Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

The F.A.G « For All Genres »: Roman
The F.A.G « For All Genres »: Roman
The F.A.G « For All Genres »: Roman
Livre électronique223 pages2 heures

The F.A.G « For All Genres »: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Dès sa naissance, Charlie est différente. Le doute s'est installé et ne l'a plus quittée. Transsexuelle, elle le sait depuis sa tendre enfance. Les brimades, le harcèlement, la violence verbale et physique pousseront Charlie à s'enfoncer dans un bourbier nimbé d'alcool et de prostitution. Les différentes étapes de sa vie révèleront les questionnements, les aberrations scolaires, administratives, sociales, familiales et autres que rencontre une personne soi-disant "différente". Un rendez-vous dans un bar à Paris et le récit d'une vie pas comme les autres. Charlie voguera sur les reflets d'un rubis "Sang de Pigeon" au gré de ses souvenirs. Poignant, sombre et inspiré de faits réels, personne n'en ressortira indemne !

À PROPOS DE L'AUTEUR

En quelques mots, Patrick Medaer est né à Bruxelles en 1961. Il effectuera son service militaire en tant qu'officier de réserve et il y restera quatre ans. Jusqu'en 2006, il occupera les fonctions de commercial et de responsable d'agence intérimaire en essaimant, de-ci de-là, différents jets poétiques. Cette période verra la naissance de ses trois filles. Après deux années à Amsterdam, il revient en Belgique en 2012.
Éducateur dans une école, il reprend la plume et publie en 2018 une novelette de fiction : Satané "hurle heure", nouvelle qui lui vaudra une belle notoriété en restant parmi les meilleures ventes de sa maison d'édition pendant plus de neuf mois.
LangueFrançais
Date de sortie21 févr. 2020
ISBN9791037706683
The F.A.G « For All Genres »: Roman

Auteurs associés

Lié à The F.A.G « For All Genres »

Livres électroniques liés

Biographique/Autofiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur The F.A.G « For All Genres »

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    The F.A.G « For All Genres » - Patrick Medaer

    Préface

    La première fois que j’ai rencontré Patrick, il était éducateur à l’école primaire « Clair-Vivre », à Bruxelles, où mes filles étaient scolarisées.

    Nous nous croisions chaque matin. Nous sommes devenus amis. Patrick est un éducateur formidable, à l’écoute de chaque enfant qu’il comprend et accompagne tout au long de l’année scolaire.

    C’est de cette manière qu’il a pu s’occuper d’une petite fille comme « Charlie » (en référence à l’héroïne de son livre), il l’a aidée à se construire, à se faire accepter par les autres enfants et le corps enseignant.

    Il était aussi là pour les parents désemparés face à une telle aventure. Et cela en toute simplicité, sans jamais juger… avec un cœur d’enfant qu’il a su garder.

    « The F.A.G. » ne raconte pas précisément l’histoire de cette petite fille mais parle bien de ce sujet qui dérange : la transsexualité. C’est quoi être transgenre aujourd’hui ? Où est la case à cocher dans tous ces formulaires administratifs ? Patrick pose la question tout au long de son livre.

    Il nous fera aller plus loin dans nos réflexions : pourquoi doit-on être homme ou femme, pourquoi n’a-t-on pas le droit à l’ambivalence ?

    Et chose importante, Patrick nous rappelle que cet être humain que la société ne tolère pas, a, un jour, été un enfant avec toute l’innocence et la pureté qui le caractérise. Avec aussi des peurs, un mal-être, une conscience de soi maladroite… comment Charlie parvient à se transformer, à se construire… Patrick nous le raconte sans artifice, avec violence aussi.

    Pour qu’un jour le monde change, et qu’on ne soit plus obligé d’être dans une case, un monde dans lequel on pourra tout simplement être différent.

    Pour tout ça merci.

