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Les Sept Fontaines: suivi de Las siete fuentes (Edition bilingue)
Les Sept Fontaines: suivi de Las siete fuentes (Edition bilingue)
Les Sept Fontaines: suivi de Las siete fuentes (Edition bilingue)
Livre électronique142 pages1 heure

Les Sept Fontaines: suivi de Las siete fuentes (Edition bilingue)

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À propos de ce livre électronique

Quand l’enfance conditionne la vie d’adulte et l’envie de tuer...

Diplômé en édition, Pablo est un jeune Sud-Américain installé en Espagne. Travaillant pour une agence de services d’espionnage, il utilise sa maison d’édition pour couvrir les activités illicites de ses informateurs sans éveiller les soupçons.

Vivant confortablement entre Salamanque et Londres, où sont installés sa femme et ses deux enfants, Pablo ne parvient pas à être heureux et vit avec une idée fixe : retrouver un homme qu’il recherche depuis des années et dont il veut se venger.

Un jour, alerté par un message lui indiquant que celui-ci va se rendre dans le Sud de la France pour y consulter un médecin, Pablo part aussitôt sur ses traces, s’équipe d’une arme à feu et monte un scénario imparable qu’il compte utiliser pour assouvir sa vengeance.

Mais, à la recherche d’un passé qui l’obsède, va-t-il mener à terme sa mission et retrouver une sérénité qui l’a abandonné ?

Un récit tout en contraste au plus profond de la noirceur de l’âme. Un thriller violent et captivant

EXTRAIT

La place s’est ouverte devant ses yeux : limpide, fragile dans la lumière rosée qui semblait envelopper les arbres. Sous le jet de la fontaine, on avait placé un récipient de verre avec cinq bouteilles de vin. En les regardant, Pablo ressentit une enivrante sensation de fraîcheur. Il imagina qu’il s’asseyait à l’une des tables et demandait qu’on lui servît une de ces bouteilles ; il imagina qu’en la buvant tout entière et avec la plus grande lenteur, cette couleur, cette luminosité soyeuse le rendrait léger comme une bulle de savon qui descendrait vers le sol empierré. « Mais je dois être très attentif, comme un chat, quand il entend le battement d’ailes d’un oiseau qu’il ne peut pas encore voir. »

A PROPOS DE L’AUTEUR

Juan Carlos Méndez Guédez est un auteur vénézuelien né à Barquisimeto. Diplômé en littérature sud-américaine à l’université de Salamanque (Espagne), il est l’auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages dans son pays.
En 2013, les libraires du Venezuela décernent à sa nouvelle Arena negra le prix de Livre de l’année. Ses œuvres, empreintes de sentiments liés à l’exil, au départ et au déracinement, parlent aussi d’amour.
LangueFrançais
Date de sortie15 janv. 2016
ISBN9782918754282
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    Aperçu du livre

    Les Sept Fontaines - Juan Carlos Méndez Guédez

    LES SEPT FONTAINES

    traduit de l’espagnol (Venezuela)

    par Andrée Guigue

    À Juan Bautista Guédez qui m’a offert ses monnaies un jour de 1978 pour que je sache que le monde est un mot immense où nous voyageons.

    À Freddy Castillo Castellanos, qui me parle toujours des belles montagnes et des fontaines.

    Seigneur, celui qui voit la vision, la voit-il dans l’âme ou dans l’esprit ?

    Évangile de Marie Madeleine

    Le corps est ce qu’il reste de l’âme après la chute.

    WILLIAM BLAKE

    Vive l’eau, et ses réponses.

    RAFAEL BOLIVAR CORONADO

    1

    La place s’est ouverte devant ses yeux : limpide, fragile dans la lumière rosée qui semblait envelopper les arbres. Sous le jet de la fontaine, on avait placé un récipient de verre avec cinq bouteilles de vin. En les regardant, Pablo ressentit une enivrante sensation de fraîcheur. Il imagina qu’il s’asseyait à l’une des tables et demandait qu’on lui servît une de ces bouteilles ; il imagina qu’en la buvant tout entière et avec la plus grande lenteur, cette couleur, cette luminosité soyeuse le rendrait léger comme une bulle de savon qui descendrait vers le sol empierré. « Mais je dois être très attentif, comme un chat, quand il entend le battement d’ailes d’un oiseau qu’il ne peut pas encore voir. »

    Quelques semaines plus tôt, il avait reçu le message : « Nous savons peut-être où il se trouve maintenant. » Pablo bondit sur sa chaise. Puis il respira profondément et essaya de se calmer. Il se sentit ridicule. Son attente était devenue une grimace stridente, comme si les lignes de ce courrier électronique avaient frappé son visage avec la sonorité éclatante qui ouvrait la Cinquième Symphonie de Beethoven ; des accords qui aujourd’hui lui paraissaient plus propres à un marchand d’oreillers qu’à accompagner l’instant qu’il attendait depuis vingt-huit ans.

