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Nouvelles d’un fond de tiroir: Roman surréaliste
Nouvelles d’un fond de tiroir: Roman surréaliste
Nouvelles d’un fond de tiroir: Roman surréaliste
Livre électronique167 pages2 heures

Nouvelles d’un fond de tiroir: Roman surréaliste

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À propos de ce livre électronique

Sous une lune argentée, une vielle commode, un tiroir secret qui s’ouvre et un fil rouge se déroule… L’oncle Philogène a-t-il vraiment disparu au fond du tiroir ? La Tête se met à penser, le Corps se met à danser et c’est l’éditeur même de l’auteur qu’on assassine avant la parution d’un Deuxième Tome inachevé. Gladys, quant à elle, sonne le glas et veille au grain en apprenant la mécanique quantique. Elle se contemple dans un miroir sans fin puis se réveille finalement à la croisée des chemins au beau milieu d’un accident de voiture : elle a rendez-vous avec deux Fantômes de la route au centre du monde. C’est là qu’elle va y découvrir Gaby le magnifique puis faire une Rencontre du Troisième Genre inattendue ainsi qu’un Damoiseau qui s’est malencontreusement enfermé dans les toilettes. On l’aura deviné, l’auteur est le coupable idéal. Son Procès sera pavé de bonnes intentions, ou pas… Mais comme toute histoire cache un lapin dans son chapeau, l’oncle Philogène devra refaire surface à l’endroit où on l’attendait le moins… celle de la Mémoire retrouvée d’un tiroir sans fond…
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie14 oct. 2020
ISBN9791037714282
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    Aperçu du livre

    Nouvelles d’un fond de tiroir - . FØDOR

    I

    Un tiroir sans fond

    Certaines choses ne tiennent parfois qu’à un fil.

    Cela faisait un bon bout de temps que cette vieille commode traînait dans la maison sans jamais avoir pu trouver sa place. Disons plutôt que c’était moi qui ne la tenais pas en place et qui n’arrêtais pas de la déplacer. Ce meuble soi-disant « convenable », qui avait sûrement dû offrir suffisamment de commodités par le passé pour mériter son nom, était pourtant très quelconque. Je ne la gardais que parce que c’était un héritage du dernier souvenir de mon oncle Philogène. Il était décédé il y a déjà quelques années mais cela restait un mystère. Personne n’avait pu vraiment affirmer s’il était bien mort ni de quoi il aurait bien pu mourir. Un jour, on avait simplement cessé de le voir et la seule trace qu’il ait laissée derrière lui à ce moment-là était un testament énigmatique dans lequel il ne léguait que quelques objets sans valeur à ses neveux et nièces. Il semblait d’ailleurs ne posséder rien d’autre que ces vieilleries en question. Le reste de sa maison était étrangement vide, il n’y avait aucune trace récente d’activité ou de vie quelconque ni aucune présence passée de l’oncle Philogène. Comme si une montre s’était arrêtée en ne figeant rien d’autre qu’un grand vide derrière elle.

    La raison pour laquelle cette commode avait été reléguée aux oubliettes était que, d’une part, elle n’était pas particulièrement belle et, d’autre part, son seul et unique tiroir ne s’ouvrait pas. Il était fermé à clef et celle-ci restait introuvable. Pour une commode, ça ne l’était guère…

    Mais comme souvent, les choses les plus évidentes se cachent juste sous nos yeux. En fait, cette commode n’avait tout simplement pas de serrure, du moins pas une serrure qui nécessitât une clef. Le trou de celle-ci, dans le cas de ce vieux meuble, n’était qu’une décoration inutile, contrairement à sa ferronnerie qui était en réalité un bouton-poussoir permettant de déverrouiller la fermeture. Pendant toutes ces années, je m’étais tellement peu intéressé à cette commode que je n’avais jamais eu l’occasion de remarquer cette particularité. Je l’ai découverte par hasard en déplaçant ce meuble pour la énième fois dans une nouvelle pièce. L’année commençait et, plutôt que d’attendre le printemps, j’en profitais pour faire ce que j’appelais mon ménage de janvier. Le meuble était tout couvert de poussière et c’est en le nettoyant que, par hasard, j’activai le mécanisme.

    La résonance du déclic me parut d’abord un peu singulière pour une serrure que l’on aurait pu largement imaginer oxydée par le temps. Le tiroir s’est ensuite ouvert de quelques centimètres, comme libéré par un ressort, et j’ai commencé à le faire glisser lentement. Il ne présentait aucune résistance, malgré toutes les saisons passées qui auraient pu faire travailler le bois.