    Karin Melchior

    Chapitre 1

    Mogok

    Rare ponctualité de la SNCF, je suis arrivé comme prévu à 18 h 30, gare Saint-Lazare à Paris. Le soleil n’était pas encore couché et une légère brise vint arracher des pavés les relents typiques des stations de chemin de fer. Visiblement et olfactivement, cet endroit devait servir à abriter bon nombre d’âmes errantes, n’ayant d’autres lieux que les porches et les trottoirs pour soulager vessies, estomacs et intestins. Résolument peu engageant pour une gare du huitième arrondissement mais Paris sera toujours Paris, la ville de toutes les lumières côtoyant l’abjection des bas-fonds de la Cour des Miracles.

    En quittant la gare, je me suis rendu compte que j’assumais le statut de touriste d’un jour avec une résignation amusée. Je me fondais dans la foule en tirant mon trolley bag d’une main tandis que de l’autre, j’essayais, tant bien que mal, de maintenir le plan des rues qui se pliait en quatre, en huit, en seize… et qui finirait par s’éventrer, comme toujours dans ces cas-là ! « Sur la gauche prendre la rue de la Boétie, bifurquer à droite via la rue Miromesnil, tomber face au numéro un de la rue du Faubourg Saint-honoré… ». Et là… une bourrasque, mon plan se déchira et s’envola ! Rien de mal fait car je ne devais être qu’à deux pâtés de maisons de mon hôtel. De fait, je m’en rendis compte en récupérant, de la poche intérieure de mon veston, le voucher qu’on avait envoyé, à mon nom, réservation et tous frais payés : Hôtel Elysées Mermoz. Avenue Jean Mermoz, 75008 Paris. Signé : L.V. Je me revois téléphoner à l’hôtel afin de m’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie de mauvais goût ! Tout était réel, la réservation de la chambre et l’aller-retour Bruxelles-Paris en Thalys. Je me doutais bien de l’identité de l’expéditeur mais je ne comprenais absolument pas la raison des deux cartes de visite jointes. La première provenait de la salle de vente Christie’s France : « Samedi 22 septembre 2018, 20 h, sale 179.745. Avenue Matignon, 9 ». La seconde, une carte du Bar-Lounge : « Doobies, 22h30. Rue Robert-Estienne, 2 ». Quel mystère ! Mais j’étais presque certain de ne pas me tromper sur le donateur et cela rendait cette situation moins énigmatique !

    De très bon goût, l’hôtel était situé à deux pas des Champs-Élysées, en plein cœur du quartier des riches antiquaires et des créateurs de mode. Une bâtisse de classe, en pierre de France où tout respirait le propre, le luxe et la quiétude. Le lieu semblait dévolu entièrement à la création artistique en témoignaient les nombreuses exhibitions qui s’y tenaient. Je pris possession de ma chambre sans vraiment m’y attarder. Juste le temps de me doucher et d’enfiler une chemise propre que les aiguilles de ma montre indiquèrent les 19 h 30.

    Et déjà le premier rendez-vous de la soirée prévu dans trente minutes. Tout semblait avoir été calculé minutieusement car « Christie’s France » se trouvait dans la rue adjacente. Je fus surpris du luxe des enseignes présentes rue Matignon : au 7, le célèbre restaurant Berkeley ; au 8, l’hôtel de feu le comte de Bari et enfin au numéro 9, une demeure fastueuse, la légendaire salle de vente internationale.

    Rien que la façade valait le détour. Quatre colonnes impressionnantes de plus de six mètres de haut délimitaient trois devantures ainsi que deux entrées majestueuses. Toutes surmontées de chapiteaux corinthiens et séparées les unes des autres par des balcons parisiens en fer forgé ! Impressionnant, on était loin de la petite brocante de quartier où se vendait la chaise percée du cousin Albert ou une collection de pinces à cheveux retrouvée dans une boîte poussiéreuse. Ici rien de cela, du parquet au sol recouvert d’un long tapis rouge, un parcours fléché qui me mena dans une grande salle de réception. Pas moins de trois cents personnes étaient assises et attendaient l’arrivée du commissaire-priseur qui prit place dans les secondes qui suivirent, derrière un pupitre surélevé. De part et d’autre s’affairait le personnel qui viendrait d’ici peu exposer à la vente les tableaux de maîtres, les meubles rares, les bijoux et autres babioles inabordables. Une dizaine d’employés attendaient le début des hostilités, portables en main, tablettes allumées. Le maître des lieux fit son apparition sous les applaudissements de la salle et tout s’enchaîna très vite, les présentations défilaient et les adjudications s’envolaient. Je n’osais bouger car les ordres d’achat se faisaient par un mouvement de la tête ou de la main. Un clignement des yeux et j’aurais été propriétaire d’un bronze ou d’une pièce de collection pour lesquels il m’aurait fallu trois vies de travail harassant pour en régler le prix. J’étais tétanisé et je ne comprenais toujours pas la raison de ma présence parmi le gratin du haut du pot.

