West Side Story, c’est fini
La nostalgie est une chose qui survient avec l’âge ; une sorte de « recherche du temps perdu » qui vous fait penser que la vie était plus facile à l’époque de votre jeunesse, et votre ville natale plus agréable.
Mais la nostalgie me trouble, car elle est souvent l’apanage de conservateurs comme Ronald Reagan, qui glorifiait les vertus supposées de l’Amérique profonde dans l’après-guerre, donnant la fausse image d’un vivre-ensemble harmonieux et d’une rectitude protestante cent pour cent blanche. Reagan était un habile politicien – regardez jusqu’où sa carrière d’acteur de série B l’a mené ! –, mais ce n’était pas vraiment une pointure intellectuelle, et il se plaignait constamment des prétendus « profiteurs du système ». Il nourrissait aussi une profonde méfiance (rarement exprimée, mais bien réelle) pour cette Amérique multiethnique et pas uniquement hétérosexuelle. La nostalgie implique l’idée de « ce que les choses devraient être », formule souvent employée par une des voix populistes les plus extrémistes de la radio américaine pendant plus de quarante ans, celle du défunt et guère regretté Rush Limbaugh, qui fut un fervent supporter de Trump et vitupérait tout ce qu’il pouvait y avoir de contemporain et de progressiste dans la vie moderne.
La nostalgie est donc un terrain glissant, car on peut vous accuser de tomber dans la carte postale d’un passé prétendument merveilleux.
Je suis un New-Yorkais de la troisième génération, dont les deux parents ont grandi
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