmant que sa flûte produit des sons plus mélodieux que la lyre d’Apollon. Sorti vainqueur de cette confrontation, Apollon écorche vif le perdant :

    « On voit dans la citadelle la peau du silène{8} Marsyas ; elle y fut suspendue par Apollon en forme d'outre, à ce que disent les Phrygiens, après que ce dieu l'eut écorché{9}. »

    Malgré ses atouts, Apollon est un dieu plutôt malchanceux en amour. Son amour pour Coronis, la fille d’un roi de Thessalie, est un exemple. Coronis tombe enceinte du dieu, mais durant sa grossesse elle cède aussi aux avances d’un mortel. Prévenu par une corneille de la trahison de son amante, Apollon tue la mère mais sauve son enfant, Esculape [Asclépios, pour les Grecs], qui deviendra le dieu de la Médecine{10}.

    Apollon n’est pas plus chanceux dans ses amours avec les hommes. Hyacinthe [Hyacinthos], un jeune homme d’une grande beauté, chéri par Apollon, est tué accidentellement par un disque lancé par le dieu. Pour honorer la mémoire de Hyacinthe, Apollon fait naître de son sang une fleur de couleur pourpre, à laquelle il donnera son nom{11}.

    APOLLON ET DAPHNÉ,

    UN LAURIER NÉ D’UN AMOUR NON PARTAGÉ*

    La légende de Daphné est le récit de l’une des passions amoureuses d’Apollon qui finit tragiquement. Une première variante de cette légende est transmise par Parthénios de Nicée, un poète grec du Ier siècle av. J.-C.

    Daphné est une jeune fille qui aime la chasse plus que toute autre chose. Pas du tout intéressée par les garçons, elle préfère chasser le gibier, accompagnée de sa meute de chiens.

    Leucippe, un jeune homme tombé amoureux d’elle, trouve une solution pour l’approcher :

    « Il quitte les habits de son sexe, et le voilà fille et chassant avec Daphné{12}. »

    Le stratagème fonctionne parfaitement jusqu’au jour où Daphné veut se baigner nue, à côté d’autres jeunes filles. Leucippe refuse de les accompagner, mais les filles lui arrachent ses vêtements et découvrent la supercherie.

    « Furieuses du piège qu'il leur a tendu, elles le percent de leurs traits et, par la volonté des dieux, il disparaît à tous les yeux. »

    « Par la volonté des dieux », dit Parthénios, car c’est apparemment Apollon, lui aussi amoureux de Daphné, qui serait à l’origine de l’envie soudaine de Daphné de se baigner.

    Une fois son rival éliminé, Apollon tente d’approcher Daphné, mais la jeune fille s’enfuit. Lorsqu’elle réalise qu’elle n’a aucune chance de lui échapper, elle implore Jupiter « de l’enlever d’entre les humains{13}. »

    La prière de Daphné est exaucée et elle se transforme en laurier{14}. Attristé, Apollon ne peut rien faire d’autre que de cueillir un rameau de cet arbre et de s’en couronner la tête{15}.

    Une autre version plus connue de la légende d’Apollon et de Daphné ne mentionne pas Leucippe, mais fait apparaître l’Amour, fils de Vénus.

    C’est la première histoire racontée par Ovide dans ses Métamorphoses et elle commence ainsi{16} :

    « Fille du fleuve Pénée, Daphné fut le premier objet de la tendresse d'Apollon. Cette passion ne fut point l'ouvrage de l'aveugle hasard, mais la vengeance cruelle de l’Amour irrité. »

    Car, tout juste vainqueur du serpent Python, Apollon aperçoit le fils de Vénus qui tente péniblement de tendre la corde de son arc et il ne peut s’empêcher de le taquiner :

    « Faible enfant, lui dit-il, que prétends-tu faire de ces armes trop fortes pour ton bras efféminé ? […] Contente-toi d'allumer avec ton flambeau je ne sais quelles flammes, et ne compare jamais tes triomphes aux miens. »

    Contrarié, l’Amour lui réplique que sa gloire est au-dessus de la sienne, et il en fait la preuve grâce à deux de ses flèches. La première, dorée et pointue, est une flèche qui fait aimer, et elle est destinée à Apollon. La deuxième flèche, armée de plomb et émoussée, fait haïr. Elle atteint Daphné.