    « Le problème c’est l’emphase, pensa-t-il, le problème c’est toujours l’emphase. » Voilà pour quoi son sens commun réagissait et établissait un lien entre la nouvelle et les accords détestés du musicien. Mais il devait se calmer, oui, il devait donner à cet instant sa juste mesure. « Ce n’est qu’une rencontre, une rencontre inévitable et naturelle. »

    Il demanda davantage d’informations. On lui dit que lors d’une enquête de routine, ils avaient réussi à intercepter plusieurs courriers électroniques suspects, mais que, dans le lot, il y avait des communications inoffensives, de routine, et que l’une d’entre elles semblait être un message de l’homme auquel Pablo s’était intéressé depuis longtemps.

    Il lui fallut attendre quatre jours pour avoir plus de détails. Il imagina ses informateurs dans une opération dangereuse ou emmêlés dans un labyrinthe bureaucratique, plein de papiers et de dossiers, mais enfin lui parvint une copie du message et l’indication qu’il avait été envoyé depuis l’aéroport de Genève. Pablo le lut, la signature coïncidait, c’était son nom.

    Évidemment les informations étaient diffuses : un aéroport n’est pas un endroit précis ; un aéroport est n’importe quel endroit. Comme piste, c’était un fiasco. Il pouvait arriver à la ville, il pouvait être en train de l’abandonner, il pouvait s’y trouver de passage.

    Il relut le message.

    J’essqie d q,eliorer la sqnte de ,q hqnche, il y q de bonnes perspectives, je te rqconterqi dans le cql,e, je vqis dqns lq ville ou l equ chqnte dqns ses fontqines.

    Il le relut et réfléchit pendant des heures. Enfin il comprit que le message avait été écrit sur un clavier français, avec les lettres placées à un endroit différent du clavier espagnol. Ce n’était pas un détail bizarre si l’on pensait que le message avait été écrit à Genève. Ce qui attirait son attention, c’est le fait qu’il parlait d’un voyage vers une ville avec des fontaines.

    Il imprima le texte. Il sortit faire un tour sur la Plaza Mayor. L’arrivée du courrier électronique l’avait surpris à Salamanque, ville où pour des raisons professionnelles il passait une grande partie de l’année.

    Le reste du temps il le passait à Londres où il avait acheté une maison avec l’argent de ses gains et quand il se trouvait dans cette ville, il ne faisait pas grand-chose hormis lire des romans, écouter des morceaux de Bach, manger avec des amis et passer de brefs moments avec ses deux enfants silencieux et son épouse qui, de temps en temps, un whisky à la main, lui lâchait, les yeux troubles « je ne comprends pas pourquoi tu ne te décides pas à partir si chaque fois que je te parle, tu soupires et moi de même avec toi ».

    Mais à Salamanque la vie de Pablo était différente. Très concrète. Très à l’affût.

    Il continua à se promener sur la place. L’éclat ocre des pierres de Villamayor contractait son sang et ses muscles. Pendant quelques secondes, il fut convaincu que s’il regardait son image dans une vitrine il trouverait un homme aux cheveux complètement sombres et le corps tendu en lignes droites ; quelqu’un qui ressemblerait à celui qu’il était en arrivant dans cette ville pour monter l’affaire qui lui offrait une vie indolente, tranquille, cette vie que maintenant il allait interrompre tout d’un coup quand il aurait réussi à déterminer l’endroit où se trouvait cet homme qui disait voyager vers les fontaines aux eaux qui chantent.

    2

    « Aix-en-Provence », dit Rafael à l’autre bout du téléphone.

