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Le silence du serpent blanc: Roman jeunesse
Le silence du serpent blanc: Roman jeunesse
Le silence du serpent blanc: Roman jeunesse
Livre électronique88 pages47 minutes

Le silence du serpent blanc: Roman jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Depuis trois ans, dans mon pays, on a un roi. Et on ne parle plus. On ne chante plus. On n’a plus le droit. On murmure à peine quelques mots. Même les oiseaux se taisent. Depuis trois ans, la vie est si triste ici.

Et puis, est arrivée Pamina. C’est une nouvelle dans ma classe. Elle est belle et, avec elle, je me sens pousser des ailes.

Le silence a trop duré. Je veux combattre notre roi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1981 à Parthenay dans les Deux-Sèvres, et résidant aujourd’hui en Gironde, Arnaud Tiercelin partage sa vie entre sa famille, ses élèves, ses livres, son chat et sa guitare. À ce jour, il a publié une vingtaine de livres : des romans, des albums et des recueils de nouvelles.
LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie15 avr. 2021
ISBN9791096935758
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    Aperçu du livre

    Le silence du serpent blanc - Arnaud Tiercelin

    Rose

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    Les chaussettes noires

    « À table ! »

    Ça faisait plus d’une heure que j’attendais dans ma chambre, gribouillant un tatouage sur mon agenda. J’ai descendu les escaliers en essayant de faire le moins de bruit possible. Après pas mal de tentatives ratées, j’avais enfin trouvé la solution. Il suffisait d’être en permanence en chaussettes. Sur le parquet du salon, ça marchait super bien. En plus, on pouvait faire des glissades sans déranger personne. Bon, d’accord, en fin de journée, mes chaussettes étaient toutes noires et pleines de saletés mais, au moins, maman n’était pas embêtée avec les militaires.

    Dans la cuisine, ma mère et mes petits frères mangeaient déjà. Si la lumière avait été éteinte, on aurait juré qu’il n’y avait personne. C’était un silence splendide et presque inquiétant. Alex et Hugo avaient bientôt cinq ans et c’était fou de voir comme ils avaient compris la nouvelle loi de notre pays : vivre dans le silence. Ne plus faire de bruit, sous peine de poursuites.

    Je me suis assis et, en approchant ma chaise de la table, elle s’est mise à grincer sur le carrelage.

    — Chut ! m’a lancé Alex. On mange.

    J’ai relevé la tête.

    — Qu’est-ce que c’est ?

    Ma mère s’est raclé la gorge comme si elle n’avait pas parlé depuis des siècles.

    — Du risotto.

    J’ai regardé tout le monde avant d’engloutir ma grande platée de riz à la tomate.

    Depuis les élections, chaque repas se déroulait de la même manière. À savoir : on se parlait juste avec les yeux, on ouvrait la bouche uniquement pour manger et, au moindre vol de mouche, tout le monde sursautait. Si quelqu’un toussait, on se dépêchait d’aller l’aider pour qu’il cesse immédiatement. Il ne fallait surtout pas réveiller la Caméra de la maison qui nous surveillait en permanence.

    Nous, on n’a jamais eu de gros problèmes avec les militaires. De toute façon, maman était toujours sur notre dos, nous mettant en garde si l’un d’entre nous tentait de raconter une blague ou sa journée à l’école.

    On vivait comme ça, tous les quatre.

    Maman et nous trois.

    Avec nos murmures. Nos voix de fantômes.

    Dans un lotissement de maisons neuves, aussi silencieuses que le cœur d’une forêt profonde.

    C’était le roi qui voulait ça.

    C’était la nouvelle loi.

    Quand il a été élu, il y a trois ans, il est passé de ­président à roi et, très vite, il a fait voter cette loi. Maman disait même qu’il avait fait modifier la Constitution. Depuis, tous les habitants du pays avaient l’obligation de garder le silence.

    Dans le journal, souvent je lisais les mots prison et exclusion pour tout opposant au roi.

    Dans le journal, souvent il y avait des interviews du roi. Il expliquait que les cerveaux travaillaient plus efficacement dans le silence, et que la criminalité du pays avait été divisée par huit depuis l’adoption de sa loi.

    Quand elle a eu fini son assiette, maman s’est levée pour brancher la télé. À peine allumée, maman a veillé à ce que le son soit bien au minimum.

    Ça ne servait à rien de l’allumer, cette fichue télé : ils passaient toujours les mêmes images de la journée du roi. On le voyait déambuler dans ses jardins. Il respirait une fleur, lisait un livre. Il observait des oiseaux si bien dressés qu’ils ne chantaient plus. Il suivait la courbe des nuages. Il baillait en levant les bras jusqu’au ciel.

    C’étaient toujours les mêmes images du roi.

    C’étaient surtout les seules images du roi. Elles avaient au moins deux ans. À la télé, on nous passait toujours les mêmes reportages. D’abord, le petit ruisseau. Et puis, en élargissant son champ, la caméra nous montrait le roi marchant très concentré, un livre à la main.

    Tout en mangeant une seconde assiette de risotto encore brûlant et recouvert de parmesan, j’ai brisé le silence.

    — Maman ?

    Mes frères trempaient leur doigt dans la sauce tomate et avaient des bouches de clowns.

    — Maman !

    Son visage a quitté l’écran de télévision pour se poser sur

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