    On proposa le lot 179.745 dans un silence presque religieux. Exhibée dans un écrin de soie blanche, une collection inestimable de 12 rubis de Birmanie vint illuminer les écrans géants. Des rubis Sang de Pigeon, les pierres les plus rares et les plus chères au monde. Une pure merveille et les enchères s’envolèrent : 500.000 euros par ordre, 520 au Monsieur à gauche, 540 à la Dame au chapeau, 580 au téléphone, 600 à la Dame au chapeau, 650 à l’international et les prix grimpèrent jusqu’à atteindre des sommets mirobolants proposés par un client asiatique. La vente fut saluée par un tonnerre de bravos et de félicitations et j’en profitai pour quitter la salle, content d’avoir participé passivement à cette expérience mais toujours sans en connaître la raison.

    Chapitre 2

    Au Doobies 1

    La nuit était tombée et j’étais heureux de pouvoir reprendre mes esprits après ces envolées vertigineuses. Il me restait à rejoindre la rue Robert-Estienne et je me réjouissais à l’idée de déguster un bon Cuba libre chez Doobies. J’arrivai avant les 22 h 30 et je fus surpris par le peu de monde, deux couples qui sirotaient une bouteille de champagne ainsi qu’une dame seule élégamment assise sur un tabouret au bar. Une pianiste en queue de pie revisitait les classiques des chansons d’amour. Il y avait dans l’air de la nostalgie musicale, mais rien de triste ; sans regret, sans plainte, juste un regard vers le passé.

    Le cadre était huppé mais sans exubérances grossières. Je me mis à siroter mon cocktail en appréciant la décoration quand mon attention fut captée par le manège de la petite dame accoudée au bar ! Elle avait la main gauche à hauteur de son visage. Elle tenait, entre le pouce et l’index, une sorte de goutte d’un rouge translucide qu’elle s’amusait à faire rouler de droite à gauche. La moindre source lumineuse provenant des appliques, des plafonniers ou des lustres en cristal de Bohème semblait être aspirée par cette larme purpurine.

    Mais elle n’absorbait rien, bien au contraire, elle projetait un rayonnement de mille feux comme autant d’éclairs tranchants et chauds comme le sang. Elle regardait cette petite poire facettée qui scintillait tel un feu de Bengale ! Elle était subjuguée par la multitude de larmichettes qui lui tournoyaient autour, au rythme du roulement de ses doigts, avec des tons allant du rouge vermillon à celui de carmin aviné, en passant par la gamme des orangés aux grenats, tous aussi étincelants les uns que les autres ! Rarement un tel embrasement ne m’aura semblé aussi énigmatique. La femme dodelinait de la tête, donnant l’impression d’être hâlée dans la profondeur de ces reflets qui se décuplaient sur les miroirs du bar. Elle surfait du regard sur les vagues des éclats comme si chacun d’eux représentait un pan de sa vie. Tout comme moi, les couples installés dans les sofas capitonnés la regardaient avec émerveillement, nous étions en admiration face à ce tableau vivant. Au bout d’un moment qui me parut une éternité, elle se retourna brièvement et je la reconnus aussitôt ! Là, à quelques pas de moi, assise dignement sur un tabouret du Doobies, dans ce resto-bar prisé du quartier des Champs-Élysées, je retrouvai Lilou Verterey, Lilou de la rue du Bousin.