    Dans un premier temps, il m’a semblé vide et particulièrement sombre. J’y ai plongé ma main et j’ai tout de suite senti une drôle de forme. Ça ressemblait à une sorte de bâton ou de manche. Je l’ai sorti doucement et il a continué de grandir au fur et à mesure que je tirais. Au final, c’était une grande canne à pêche. Bien plus grande que le tiroir. Un peu perturbé, j’ai replongé mes yeux à l’intérieur du tiroir et j’ai cru apercevoir une autre forme se dessiner dans le fond. Pas très distincte. J’ai réintroduit ma main. Au toucher, on aurait dit une poignée. Je l’ai saisie et j’ai à nouveau extirpé un objet qui ne pouvait manifestement pas tenir dans l’espace d’où il venait. C’était une vieille valise en cuir qui ne fermait plus. Elle était vide si ce n’est quelques toiles d’araignée. Je regardais à nouveau ce tiroir qui prenait de plus en plus une allure énigmatique, je cherchais à en deviner le fond et je perçus cette fois-ci l’aspect d’un bout de tissus, peut-être du nylon. Je le saisis à son tour et je tirais. Mais j’avais beau tirer, il en venait toujours plus. Ça devenait énorme. Lorsque j’arrivais enfin au bout, j’avais déployé et répandu devant moi une immense voile de bateau. Je replongeais alors ma main dans ce foutu tiroir pour y trouver cette fois-ci un service de table. S’en suivirent quelques albums photos, des livres, un miroir, toutes sortes de vêtements, un pingouin (oui, un pingouin), une lampe à huile que je frottais sans résultat, un vieux fauteuil en cuir, quelques boîtes de conserve périmées, un plat de rognons tout prêt à servir, un vélomoteur avec son plein d’essence, une boîte à outils, un piano à queue gonflable et même un salon tout entier en kit à monter soi-même mais sans notice, etc. et ainsi de suite, et j’en passe… Ça ne s’arrêtait jamais !!!

    Arrivé à la fin de la journée, la pièce était jonchée d’objets les plus divers. Je ne savais plus où marcher et je me demandais tout à coup si tout ça allait bien pouvoir rentrer à nouveau dans le tiroir de la même manière que ça en était sorti. J’avais la curieuse sensation que non. Ça ne pouvait certainement marcher que dans un seul sens. Seul le temps avait pu entasser méticuleusement tous ces vieux souvenirs de la même façon qu’on arrive à remplir sa valise en pliant soigneusement chaque affaire. Un peu comme un trou noir contracté sur lui-même qui aurait supprimé peu à peu tout son espace libre. Sauf que ce maudit tiroir n’était jamais vide !

    Il commençait à faire vraiment nuit quand je tombai sur un étrange tableau. Une peinture sur toile encadrée de manière plutôt ancienne en moulure de bois. D’une taille raisonnable, elle mettait en scène toute une ribambelle de personnages, comme une sorte de grand tribunal ou de rituel qui siégeait sur un parterre verdoyant au milieu d’une clairière. J’ai posé la toile en hauteur sur la pile d’objets déjà amoncelés puis je me suis assis en face dans le vieux fauteuil fraîchement ressorti de l’oncle Philogène et j’ai observé… Une étrange sensation s’est immédiatement emparée de moi. J’aurais juré voir les couleurs délavées par l’ancienneté de cette œuvre se raviver au simple contact de mon regard.

