Ce que dit la Bible sur la louange: Comprendre la parole biblique

Par Alain Dumont

La louange, ce cri d'hommes et de femmes épris de liberté.

Aucun livre religieux n’invite plus à la louange que la Bible. Depuis plus de 3 500 ans, patriarches, rois et prophètes ne cessent de louer Dieu à pleine voix, relayés par Jésus et le Nouveau Testament jusque dans le livre de l’Apocalypse… Qu’ont-ils voulu nous transmettre de si important ? S’agit-il d’être naïvement optimiste ? La louange est un cri, le cri des hommes et des femmes épris de liberté. Elle est leur réponse à l’appel de Dieu à choisir la Vie face à toute menace de mort annoncée. Elle est l’arme du courage qui nous fait planter, avec Dieu, la Croix de Lumière au milieu de toutes ténèbres. Aussi, lorsque paraît la victoire en Jésus Christ Ressuscité, la louange devient-elle Action de grâce et Adoration pour faire retentir le chant joyeux de l’Éternité !

Au fil de cet ouvrage empli de spiritualité, parcourez la Bible avec l'auteur et découvrez le message biblique relatif à la louange !

EXTRAIT

Ajoutons tout de suite que pour les chrétiens, la dynamique est strictement la même ! N’oublions jamais, comme dit saint Paul, que nous avons été greffés sur l’olivier franc d’Israël ! Pour nous, l’événement fondateur de la sortie d’Égypte se double par la Passion du Christ suivie de sa Résurrection. Dès lors, dans la continuité avec la Pâque de Moïse, la Pâque du Christ doit être commémorée comme un moment de joie infinie. Une joie qui naît à la Pente côte lorsque les disciples reçoivent l’Esprit Saint. Une joie qui n’est aucunement une insouciance – en Christ, Dieu est passé par la Passion – mais le fruit de l’accomplissement du Mystère de la rencontre enfin scellée, en Christ, entre Dieu et sa création ; le Mystère des Noces éternelles advenues entre Dieu et tous les hommes au point que : Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ (Ga 3,28).

A PROPOS DE L'AUTEUR

Alain Dumont est bibliste, membre de l’Emmanuel, curé en Bourgogne et conseiller conjugal et familial. Passionné de musique, il est aussi auteur-compositeur de chants de louange.

• Langue: Français
• Éditeur: Nouvelle Cité
• Date de sortie: 13 juin 2018
• ISBN: 9782853139632

Aperçu du livre

PROLOGUE

Nous allons découvrir ce que dit la Bible sur la louange. Mais il ne s'agit pas de votre premier essai sur la question.

Lorsque j’ai écrit mon livre Je loue donc je vis, le chapitre final comportait initialement une réflexion sur le fondement biblique de la louange. J’ai une vive conscience en effet que la Bible est un formidable soubassement anthropologique qui nous transmet une mémoire spirituelle exceptionnelle, une expérience de vie sans pareil. Ajouter cette partie avait néanmoins l’inconvénient de déséquilibrer l’ensemble du livre, aussi ai-je fait le choix d’abandonner cette question, laissant libre la Providence de m’offrir, le cas échéant, l’occasion de la publier.

Car s’il y a un trésor au cœur de cette expérience de vie, c’est bien la louange. J’ai envie de dire que c’est même là ce qui fait la spécificité de la Bible. Bien entendu, la Bible est d’abord et avant tout le Livre où Dieu révèle son véritable Visage – sa Face, comme dit l’hébreu. Tout part de là. Mais la louange, elle, est l’expression non moins essentielle de l’ouverture du cœur de l’homme à cette révélation. À quoi voyons-nous que l’homme est véritablement « entré » dans la Bible ? Ou plus exactement, à quoi voit-on qu’il s’est mis en marche grâce à la Bible ? Quand sa vie est habitée par la louange.

En quoi cette louange est-elle si spécifique ?

Vous pouvez chercher dans toute la littérature sacrée, aucune ne déploie l’art de la louange aussi abondamment que la Bible. Et surtout aucune tradition religieuse ne prend la louange comme pilier. Pourquoi ? Parce qu’aucune de ces traditions, toutes très vénérables par ailleurs, ne s’appuie sur une expérience de la présence salvatrice de Dieu. Certaines d’entre elles comportent un volet d’adoration, de vénération, mais toujours dans un contexte de circonspection, de prudence, de réserve, que ce soit en paroles ou en actes. Tout cela peut inspirer des textes d’une infinie sagesse ; ouvrir l’homme au sacré et, par là, lui permettre de découvrir un sens à son existence. Lui permettre de recueillir ce sens – « recueillir », religere en latin, est la racine du mot « religion » d’après Cicéron(¹). Certains de ces textes peuvent comporter de splendides envolées d’action de grâce envers la divinité dont ils perçoivent qu’elle est, d’une manière ou d’une autre, à l’origine du monde et de ses merveilles. Certaines de ces spiritualités ont donné des poèmes somptueux habités de reconnaissance, célébrant la Beauté ; des chants et des danses sacrées même, comme dans l’hindouisme. Mais la Bible, elle, célèbre son Dieu par une louange de tous les instants. Parce que la Bible ne part pas d’une contemplation du monde, mais d’une expérience : Dieu nous a sauvés ! Expérience qui ouvre sur une espérance : Dieu veut s’unir à nous comme un époux à son épouse. L’un ne va pas sans l’autre.

