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Léo Malet: Parcours d'une œuvre
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Livre électronique209 pages3 heures

Léo Malet: Parcours d'une œuvre

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À propos de ce livre électronique

Découvrez les oeuvres et la vie du grand romancier noir Léo Malet

Léo Malet (1909-1996) est le père de Nestor Burma, le premier grand détective privé de la littérature française, immortalisé à l´écran et en bande dessinée. Son parcours, de la poésie surréaliste au roman d´énigme noir, se caractérise par une personnalité littéraire hors du commun. Véritable figure tragique, c´est seulement à la fin de sa vie, abandonné par l´envie d´écrire, qu´il connut le succès que mérite son œuvre.

Après Fantômas, les séries d´espionnage et Gaston Leroux, Alfu (Alain Fuzellier), fondateur et directeur de la revue Encrage puis d´Encrage Edition, continue d´explorer la littérature « populaire » et son influence sur l´imaginaire de notre temps.

Pour la première fois, un ouvrage d'Encrage Edition entièrement consacré au père du détective Nestor Burma

EXTRAIT

Dans l’éditorial du n°8 de la revue Polar(janvier 1980), François Guérif déclare : « Il est un des tout premiers (sinon le premier) à qui l’amateur de polar français se doit de rendre hommage. Son apport dans ce domaine est considérable. » Michel Lebrun et Jean-Paul Schweighaeuser écrivent dans Le Guide du polar (Syros, 1987) : « Léo Malet ne doit rien à personne, mais le roman policier moderne lui doit tout. »

A PROPOS DE L'AUTEUR

Fondateur d’Encrage, Alfu est un spécialiste de la littérature populaire française. On lui doit, entre autres, L’Encyclopédie de « Fantômas » (1981) et L’Encyclopédie de SAS et du Commander (1983).
LangueFrançais
Date de sortie20 nov. 2015
ISBN9782360589401
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    Aperçu du livre

    Léo Malet - Alfu

    Références

    collection dirigée par Alfu

    Alfu

    Léo Malet

    parcours d’une œuvre

    1998

    Alfu & Encrage édition

    © 1998

    ISBN 978-2-36058-940-1

    Pour mes parents, fidèles lecteurs des « Nouveaux Mystères de Paris » et initiateurs involontaires de ce livre… et de beaucoup d’autres.

    Que soient remerciés, pour l’aide apportée à l’élaboration de ce livre : Joseph Altairac, Jean-Luc Buard, Daniel Compère, Jean-François Gérault, François Guérif, Thierry Maricourt, Jean-Jacques Schleret ainsi que toute l’équipe de la BILIPO et les Editions Fleuve Noir. Sans oublier chés geins d’Encrage.

    Introduction

    Le père du polar français

    Dans l’éditorial du n°8 de la revue Polar (janvier 1980), François Guérif déclare : « Il est un des tout premiers (sinon le premier) à qui l’amateur de polar français se doit de rendre hommage. Son apport dans ce domaine est considérable. »

    Michel Lebrun et Jean-Paul Schweighaeuser écrivent dans Le Guide du polar (Syros, 1987) : « Léo Malet ne doit rien à personne, mais le roman policier moderne lui doit tout. »

    Jean-Patrick Manchette affirme, dans sa préface à la réédition de La Mort de Jim Licking : « A travers les années 40, les années 50, les années 60, Léo Malet demeure le seul et unique auteur français de romans noirs. »

    Les lecteurs abondent dans le même sens. Cette année encore, les romans de Léo Malet sont réédités par le Fleuve Noir, tandis que l’intégrale de son œuvre chez Bouquins entame sa 7e édition. La parution, l’année dernière, du Journal secret — sur l’opportunité de laquelle nous aurons l’occasion de revenir — a provoqué un nouvel engouement pour l’auteur.

    Et, dans ce dernier cas, la presse, dans sa grande majorité, s’est fait l’écho de la notoriété bien acquise de Malet : de tous horizons sont venus des avis qualifiant, dans l’ensemble, cette publication de pierre indispensable à l’édifice « Malet ».

    Désormais, Léo Malet fait donc partie des écrivains contemporains reconnus. Quelle que soit l’opinion que l’on ait sur l’homme — et dans ce domaine, les polémiques sont parfois vives, — on le considère comme l’un de ceux qui ont apporté une réelle contribution à la littérature française du xxe siècle. Statut conforté par le passage de son œuvre à d’autres médias : le cinéma tout d’abord, puis la télévision, mais également la bande dessinée.