    « Soudain Apollon aime ; soudain Daphné fuit l’amour. »

    Apollon est de plus en plus épris de Daphné, pendant que la jeune fille fuit ses avances et essaie de lui échapper, en implorant son père :

    « Cher auteur de mes jours, […] permets que je garde toujours ma virginité. Jupiter lui-même accorda cette grâce à Diane. »

    Après une très longue course, quand Apollon arrive presque à embrasser de force la jeune fille, Daphné fait son ultime demande, préférant mourir que céder :

    « S'il est vrai, dit-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi ! Ô terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui me devient si funeste ! »

    À ce moment-là, la métamorphose de Daphné commence : ses pieds prennent racine, son corps se couvre d’écorce, ses bras se changent en rameaux et ses cheveux se transforment en feuilles.

    La métamorphose de Daphné calme les ardeurs d’Apollon, qui décide que le laurier sera désormais un de ses symboles :

    « Apollon l'aime encore ; il serre la tige de sa main, et sous sa nouvelle écorce il sent palpiter un coeur. Il embrasse ses rameaux ; il les couvre de baisers, que l'arbre paraît refuser encore.

    Eh bien ! dit le dieu, puisque tu ne peux plus être mon épouse, tu seras du moins l'arbre d'Apollon. Le laurier ornera désormais mes cheveux, ma lyre et mon carquois. […] Et comme mes cheveux ne doivent jamais sentir les outrages du temps, tes feuilles aussi conserveront une éternelle verdure.

    Il dit ; et le laurier, inclinant ses rameaux, parut témoigner sa reconnaissance, et sa tête fut agitée d'un léger frémissement. »

    1

    Francesco ALBANI, dit l'ALBANE

    (Bologne, 1578 – Bologne, 1660)

    Apollon et Daphné

    Vers 1615-1620 ; huile sur cuivre / bois ; 17 x 35 cm

    Denon, 1er étage, Grande Galerie, salle 12

    img1.jpg

    L’oeuvre ci-dessus fait partie des tableaux de cabinet, des tableaux de petites dimensions qui ont rendu célèbre le peintre bolonais Francesco Albani, dit l’Albane.

    Certains ont critiqué l’apparente prédilection de l’Albane pour peindre « des scènes heureuses » :

    « Il n’en a guère fait que de gracieux, il n’a guère représenté que des scènes heureuses, dont les descriptions sont agréables et poétiques. […]

    Ce qui est aimable sur les mers, sur la terre et dans les cieux, tous les êtres charmants qui peuvent s’offrir à nos regards, et ceux qu’enfanta l’imagination, ont été l’objet continuel de ses pinceaux{17}. »

    Au premier regard, le tableau Apollon et Daphné de Francesco Albani semble vraiment représenter une scène idyllique. Le ciel est immense et d’un bleu incomparable. Le paysage est dégagé, encadré seulement par quelques arbres et, au loin, par des montagnes. L’eau d’un lac sans ondes réfléchit le ciel et pas même un oiseau ne trouble l’air. Mais si tout semble calme, l’histoire représentée dans ce tableau est loin d’être une « scène heureuse ».

    Dans ce paysage hors du temps, le blond Apollon poursuit Daphné. Un halo de lumière entoure la tête du jeune dieu. Il tient son arc dans sa main gauche. Avec la main droite tendue en signe d’imploration, Apollon supplie Daphné de répondre à son amour.

    Daphné ne veut pas s’arrêter. Elle vient juste d’abandonner la chasse et a encore son javelot à la main. En courant, la jeune fille tourne la tête vers Apollon et semble lui dire : « Qu’est-ce que tu veux ? Je ne t’aime pas ! Laisse-moi tranquille ! »

    En haut à droite, un nuage sombre s’ouvre pour laisser apparaître, dans une lumière dorée, l’Amour. Celui-ci montre la scène, comme preuve de sa puissance : ses flèches sont bien plus redoutables que celles d’Apollon.

