Au début étaient une mère éternellement enceinte, un bouc émissaire professionnel, des enfants aux noms dingos et des intrigues polardeuses. À la fin, un dénommé Pépère fait « un coup d'État littéraire », et voici que s'achève la fresque familiale de la « tribu » Malaussène, comme la nomme son créateur lui-même. Ils sont apparus dans le paysage littéraire en 1985 et ont grandement participé à faire entrer le nom de Pennac dans le Larousse, et dans la culture française contemporaine. Nous avons passé trois décennies et sept livres avec eux. Et alors que pour nous débute l'année 2023, eux arrivent au bout de leur parcours. Terminus Malaussène: le titre fait foi. On refuserait presque d'y croire, tant Pennac semble avoir déjà fait le coup. Et pourtant: « Oui, c'est bien le dernier, confirme-t-il en riant, ne serait-ce que parce que les décennies ont passé et je suis maintenant le dernier tome de moimême! J'ai mis cinq ans à écrire ce tome-là, alors imaginez si je devais continuer… Il y a des âges où l'on ne peut plus avoir les mêmes projets qu'à 30 ans. »
QUAND LE PROFESSEUR PENNAC DÉCOUVRE LE POLAR
Revenons en arriéré. Ne en 1944, Daniel Pennacchioni (son vrai nom) devient professeur de français en 1969. Il enseigne à Soissons, à Nice et à Paris. Pendant six ans, il s'occupe d'enfants sous surveillance judiciaire. En 1973, il publie un essai contre les obligations militaires: . À, de D. Henderson Clarke. Il s'en émerveille dans une lettre envoyée à son ami Jean-Bernard Pouy, lequel est encore animateur culturel au lycée Romain-Rolland d'Ivry-sur-Seine où il a croisé deux jeunes élèves nommés Tonino Benacquista et Maurice Dantec qu'il allait bientôt convertir au polar. Pouy est alors un fin lecteur de la « SN » et, par retour de courrier, lui conseille une quinzaine de livres et d'auteurs essentiels de la collection. Notamment Raymond Chandler, Chester Himes, James Hadley Chase, Jerome Charyn. « », raconta Pennac par la suite, subjugué par les métaphores et par les images de Chandler.