    Pablo sourit devant la certitude qui émanait de cette phrase. Il avait passé des heures à regarder des villes ou villages européens qui puissent répondre à la description du message, mais maintenant son ami et collaborateur lui indiquait avec netteté la réponse. Pablo lui demanda comment il pouvait en être si sûr, Rafael éclata de rire et lui répondit :

    « La phrase du courrier n’est pas n’importe quoi… c’est une citation de Maupassant, elle se trouve dans Itinéraires, son livre de voyages. Il y dit : Aix-en-Provence, la ville où l’eau chante dans ses fontaines. La personne que tu cherches a lu ce livre et a appris cette phrase. C’est quelqu’un d’important pour toi ?

    — Peu importe. Il vaut mieux que tu ne saches rien de cette histoire, mais, mince, quelle mémoire tu as, répondit Pablo.

    — Pas tant que ça. Itinéraires est un livre qui a paru un peu avant que je ne travaille avec toi. La phrase originale était plus longue, mais quelque misérable correcteur l’a réduite, la phrase entière disait la ville où l’eau chante et guérit dans ses fontaines. Aix-en-Provence a eu pendant longtemps des eaux thermales et les gens venaient y chercher un soulagement. Et il n’est pas étonnant que je me souvienne de ces pages, nous sommes en train de parler d’un livre inédit de Maupassant qui a été publié bien des années après sa mort… mais comme tu peux l’imaginer, ce n’est pas lui qui l’a écrit ; c’est moi qui l’ai complètement inventé et placé dans une maison d’édition à Caracas et dans une autre à Bogotá. Tu verras le titre que je me suis donné dans ce cas : Rafael Bolivar Coronado, traducteur. »

    Pablo lui répondit par un raclement de gorge. C’était le signal convenu pour interrompre une conversation. Il ne connaissait que trop l’impunité avec laquelle on épiait les conversations des gens. N’importe quelle excuse était bonne pour qu’un service d’intelligence place des écoutes sur un téléphone et enregistre chacun des mots qui s’y prononce. Il savait bien que son travail à Salamanque était très juteux pour plusieurs services d’espionnage dans le monde entier. Rien ne les rendrait plus heureux que de mordre à pleines dents dans l’information qu’ils pourraient y trouver.

    Tout avait commencé plusieurs années auparavant à Madrid. Pablo avait terminé un master d’édition à Mexico. Il s’y était marié puis, avide d’opportunités, il était venu en Espagne avec sa femme. Il avait d’abord travaillé comme stagiaire dans deux ou trois maisons d’édition où il corrigeait des épreuves et faisait des photocopies sans toucher un euro, un jour il avait été embauché par un important service d’espionnage international qui se trouvait faire de nouvelles enquêtes. Il parlait quatre langues, il avait une excellente mémoire visuelle, il était prudent et il était très habile dans l’art d’entrer en relation avec les gens et de leur tirer des informations. Les gens aimaient parler avec lui.

    En effet, ces traits prometteurs furent confirmés lors des examens d’entrée, mais à l’épreuve finale, cinq personnes obtinrent de meilleures notes. Les dirigeants ne lui fermèrent pas les portes. Ils lui firent savoir qu’ils le rappelleraient au cas où l’un des sélectionnés ne serait pas de taille.

    Il fut effondré. Sa femme attendait des jumeaux. Ils avaient besoin d’argent.

    Pendant des nuits de désespoir, il rêvait qu’il attaquait une banque ou qu’il écartait les bras et se jetait du haut d’un balcon.

    Quand les enfants naquirent, Rafael, un ancien camarade de l’université qui était aussi venu en Espagne, lui prêta les euros nécessaires pour payer la césarienne.

    Pablo demanda à son ami d’où lui venaient les billets providentiels qu’il avait dans son portefeuille.

    « Je les obtiens grâce au nom des autres, Pablo. J’aime écrire, mais personne ne veut me publier. Aussi j’invente des livres sous d’autres noms : des chroniques d’un conquistador d’Estrémadure du XVIe siècle, une vie de saints par un prêtre portugais du Moyen Âge, des livres de voyage de Maupassant que personne n’a traduit en espagnol, des lettres perdues entre Cézanne et Zola, une anthologie de poètes boliviens du XIXe, une nouvelle de Pavese sur un sujet latino-américain, des sonnets de Ramos Sucre, trois projets de romans de Jorge Luis Borges…, tout me va, tout surgit de mes mains et devient l’œuvre d’un autre, de moi-même, très profond. Nietzsche l’a déjà dit : Tout ce qui est profond aime le masque. Je te jure

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