    2

    Nicolas POUSSIN

    (Villers, Les Andelys, 1594 – Rome, 1665)

    Apollon amoureux de Daphné

    1664 ; huile sur toile ; 155 x 200 cm

    Richelieu, 2e étage, salle 11

    img2.jpg

    Nous ne savons pas quand Nicolas Poussin a lu pour la première fois Les Métamorphoses d’Ovide. Mais il est sûr qu’Ovide est devenu l’un de ses auteurs favoris après sa rencontre à Paris, vers 1622, avec le poète italien Giambattista Marino (1569-1625), connu en France sous le nom de Cavalier Marin. Protégé de Marie de Médicis et de Louis XIII, Giambattista Marino devient le premier mécène du peintre en lui commandant une série de dessins illustrant Les Métamorphoses d’Ovide.

    Nicolas Poussin conserve toute sa vie son intérêt pour les récits d’Ovide, jusqu’à son dernier tableau qui fait aussi référence aux Métamorphoses du poète latin. Ce dernier tableau, peint par Poussin vers l’âge de 70 ans, est intitulé Apollon amoureux de Daphné (voir page précédente). Plusieurs dessins préparatoires, dont une partie est conservée au Louvre, sont la preuve du long travail nécessaire pour arriver à cette version finale.

    À la différence de la plupart des artistes qui ont peint la légende d’Apollon et Daphné, Poussin n’a pas choisi de représenter la scène finale, celle dans laquelle Daphné se transforme en laurier, mais le début de cette histoire d’amour inassouvi.

    Une multitude de personnages, dont plusieurs nymphes, occupent le premier plan du tableau.

    Apollon, en rouge, est assis à gauche de la scène. Il regarde vers Daphné qui, à l’autre extrémité, embrasse son père, le fleuve Pénée. Devant Apollon, apparemment déjà touché par la première flèche de Cupidon, le dieu de l’Amour s’apprête à lancer la flèche de la haine vers Daphné.

    Attiré par la jeune fille, Apollon ne fait plus attention à rien d’autre et Mercure, reconnaissable à son casque ailé, en profite pour lui voler une flèche de son carquois.

    Au fond à droite de la scène, un homme tombé à terre rappelle l’histoire d’Hyacinthe, le jeune tué accidentellement par le disque lancé par Apollon.

    3

    Giovanni Battista TIEPOLO

    (Venise, 1696 –  Madrid, 1770)

    Apollon et Daphné

    Vers 1743-1744 ; huile sur toile ; 96 x 79 cm

    Denon, 1er étage, salle 25

    img3.jpg

    Parmi les artistes italiens du XVIIIe siècle, le Vénitien Giovanni Battista Tiepolo est considéré comme le plus célèbre des « fresquistes hors pair, capables de transfigurer n’importe quelle salle de château ou de monastère{18} ».

    Une partie de la magie des grandes fresques de Tiepolo se retrouve également dans ses tableaux de chevalet. Voilà, par exemple, celui intitulé Apollon et Daphné, exposé au Louvre. Comme dans ses fresques, on découvre ici une scène avec un fort pouvoir émotionnel, d’une beauté exquise et d’un chromatisme clair et lumineux.

    Dans son tableau, Tiepolo a choisi d’illustrer le moment où Apollon, à un pas d’attraper Daphné, s’arrête dans sa course en voyant la jeune fille se métamorphoser en arbre. Le large manteau rouge d’Apollon flotte encore dans le vent. À bout de forces, Daphné voit les doigts de sa main droite se transformer en feuilles de laurier. Comme elle l’avait demandé, sa beauté la quitte pour toujours. Une grande tristesse couvre son visage.

    Apollon regarde la main de Daphné, sans avoir l’air de comprendre ce qui se passe. Pourtant, une couronne de laurier couvre déjà sa tête auréolée.

    Jusqu’ici, le tableau de Tiepolo rappelle beaucoup la sculpture Apollon et Daphné réalisée par Le Bernin plus d’un siècle plus tôt{19}. Vraisemblablement, la source d’inspiration première

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