    Enfin, Malet reste non seulement comme un grand romancier de la littérature policière mais également un grand historiographe de la première ville de France, peintre intimiste du Paris des années 40 à 60, aujourd’hui en grande partie disparu. Maître de la nostalgie, il a laissé des pages qui immortaliseront une époque.

    Aujourd’hui, de nombreuses études — universitaires ou journalistiques — lui sont consacrées. Il apparaît dans tous les livres de référence. Ses interviews — pour la plupart regroupées en un livre — cernent le personnage et sa production. Rares sont les voix qui s’élèvent pour contrecarrer cette gloire acquise.

    L’échec d’une carrière

    Mais cette notoriété aujourd’hui évidente de Léo Malet ne doit pas faire oublier que sa carrière n’aura été qu’une suite d’échecs entourant quelques fort courtes plages de réussite et de bonheur.

    A la sortie de son adolescence, alors qu’il arrive à Paris, Malet veut devenir chansonnier. Il le sera mais peu de temps et sans grand succès. Il avouera lui-même qu’il n’avait pas le talent nécessaire.

    Autodidacte, il parvient à rejoindre le groupe des surréalistes et à participer à ses activités mais en restant dans l’ombre. Anarchiste obligé de vivre de petits boulots, il n’est pas tout à fait du même monde et, en dépit d’authentiques amitiés, il ne se retrouvera jamais sur le devant de la scène.

    Avec la guerre, l’opportunité lui est donnée de poursuivre sa carrière littéraire en occupant un espace soudain devenu libre : le roman populaire. Lui-même issu de cette culture qui le fit apprendre à lire dans L’Epatant, Malet fonce tête baissée dans cette expérience et produit, en peu de temps, un nombre considérable de textes dont certains très importants, tel le célèbre 120 rue de la Gare.

    Mais, en 1949, c’est la fin de cette belle aventure : il ne peut plus frapper à la porte d’aucun de ces petits éditeurs éphémères de l’époque. Privé de débouchés, Malet doit retourner à des activités purement alimentaires. Et lorsqu’il s’essaie à un exercice classique destiné à lui faire obtenir le non moins classique Prix du Quai des Orfèvres, c’est encore l’échec.

    Malet sait rebondir, car il est pugnace et possède un agent efficace. Ainsi naissent les Nouveaux Mystères de Paris, qui resteront son œuvre maîtresse. Mais l’affaire tourne court : les trois quarts du projet seulement seront réalisés. Une panne quasi définitive d’inspiration et de motivation s’ensuit.

    Car l’ultime époque de sa production, placée sous les auspices de la seule maison populaire d’après-guerre ayant réussi à se maintenir et à se développer, le Fleuve Noir, est elle-même symbole d’échec. Malet au Fleuve ! Destin dérisoire qui se traduit par le recours à un « ressemelage » littéraire peu glorieux.

    Et c’est la fin. Arrivé à la soixantaine, Malet, qui a encore plus de vingt ans à vivre, n’écrit plus et se contente de jouer le jeu d’une gloire tardive, trop tardive pour réparer la « vache enragée » si longtemps au menu de sa vie. Il aurait tant voulu faire profiter sa femme, Paulette, qui l’a soutenu toute sa vie, des bienfaits de ce succès : « … Je regrette tellement de n’avoir pas eu le succès financier auquel je crois pouvoir prétendre qui me permettrait de lui assurer une fin de vie heureuse… » et d’ajouter : « Enfin, ça ne sert à rien de remâcher tout ça. » 1

    Le chaînon marquant

    Léo Malet est-il de ces précurseurs que la postérité rattrape dans les dernières années de leur vie ou après leur mort ? Non, Malet est un auteur bien ancré dans son époque et qui y joue un rôle majeur avant de devoir céder la place à d’autres.

    Sans Malet, pas de néo-polar, mais Malet ne se reconnaissait pas dans le néo-polar. Et il était amusé mais étonné de devoir son succès tardif aux « enfants de Mai 68 ». Il en devint une sorte de vieux sage du polar quelque peu cabotin.

    Sans cesse sollicité ces dernières années, Malet est apparu à certains comme un personnage surestimé, à d’autres comme une figure gênante — eu égard à des positions idéologiques contredisant un passé anarchiste et trotskiste. La publication de son Journal secret — qui aurait mérité de rester secret — a relancé la polémique.

    Mais, au delà de ces considérations dont l’historien doit se détacher, force est de constater le rôle objectif joué par Malet au sein du mouvement littéraire français contemporain. Un rôle voulu par l’Histoire, amplifié par sa forte personnalité.

