" Je veux vendre des Picasso », assure la petite fille à ses parents. Le problème, c’est qu’à Aix-en-Provence cela ne court pas les rues. Après une éducation assez permissive au lycée international d’Aix, la jeune Camille passe plusieurs mois dans un pensionnat de jeunes filles en Angleterre, puis entre en hypokhâgne et khâgne à la Légion d’honneur. « J’ai vu cet endroit extraordinaire, j’ai vu le cloître, la professeure d’histoire brillantissime, un monstre fait femme, j’étais ensorcelée. » Elle adore l’internat, les amitiés qui s’y nouent, le port de l’uniforme, une survivance française si loin de son enfance bohème. Pour la première fois, des enseignants lui expliquent la nuance. Au programme, la Révolution française, quoi de mieux pour une aristocrate catholique.
C’est la journaliste Anne Foster qui lui procure son premier stage, au service de presse chez Sotheby’s. Simon de Pury, ancienne star de la maison, la fascine depuis toujours. À l’époque les stages sont moins normés, ce qui rend les choses beaucoup plus simples : on est là pour apprendre un métier. Elle passe ensuite au département Mobilier et objets d’art, toujours en stage. Camille s’y sent comme un, lui assure la direction. Elle obtient son examen d’accès au stage de commissaire-priseur en novembre, Sotheby’s lui donne rendez-vous le mois de janvier suivant. Elle est recrutée sans entretien, la maison lui fait une confiance aveugle. Elle ne les décevra pas.