    Elle esquissa un léger sourire et m’invita d’un subtil mouvement de tête à la rejoindre au bar. Je sentais mon cœur et mes tempes battre la chamade. Je ne l’avais plus revue depuis au moins un an et pourtant je savais inconsciemment qu’elle était à l’origine de ce mystérieux city-trip à Paris. Je la revois, comme si c’était hier, venir frapper à ma porte. Elle était dégoulinante de sueur et des giclées de sang maculaient ses habits. Elle resta cloitrée, cachée chez moi, dans la chambre d’amis, pendant plus de trois semaines. Le temps pour les services de police de venir constater que des odeurs pestilentielles émanaient de son logis, et que des nuées de mouches envahissaient la cage d’escaliers. Ils crurent tout d’abord retrouver le cadavre de cette femme aux mœurs légères, bien connue du quartier de la gare.

    Or, à leur grand étonnement, la dépouille était celle d’un homme, tragiquement décédé à la suite d’un accident hors du commun. La rumeur en fit un fait divers assez banal dans un quartier peu fréquentable. Un ancien tôlard qui se serait introduit chez Lilou à la recherche d’un hypothétique magot et qui, à la suite d’un curieux accident domestique, aurait perdu la vie non sans avoir perdu la moitié de la tête. On n’en sut guère davantage car l’enquête fut rapidement bouclée. Personne n’avait revu Lilou et ils en conclurent qu’elle aussi devait pourrir dans un caniveau, un bouiboui ou dans un des bois environnants. Qui se serait inquiété de l’absence de Lilou ? Elle qui n’avait jamais vraiment été considérée comme une femme à part entière, ne le fut pas davantage en tant que tapineuse de bas étage. Pourquoi diable aurait-on remué des montagnes, voire les terrils du bled pour s’en soucier ? No comment. Je la revois quitter mon appartement dans le plus grand secret, en pleine nuit, bras dessus bras dessous avec ses amis de toujours, la Grue et la Grande Jeannette. J’ai encore en mémoire cette énorme chevalière sertie de pierres et ce pendentif en forme de larme écarlate qu’elle avait pris le plus grand soin de dissimuler dans la doublure de sa robe. Je me rappelle son empressement à vouloir rejoindre Paris, son important rendez-vous avec un certain Fred et surtout l’intensité de nos adieux sur le pas de la porte. Elle m’étreignit plus qu’elle ne m’embrassa et m’offrit une pendeloque, un petit piano en acier blanc, qu’elle me mit autour du cou.

    Je m’approchai de Lilou en serrant machinalement le petit bijou au travers de ma chemise. Et subitement tout devint clair, le kaléidoscope qui tournoyait dans les airs prit une autre signification. Enfin les pièces de ce puzzle s’assemblaient… La chevalière, les rubis, Fred le célèbre joaillier de la Place Vendôme, la vente aux enchères chez Christie’s… tout !

    Pour qu’elle puisse s’en souvenir à jamais, elle ne garda de ses rubis qu’une seule pièce, son Mogok, comme elle le nomma ! Je m’assis à ses côtés, et elle entreprit de m’emmener voguer sur les formes irisées qui virevoltaient autour de nous. Mogok, me dit-elle, en me présentant son joyau. Mogok, sanctuaire birman dans lequel peu d’âmes entrent, là où le rubis Sang de Pigeon est roi ! Les Birmans disent qu’en voir un, c’est comme voir la face de Dieu. Pour la première fois de sa vie, Lilou eut la sensation de détenir les douze dieux de l’Olympe dans le creux de la main avant de les avoir vendus au plus offrant. Belle gageure pour quelqu’un qui fut si souvent marchandée. À chacun des reflets de cette merveille correspondait une partie de son existence ; je me tus et la laissai prendre le gouvernail de son passé. Elle avait enfin sa destinée en main et celle-ci commençait à l’arrière d’un bistrot de quartier !

    Chapitre 3

    Question de goût

    Il l’a culbutée dans l’arrière-cour du bar à Patou, l’unique bistrot de ce bled oublié de tous, perdu au milieu de nulle part, dans le gris du nord du pays. Dans un de ces patelins où les âmes

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1