    Le roman policier avait déjà acquis une grande audience à la veille de la Seconde Guerre mondiale : les collections se multipliaient, les grands auteurs anglo-saxons étaient de plus en plus traduits, des auteurs français de talent apparaissaient — sans oublier les classiques déjà célèbres. Brutalement, avec la guerre, cette production cessa, ou presque, et l’opportunité fut donnée à Malet, jusque-là simple poète surréaliste, d’entrer en littérature policière.

    Or Malet n’a pas avant tout choisi cette littérature ; il n’est pas parti avec l’idée de poursuivre une tradition. Son projet, au contraire, est d’utiliser le roman policier à des fins autres, sinon surréalistes du moins poétiques. En tout état de cause : de faire venir à lui le roman policier et non d’aller vers lui.

    Sa forte personnalité, construite sur des valeurs libertaires refusant toute contrainte, lui permettait de s’imposer avec bonheur dans cet exercice. Se métamorphosant lui-même en personnage « à l’américaine » mais bien parisien, il a créé un genre unique, personnel et admirable… que seul un public d’amateurs pouvait apprécier.

    La Série Noire le refusera et avec elle toutes les institutions littéraires. Seul Laffont, peu spécialisé dans la chose, acceptera l’expérience étonnante — mais risquée — des Nouveaux Mystères de Paris. Mais pour le (gros) public, il restera un auteur comme un autre noyé dans la masse.

    Une forêt de paradoxes

    Du citoyen Léo Malet, peu de choses demeurent inconnues. Ayant abondamment répondu aux interviews des journalistes et aux questionnaires de ses amis, Malet a tout livré, ou presque, de sa vie. Orphelin de Montpellier, chansonnier montmartrois, anarchiste puis trotskiste, poète puis romancier, etc. Il ne reste plus grand’ chose à chercher, sinon la date exacte de l’obtention de son certificat d’étude.

    Sur ses intentions littéraires et le détail de sa carrière, sur ses influences et la préparation de ses romans : là encore peu de mystères. Malet a répondu à tout, en détail et sans se contredire.

    Alors, on lui reprochera peut-être d’avoir voulu se forger une certaine mythologie. Depuis sa place de secrétaire d’un maître chanteur analphabète jusqu’à son statut de locataire maudit des HLM de la banlieue parisienne. Certes, on ne peut savoir la réalité exacte de tous les petits métiers qu’il exerça et l’on pense bien que ses explications sur sa « panne » littéraire ont souvent été simplistes. Mais quelle importance cela peut-il avoir pour quiconque est à même de juger sur l’ensemble des informations disponibles ?

    Faudrait-il en conclure que Léo Malet et son œuvre sont désormais à portée de tous et compris par tous ? Rien n’est moins sûr. Homme et auteur de paradoxes, Malet mérite qu’on s’interroge sur ce cocktail très subtil que propose son œuvre intense, incontournable et inimitable.

    En effet, il ne faudrait surtout pas penser que le magnifique arbre planté depuis presque vingt ans à la gloire du bonhomme ne cache pas une forêt de questions, de problèmes, d’hypothèses sur le fonctionnement de ses romans et leur place réelle dans la littérature contemporaine.

    1 Sauf indication contraire, les citations de Léo Malet illustrant notre propos sont extraites de La Vache enragée (Hoëbeke, 1988 ; Julliard, 1990)

    Une vie douloureuse

    L’orphelin de Montpellier

    Auteur précoce

    Le 7 mars 1909, à Montpellier, naît Léon Jean Malet, fils de Gaston Malet et de Louise Refreger. Le père est employé de commerce, la mère couturière. Ils se marient l’année suivante, le 6 juin 1910, légitimant leur enfant. Le 19 décembre de la même année, naît leur second fils, Marcel Gaston.

    Cette famille modeste et laborieuse aurait pu vivre dans un certain bonheur si la maladie ne s’était dramatiquement abattue sur elle. En effet, le 27 mai 1911, le père, seulement âgé de vingt et un ans, meurt des suites de la tuberculose ; son fils Marcel décède à son tour deux jours plus tard. Et la tuberculose emporte enfin la mère, l’année suivante, le 18 octobre 1912. Le petit Léon reste donc seul et va être élevé par ses grands-parents maternels, les Refreger. Ceux-ci, ainsi que leur entourage, craignent que l’enfant ne succombe à son tour.

    « Comme je restais le seul solide au poste, j’étais la cible des regards navrés des parents, amis et connaissances : Celui-là aussi, ça ne fait pas un pli, il va passer l’arme à gauche !. Ma grand-mère Marie me couvait et achetait pour moi les meilleurs morceaux de viande qu’elle pouvait trouver. […] Elle n’avait qu’une peur, que je calanche moi aussi. »

    Le grand-père, Omer, est ouvrier, mais pas un ouvrier comme les autres. Et son influence intellectuelle sur le petit Léon va se révéler fondamentale.

