À Baltimore, les vérités du terrain
Baltimore, centre-ville, un samedi matin. De vieux immeubles de bureaux du début du XXe siècle, qui rappellent la confiance et la flamboyance visuelle de l’Amérique capitaliste des années 1920. Entremêlés à ces reliques d’une décennie prospère, quelques restes du brutalisme des années 1970 et les monotones cubes en verre des grandes chaînes commerciales qui ont désormais envahi le paysage urbain. C’est la première fois que je séjourne vraiment dans cette ville, et je suis agréablement surpris par la préservation de son passé architectural. Je découvre à quel point Baltimore est peut-être la plus emblématique des villes américaines ; un miroir du meilleur et du pire de notre psyché nationale.
Dans l’imaginaire collectif, Baltimore convoque une intéressante schizophrénie. Elle a son aura littéraire et intellectuelle, son héritage de corruption tape-à-l’œil, ses bas quartiers délabrés et leur pauvreté crasse. C’est là qu’Edgar Allan Poe – immense pionnier du « grand-guignol » américain du XIX siècle et alcoolique invétéré – est mort de façon mystérieuse et repose pour l’éternité. En 1924, le grand H.L. Mencken, célèbre homme de presse local, a fondé ici une revue littéraire () qui fut cruciale pour le développement de la littérature américaine moderne. C’était aussi un essayiste visionnaire qui vitupérait le conformisme américain et la loi de la populace (une de ses plus fameuses épigrammes : . Sans doute aurait-il vu en Donald Trump
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