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(1) Cicéron fut le grand orateur du monde latin au Ier siècle avant J.-C.

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LA LOUANGE :

LE CRI D’UNE NAISSANCE

Pour commencer, une question toute simple : dans la Bible, qu’est-ce que la louange ?

Grande question ! À laquelle il est urgent de ne pas répondre, parce que la louange est une réalité beaucoup plus subtile et puissante que ce que pourront jamais en dire des définitions comme on en trouve des dizaines sur Internet ! Ce que je vous propose, c’est de scruter la Bible et de l’interroger à la lumière de ce que nous en livrent ceux qui la scrutent depuis plus de deux mille cinq cents ans, à commencer par nos frères juifs. Et par exemple, abordant la question de la louange, il est intéressant d’entendre les rabbins l’associer d’emblée à un cri de naissance.

Que veulent-ils dire par là ?

La Bible n’est ni un livre de doctrine, ni un manuel de morale ou de conduite. La Bible est un témoignage. Elle raconte. Elle parle de l’histoire dans ses aspects les plus concrets et tente d’y déceler les signes de la présence de Dieu. Lire la Bible, c’est donc entrer dans le mystère de la Vie – avec un grand V – qui est avant tout en croissance. La Vie est un chemin de croissance. Non pas une croissance linéaire, facile et sans embûches, mais une Vie en travail qui va apprendre à se réjouir d’avoir été appelée à l’existence. Toute louange, dans la Bible, naît de ce point de départ : je n’ai pas demandé à naître, mais si je le veux, je peux acquiescer au fait de mon existence, condition sine qua non pour en découvrir le sens.

Il ne s’agit pas d’une décision qui relève de la raison pure. C’est plus subtil. Le premier langage qui habite l’homme n’est pas celui du raisonnement mais celui de la chair, un terme qui va revenir souvent pendant notre entretien, dans la mesure où la louange est charnelle avant d’être intellectuelle. L’intellect suit, mais la chair est première. Et là, le nouveau-né est notre maître.

Que se passe-t-il lorsqu’un bébé vient de passer le col utérin ? Dans les conditions habituelles d’accouchement, il crie. Les Occidentaux en concluent qu’il exprime une douleur. Sûrement, mais peut-être pas seulement. Tout réduire à la douleur est une interprétation d’adultes qui se projettent dans cet événement alors même que le nourrisson arrive dans un nouveau monde sans avoir les mots pour exprimer ses émotions. Dès lors, il passe par le seul langage qui soit à sa portée, à savoir le langage de la chair : il crie. Or l’émotion qui s’exprime dans ce cri, disent paradoxalement les rabbins, n’est pas la tristesse mais la joie. Une joie qui, à travers la première respiration de l’enfant, exprime en réalité un acquiescement à la Vie. Un acquiescement laborieux, certes ; douloureux assurément, mais un labeur et une douleur qui ne font que confirmer la décision de vivre. Dans cette perspective, c’est alors de louange qu’il est question. Imaginez en effet que le nouveau-né ne respire pas et donc ne crie pas… Quelle panique pour les parents de voir leur enfant refuser de vivre ! C’est ce qui fait dire qu’avec ce premier cri, tout son être acquiesce à la vie ; et si pénible que puisse être ce premier pas, le cri qu’il suscite est celui d’un « oui » à l’existence. Ce « oui », les rabbins l’associent à une louange qui vient sceller le consentement à être, de sorte que toute l’histoire qui commence à travers ce nouveau-né, quelle qu’en soit l’aventure, restera positivement affectée par cet élan de louange.

Une telle interprétation du moment de la naissance est vraiment profonde car elle prend le contre-pied de toute une part de la pensée occidentale contemporaine pour qui l’entrée dans la vie relève du cadeau empoisonné… Pour la Bible, l’apparition d’une existence relève tout au contraire de la bénédiction. N’y voyons aucune naïveté. La Bible sait que toute histoire humaine est un combat, mais loin de s’en attrister, elle pose un acte d’espérance : l’issue de ce combat sera la victoire de la Vie sur la mort, à condition que l’homme, dès le premier instant, consente à cette Vie, à cet élan, par la libération immédiate de la louange.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

L’exemple le plus frappant est sans nul doute la nativité du Christ Jésus. Regardez combien elle est entourée de louange ! Louange de la Vierge tout d’abord à l’annonce de l’Ange lorsqu’elle acquiesce à