    « Mon grand-père était ouvrier tonnelier. Physiquement, il ressemblait à la fois à Lénine et à Poincaré, à cause de sa petite barbiche. Il travaillait régulièrement et devait gagner convenablement sa vie, sans toutefois être très riche. Un peu bohème d’esprit, il avait un comportement différent du reste de la famille. Par exemple, son frère, qui était receveur des Postes à Marseille, ne serait jamais allé voir deux pièces de théâtre dans la même journée. Or, c’est ce qui m’est arrivé deux ou trois fois avec mon grand-père. »

    Et c’est ce même Omer Refreger qui va amener son petit-fils à fréquenter les livres.

    « Mon grand-père, c’est lui qui m’a donné le goût de la lecture. Ce n’était pas un intellectuel, mais un grand liseur. »

    De ce fait, l’écolier Malet sera précoce.

    « J’ai su lire et écrire de bonne heure, et, à partir de là, j’ai toujours lu, je me suis toujours intéressé à la lecture. A force de lire, l’envie vous prend un jour d’écrire. Etait-ce un don ? Personne n’écrivait, dans ma famille, où on ne comptait non plus aucun artiste. J’ai été sans doute l’exception.

    Dès huit ou neuf ans, j’étais à la fois l’auteur, l’éditeur et l’illustrateur de petits romans fortement inspirés de mes lectures. »

    Avec les anarchistes

    Léon est élève à l’école communale Auguste-Comte, rue Emile-Zola. Il passe avec succès le certificat d’études et se retrouve à l’école primaire supérieure Michelet. Là, l’ambiance n’est plus la même et le futur romancier ne s’entend pas très bien avec certains de ses professeurs. Il se met à manquer les cours et se fait même renvoyer quelques jours pour avoir diffusé (à trois exemplaires !) un petit journal satirique mettant en cause l’établissement.

    Finalement les études ne lui plaisent pas et il choisit d’entrer sans plus attendre dans la vie active : c’est le début d’une longue série de petits boulots. Il est tout d’abord commis calicot (apprenti vendeur) dans un magasin de tissu. Mais sa maladresse le fait renvoyer. Il rejoint alors un copain à la Banque Castelnau où il occupe, selon ses propres dires, un « emploi obscur ».

    Dans le même temps, il entreprend de concrétiser ses rêves. Il veut être chansonnier et écrit des chansons dont une première, Y a des poires chez nous, est publiée.

    A Paris, le 24 novembre 1923, Philippe, le fils du dirigeant royaliste d’Action Française Léon Daudet, qui vient de rejoindre les anarchistes, est retrouvé mystérieusement mort dans un taxi. Cette affaire va avoir un retentissement national considérable et, à Montpellier, le jeune Léon Malet, voulant en savoir davantage, se met à lire Le Libertaire. Il trouve alors, dans ce journal anarchiste, des propos et des idées qui s’accordent avec ses propres sentiments.

    Du coup, il va à la rencontre des anarchistes au café où ils se réunissent régulièrement et devient vite membre du Groupe d’études sociales. Il se met à vendre la presse anarchiste, à distribuer des tracts, à coller des affiches. Comme on l’appelle d’emblée Léo, il finit par admettre que Léo Malet sonne mieux que Léon Malet.

    En mai 1925, André Colomer vient donner une conférence à Montpellier. Malet qui a été fort impressionné par la lecture de son livre, A nous deux Patrie, l’aborde pour lui parler de sa propre production. Les deux hommes sympathisent et bientôt font régulièrement échange de correspondance. Léo vend même des exemplaires de L’Insurgé, le journal dissident dirigé par Colomer.

    Et lorsque, fin novembre, le jeune Malet décide de passer outre l’avis défavorable de son grand-père et d’aller tenter sa chance comme chansonnier à Paris, c’est chez Colomer qu’il débarque à la descente de son train.

    Le chansonnier parisien

    Chansonnier, manœuvre et vagabond

    Très vite, Malet se fait indiquer le Foyer végétalien de la rue de Tolbiac où il peut loger et manger pour un faible prix. Et Colomer le recommande auprès de Maurice Hallé, directeur du cabaret montmartrois La Vache enragée ; ainsi Léo Malet peut-il faire ses débuts de chansonnier.

    « Le soir même, j’ai débuté avec des chansons dont je me souviens pas, qui n’étaient pas très bonnes mais qui ont eu un très gros succès d’hilarité, à cause de mon

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