    Curieusement, une fois après avoir pris connaissance du décor nocturne et forestier d’un style très réaliste, le contenu quant à lui paraissait résolument surréaliste. Notamment à cause d’une lune centrale parfaitement ronde, un peu trop grosse et bleuâtre qui éclairait une grande clairière. Comme un projecteur. Autre fait curieux, peut-être dû à une abondance de détails, l’œil se sentait d’abord attiré par le tout dernier plan. Planté en plein centre de la clairière, un grand homme, carrément un géant, tout vêtu de blanc, très dix-neuvième siècle, s’appuyait sur une canne et semblait poser de face. Il était droit comme un I, aussi statique qu’une statue ne puisse jamais l’être. Ou bien était-ce réellement une statue ? Manifestement, son visage et ses mains semblaient bien trop pâles, un peu comme du granit… Caché derrière de grosses lunettes de soleil, il scrutait l’horizon, le regard perdu dans ses pensées. Sur la droite, une femme lui parlait. Elle était perchée en haut d’une grande bibliothèque latérale, un livre ouvert dans les mains. Peut-être priait-elle ? Sûrement en vain. Complètement à l’opposé du tableau, un peu plus en avant-scène de l’homme-statue, une toilette sèche était installée, tournée vers le centre. Un petit garçon cognait à la porte. Sur le côté gauche, on distinguait un autre enfant qui tenait la main d’une petite fille. Il lui montrait un grand cœur percé d’une flèche dessiné sur la paroi latérale des toilettes. Devant, tel un décor central, surplombé par une grande horloge comtoise qui indiquait deux heures moins dix, un tribunal s’était dressé… un peu comme un pique-nique. Un juge à la barbe grisonnante y trônait sur la gauche, un gros maillet à la main. Cet homme d’apparence plutôt anglaise était accoutré d’une drôle de perruque qui rappelait Albert Einstein et lui donnait un faux air de savant fou. Au final, il ressemblait plus à un vieux tableau qu’à un magistrat moderne. À ses côtés se tenait la balance de la justice. Au vu des deux plateaux, elle penchait clairement dans le mauvais sens : sur la gauche. La justice ne devait pas être bonne, à moins de se placer du côté du juge où la balance aurait alors penché dans l’autre sens… À l’opposé de la tribune, sur la droite, un greffier était tourné vers la grande bibliothèque d’un air rêveur et inspiré. Peut-être était-il plus écrivain que magistrat si l’on considérait la grande plume stylée qu’il tenait dans sa main. Il paraissait très concentré, comme dans une bulle, sans aucune attention pour l’audience à laquelle il était censé participer. Chose curieuse, un couteau était planté dans son dos sans que cela n’ait non plus l’air de le gêner le moins du monde… Ni personne autour… Du sang coulait sur sa robe. Un peu plus loin devant lui, tout en bas à droite, trois écoliers étaient occupés à s’empoigner comme des chiffonniers. Un homme se tenait derrière eux, en bas de la tribune en brandissant une liasse de billets de banque en éventail. Comme s’il voulait parier sur la bagarre. De l’autre côté de la tribune, complètement à gauche, un homme en habit de docteur, si l’on s’en fiait au stéthoscope qu’il avait autour du cou, affichait un drôle de strabisme tout en ricanant bêtement devant le spectacle d’un vieil homme hilare ligoté sur un banc. Une chèvre lui léchait goulûment les pieds. Et comme pour rajouter à l’absurdité de cette situation, un gros chat fuyait la scène, poursuivit par deux chiens surexcités. En regardant plus sur la gauche, on découvrait encore un drôle de personnage, comme une sorte de chevalier des temps anciens, habillé d’un heaume qui ressemblait à une tête d’oiseau à cause de son nez très pointu. Un peu comme le bec du petit oiseau posé sur son épaule. Sans doute une perruche. Le damoiseau avait vraiment l’air de se demander ce qu’il faisait là. Son regard perdu pointait un peu plus vers l’avant-scène en direction de la barre centrale du tribunal. On y distinguait la silhouette sombre d’un personnage solitaire se tenant entièrement de dos. Il avait tout l’air d’être l’accusé de cette curieuse audience, sauf que, lui aussi, personne ne semblait le remarquer. Aucun regard ne pointait réellement vers lui. D’ailleurs, d’une manière générale, aucun de tous ces personnages n’avait l’air d’être connecté les uns aux autres. Pour finir, arrivé au tout premier plan, on distinguait sur l’extrême gauche l’avant d’une vieille carcasse de voiture accidentée puis, à l’opposé vers la droite, une femme. Elle était visiblement le sujet principal du tableau. Une grande et belle dame qui se tenait de dos, vêtue d’une longue robe de dentelles claire et légère avec un grand décolleté dans le dos. Un corbeau était perché sur son épaule gauche, la tête tournée vers ce qui aurait pu être le peintre improbable de cette scène. L’oiseau donnait l’impression désagréable de regarder le spectateur droit dans les yeux… Comme s’il s’apprêtait à sonner un cri d’alarme et alerter ainsi qu’un intrus était en train d’interrompre l’étrange intimité de cette toile hétéroclite… Un peu gêné par ce regard, j’ai à ce moment-là baissé le mien en cherchant si ce

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